Voilà, c'est bientôt fini, plus qu'un tout petit chapitre ...

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12 – Quatre jours plus tard …

Infirmerie, 08 : 57

Elisabeth entra dans l'infirmerie, son PAD à la main, et chercha des yeux Carson. Elle trouva l'écossais accroupi devant une étagère, un carnet à la main, marmonnant entre ses lèvres. Elisabeth sourit.

Inventaire.

C'était toujours le même cinéma avec le médecin qui maudissait le fait qu'il fallait au Daedalus près d'un mois pour faire l'aller et retour sur Terre et le ravitailler en précieux équipements médicaux. Elisabeth se rembrunit. Malheureusement, ils vivaient dans une galaxie où ils ne pouvaient guère espérer d'échanges de médicaments, en fait, c'était eux qui, sous couvert de traités commerciaux, venaient en aide aux peuples moins chanceux. Elle soupira et se dirigea vers le médecin.

« Carson. »

Le médecin releva la tête.

« Oh, Elisabeth. »

Il se leva, jetant un dernier coup d'œil à l'étagère et à ce qu'il avait inscrit sur son bloc.

« Nous allons être en rupture de stock de soluté salin. » Il ricana. « Du soluté salin ! Le produit le plus facile à se procurer sur Terre … » Il se passa la main dans les cheveux, secoua la tête et se tourna vers Elisabeth.

« Vous venez pour prendre des nouvelles, hein ? »

Elle hocha juste la tête, sans lui répondre.

« Bien, venez dans mon bureau, nous y seront plus à l'aise pour discuter. »

Elisabeth le suivit, toujours silencieuse, il la laissa passer, puis lui désigna la chaise devant son bureau. Elle s'installa, raide, s'accrochant à son PAD comme à une bouée. Carson soupira. Il fit le tour de la petite pièce qui lui servait de bureau et fouilla dans une des boites qui se trouvait en haut d'une étagère. Il en sortit tout un service à thé, et disposa, tasses, cuillers et sachets de thé sur le bureau. Il lui fit un clin d'œil.

« Ne bougez pas, je reviens de suite. »

Elle lui sourit faiblement et hocha à nouveau la tête. On aurait dit que sa voix avait disparu. Carson revint quelques minutes plus tard sa bouilloire dans les mains. Il versa un peu d'eau frémissante dans la théière et une odeur de jasmin emplit la pièce.

Ils restèrent un moment silencieux, puis Carson rompit le silence.

« Il est sorti ce matin. Son état physique s'améliore petit à petit. Son poids m'inquiète toujours un peu, il manque d'appétit, » Carson gloussa, « jamais je n'aurais cru dire ça un jour … » Il servit une tasse de thé bouillant à Elisabeth. Celle-ci prit la tasse à deux mains, et s'y accrocha, comme s'il s'agissait d'une bouée. Carson continua. « Sur le plan psychologique, et bien, il a l'air d'aller mieux. Le docteur Heightmeyer pense qu'il n'est plus un danger pour lui-même,» Carson frissonna, une image de Rodney, de l'eau jusqu'à la taille lui revint brutalement, il secoua la tête pour la chasser « mais il refuse obstinément de nous donner le nom du coupable. »

Elisabeth poussa un petit ricanement.

« Le nom du coupable. » Elle leva les yeux vers Carson. « Il me semble que nous le connaissons tous, non ? »

Carson poussa un soupir. Il voyait en effet où elle voulait en venir.

« Nous avons … mal agi, je le reconnais, et d'une certaine manière, oui, nous sommes nous aussi responsables de ce qui s'est passé, mais Elisabeth, il y a un violeur sur cette base, et je me fiche de savoir s'il est terrien ou pas, nous devons l'identifier de manière à ce qu'il ne puisse plus faire de mal à qui que ce soit. Nous règlerons nos … » il poussa un soupir d'exaspération, « … nos comptes avec notre conscience plus tard. Nous devons identifier ce type ! »

Elisabeth hocha la tête. L'odeur entêtante du jasmin lui montait un peu à la tête. Elle se sentait nauséeuse. Mais elle se sentait comme ça depuis qu'elle avait appris ce qui était arrivé à Rodney. Elle ferma les yeux, et se cala dans le fauteuil.

Carson avait raison, il fallait qu'elle mette un moment de côté son sentiment de culpabilité. Comment pouvait-elle être si égoïste. Une fois encore, elle ne pensait qu'à elle-même, elle aurait voulu que Carson la réconforte, la rassure, et pas qu'il lui parle de …. Il fallait qu'elle se reprenne, qu'elle cesse de se complaire dans cette auto flagellation qui l'arrangeait bien. Atlantis avait besoin de son chef. Elle devait protéger tous ceux et celles qui se trouvaient là.

« Que savons nous exactement ? »

Carson la regarda et hocha la tête, heureux qu'elle semble avoir retrouvé un peu de fermeté.

« Les traces d'abus s'étalent sur une épisode d'environs un mois, un mois et demi, difficile à dire précisément, mais pas plus anciens. Le type de blessure démontre que les assauts ont été fréquents et brutaux : morsures, griffures, lacérations et bien sûr … » Carson stoppa lorsqu'il vit Elisabeth frémir. Il lui laissa le temps de se recomposer une contenance avant de poursuivre. « Laura pense qu'il s'agit d'un des mendeciens, en tous cas, je peux affirmer que le premier viol remonte à l'époque de leur arrivée sur Atlantis. »

Elisabeth haussa un sourcil interrogateur.

« Laura ? »

Elisabeth aurait juré voir les joues de l'écossais changé de couleur.

« Heu, oui, le Lieutenant Cadman. » Il soupira, « Elisabeth, sans elle je ne sais pas ce qui se serait passé ! Nous n'aurions certainement rien su avant qu'il ne soit … trop tard. »

Elisabeth hocha la tête. Une autre claque : ni elle ni Sheppard n'avaient remarqué quoi que ce soit alors qu'ils connaissaient Rodney depuis plus d'un an, alors que le Lieutenant Cadman avait eu des doutes immédiatement ...

« Comment faire ? Je veux dire, si Rodney ne nous dit pas exactement de qui il s'agit … Je ne vois pas comment interroger ces gens, sans éveiller les soupçons du violeur ! Et puis l'équipe repart vers Mendecia d'ici quelques jours et … Mon Dieu ! Mendecia, j'allais … J'allais envoyer une équipe là-bas ! Que ce serait-il passé si … »

Elisabeth s'interrompit soudain.

« Elisabeth ? »

Elle leva les yeux vers Carson.

« Tout va bien Elisabeth, personne d'autre n'a été agressé, et … »

« Oui, oui, je sais, mais, ce n'est pas ça qui ... » Elle ferma les yeux et poussa un soupir, « Comment ai-je pu être aussi bête … » Elle se leva, les yeux brillants. « La petite ordure, l'immonde petite … Je vais le réduire en, en bouillie ! »

Carson écarquilla les yeux. La transformation était stupéfiante. Il y a quelques minutes à peine, il avait eu devant lui une Elisabeth dévastée par la culpabilité et voilà qu'elle ressemblait brutalement à la déesse de la Vengeance !

« Heu, Elisabeth, vous êtes sûre que vous allez bien ?»

« Oh, oui, Carson, je vais bien très bien même. Je sais qui c'est. »

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Couloirs d'Atlantis, 08 :12

Rodney posa son front sur la paroi du transporteur dans lequel il venait de prendre place.

Il se sentait vidé. Pas fatigué, vraiment vidé, au sens littéral du terme. Il avait l'impression qu'on avait extrait tout ce qui faisait qu'il était lui, et qu'à la place il ne restait plus qu'une coquille vide. Il se demanda un instant si c'était ce que ressentaient ceux dont les wraith se nourrissaient, ce qu'il ressentait devait en être proche, la sensation que votre vie s'écoule de vous un peu comme du sang et que vous ne pouvez rien faire pour la retenir.

Il soupira. Au moins maintenant tout était fini.

Les mendeciens allaient retourner chez eux mais les terriens ne les suivraient pas. Ils n'avaient pas tout perdu pour autant : le générateur fonctionnait. Rodney sourit. Il n'avait pas enduré tout ça pour rien.

Bien sûr, il ne pouvait pas rester sur Atlantis. Rodney l'avait su dès qu'il avait vu Carson le lendemain de sa petite tentative de plongeon. Il ne supporterait pas de croiser jour après jours ces visages empreints de culpabilité, c'était au dessus de ses forces. Il les connaissait, Elisabeth, Carson , ils seraient toujours après lui, à chercher son pardon, une absolution … et pour le moment, il était incapable de leur pardonner, il doutait de pouvoir y parvenir un jour.

Il allait préparer ses affaires, régler deux ou trois choses avec Radek et embarquer sur le Daedalus, après … après il trouverait certainement une fac pour lui proposer un job, ou bien il pourrait reprendre du service au Pentagone.

Il ignorait ce qu'il ferait une fois sur Terre mais il savait qu'il ne pouvait pas rester. Il allait appuyer sur le point qui marquait les quartiers habités lorsqu'un bras se glissa entre les portes du transporteur.

Rodney poussa un cri et se plaqua instinctivement contre la paroi du transporteur.

TBC (dernier chapitre demain si j'ai le temps de finir, sinon, samedi !)