oO Epilogue Oo

Une semaine plus tard …

Rodney regardait l'océan.

Le ciel était dégagé, d'un bleu limpide et il profitait des derniers rayons du soleil. Il avait amené de quoi se couvrir et resterait jusqu'au coucher de soleil.

Carson lui avait recommandé du calme et du repos. Difficile de trouver plus calme que ce coin perdu de la Cité. Même si la première fois qu'il y était venu n'était pas, loin de là, lié à un évènement heureux, Rodney se sentait à l'aise ici. Quant au repos … Zelenka lui avait formellement interdit de mettre un pied dans le labo, sous menace de sévères rétributions. D'habitude, Rodney ne se laissait guère impressionner par les menaces du tchèque mais il avait vu de quoi il était capable … Rodney sourit. Zelenka lui avait rendu son ordinateur – celui-ci faisait désormais du bruit lorsqu'on le secouait – avec une petite grimace contrite. Qui aurait cru que Hewlett Packard faisait un matériel aussi solide ! En tous les cas, plus solide que la tête d'un mendécien.

Les mendéciens.

Il étaient retournés chez eux minus leur plus brillant scientifique. Elfidian avait une sévère commotion cérébrale ainsi que l'omoplate droite fracturée et Carson avait refusé qu'il reparte dans cet état. L'écossais avait insisté pour être le médecin responsable d'Elfidian mais Rodney ignorait si c'était par respect du serment d'Hippocrate ou parce qu'il pensait que son staff, majoritairement féminin, réagirait, disons négativement, face à un violeur. Face à son violeur.

Elisabeth était allée sur Mendecia en personne expliquer ce qui s'était passé et était revenue plus en colère encore qu'en partant. Il s'avérait que le gouvernement mendécien connaissait les pratiques d'intimidation d'Elfidian mais qu'il le laissait faire : après tout, il était leur plus brillant cerveau !

Rodney se demandait si c'était aussi le cas avec lui, si ce n'était pas aussi une des raisons pour lesquelles Elisabeth, Sheppard et les autres avaient accepté qu'il continue, malgré un mort et plus d'inconnues que de certitudes, à travailler sur le projet Arcturus.

Ils étaient tous à la merci des wraith, les mendeciens comme les atlantes, et donc à la merci d'une technologie potentiellement capable de les annihiler. Les vrais héros étaient les scientifiques et ce qu'ils pouvaient accomplir. Elisabeth avait autorisé Carson à travailler avec les Hoffans dans l'espoir de trouver une telle arme, elle l'avait autorisé à expérimenter sur des humains et sur le wraith qu'ils avaient capturés (28).

Ils étaient des désespérés. Et le désespoir conduit souvent à écarter éthique et déontologie. Seul compte le résultat. Navrant, horrible, abominable mais si humain.

Ils étaient tous coupables en fin de compte.

« Hey. »

Rodney perdu dans ses pensées sursauta.

« Désolé, je ne voulais pas vous faire peur. »

Sheppard se tenait là, une chaise pliante dans une main et un panier à pique nique dans l'autre.

« Colonel. »

« Je peux … ? »

Sheppard désignait l'espace qui se trouvait à côté de Rodney. Ce dernier hésita un moment avant de répondre.

« Oui, bien sûr. »

Sheppard déplia la chaise et s'installa. Il posa le panier devant lui.

« Vous comptez me séduire avec un repas au clair de lune, Colonel ? »

oOo

John sourit. Il savait parfaitement à quoi Rodney faisait allusion : ce fameux pique nique avec Chaya (29) il y avait un an de cela.

« McKay, si je voulais séduire quelqu'un, ce panier contiendrais le fin du fin : un petit Gamay par exemple, avec une salade de roquettes au roquefort et aux lardons, le tout accompagné de petits pains chauds et croustillants et bien sûr pour finir, d'un mœlleux au chocolat, et non pas, » il commença à fouiller le panier, et remarqua que Rodney se tortillait sur sa chaise longue pour essayer de voir ce qu'il contenait, « des barres chocolatées, dont la seule lecture de la composition donnerait une crise cardiaque à un nutritionniste, de MRE, dont la composition est quant à elle le plus grand secret de l'US Army et d'un soda, dont la teneur en sucre devrait suffire pour éviter toute syncope (30). »

« Oh vraiment Colonel vous êtes siiiiiiiii drôle. Passez moi ça, puisque de toute manière vous n'allez pas le manger. »

John lui tendit les barres chocolatées. Carson trouvait que Rodney n'avait pas repris suffisamment de poids mais à voir la vitesse à laquelle furent englouties les trois barres TWIX, ce problème ne subsisterait pas longtemps.

Malheureusement, il en restait d'autres.

« Comment allez vous ? »

Rodney se tourna vers lui un moment puis retourna à l'observation de l'océan. Il lui répondit sans le regarder.

« Heightmeyer dit que je vais mieux. »

« Oh, c'est une bonne nouvelle, non ? »

« Oui, ce matin, je lui ai hurlé dessus, je veux dire vraiment hurler, et j'ai aussi cassé quelque chose, un vase je crois, positivement hideux, pas une grande perte, mais ça va être difficile de retrouver des carreaux de rechange pour la porte vitrée en revanche. »

John resta silencieux et Rodney reprit.

« C'est étrange non, que quelqu'un soit si content parce que je pousse des cris d'hystérique et que je casse de la vaisselle. »

« Rodney, je suis déso- »

Rodney l'interrompit, visiblement agacé.

« Vous êtes désolé, oui, je sais. » Rodney se tourna vers lui et sur un ton mi sérieux mi ironique ajouta. « Ca pourrait prendre un peu de temps Colonel, mais je suis sûr que si vous y travailler vous pourrez regagner ma confiance. »

OUCH ! Et un direct au plexus, un !

John compris immédiatement l'allusion. C'était pratiquement mots pour mots ce qu'il avait dit à Rodney lorsque celui-ci s'était excusé pour le fiasco du projet Arcturus (31). Il soupira.

« Je crois que j'ai bien mérité ça, hein ? »

Rodney le fixa intensément.

« Oui, je le crois, Colonel. »

John hocha la tête. Ils restèrent silencieux un moment avant que John ne pose une question, la question qui lui brûlait les lèvres depuis que Rodney s'était réveillé.

« Et maintenant ? »

oOo

Rodney fixait le ciel. Le soleil commençait sa descente laissant derrière lui des marques roses et rouges. Le spectacle était magnifique.

Rodney comprit ce que la question voulait dire et plus important, il comprit ce qu'elle ne disait pas : comment fait on pour réparer ce qui a été brisé ? Peut-on y arriver ?

Et pour une fois, Rodney n'avait pas la réponse, lui qui pourtant été habitué à avoir réponse à tout.

« Maintenant … » Rodney se cala dans sa chaise longue, puis plongea la main dans le sac qu'il avait amené et en sortit … deux bières ! Il en tendit une à Sheppard. « … Nous buvons de la vraie bière (33) et nous contemplons le coucher de soleil. A la votre ! »

John regarda l'étiquette : Maudite (32). Parfait, ça collait parfaitement à son humeur. Il sourit à Rodney, lui rendit son toast et porta la bouteille à sa bouche.

Ils restèrent là, assis l'un à côté de l'autre, silencieux, jusqu'à ce que le soleil disparaisse dans les flots.

Fini !

Je ne voulais pas d'une « happy end », où tout le monde se pardonne ce qui, à mon avis, ne correspond pas aux personnages de SGA et n'est par ailleurs, pas très réaliste ! Et puis, le ton général de cette fic' se prétait à une fin, pleine d'espoir, mais pas pleinement « heureuse ».

(28) Episode Poisoning the well/Sérum.

(29) Episode Sanctuary/Hors d'atteinte.

(30) Sorte de private joke. Meilleure en VO qu'en VF d'ailleurs. Dans l'épisode Hide and Seeck/Invulnérable, McKay a un malaise. Beckett lui dit qu'il a fait une syncope ce qui déplait à notre scientifique, car est un peu trop connoté « Je m'évanouis pour pas grand-chose ». En anglais, Beckett utilise le verbe to faint, qui correspond à s'évanouir (comme une vierge effarouchée !) et Rodney donne sa version des évènements « he passed out from manly hunger » !

(31) C'est la traduction sur laquelle commence cette fic', juste après l'épilogue (NBP n°2).

(32) La Maudite est une bière (je crois brune) canadienne, assez forte (8 pour cent d'alcool) appréciée surtout des québécois.

(33) La BUD weiser une des bières les plus bues dans le monde fait 5 pour cent d'alcool. Les bières américaines se situent entre 3 et 5 pour cent, contre jusqu'à 9 pour cent pour les bières canadiennes !