Disclaimer: Les persos sont à Philip Pullman et l'histoire à Natalie Marchpane, qui m'a gentiment permis de traduire tout ça.
Résumé: Une lettre de Will à Lyra pour lui demander la permission de se libérer d'elle.
Je te vois dans tout
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J'ai biffé quelques fois le début de cette lettre. Chère Lyra me semblait trop formel; je pourrais écrire ça à mon patron ou à ma grand-tante. À : Lyra me semblait trop enfantin, quelque chose qu'un enfant de 7 ans écrirait à sa valentine. Écrire seulement ton nom, douce Lyra, était trop froid, même si ces deux courtes syllabes contiennent plus que je ne pourrais le transmettre en une seule pensée. Je l'ai donc laissé blanc, et tu ne le verras jamais. Mais ça doit quand même être parfait; ça doit être impeccable pour contenir ton nom.
Je t'aime encore, Lyra. Je rêve encore de tes cheveux, comme du miel doré foncé, ta peau si pale qu'elle brille sous le clair de lune, tes grands yeux océan entourés de cils d'un noir d'encre, tes lèvres rouge cerise, oh, ta bouche, souillée par la couleur des petits fruits rouges pour toujours. Tu es incroyablement belle sans bouger, mais, si c'est possible, tu l'es encore plus quand tu bouges, prête à bondir, Pantalaimon sous sa forme de chat sauvage, une contusion sur ta joue et le feu dans tes yeux. Tu es belle même quand tu es arrachée à Pantalaimon, tu es belle même quand ton âme est déchirée sans que tu puisses la retenir. Et en dehors de ta beauté physique, il y a la beauté de tes mouvements, la manière dont tu enlèves les cheveux devant tes yeux d'une geste rapide, la façon dont l'aléthiomètre illumine ton visage.
Je ne peux plus le supporter. Je ne peux pas supporter de te voir dans les cheveux d'une fille au café du coin, dans les yeux d'un enfant qui prend un animal en peluche, dans la position des sculptures au musée d'art. Je ne peux plus supporter d'éviter les lectures sur la mythologie au collège, effrayé qu'ils puissent parler d'une Lyre, comment la vue d'un Coca-cola me fait sentir comme si mon cœur était arraché de ma poitrine, comment l'odeur d'une omelette m'oblige à retenir mes larmes. Je ne peux plus le supporter, je ne peux supporter de passer ma vie à prier pour quelque chose que je n'aurai jamais.
Alors je me marie. Elle s'appelle Kamara, et elle est complètement à l'opposé de toi. Je l'épouse car il n'y a aucune chance que je puisse vous comparer, vous êtes si différentes. Est-ce que je l'aime? Peut-être. Elle est douce et gentille, joyeuse et timide. L'ironie de la chose, je crois que vous vous seriez bien entendues toutes les deux. Tout va bien avec elle. Mais comment puis-je l'aimer avec un cœur qui est dédié à une autre? Tu me retiens, et je t'aime. Je n'arrêterai jamais.
Je me demande comment tu vas. As-tu un mari? Est-ce qu'il t'aime autant que je t'aime? Non, c'est impossible. Mais j'espère qu'il t'aime, qu'il t'accorde la valeur que tu mérites. J'espère qu'il croit que le monde tourne autour de toi, que le soleil se lève et se couche dans tes cheveux fauve.
J'ai besoin de ta permission, Lyra. J'ai besoin d'un signe de toi qui me dit que j'ai le droit d'aimer à nouveau. J'ai besoin que tu me laisses partir, j'ai besoin de me libérer. J'ai besoin de ta permission pour donner mon cœur à nouveau. Je ne peux pas vivre à mi-chemin entre nos deux mondes.
Je t'aime,
Will
