Bosco : Enfoiré de salopard de connard ! Je vais t'apprendre à me pisser dessus !
Bosco hurlait à s'en éclater les poumons, il coursait un type qui venait de braquer une banque, de tirer sur Ty (heureusement le gilet avait fait son travail), et pour finir le tout, lorsqu'il s'était sauvé, il avait renversé un saut rempli de pisse de chien sur Bosco, qui était plus que furax. Il courait aussi vite qu'il pouvait derrière ce type, ça faisait près de trois semaines qu'il avait repris le boulot, il avait passé les huit premiers jours derrière un bureau avant que de retourner sur le terrain ; et c'était véritablement la première poursuite qu'il effectuait depuis cet accident dans l'immeuble en flammes. Sa jambe le tirait toujours quelque peu mais il faisait son footing tous les matins et s'était habitué à la douleur. Les médecins lui avaient dit de ne pas forcer, surtout après ce deuxième coma, il allait à des séances de rééducations trois fois par semaines, et continuait à voir un psy ; mais depuis l'hôpital, Lyssia ni Paterson ni aucuns mauvais souvenirs n'étaient réapparus, et il rendait grâce au ciel pour ça. Finalement peut-être est-ce vrai, avec le temps, peut-être que l'on oublie.
Bosco : Tu vas voir !
Bosco accéléra l'allure et bondit sur le type, le faisant rouler à terre. Il se mit sur lui, écarta son arme et commença à vouloir le menotter lorsque l'homme lui donna un coup de coude dans l'estomac ; ce qui fit tomber Bosco sur les fesses. Le gars voulu se relever mais Bosco se remit sur lui. Faith arriva à ce moment là en patrouilleuse, y fit monter l'homme puis regarda Bosco. Ce dernier était essoufflé, mais heureux, elle pouvait le lire sur son visage.
Faith : Ca va ?
Bosco la regarda puis lui adressa un grand sourire avant de prendre une profonde inspiration et de lui répondre jovialement.
Bosco : Je ne me suis jamais senti aussi bien depuis des mois.
Et pour la première fois depuis des mois, Faith croyait ce qu'il lui disait. Il était bien, et ça se sentait. Il était toujours pâle, les joues creuses, et les cercles noires sous ses yeux ; il n'avait pas vraiment repris de poids, mais il fallait qu'il se réhabitue lentement. Il recommençait à sortir avec ses amis le soir et Faith en était heureuse. De plus Fred, pour une fois (et ça ne lui était pas donné), comprenait la situation et la laissait aller à sa guise.
Tous ces mois de calvaire avaient été éreintant pour Bosco mais aussi pour Faith. Elle n'avait pas profité de sa famille, étant continuellement restée avec son meilleur ami, mais étrangement Emily et Charlie l'admiraient pour cela, contrairement à ce qu'elle aurait pensé. Et depuis trois semaines maintenant elle avait repris un rythme presque normal, et avait récupéré de la fatigue qu'elle avait accumulée. 6 mois… Déjà 6 mois, et les souvenirs étaient toujours présents dans leur tête comme si cela était hier, chaque détail, chaque souvenir… Présent dans chaque tête, sauf dans celle de Bosco. Il s'était battu pour oublier, il avait lutté pour cela, et finalement il avait réussi. Il ne voulait plus s'en souvenir, il avait fini par faire une croix dessus. Et il en était fier ; même s'il savait que chaque personne qui le croisait ne le voyait pas lui, mais son corps suspendu à ses chaînes. Mais après tout, il s'en remettait. Il savait que personne n'oublierai ; mais lui ne voulait pas vivre avec cela à l'intérieur de lui, il l'avait chassé. Définitivement.
Ty, Sully et Faith étaient entrain de se changer dans les vestiaires lorsque la porte s'ouvrit dans un fracas et Bosco apparu en courant.
Sully : Tiens,
Superman !
Bosco : Lâche-moi !
Ty : Oh il a retrouvé
sa bonne humeur
Bosco : Vous n'avez rien d'autre à
faire vous deux ?
Ty : Bonjour quand même
Bosco : Ouais
c'est ça.
Sully : Superman c'est levé du
mauvais pied ce matin ?
Bosco : Ouais ! Ta mère qui est
venue me réveiller
Sully claqua la porte de son casier puis commença à se diriger vers Bosco. Ty, qui rigolait, réagit immédiatement et fit barrage devant Sully, le poussant vers la sortie.
Ty : Oh, oh, oh, du calme Sully, viens avec moi, sort d'ici ça te fera du bien.
Sully lança un dernier regard à Bosco avant de sortir violemment des vestiaires, tandis que Bosco continuait à se changer. Faith, qui n'avait rien dit, s'approcha de lui.
Faith : Bonjour !
Pas de réponse. Au moins il avait retrouvé sa mauvaise humeur des bons jours, il allait bien.
Faith : Bien Monsieur sans langue, je t'attends en salle de réunion.
Bosco continua à lacer ses chaussures énergiquement pendant que Faith sortie.
Sully
: Etre patient ? Ca va faire 6 mois c'est bon maintenant, t'as vu
comment il a réagi ? Il en profite ! Je vais certainement pas
m'écraser devant ce nimbo sous prétexte qu'il a été
traumatisé !
Ty : Sully…
Sully : Quoi « Sully
» ? C'est vrai après tout, je commence à en
avoir marre de lui et de ses sautes d'humeur. Rien, pas UN merci
depuis 6 mois, pas un merci pour l'avoir retrouvé ou encore
sauvé, pas un merci pour l'avoir aidé, pour l'avoir
épaulé, rien. NADA !
Ty : Tu connais Bosco
Sully
: Ce type est un ingrat
Ty : Il t'a déjà dis
merci à sa manière, mais il te fera savoir lorsque le
moment sera venu. Pour l'instant ne le force pas, il va mieux,
c'est l'essentiel, non ?
Sully : Mouais
Ils entrèrent en salle de réunion, Bosco arriva au moment où le capitaine allait commencer. Il en sortit précipitamment à la fin. Faith, Sully et Ty se regardèrent bizarrement.
Ty
: Qu'est-ce qu'il lui prend ?
Faith : J'en sais rien
Sully
: Et c'est moi qu'on traite de cinglé.
Faith : Je vais
aller le voir.
Elle se dirigea vers les vestiaires. Elle ne vit personne en franchissant la porte.
Faith : Bosco ?
Elle l'appela doucement mais pas de réponse. Elle ouvrit la porte des premiers toilettes mais personne, elle recommença ainsi de suite jusqu'à en arriver au dernier. Elle s'arrêta net lorsqu'elle le vit. Il était assis par terre, recroquevillé sur lui-même. Il ne bougeait pas. Elle sentit son sang se mettre à bouillonner. Ses instincts et ses peurs s'étaient mis en avant trop souvent ces derniers temps lorsqu'il s'agissait de son partenaire ; parfois elle se frappait mentalement de s'inquiéter autant lorsqu'il ne décrochait pas immédiatement au téléphone ou qu'il ne venait pas ouvrir sa porte… Mais là…
Faith : Bosco ?
Son cœur battait la chamade. Il ne lui répondit pas. Elle s'agenouilla près de lui, et posa une main sur son épaule. En ne voyant aucune réaction de la part de son ami, elle commença à paniquer.
Faith : Boz ? Qu'est-ce qu'il y a ? Ca ne va pas ?...
Elle approcha sa tête de celle de son ami lorsque ce dernier redressa sa tête d'un seul coup. Il pleurait, non pas des larmes de tristesse, mais des larmes de douleur et de peine.
Faith : Bosco…
Elle murmura son prénom puis étreignit fermement son partenaire avant que celui-ci ne se mette à sangloter. Il s'écarta d'elle puis se leva d'un seul coup.
Faith : Quoi ?
Il s'éloigna d'elle puis alla se planter devant la glace. Faith se releva, surprise. Bosco était dans tous ses états, il était comme un garçon affolé, apeuré…
Elle s'approcha de lui mais au moment où elle allait poser sa main sur lui il s'écarta d'elle brusquement.
Bosco : Me touche pas ! Me touche pas
Sa voix était à peine audible, ce qui effrayait d'autant plus Faith.
Faith : Boz, c'est moi c'est Faith.
Bosco
: Ne m'approche pas, s'il te plaît.
Elle ne comprenait rien à tout ça.
Faith : Dis moi ce qui ne va pas
Il se retourna vers elle, elle vit son visage noyé par les larmes.
Bosco : Rien ne va ! C'est pas
moi, je ne suis pas moi !
Faith : de quoi tu parles ?
Bosco :
DE CA !
Bosco explosa et hurla en lui disant ça, en même temps qu'il défit sa chemise et souleva son tee-shirt pour laisser apparaître ses cicatrices. Faith le regarda dans les yeux avant de descendre son regard plus bas. Ces cicatrices, ces marques indélébiles… Ces souvenirs, ces blessures fermées mais encore ouvertes… Elles étaient là et le seraient toujours pour lui rappeler ; lui rappeler que jamais il ne serait en paix, ni avec les autres ni avec lui-même. Il se mit à pleurer, une boule en travers de la gorge, murmurant.
Bosco : Ca ! J'en peux plus … J'en peux plus Faith ! C'est pas moi ! C'est pas moi ! Qu'est-ce que j'ai fais ? Je n'ai jamais rien demandé à personne. Pourquoi c'est moi qu'elle a choisi ? C'est ma faute, je l'ai laissé me faire du mal ! Je l'ai laissé !
A ses mots, Bosco se laissa tomber par terre. Faith, les larmes aux yeux, se dirigea vers lui puis s'agenouilla à ses côtés, le laissant pleurer au creux de son épaule.
Bosco : Qu'est-ce que j'ai fais de mal, hein ? Pourquoi moi ? Elle ne me laissera jamais en paix…
Faith ne savait quoi dire ! Les paroles tourmentées de son ami l'horrifiaient. Elle pouvait entendre la détresse et la douleur dans la voix de son meilleur ami, et elle ne savait pas quoi faire. Pour la première fois de sa vie, Faith ne savait pas comment réconforter Bosco, elle qui d'habitude trouvait toujours les bonnes paroles, aujourd'hui les mots lui manquaient. La détresse de son partenaire la tuait ; le voir comme ça la détruisait ; il pleurait, elle aussi. Elle lui passa une main dans les cheveux, le laissant pleurer.
Faith : Je suis là Bosco, je suis là.
Bosco releva la tête, les yeux embrumés.
Bosco : Et moi, où je suis moi ?
Elchisiack : ENTREZ
Faith ferma la porte derrière elle.
Faith
: Capitaine !
Elchisiack : Faith qu'est-ce que je peux faire
pour toi
Faith : Bosco ne se sentait pas bien il est retourné
chez lui.
Elchisiack : Il va bien ?
Faith évita le sujet, elle devait en parler avec Bosco d'abord.
Faith : Il… La grippe je suppose, il avait un peu de fièvre.
Elchisiack ne dit rien, par son regard et son silence, Faith comprit qu'il ne la croyait pas.
Elchisiack : Je comprends
que tu ne veuilles pas m'en parler.
Faith : Non ce n'est pas
ça Monsieur …
Elchisiack : Faith, même en ayant
les jambes et les bras coupés Boscorelli viendrait travailler.
Faith : Je…
Elchisiack : Je te mets avec Gusler !
Faith
: Merci Monsieur
Elchisiack : Sors d'ici
Elle acquiesça de la tête puis s'en alla, au moment où elle allait refermer la porte le Capitaine l'interpella.
Elchisiack :
Yokas ?
Faith : Oui Monsieur ?
Elchisiack : Si y'a quoique
ce soit que je puisse faire pour lui, dis le moi.
Faith : Merci
Monsieur
Elchisiack : il a besoin de quelque chose ?
Faith :
De temps, c'est ça dont il a besoin. De beaucoup de temps.
Elle referma la porte puis s'en alla.
Bosco
avait passé tout l'après-midi chez lui, à
tourner et retourner. Il s'était levé la nuit
dernière, un mal de tête l'irradiant totalement. Il
avait voulu prendre un des médicaments prescris par l'hosto
mais s'était cogné.
C'est alors que tout était
revenu. Une de ses blessures s'était rouverte, et le sang,
la douleur… tout était revenu par flashs violents, si
violents qu'il en avait été malade ; à chaque
fois qu'il avait essayé de les repousser ils étaient
revenus.
19h30 ! Seulement 19h30, en rentrant il s'était allongé, mais même la fatigue n'avait pas le dessus sur toutes les images qui lui revenaient. C'était pire que d'habitude, sans doute parce que cela faisait plus d'un mois qu'il vivait en paix, sans tourments. Il avait chassé ça de sa tête, il en avait été persuadé, mais tout ça n'avait été qu'illusion. Il avait essayé de confondre ce qu'il avait vécu en simples cauchemars, mais la vérité était que c'était bien réel. Il avait voulu s'en détourner, maintenant voilà où il en était. Il se tenait la tête, se levait, tournait en rond, s'asseyait, se balançant d'avant en arrière mais rien n'y faisait. Tout était là, se projetant devant ses yeux, il revivait son cauchemar. Lyssia, Paterson, les chaînes, le fer… Tout, tout, absolument tout.
Il avait mal à la tête, il n'en pouvait plus, il était effrayé, pourquoi ça ne partait pas ? Pourquoi ça ne le laissait pas tranquille ? Il n'avait qu'une envie, celle d'oublier, mais jamais il ne serait en paix.
Bosco se saisit de son calepin puis composa un numéro de téléphone.
Bosco : Vas-y décroche, décroche… s'il te plaît !
La messagerie se mit en route : Vous êtes bien au cabinet du Docteur Hayes Brickman….
Bosco : Putain de MERDE !
Il s'effondra sur son sofa, les sanglots se libérant. Hayes était le seul homme avec qui Bosco se sentait soulagé lorsqu'il parlait, bien sûr c'était son boulot puisqu'il était psy, mais un bon psy ! A chaque fois qu'il avait envie de parler et de ne pas déranger Faith ; il appelait Hayes. D'habitude il fermait à 22h, et mais pas ce soir. Bosco attendit la fin du répondeur.
… Veuillez laisser un message.
Bosco : Hé ! Doc c'est… c'est Bosco…j'espérai vous avoir ce soir mais… mais c'est loupé, hein ?
Bosco commença à pleurer, il éloigna le combiné un instant afin d'essayer de prendre sur lui.
Bosco :… J'ai vraiment besoin de vous parler Doc… Je vous en prie !
Bosco raccrocha le téléphone, c'était stupide de sa part de vouloir s'acharner sur une machine, Brickman ne viendrait pas avant le lendemain.
Bosco prit sa tête dans ses mains, les flashs étaient fréquents, chaque chose qu'il regardait lui rappelait un de ses calvaires. Il releva la tête vers le téléphone, il pouvait toujours contacter Faith… Il se saisit du combiné puis commença à composer les quatre premiers chiffres avant de renoncer. C'était stupide, si elle était en patrouille, il ne devait pas la déranger, surtout si elle se trouvait en difficulté. Et dire qu'elle pouvait être entrain de se faire tirer dessus en ce moment, et il n'était pas au courant … Tout ça à cause de ses états d'âme ! Quel crétin il faisait. Il n'était pas là pour la protéger alors qu'il le devrait ! Il se saisit de son blouson pour sortir et ouvrit la porte. Il lâcha ses affaires et recula, horrifié.
Lyssia : Salut mon cœur…
TBC...
