Un chapitre sur lequel j'ai pris la peine de m'appliquer (ha non, ça ne veut pas dire que d'habitude, je bacle mon boulot) car on découvre les idées qui trottent dans la tête de certains personnages… Enfin, pas trop non plus !

N'hésitez pas à rewiewer. Et si c'est si mauvais que ça, faites le moi savoir !

Remerciements : A tous les lecteurs qui s'expriment ou restent anonymes. Continuez de me soutenir, ça fait toujours plaisir (j'espère que je n'ai oublié personne, sinon faites-le moi savoir). Et un grand merci à mon beta-reader (j'ai nommé Beru ou bloub). C'est vrai qu'en ce moment, ça ne sera pas du luxe de relire mes chapitres. Alors, on le remercie encore bien fort.

Titre de la trilogie : Le requiem de l'espoir.

Titre du deuxième volet : La couronne de lumière.

Auteur : Elizabeth.

Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.

Disclaimer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowlling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.

Avertissement : PG-13 (pas pour le chapitre en lui-même mais pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).

Résumé général de la trilogie : 1970. A l'aube d'une des noires périodes de l'histoire, Lily Evans, James Potter et ceux qui les entourent se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Cela leur vaudra de rentrer dans l'Histoire en liant leurs pouvoirs et leurs vies.

Résumé du chapitre précédent : Lors d'un cours de potions, le professeur Keita se présente mais son collègue semble avoir un instant d'hésitation sur son nom, et fait un étrange lapsus. Tout de suite pleine de soupçons, Lily en profite pour approfondir ses recherches. En farfouillant dans les archives de Poudlard auxquelles elle a eues accès, elle trouve le dossier de son professeur et une étrange photo où il paraît très proche d'une jeune fille. Mary et Julia aussi présentes, ouvrent par curiosité le dossier de Remus Lupin et découvre que celui–ci porte étrangement le nom de sa mère.

Rappel des personnages évoqués dans ce chapitre :

Jordan William : Poufsouffle, 6° année, préfet.
Keïta Pélias : Professeur de défense contre les forces du mal.

LE REQUIEM DE L'ESPOIR

2 La couronne de lumière.

Chapitre 11 : ETRANGE MOSAIQUE.

Le cours de soin aux créatures regroupait les gryffondors ainsi que les poufssouffles. Et le professeur Brûlepot parut très fier, une pointe d'excitation brillant dans ses yeux, lorsqu'il arriva devant les élèves à qui il avait donné rendez-vous près de la cabane de Hagrid. De plus son retard était presque ridicule comparé aux autres jours : simplement dix insignifiantes minutes. Les élèves occupés à discuter ne le virent d'abord pas approcher mais une fois qu'il leur signala sa présence par une joyeuse exclamation, tous se tournèrent vers lui.

« Bonjour à tous ! Je tiens à vous avertir que le cours d'aujourd'hui est particulièrement important. »

Alors qu'il parlait rapidement, le professeur se frotta les mains et un sourire s'étira sur ses lèvres. Ils les invita à parcourir quelques dizaines de mètres et les sixièmes années se retrouvèrent face à un muret de pierre. Chacun s'y assit à sa guise et sortit de quoi prendre des notes.

James défroissa une feuille de parchemin de son rouleau et se saisit de son livre comme support d'écriture.

« Je vais donc vous présenter aujourd'hui un animal que vous n'avez certainement jamais eu l'occasion de vous d'approcher étant donné sa rareté et surtout les contraignantes lois qui s'y appliquent. »

Remus secoua la tête et un vague sourire passa sur les lèvres de James. En effet, le professeur Brûlepot paraissait toujours affligé, pour ne pas dire révolté, contre les lois appliquées aux créatures magiques. Il leur avait d'ailleurs affirmé une fois que son plus grand rêve eut été de voir des griffons gambader partout. Le jeune gryffondor reporta son attention sur l'homme et cligna des yeux.

« Je veux bien sur parler des chevaux ailés. »

James n'avait en effet jamais eu l'occasion d'en approcher un de près. Le seul qu'il avait pu apercevoir était celui que chevauchait un collègue avec qui avait travaillé son père : Arnold Whisp. L'homme prenait toujours un malin plaisir à se pavaner avec l'animal, ce qui avait le don d'agacer Kathleen Potter qui doutait de l'origine parfaitement honnête du pauvre cheval. Elle ne s'était pas trompée en ce sens : c'était un animal volé appartenant à un très riche sorcier irlandais. De toute façon, James ne devait pas être plus âgé de six ans et les seuls souvenirs qu'il lui revenait était que le pelage lustré du cheval étain d'un brun plutôt commun.

« Vous savez tous que les chevaux ailés sont des animaux particulièrement rares et puissants. Leur première apparition remonte à la Grèce antique. Quelqu'un est-il capable de m'en citer un ? »

Plusieurs mains se levèrent mais ce fut automatiquement vers celle vigoureusement agitée de Lily Evans que se retourna le professeur.

« Il s'agit du cheval Pégase qui fut dompté par Bellérophon. Ce dernier, monté sur ce miraculeux coursier, multiplia les grandes prouesses. »

La préfète partit dans un long discours que James trouva aussitôt ennuyeux. Comment pouvait-on prendre tant de plaisir à étaler sa culture ? Il baya discrètement et sentit quelque chose sur son épaule. D'un coup d'œil, il aperçut une plume enchantée occupée à tourner en d'infinis ronds sur le tissu revêche de sa cape. Un coup signé Sirius Black ! Redressant la tête, il fixa le responsable qui semblait parfaitement innocent, occupé à noter minutieusement les paroles du professeur. Aucun doute pour James : depuis leurs six années d'études à Poudlard, il n'avait jamais vu son meilleur ami prendre proprement et avec application un seul cours. Remus passait la plupart de son temps à leur faire des reproductions de ses parchemins (Peter demandait assez souvent un exemplaire non pas par cause d'inattention pendant le cours mais parce qu'il n'était pas assez rapide pour tout noter).

« Différentes espèces existent, notamment l'Abraxan, l'Ethonan ou encore le Gronian. Le premier est assez rare mais de magnifiques spécimens sont présents en France à l'Académie de Beaux-Batons. Ils appartiennent à la race des palominos géants dont la particularité est de posséder une très belle robe or. Ce sont très certainement les plus rapides. L'Ethonan, pour sa part, est assez présent en Grande- Bretagne et en Irlande et se révèle la plupart du temps de couleur brune. Le dernier est… »

James ne voyait pas vraiment pourquoi son professeur s'était montré si guilleret et passionné depuis le début du cours. Sa baguette dépassant de la poche de sa veste l'attirait irrémédiablement plus et une bonne petite farce ayant pour cible un certain Sirius Black n'eut pas été pour lui déplaire.

L'interruption du discours dithyrambique de Brûlepot le tira de sa rêverie dans laquelle s'égarait son esprit.

« Professeur, vous n'avez pas cité le Thestral. Pourtant, il fait parti dans l'ouvrage de Newt Scamander des chevaux ailés. »

Encore une magnifique intervention de Miss Préfète-parfaite pensa James. Son visage se tordit en un rictus à la fois moqueur et exaspéré qu'il adressa à son meilleur ami. Ce dernier lui fit un clin d'œil moqueur. Cette fille était insupportable.

« En effet, Melle Evans. Vous avez toujours de bonnes questions, dix points pour Gryffondor. Il se trouve que les Thestrals sont les plus rares chevaux ailés pour la plus simple raison que de nombreux sorciers considèrent qu'ils portent malheur. De plus, le fait qu'ils soient invisibles ne facilitent pas les choses. Mais si vous me le permettez, je voudrai terminer mon cours en vous montrant un spécimen tout particulier. »

Aussitôt ses mots prononcés, le regard de nombreux élèves se fit plus attentifs. Un vol de hiboux battant bruyamment des ailes passa au-dessus d'eux et l'attention fut distraite un moment mais cela ne dura pas. James, quelque peu suspicieux, ne put s'empêcher de suivre le vol brun des volatiles qui lui paraissaient bien nombreux pour arriver en pleine journée de façon si groupée.

Il rejoint ses camarades et s'aperçut que le professeur Keïta avait fait son apparition aux côtés du professeur de soin aux créatures. L'homme parut se forcer à sourire à l'assemblée.

« Je tiens donc à remercier le professeur Keïta pour son amabilité. Il possède en effet un magnifique cheval ailé et il a accepté de vous le montrer. Profitez donc de l'occasion et soyez attentifs ! »

Le petit homme semblait s'adresser plus à lui-même qu'aux étudiants qui n'avaient pas eu besoin de recommandations pour retenir leur souffle. Le professeur de défense contre les forces du mal se retourna et pénétra dans l'enceinte de pierre grise, foulant le sable de ses bottes usées par les voyages. Il porta à ses lèvres un petit sifflet mais aucun son n'en sortit. Cependant, quelques instants plus tard, tous eurent le souffle coupé. Devant eux se tenait un magnifique cheval au pelage lustré et brillant d'un noir de jais plus profond que n'importe quelle nuit sans lune. Ses grands yeux sombres fixèrent les élèves avec étonnement puis il se tourna vers son maître. James remarqua avec surprise que ses ailes étaient d'un blanc immaculé et se trouvaient repliées contre ses flancs. Pélias Keïta fit glisser sa main sur le flanc du cheval et ce dernier effectua un petit pas en arrière. Il fléchit un genou à terre et dans un bruit retentissant ouvrit une magnifique paire d'ailes d'une envergure impressionnante. James posa ses mains sur le rebord pierreux et se dit qu'il devait très certainement être merveilleux de pouvoir voler sur un pareil animal. Il avait pour sa part assez souvent monté à cheval. Mais sentir l'air dans ses cheveux, le vent plaquer son souffle glacé sur son visage, la cape claquant au vent…

Ce fut le bond qu'effectua le cheval qui permit au jeune homme de revenir à la réalité. Il se dressa sur ses pattes arrière et retapant furieusement le sol sableux, se mit à battre des ailes de façon plus intense. Et c'est dans un tonnerre d'applaudissements et de sifflements stridents que l'animal prit de l'altitude et se mit à voler dans un ciel encore un peu gris, chargé de nuages hauts. Les élèves placèrent leurs mains en visière pour mieux voir mais l'animal disparut derrière une des hautes tours de Poudlard.

La cloche retentit à cet instant et le professeur Brûlepot reprit la parole, malgré le plaisir apparant qu'il serait bien resté plus longtemps.

« J'aimerai que vous effectuez une recherche pour le prochain cours sur l'évolution des différentes législations à propos de cet animal. Trois rouleaux de parchemins devraient suffire, vous pouvez vous mettre par deux. Ha, n'oubliez pas de bien dégager les différentes politiques appliquées. »

Il remercia encore une dernière fois chaleureusement son collègue et peu à peu, tous se dispersèrent. James resta quelque peu en retrait, espérant profiter de l'occasion pour discuter un peu avec son professeur. Pélias Keïta l'intriguait au plus haut point avec son air mystérieux d'une personne plongée dans ses souvenirs. Le jeune gryffondor s'approcha donc après avoir pris tout son temps pour ranger ses affaires.

« Excusez-moi, professeur… J'aurai aimé vous poser une question… »
« Je vous écoute, Potter. »
« Et bien, … »

A cet instant là, James se rendit compte qu'il ne pouvait s'adresser si naturellement à son professeur sur ce qui l'intriguait. L'autre faisait deux bonnes têtes de plus que lui et semblait légèrement contemplé le ciel, sans lui jeter un seul coup d'œil.

« Je me demandai comment vous étiez entré en possession de ce cheval… »
« Allons, Potter, vous n'allez pas me faire croire que ce cours sur les chevaux ailés vous a tant passionné. Je sais parfaitement que ce n'est pas votre matière favorite. Ne cherchez donc pas à détourner la conversation et parlez-moi franchement. »

James avala de travers en entendant Pélias Keïta déclarer cela d'une voie parfaitement calme et tranquille. Il se retourna et appuya le bas de son dos contre le muret de pierre tout en croisant les bras. Ses yeux verts sombres fixaient James d'un regard patient mais déterminé.

« Pour tout vous dire, je me demandai pourquoi vous vous étiez proposé pour ce poste de professeur de défense contre les forces du mal ? »
« Potter, j'espère que vous n'insinuez pas qu'un serpentard ne peut s'intéresser à autre chose qu'à la magie noire ? »

James se sentit de plus en plus mal à l'aise. Ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire mais il comprenait parfaitement que l'homme n'avait pas tord. Au fond de lui-même, il ne comprenait pas très bien ce qui le poussait à cette idée. Peut-être les préjugés et les on-dit, ce contre quoi ses parents luttaient depuis de nombreuses années. Le monde de la magie était trompeur et il semblait au jeune homme que celui des hommes l'était bien plus encore. Il s'en était aperçu en grandissant.

« Non, ce n'est pas ça, déclara James en reprenant confiance en lui. Vous faites de très bon cours mais vous paraissez perpétuellement ailleurs ou préoccupé. Cela ne me regarde certainement pas mais… »
« C'est bon, Potter, détendez-vous… Je vais répondre à vos interrogations. »

Alors que James ôtait le sac de son dos pour le poser à ses côtés, une ombre immense passa au-dessus d'eux. Quelques instants plus tard, le cheval ailé atterrit en dégageant un nuage de poussière qui leur fit larmoyer les yeux. Pélias Keïta s'approcha du cheval et lui flatta l'encolure ; aussitôt ce geste effectué, l'animal disparut entre les buissons environnants.

« Vous le laissez aller dans la forêt interdite, s'exclama James. »
« Les élèves y vont bien et aucun ne s'est encore fait manger, du moins dans la forêt. Alors je ne vois pas pourquoi je ne le laisserai pas faire. Bon, sachez, Potter, que ce n'est pas moi qui aie choisi ce poste mais qu'on me l'a demandé. Disons simplement que cela fait parti de certaines de mes obligations… »

James plissa les yeux et tenta vainement de lisser quelques mèches de cheveux rebelles que le vent décoiffait.

« J'ai fait mes études à Poudlard comme tout bon sorcier et j'étais en effet élève à Serpentard. Je suis sorti de là avec des idées plein la tête, un peu idéaliste, pensant que rien ne m'arrêterait et que j'avais toute la vie devant moi. J'étais promis à un avenir brillant car j'étais parvenu à intégrer l'école de formation des mages de guerre. Mais mes idéaux humanistes ont volé en éclats et j'ai tout abandonné au milieu de ma seconde année. »

Une bourrasque de vent souffla un peu plus fort que les autres et dressa les ramures des arbres de la forêt en un étrange ballet. James n'avait même pas prêté attention à ses camarades qui avaient regagné le château. Mais cela ne lui importait guère car il se doutait que la conversation qu'il allait avoir avec Pélias Keïta serait plus qu'enrichissante. La main droite du professeur se mit à jouer malicieusement avec un des fermoirs en argent de sa cape gonflée par le vent. Le jeune homme se demandait ce qui avait bien pu modifier à un tel point les objectifs de son professeur.

« J'ai tout quitté et laissé derrière moi tous mes espoirs. Pendant de longues années, j'ai erré dans divers pays d'Europe et j'ai appris une foule de choses, bien plus vraies que ce que l'on peut voir dans les livres. Je suis devenu mercenaire, je m'acquittai de taches pour quelques villages menacés par des bêtes… Jusqu'à ce qu'un jour, l'on me confie ce cheval en remerciement. Sept longues années s'étaient écoulées et j'acceptai de rentrer en Angleterre. Là, j'ai retrouvé quelques anciens contacts et j'ai voyagé en Grande-Bretagne et en Irlande pour diverses raisons, observant les changements autour de moi. C'est comme cela que j'ai compris ce qui se préparait… »

La voix grave de l'homme s'arrêta et il jugea son élève d'un regard scrutateur et perçant. James savait pertinemment à quoi il faisait allusion.

« Vous voyez donc, Potter, quand je vous dis dans mes cours que ce que vous avez le plus à craindre sont les hommes, je ne plaisante pas. Car seuls les hommes sont capables de cruautés. Et le plus à redouter sont ceux à qui vous faites confiance, vos amis. »

Sa lourde cape verte claqua au vent et son visage s'étira en une petite grimace, marquant un peu plus la longue cicatrice qui zébrait sa joue. James sentit son corps se raidir et quelques gouttes de sueur perler sur son front.

Lorsque les gryffondors pénétrèrent dans le hall aux hautes voûtes en arcs saillants, chacun se dépêcha de retourner dans ses quartiers. Après avoir gravi le grand escalier de marbre blanc qu'il fallait emprunter pour monter aux étages, ils remarquèrent immédiatement un important attroupement devant un des autres escaliers. Des premières années de poufssouffles paillaient tandis que quelques grands benêts de quatrième années à l'uniforme bleu se pressaient toujours un peu plus.

Lily s'approcha aussitôt et fendit les rangs avec témérité. Son rôle de préfète servait à résoudre ce genre de petits détails.

« Que se passe t'il, demanda t'elle à un garçon aux oreilles décollées. »
« Apparemment, l'escalier magique s'est bloqué. »
« Impossible, s'exclama la préfète de Gryffondor en haussant les épaules. »

Pourtant, ce qu'elle vit la convainquit plus que tout. Les marches de pierre recouvertes d'un tapis aux couleurs violettes se trouvaient à quelques mètres d'eux. L'escalier basculait habituellement vers la galerie supérieure qui menait aux salles de métamorphose. Mais devant, il n'y avait rien d'autre qu'un grand gouffre plongeant directement vers le rez-de-chaussée. La préfète soupira profondément et se demanda ce qu'elle pouvait y faire. Le château générait sa propre magie et même une sorcière douée de sixième année ne pouvait y faire quoi que ce soit. Avisant Jordan William, le préfet de Poufssouffles, elle lui fit un signe de la main et il s'approcha tant bien que mal d'elle.

« Ecoute Jordan, pourrais-tu rester là et empêcher quiconque de trop s'approcher du bord ? Je vais aller prévenir le professeur McGonnagal. Tu n'as qu'à demander à Julia et Mary de t'aider. Je reviens aussi vite que possible. »

Le jeune homme acquiesça et vit la rouquine se faufiler, parfois à coup de baguette magique et d'autorité à travers la foule qui se massait toujours plus. Cinq petites minutes lui furent nécessaires pour rejoindre le bureau de la directrice adjointe. Arrivée devant la porte, elle s'empressa de frapper et attendit qu'elle l'invite à entrer.

Minerva McGonnagal lui apparut quelque peu troublé, son visage aux lèvres pincées étaient marqués par deux profondes rides sur le front, signe d'une importante inquiétude. Elle remonta ses lunettes à la monture en écailles.

« Ha, Miss Evans, que puis-je pour vous ? »
« Professeur, je viens vous avertir qu'un des escaliers magiques menant aux salles de cours est bloqué. »
« Je savais que cela allait arriver. On ne devrait jamais attendre pour ce genre de choses. Mais certaines sont encore plus urgentes. »

Lily se demanda de quoi la femme voulait parler mais elle resta silencieuse. D'habitude, le professeur de métamorphose gardait un calme froid et implacable mais elle semblait quelque peu bouleversée.

« Bien, Miss Evans, je préviendrai le directeur et il chargera quelqu'un de s'en occuper, bien que je craigne qu'il nous faille encore attendre un peu pour que tout rentre dans l'ordre dans ce château de malheur. »

La directrice de Gryffondor lui demanda de conduire les élèves de première années à leur cours et de fixer un sortilège de vitre magique sur la balustrade. Lily s'apprêtait à refermer la porte quand le professeur lui fit un signe.

« Miss Evans, pourriez-vous aussi rappeler à Messieurs Black, Potter, Lupin et Pettigrow que les miroirs déformants dans les toilettes de l'aile Ouest n'étaient pas indispensables ? »

La jeune fille sentit son visage s'enflammer jusqu'à la racine de ses cheveux. Ainsi, elle ne pourrait donc jamais avoir la paix avec les maraudeurs. Il s'en eut déjà fallu de peu pour que le trio infernal reprenne ses activités, elle n'avait vraiment pas besoin de cela. De plus, les farces des quatre gryffondors pouvaient laisser supposer qu'elle n'avait aucune emprise ni autorité sur les élèves de sa maison.

C'est furieuse q'elle redescendit rapidement les deux étages et entreprit de disperser les élèves. AU bout de cinq minutes et d'une paire d'heures de retenue distribuée à un poufssouffle et à une serpentard de troisième année, elle parvint à peu près à obtenir un calme relatif.

« Merci, Jordan, pour ton aide. Je vais conduire les premières années à leur cours par la galerie aux paons. »

Le poufsouffle lui dit au revoir et Lily demanda aux plus jeunes de la suivre, tandis que Julia et Mary reprenaient leur place à ses côtés.

« On a bien manqué d'en balancer un par-dessus, déclara Julia en soupirant. »
« Tu n'aurais pas du te priver, lui répondit la préfète en serrant des dents. »
« Dis donc, Lily, je te trouve bien remontée tout à coup, lâcha Mary d'un air curieux. »
« Disons simplement que la bande à Potter a encore frappé et que McGonnagal m'a fait une réflexion. Ce sont eux que je voudrai pouvoir balancer par-dessus une balustrade ! »
« Ca fait déjà leur troisième blague de la semaine alors qu'on n'est que… »
« Mardi ! »

Derrière elles, les premières années rasaient les murs et se serraient en troupeau,. Une fenêtre claqua sur le côté droit et Lily la referma d'un simple geste de sa baguette. Ils traversaient maintenant la galerie aux paons, superbe passage recouvert de tentures bleu-vertes illustrant quelques volatiles faisant la roue.

Une fois les poufssouffles en cours de métamorphose et les serdaigles dirigés vers celui d'histoire, les jeunes filles prirent un escalier en colimaçon pour rejoindre leur salle commune.

« J'espère que ce n'est pas l'escalier magique dont m'a parlé Cassandre, déclara Julie. »
« Qu'est ce qui lui est encore arrivé, demanda Lily. »
« Les marches refusaient d'apparaître devant elle. Elle a été obligée de lancer un sort de désillusion. »
« Elle n'aurait pas du, déclara Mary d'un ton monocorde. La magie du château ne se gère pas d'un simple coup de baguette magique ! »
« Tout à fait d'accord ! »

Lorsqu'elles débouchèrent dans une longue galerie, Lily s'étonna de ne pas retrouver le couloir des salles d'enchantements. Le carrefour qui se présentait à elles était immense, trois couloirs y parvenaient sans compter l'escalier qu'elles venaient d'emprunter. Le plafond était composé d'une immense coupole de pierre et de hautes colonnes soutenaient les arcades marquant chaque passage. Mais ce qui retint l'attention des trois jeunes filles était le sol. Une magnifique mosaïque au cœur de la pièce s'étalait sur le sol sous la forme d'un vaste cercle. Les motifs s'emboîtaient les uns dans les autres, formant des cercles concentriques qui se croisaient sans fin. Les pierres marquées d'étranges symboles étaient peintes de vives couleurs et rendaient l'ensemble plus que magnifique.

« Superbe, s'exclama Julia alors que Mary s'approchait de plus près. »

Des dalles s'ajustaient dans le décor aux motifs végétaux et géométriques. Lily s'agenouilla avec curiosité et se pencha. Une des dalles de pierres n'était pas correctement emboîtée. Elle glissa ses ongles dans la rainure en en tirant doucement, dégagea le carreau. Un symbole peint avec un émail vert qui présentait un signe astrologique que la jeune fille reconnut tout de suite comme celui du verseau. Et elle ne se trompa pas car chaque dalle d'un des cercles représentait les différents signes astrologiques. D'autres présentaient des runes mais le tout lui parut dépourvu de sens ou de signification. Une des dalles était de couleur bleue et une rune d'argent couvrait sa surface mais apparut brisée en trois morceaux.

Lily la prit entre ses mains et à l'aide de sa baguette tenta de les recoller, sans y arriver.

« Vous croyez que cette mosaïque n'a qu'un but décoratif ? »
« Certainement pas. Dans ce château, rien n'a été construit au hasard. Si tu veux mon avis, c'est certainement l'ouverture d'un quelconque passage. »
« En tout cas, je n'en ai jamais entendu parler dans L'histoire de Poudlard. »
« J'ai toujours su que ce livre n'était qu'une arnaque. Le jour où l'on écrira un livre confiant tous les secrets de ce château n'est pas encore arrivé, lança Julia avec humeur. »

Lily glissa les morceaux de pierres dans sa sacoche et se redressa en époussetant les plis de sa jupe.

« Moi, je me demande pourquoi je ne parviens pas à recoller cette pierre. Elle doit être bourrée de magie, il faudrait que je demande un renseignement à quelqu'un. »

Les trois jeunes filles se promirent de revenir ici et partirent déjeuner. La fin de la journée fut un enchaînement de cours assez ennuyeux auquel celui d'histoire de la magie n'arrangea rien. Plongeant les étudiants dans une attitude plus qu'endormie à cause de la voix monocorde et soporifique du professeur. Enfin, la dernière heure de cours arriva : la plus attendue par la jeune préfète.

« Et bien, le professeur Mc Gonnagal m'a chargé de vous dire que la sortie à Pré-au lard aura lieu ce samedi. Cela ne m'arrange guère car je pensais rattraper une heure de cours. Le professeur vous autorise donc à vous y rendre plus tôt pour pouvoir être présent vers cinq heure et demi. Cette heure de cours me permettra de rattraper le cours de duel que je n'ai pu assurer lors de la semaine passée. »

La nouvelle fut accueillie de façon mitigée. La sortie à Pré-au-lard était une merveilleuse occasion de faire la fête, profiter des boutiques et se changer les idées. Mais d'un autre côté, le cours de duel était un des plus passionnants par son contenu mais aussi par la présence du professeur Flitwick, intarissable source de rires et de divertissements.

Lorsque la sonnerie retentit, Lily s'approcha du bureau du petit professeur qui debout sur une pile de livre dirigeait d'un geste majestueux de sa baguette un ouvrage vers une des bibliothèques de la pièce.

« Excusez-moi de vous déranger, professeur, mais j'aurai quelque chose à vous montrer. »
« Bien sûr, Miss Evans, je suis tout à vous. »

La jeune fille sortit les morceaux de pierre et les disposa du mieux qu'elle put sur le bureau en poussant un assemblage de cercle métallique.

« Voilà, professeur, je n'arrive pas à la ressouder. »
« Hum, c'est étrange. Laissez-moi voir ! »

Quelques paillettes dorées apparurent en un fin filée de sa baguette en entourèrent les morceaux aux reflets bleus. Mais rien n'y fit. Etonné, Flitwick se gratta la tête et ses sourcils se dressèrent.

« En effet, étonnant ! Essayons autre chose ! »

A grands tours de bras et coup de baguette, rien ne changea.

« Je pense que cette pierre doit être sous l'emprise d'un sortilège de protection. Il est sûr et certain qu'elle est débordante de contre-magie. Désolé de ne pas être à la hauteur, Miss Evans, mais je doute qu'on puisse y faire quelque chose. »

Lily soupira et récupéra les morceaux, puis elle les fit glisser dans sa sacoche avec soin. Le petit homme descendit tant bien que mal de son bureau et la raccompagna à la porte avant de faire entrer dans la salle les sepentards de seconde année. En avançant dans le couloir, Lily serra son sac un peu plus fort contre son flanc et décréta un besoin urgent de passer à la bibliothèque.

fin du chapitre 11

7 juin 05