La prime de risques que touchent mes malheureux personnages va augmenter : après les lethifolds assoiffés d'âmes, après les harpies assoiffées de sang, après les salamandres affamées de chair fraîche (sans oublier les serpentards avides de sadisme – ne te sens pas visé, Evan ! et les gryffondors affamés de biscuits – Peter, tu es vraiment un gouffre…), voici la très attendue suite des (més)aventures de nos valeureux (bon, excepté certains…) amis où l'on découvre… tout plein de choses que même-que-si-vous-voulez-en-savoir-plus-z'avez-qu'à-lire-la-suite-en-dessous ! Et toc !
Remerciements : A tous les lecteurs qui s'expriment ou restent anonymes. Continuez de me soutenir, ça fait toujours plaisir (j'espère que je n'ai oublié personne, sinon faites-le moi savoir). Et un grand merci à mon beta-reader (j'ai nommé Beru ou bloub). C'est vrai qu'en ce moment, ça ne sera pas du luxe de relire mes chapitres. Alors, on le remercie encore bien fort.
Lady Cottington : Voilà comme promis un nouveau chapitre ! Je te sens bouillir d'impatience mais il faudra attendre les vacances pour avoir la suite .
Beru
ou bloub : Fidèle correcteur et reviewer, il n'y a
vraiment rien à redire ! Merci encore
et
sache simplement que tu vas bientôt être embarqué
dans la troisième partie de mon histoire (enfin, si tu veux
bien être du voyage évidemment) !
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Titre de la trilogie : Le requiem de l'espoir.
Titre du deuxième volet : La couronne de lumière.
Auteur : Elizabeth.
Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.
Disclamer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowlling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.
Avertissement : PG-13 (pas pour le chapitre en lui-même mais pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).
Résumé général de la trilogie : 1970. A l'aube d'une des noires périodes de l'histoire, Lily Evans, James Potter et ceux qui les entourent se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Cela leur vaudra de rentrer dans l'Histoire en liant leurs pouvoirs et leurs vies.
Résumé du chapitre précédent : James et Remus se retrouvent coincés dans un boyau de terre pierreuse qu'ils n'ont plus qu'à longer pour tenter de dénicher leurs camarades. C'est finalement Mary qu'ils retrouvent et cette dernière n'est pas tellement enchantée de voir les maraudeurs. Poursuivant leur chemin tant bien que mal, Remus tente d'apaiser la situation quelque peu tendue en bavardant, quand Severus Rogue leur tombe dessus. Après avoir réussi à maîtriser le jeune serpentard, tous les quatre s'avancent pour se retrouver face à une étrange créature ayant tout du dragon et de la salamandre. Si Severus (qui a passé son temps à faire référence de façon cynique à la lycanthropie de Remus et à nous faire partager son point de vue) n'est plus qu'une loque évanouie par terre, Mary, elle, décide d'agir et parvient, face à la bête, à créer un mur d'énergie, qui a raison autant du monstre que de la jeune fille. Alors que Remus veut la soigner, il butte contre la bague d'argent gavée de magie dont James aimerait bien connaître l'origine.
Rappel des personnages évoqués
dans ce chapitre :
Osborne Charles :
Serdaigle, 7° année, préfet en chef. Parfait dans
ce rôle, il hésite pourtant à déclarer sa
flamme à sa collègue qui le repousse.
Rogue Severus : Serpentard, 6° année. Discret mais non sans efficacité, toujours un peu en retrait par rapport à ses camarades, il ne se prive pas cependant d'éprouver une vive haine envers les maraudeurs.
Montague Inès : Serpentard, 7° année, attrapeuse et préfète en chef. Une fille assez froide, peu abordable mais qui ne favorise pas les serpentards.
Keïta Pélias : Professeur de défense contre les forces du mal. Ancien serpentard, il ne cache pas son ressenti envers la cruauté des hommes. Un mauvais souvenir ? Sans doute pour cet homme au nom et au passé modifié habilement dans les archives de Poudlard.
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LE REQUIEM DE L'ESPOIR
2 La couronne de lumière.
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Chapitre 18 : LE CŒUR DE POUDLARD.
La réunion avait été d'une interminable longueur et il avait bien cru qu'elle ne prendrait jamais fin. Lui n'avait pas voulu dîner, trop préoccupé par l'accomplissement de sa mission. Il avait pris le soin de tout préparer quelques jours à l'avance et fort heureusement ! Déjà que cette fâcheuse réunion allait le retarder dans ses vérifications. L'homme poussa la porte de ses appartements qu'il ne prenait jamais la peine de fermer à clé ou à l'aide de quelques artefacts de magie comme certains de ses collègues qui s'escrimaient à appliquer des runes de protection ou des sorts de degrés supérieurs. Lui se contentait de faire glisser une maigre clé d'argent dans le trou de la serrure. Mais ce n'était que par pure forme car il avait remarqué dès les premiers jours passés à Poudlard que n'importe qui pouvait aisément pénétrer dans son bureau. Lui n'avait rien à cacher ou en tout cas, ça faisait bien longtemps qu'il ne s'était plus occupé de camoufler son passé et ce que ses origines lui imposaient.
Derrière la porte se découvrit une pièce plongée dans l'obscurité. Un pan de la lumière nocturne s'épanchait d'une grande fenêtre et coulait sur le tapis. Pélias Keïta claqua des doigts et une petite boule de lumière apparut dans une lampe en verre. Fort pratique, ce sort à répétitions. L'homme grimaça en trouvant sur son bureau une pile de rouleaux de parchemins qu'il lui restait à corriger. Cela attendrait le week-end. Ce soir, il n'avait pas vraiment la tête à ça !
En quelques instants, un grand feu flambait dans la cheminée. Bien qu'on fût en avril, les nuits étaient encore froide en Ecosse mais c'était plus par nostalgie qu'il s'affalait dans un fauteuil trop rembourré à son goût pour se laisser bercer par le crépitement des bûches léchées par les flammes claires et se laisser envoûter par l'odeur si particulière d'un feu qui lui rappelait de nombreux souvenirs.
Et dire qu'il
y avait encore quelques minutes, il se trouvait astreint à
écouter les jérémiades du professeur d'Histoire
de la magie. Dumbledore avait fort heureusement incliné la
tête comme pour approuver les récriminations du fantôme
et rajuster ses lunettes qui tombaient de son nez. Le professeur de
défense contre les forces du mal s'était demandé
au début de la séance si le directeur n'allait pas
s'endormir le regard plongé dans le vague quand il remarqua
après quelques dizaines de minutes que ses yeux bleus étaient
braqués sur les volutes de fumée nacrés qui
formait le corps du professeur Binns.
Pélias Keïta se
sentait parfois mal à l'aise face à ses gens qui
l'avaient eu comme élève, à l'époque
où courir le plus vite possible dans les escaliers enchantés
était un de ses défis préférés et
qu'il soupirait en acceptant avec mauvaise volonté et d'un
air maussade d'assister aux entraînements de Quidditch.
Cependant, peu de professeurs l'avaient reconnu car il avait changé
de nom. Seuls les professeurs McGonnagal et Brockelhurst n'avaient
pas été dupes.
En effet, l'homme attrapa un verre qu'il remplit d'un geste de la main en effleurant ses rebords et sourit avec narquois. La directrice de Gryffondor n'oubliait jamais un élève et quant au professeur de potions, il avait reconnu dans les yeux de l'homme ceux du petit garçon qui ne manquait jamais une occasion de rater sa potion malgré ses capacités (ce qui lui valait en plus des remarques désobligeantes du vieil homme, les soupirs de son amie). D'ailleurs, il semblait que Brockelhurst n'ait malheureusement pas oublié son nom d'origine et il lui était arrivé plusieurs fois que sa langue fourche. Même si cela n'avait jusqu'à maintenant pas porté à conséquence, Pélias Keïta sentait son visage se tendre d'appréhension lorsqu'on s'adressait à lui, de peur qu'on se souvienne de lui et de ses malheurs qui avaient défrayé les chroniques à l'époque.
Il poussa un soupir et abandonna sans regret son verre sur une table basse. Il appuya ses poings sur ses hanches pour se redresser, lissa son pantalon puis longea le bureau pour pénétrer dans sa chambre.
Les appartements de Poudlard étaient tous confortablement meublés avec d'épaisses tentures brodées, des miroirs et des tableaux de grands maîtres depuis longtemps disparus. Pourtant, l'épaisseur des tapisseries ne masquait pas totalement la pierre froide et rugueuse du château. Pélias Keïta se dirigea vers son lit qui était collé à la paroi, les lourdes couvertures tirées en grande hâte marquaient l'habitude quelque peu désordonnée de l'homme. Ce dernier s'agenouilla au pied de son lit sculpté de petits motifs végétaux et fit glisser ses doigts sur une petite boite de fer rouillée. La serrure ne marchait plus depuis de longues années et il s'était obligé à placer un sort pour en protéger le contenu. Une vague d'appréhension envahit son corps, nouant sa gorge et ses mains qui effleuraient les rebords glissants se mirent à trembler. Il fit jouer le couvercle dont s'échappa un petit nuage d'étincelles ternes qui disparurent aussi rapidement qu'elles avaient offert à l'atmosphère austère un instant d'espoir.
D'abord, un petit tas de parchemins à moitié jaunis et moisis par le temps qu'il abandonna rapidement sur le dallage après les avoir parcourus d'un œil distrait. Ses doigts rencontrèrent la petite photo prise bien des années avant sur le quai de la gare de Poudlard. Jimmy, un de leurs camarades, après avoir ronchonné pendant la plus grande partie du voyage, avait fini par accepter de les prendre en photo.
La photo, en noir et blanc, offrait à ses yeux une époque révolue : la petite fille avait tiré son ami auprès d'elle et l'embrassait sur la joue tandis que lui, manquait fort d'équilibre. A l'époque, ses cheveux étaient attachés en une joyeuse queue de cheval et il se souvint du ruban. D'un regard, il le reconnut sans difficulté dans la petite boite. Le bleu pervenche avait quelque peu passé et le tissu devenu rêche ne faisait qu'irriter la peau de l'homme.
Pélias Keïta avait été un garçon plein de vie, un peu grognon mais toujours débordant de bonne volonté. Pour lui, la vie ne présentait aucune difficulté et chacun de ses souhaits semblaient s'être réalisés jusqu'à ses vingt ans. Pourtant, il n'était plus que l'ombre nébuleuse et soupirante du petit garçon sur ses photos. Aujourd'hui, c'était un homme maussade, méfiant et soucieux qui plongeait dans ses souvenirs avec une délectation veine et malheureusement teintée de morbide qui lui laissait un goût amer dans la bouche. Quand il s'adressait aux adultes, il prenait distance et froideur ; ce qui ornaient sa voix grave d'un ton accablé ou cynique. Seuls les élèves l'empêchaient de ressentir cette rancœur tenace qui hantait avec désespoir ses jours et ses nuits. Face à eux, il voyait ce qu'il avait été pendant tant d'années : insouciant et joyeux, considérant chaque petite contrariété comme une catastrophe notoire…
Tout à coup, il referma la boite et prononça avec une rapidité déconcertante une formule en latin. Le coffret fut parcouru d'un souffle qui le fit remuer puis disparut sous le lit. Tout cela n'était que des souvenirs oubliés depuis longtemps dans les tréfonds du temps et des mémoires. Les remuer ne faisait qu'aviver ses blessures qu'il avait mises tant de temps à oublier. Le professeur savait parfaitement que jamais il ne guérirait ces blessures. Il effleura lentement la cicatrice qui barrait sa joue et qui lui rappelait chaque matin le drame de sa vie.
Un petit toussotement dans son dos le fit se retourner, immédiatement sur ses gardes, les jambes fléchies et les poings serrés. Les vieilles habitudes revenaient si vite, pensa t'il en reconnaissant la voix haut perchée.
« Hum hum, votre rendez-vous ne devrait-il pas déjà être arrivé ? »
« En effet, grogna l'homme en se redressant et détendant les muscles de son dos. »
Le portrait de la vieille femme lui
sourit et lui-même soupira. Toutes ses peintures avaient
toujours eu le don de l'agacer, depuis que la peinture d'un
ancêtre ne se gênait pas pour lui rétorquer tous
un tas de commentaires désagréables alors qu'il était
encore petit. Le premier soir où il avait traîné
sa malle jusqu'à ses appartements et qu'il avait découvert
le visage ratatiné de cette vieille dame, ses cheveux poudrés
coiffés d'un chapeau pointu de mode ancienne, il avait
presque aussitôt voulu le décrocher pour l'oublier
dans un tiroir.
Cependant Mathilde l'en avait empêché
et elle s'était finalement montrée plutôt
agréable. La vieille sorcière ne submergeait pas Pélias
de commentaires ou de conseils en tout genre et se contentait de
lancer quelques politesses quand il rentrait après ses cours.
« Dire qu'il ait déjà minuit passé… »
La sorcière s'accorda un bâillement discret avant de reprendre.
« Je doute fort qu'elle vienne. »
« Oui, je le lui rappellerai demain, rétorqua Pélias en détachant ses cheveux mal taillés qui se mirent à voler dans son cou. »
Il agita la tête d'un mouvement vif et s'apprêtait à reprendre le verre qu'il avait abandonné devant la cheminée quand Mathilde fit une remarque à voix haute.
« Je ne crois pas que vous la revoyez, mon cher. Votre jeune amie ne risque pas de retrouver ses pas, d'après ce qu'on m'a dit. »
« Comment cela ? »
« Et bien, Nicéphore m'a jurée qu'un groupe d'élèves assez conséquent avait disparu dans un des couloirs du château alors qu'ils étaient tranquillement entrain de se menacer de je-ne-sais quel sort stupide. Ha, vraiment ! »
« Et qu'est-ce qui vous fait dire que Lily Evans en fasse partie, demanda le professeur d'un ton curieux. »
« La petite rouquine ? Il paraît qu'il y a eu une grande explosion pleine de lumière et que le sol s'est mis à trembler dans la vieille aile ouest du château, celle où on ne va presque jamais. Vous savez, en longeant le couloir puis la galerie Est et quand… »
« Je sais où ça se trouve, répondit froidement Pélias Keïta dont le visage s'était assombri brutalement. Merci ! »
Ainsi, alors qu'il avait voulu exposer à la jeune fille qu'elle ferait bien de prendre garde à ce qu'elle faisait, il n'avait fait que la précipiter tête la première dans les ennuis. Il ne savait pas comment Lily Evans s'était retrouvée dotée d'une telle force magique dans son corps. Mais si elle ne faisait pas attention, la réaction serait sévère. Il avait lui-même assisté à une crise impressionnante et ne doutait pas que si cela se reproduisait à l'avenir, il y aurait des séquelles. Le plus étonnant était que la jeune fille ne camouflait nullement la vague de magie qui nimbait son aura d'une luminosité si aveuglante parfois qu'il paraissait bizarre que personne ne l'ait remarqué plus tôt. Il lui semblait aussi avoir remarqué un peu la même chose sur deux autres élèves mais le phénomène se limitait à un scintillement passager.
Au fond de lui, Pélias Keïta voulait racheter sa faute en mettant en garde la jeune préfète. Et voilà que les ennuis se regroupaient en une seule et même soirée ! La jeune fille ainsi que d'autres élèves avaient magouillé quelque chose qui les avait fait basculer dans le sous-sol de Poudlard. Le professeur de défense contre les forces du mal était parfaitement bien placé pour connaître le château sur le bout des doigts et avoir mis les pieds voilà seulement quelques jours dans les entrailles de l'école. Parmi les étudiants, un ou plusieurs devaient avoir porté leur attention à la mosaïque et déclenché le mécanisme. Il n'y avait pas une minute à perdre ! Avant que le soleil ne prête sa pâleur matinale aux montagnes entourant le lac et que les rayons opalins attrapent les reflets des vitraux du château, il leur faudrait être sortis des entrailles de Poudlard. Sinon, il y avait peu de chance pour que l'un d'entre eux survive.
L'homme enfila sa veste et attrapa d'un geste rageur sa cape accrochée à la patère près de la porte. La silhouette de Mathilde se tourna vers lui et eut une petite toux flegmatique.
« Et bien, vous partez déjà ? Ce que je vous ais dit vous inquiéterait-t'il ? »
« Absolument pas, grogna l'homme en pointant sa baguette sur le tableau. »
Un jet de paillettes mauves vint entourer le cadre mordoré et le professeur claqua la porte avec fracas alors que les gémissements du portrait se faisaient un peu plus sourds. Il s'éloigna en courant. Quiconque aurait prêté attention au portrait de la vieille Mathilde n'aurait vu qu'une sorcière centenaire et grimaçante qui ne bougeait pas d'un cil.
xxx
Lily remua dans son sommeil et sentit une douce froideur engourdir ses membres. Elle se redressa lentement pour découvrir un bras passé autour de ses épaules. La préfète tenta de se lever et se rendit compte que sa tête reposait sur les genoux du jeune homme. Aussitôt, elle fit presque un bond en arrière et se mit debout sans plus attendre. Elle épousseta ses vêtements alors que son compagnon se réveillait à son tour. Lily sentit ses joues s'empourprer alors que les yeux charbonneux de Sirius la dévisageaient.
« Il est temps de repartir, déclara la jeune fille en lui tournant le dos. »
Sirius se releva lentement, son corps ankylosé et tenta de remettre un peu d'ordre dans ses vêtements, ce qui n'eut que peu de succès étant donné que son pantalon encore humide était presque une loque. Il préféra d'ailleurs ne pas jeter de coup d'œil à sa chemise entachée de sang.
« Très bien, par où va t'on, demanda t'il sur un ton joyeux. »
« Par le seul chemin possible. »
Ils se mirent en route et Lily faisait léviter devant eux une petite boule de lumière claire qui tournoyait sur elle–même. Les parois suintantes d'humidité prirent peu à peu une forme plus architecturale, se redressant et bientôt, Sirius s'aperçut qu'ils passaient au-dessous d'une arche qui soutenait la voûte du plafond. Il attrapa le bras de la jeune fille et l'attira près de lui. Elle tenta d'abord de se dégager jusqu'à ce qu'il lui désigne un ensemble de signes gravés dans la pierre.
« Il me semble que tu es assez douée en runes, non ? »
La jeune fille soupira de soulagement. Elle fit un mouvement de la main et dirigea la petite sphère au-dessus.
« Je vais faire ce que je peux, murmura t'elle. »
Sirius ne lui lâcha pourtant pas le bras et à sa grande surprise, cela parut plutôt la ragaillardir que la troubler. Etrangement, les runes se mirent à scintiller d'une insolite lueur brillante. La pierre sombre contrastait d'autant plus dans la pénombre qui les entourait.
« Je ne parviens pas à voir les derniers caractères, ajouta Lily après quelques instants de contemplation. »
« Dommage. Tu ne peux pas te faire pousser une paire d'ailes et voler jusque là-haut. »
« Très drôle, Black ! Je vois que tu ne perds jamais ton humour. »
« Disons que tes capacités ont plutôt tendance à m'impressionner, Lily. »
La jeune fille haussa les épaules pour dissimuler sa gêne puis rétorqua avec hargne.
« Ce n'est pas pour ça que je répondrai à tes questions, Black ! »
« Comme tu veux mais je peux te faire la courte échelle. »
Lily se demanda d'abord si la proposition était bien honnête venant de la part du maraudeur puis finit par se résigner. Elle grimpa maladroitement sur la main que lui offrait le jeune homme et plaqua ses avants-bras contre la pierre râpeuse. Elle mentalisa les symboles et demanda à Sirius de la laisser redescendre. Il la lâcha et elle se laissa tomber à terre. Sirius la rattrapa dans ses bras et au grand damne de Lily, la serra contre sa poitrine. Elle sentit son odeur et la peau brûlante du jeune homme couverte de poussière et de sueur frotter contre sa joue. Ses mains s'accrochèrent au bras du gryffondor et elle resta prostrée sans savoir quoi faire. Elle sentit les mains du garçon s'attarder dans sa chevelure puis il desserra son étreinte.
« Alors, ça donne quoi ? »
Elle resta sans bouger, les bras ballants le long du corps et très certainement bouche bée, elle ne s'en rendait pas très bien compte.
« Euh… Je ne sais pas, il faudrait que je réfléchisse un peu. »
Sirius soupira et ils finirent par avancer lentement à travers un enchaînement de colonnes de pierre massives. Lily cependant retournait dans son esprit les runes pour tenter de leur donner un sens compréhensible. Toutefois la difficulté était assez grande, les symboles ayant plusieurs degrés d'interprétation, mais elle n'allait pas se laisser abattre. Et puis, cela lui occupait l'esprit. Les symboles dansaient devant ses yeux et elle jonglait simultanément avec les différents degrés, tentant de se souvenir des règles d'importance des runes.
La jeune fille porta ses mains à son cou car
depuis qu'ils avaient repris leur marche, elle sentait une intense
chaleur n'ayant aucun rapport avec sa magie ancestrale l'envahir.
Ses doigts effleurèrent le rebord râpeux de sa cape
ainsi que sa chemise débraillée et finirent par trouver
une fine chaîne en or à laquelle pendait une petite
médaille. Elle la tira de sous ses vêtements et sentit
le bijou pulser doucement sur sa poitrine avec une lenteur empreinte
de solennité. Lily se souvint maintenant qu'elle avait
trouvé la petite médaille ornée de blasons dans
un des couloirs mais n'ayant pas retrouvé le propriétaire,
le pendentif n'avait pas quitté son cou depuis. Etonnée,
elle reprit ses esprits et se concentra à nouveau sur les
runes.
Pour l'instant, elle était parvenue à
organiser la première partie de la phrase mais pas plus.
Après, les symboles se mélangeaient et donnaient des
choses assez étranges.
Un silence pesant se posa tel un voile lourd sur leurs pas et Lily comme prise d'un instinct, voulut ralentir ses pas mais n'y parvint pas. Quelque chose la poussait au devant et elle commençait à se demander s'il n'y avait pas quelque chose de puissamment magique à l'origine de tout cela. Qui pourrait expliquer l'emballement qui prenait peu à peu le bijou autour de son cou…
« Dis Lily, tu ne sens pas comme quelque chose d'étrange ? »
La voix de Sirius s'était empreinte d'un accent qui cachait avec efficacité son inquiétude mais la jeune préfète le vit serrer les poings. Ils avaient traversé l'immense salle aux piliers qui soutenaient très certainement une voûte pluriséculaire et cela ne rassura pas la jeune fille de voir devant eux s'ouvrir une bouche béante et obscure d'où exhalait un souffle.
« Si, depuis quelques pas, j'ai l'impression qu'on se dirige vers quelque chose ayant attrait à une puissante magie. Je sens mon corps frissonner. »
« Je n'ai donc par rêvé… »
« Pour les runes, je ne peux pas en tirer grand chose. Ca semble être une mise en garde ou une prédication, je ne suis pas sûre. Elle parle d'un cercle de lumière mais ça ne nous avance pas plus. »
« En effet, soupira Sirius en passant sa main dans ses cheveux. »
Ils avancèrent vers le trou noir qui semblait plonger dans les ténèbres. Lily s'appuya à une sculpture pour reprendre un peu son souffle tandis que son compagnon examinait ce qui se tenait devant avec attention. Il se redressa avec une inquiétante moue et tenta de sourire maladroitement.
« Je crois que nous n'avons pas tellement le choix. »
« J'avais espéré que tu ne dirais pas ça, ajouta Lily. »
« De toutes façons, que veux-tu faire ? Autant avancer et découvrir ce qu'il y a au bout de ce tunnel, non ? »
« En effet. Mais je ne suis pas tranquille de m'avancer là-dedans, soupira la jeune fille en essuyant un peu de poussière qui couvrait ses joues. J'ai bien peur qu'on aille au-devant des ennuis… La pulsation magique que je ressens semble s'être intensifiée depuis que nous avons avancé vers ce tunnel. »
« Allez, Lily, peut-être qu'au bout se trouve la sortie ! »
Mais la jeune préfète savait pertinemment que Sirius tentait simplement de lui donner confiance et qu'avancer ainsi dans les ténèbres ne les ramènerait nullement dans la chaleur douillette de la salle commune de Gryffondor.
Ils s'avancèrent d'un pas hésitant et furent aspirés dans l'obscurité. Lily voulut faire apparaître une nouvelle sphère de lumière mais elle sentit la main de Sirius se glisser dans la sienne. Sous leurs pieds se déroulaient de larges marches qui descendaient et elle remarqua effectivement après une remarque du jeune homme que les murs étaient veinés de fins cristaux scintillants qui chatoyaient doucement, guidant leurs pas. Ce que Sirius n'avait pas voulu avouer à la jeune fille, bien qu'il reconnaisse ses étranges talents comme fort pratiques et impressionnants, c'est que tout acte magique a une conséquence sur le corps. Et il sentait les pas de la jeune fille ralentir depuis déjà assez longtemps pour se douter que la magie buvait en elle son énergie vitale. Et si l'aura magique qui effleurait leurs visages était si puissante, mieux valait ne pas la contrarier.
xxx
James avait fort heureusement réglé le problème du corps inanimé de Severus en lui appliquant un 'Mobili corpus'. Ce n'était pas l'envie de l'abandonner devant les restes de la bête qui lui avait manqué mais le regard de Remus et une remarque blessante de Mary Bones avaient eu raison de ses idées de vengeance puérile. Dommage, pensa t'il. Il aurait été amusant de voir la tête de son ennemi se réveillant devant l'œil ambré vitreux du dragon. Pour l'instant, il se contentait de guider du mieux qu'il le pouvait le corps flottant à cinquante centimètres du sol (sans pour autant y prêter assez attention pour éviter au serpentard de se cogner parfois contre la paroi). Sous leurs pas, le sol finit par devenir plat et James sentit bientôt des marches. Ils n'avaient donc pas repris le même chemin. Mais de toutes façons, ça n'avait pas tellement d'importance.
Remus éclairait leur progression avec sa baguette et il jeta un coup d'œil à l'autre maraudeur quand leur descente s'accentua un peu plus.
Ils progressèrent ainsi pendant un temps indéfini. Depuis qu'ils s'étaient réveillés dans les ténèbres, ils n'avaient plus aucune notion du temps. Des secondes ou des années auraient très bien pu s'être écoulées depuis sans que James ne puisse y redire quoi que ce soit. Il se sentait donc aussi prisonnier des lieux étranges et ténébreux qui les retenaient que du temps qui devait poursuivre sa course inexorable, les laissant murés dans l'ignorance.
Enfin, Mary poussa une exclamation en découvrant que l'escalier prenait fin et ils s'avancèrent tous avec espoir vers ce qui s'offrait à eux. Tous trois (plus le corps immobile du Serpentard que James eut plaisir à laisser tomber sur le sol) découvrirent une avancée de pierre, un parapet dressé à quelques pas d'eux. Mary s'approcha avec une prudence accrue et son regard effleura le vide qui s'offrait à ses yeux. En dessous d'eux (quelques mètres à peine), se présentait un autre niveau un peu plus large et dont le centre présentait une fosse dont on ne distinguait presque rien, sauf un reflet à la lueur de la baguette de Remus..
« Remus, peux-tu éclairer ce qui se trouve en dessous de nous, demanda James qui avait accroché ses mains à la rambarde. »
« Je ne sais pas si c'est très prudent, murmura le jeune homme en hésitant. S'il y a encore quelque chose… on pourrait fort bien attirer son attention. »
« De toutes façons, n'importe quelle créature magique aurait depuis longtemps senti nos auras, rétorqua Mary. »
« Très bien. »
Le rai lumineux s'intensifia et dévoila à leurs regards ébahis la grandeur de la salle dans laquelle ils se trouvaient. Circulaire, elle devait toutefois mesurer presque une centaine de mètre de diamètre et James eut beau se tordre le cou (ce qu'il regretta amèrement par la suite), il ne distingua rien de ce qui se trouvait au-dessus d'eux.
En bas, au centre même de la fosse, un pilier se dressait, semblant jaillir du néant. Quelque chose de scintillant reposait dessus. James se pencha en avant mais fut simplement aveuglé par un éclat étincelant d'une incroyable pureté.
Tout à coup, Mary
manqua de s'étrangler et braqua son bras vers le bas. Les
deux jeunes hommes observèrent ce qu'elle tentait de leur
montrer pour découvrir deux silhouettes s'avancer, main dans
la main. James voulut crier car il avait cru reconnaître les
uniformes de Poudlard, mais à peine les deux inconnus
furent-ils apparus qu'un bourdonnement sourd commença à
résonner dans les profondeurs. James pensa d'abord que ses
sens lui jouaient des tours. Mais il n'en fut plus aussi sûr
quand il vit que l'objet d'argent qui reposait sur l'autel de
pierre s'entourait d'une aura visible et limpide qui semblait
grandir. Une sphère de lumière blanche et aveuglante
apparut et enfla jusqu'à atteindre les rebords de la fosse.
James, les mains plaqués sur les oreilles, découvrit
alors que les deux personnes en bas n'étaient autres que son
meilleur ami et la préfète de Gryffondor. Sa bouche
s'ouvrit pour pousser un cri mais il eut l'impression de n'avoir
agité ses mâchoires sans qu'aucun son ne s'en soit
échappé.
Il vit Lily Evans s'avancer d'un pas
confiant vers la lumière qui nimbait presque leurs pieds.
Pourtant, alors qu'il allait perdre espoir d'attirer leur
attention, Sirius se retourna et scruta les alentours. Le jeune homme
repoussa maladroitement ses lunettes sur son nez et fit jaillir de sa
baguette une gerbe d'étincelles. Le gryffondor au côté
de Lily poussa une exclamation et manqua de tomber à la
renverse.
Au fond de lui, les pensées se mélangeaient avec tumulte et offraient à son esprit des visions dont il ne savait que faire en un moment pareil. Il revoyait la main de Sirius blottie dans celle d'Evans. Il se fustigea mentalement en se demandant comment il trouvait le temps de penser à de telles inepties alors que tous ici présents semblaient bien partis pour ne jamais en réchapper.
James, qui suait à grosses gouttes, fixait d'un regard enflammé la sphère lumineuse qui léchait maintenant les quelques mètres le séparant de ses camarades. Il était bien trop concentré pour se rendre compte du remue-ménage qui se produisait dans son dos. Lily Evans s'immobilisa enfin et à sa grande surprise, brandit en l'air quelque chose qui se trouvait accroché autour de son cou et se refléta dans la lumière scintillante. Un petit disque doré offrit aux lunettes du jeune homme des reflets bleus et rouges qui l'aveuglèrent. Instinctivement, sa main gauche se porta au col de sa chemise et étira sa cravate pour ne rien découvrir d'autre que la sueur de sa peau tandis que les doigts de son autre main se crispaient sur sa baguette magique.
Un roulement de tonnerre retentit et James enjamba la balustrade. A genoux, il se redressa sur le rebord de pierre d'un geste maladroit. Des fils dorés toujours plus nombreux apparurent autour de Sirius et de la préfète et se mirent à se nouer avec grâce et légèreté alors que la sphère blanche approchait d'eux. Enfin, un globe doré les recouvrit et alors que James allait s'élancer dans le vide, une main le retint. Il eut un brusque haut-le-cœur en manquant de sentir ses pieds vaciller et entendit une voix sourde derrière lui.
« Monsieur Potter, je vous déconseille de faire cela. Vous ne pouvez plus rien pour eux. »
xxx
Inès Montague porta ses mains à ses cheveux et recoiffa une mèche qui glissait le long de son cou. Ses pas claquaient sèchement sur le sol d'un pas souple tandis que ceux de son voisin semblaient plus enclins à s'appesantir sur chaque dalle, comme si le jeune homme portait sur ses épaules tous les malheurs du monde.
Leur tour durait depuis une vingtaine de minutes et malgré cela, aucun n'avait prononçait un mot et seuls les chuchotements des tableaux ou les murmures des fantômes ceignaient leur progression d'un tapis sonore chuintant avec discrétion. Pourtant chacun était plongé dans ses pensées.
Charles Osborne soupira une fois de plus en dépassant un tableau qui lui fit une grimace railleuse mais il n'y prêta pas attention. Malgré son poste de préfet en chef, il se sentait floué. Sa jeune collègue avait repoussé avec antipathie ses avances et ne s'était pas fait prier pour l'humilier publiquement en le giflant. Cependant ce n'était pas cela qui l'avait mis mal à l'aise mais les paroles scandées par la voix pure d'Inès Montague. Elle avait peint un tableau déplorant des relations qui régnaient à Poudlard entre Serpentard et les autres maisons. Et la jeune fille ne s'était pas seulement escrimée à défendre sa maison, non, elle avait aussi remis en cause toutes les idées du jeune homme qui l'avait regardée d'un air étonné sa main encore portée sur sa joue brûlante.
Pour elle, les autres maisons étaient tout aussi responsables, par leurs arrogance et leur sentiment de supériorité qui traînait toujours tel un panache sur les épaules ou leur gloire brandie tel un étendard claquant au vent. Avec incompréhension, le jeune homme avait ressassé inlassablement les mots durs et hargneux sans vraiment en comprendre le sens ni la portée. Le Serdaigle n'était pas stupide mais il lui était tout simplement impossible de penser hors de la logique qu'il avait toujours appliquée.
La jeune fille agrandit le pas en entendant quelques voix dans un couloir attenant à la galerie et Charles vit sa robe flotter autour d'elle avec grâce. Elle sortit sa baguette et croisa les bras sur la poitrine. Ses longs cheveux satinés glissaient sur ses épaules et son regard d'améthyste était braqué sur un groupe de poufsouffle de quatrième année. Charles vint se poster à ses côtés.
« Je peux savoir ce que vous faites dehors à cette heure ? »
La voix froide et percutante retentit dans le couloir et Charles jeta un coup d'œil par-dessus la monture de ses lunettes au petit groupe qui leur faisait face. L'affaire fut rapidement réglée : Inès prit les initiatives, nota les noms de chacun et les renvoya dans leurs dortoirs sans qu'ils ne puissent ajouter quelque chose pour leur défense. Charles se sentit spolié par son inutilité et poussa à nouveau un soupir alors qu'ils se retrouvaient seuls tous les deux.
« Je crois qu'on va s'arrêter là pour ce soir, ajouta Inès comme si elle s'adressait à l'armure scintillante qui trônait dans le couloir devant eux. »
Ils longèrent le couloir et le préfet en chef sentit la déception poindre en lui. Une fois de plus, il n'avait su quoi dire ni ajouter et laissait ses chances de s'expliquer disparaître au fur et à mesure que leurs pas les rapprochaient des grandes artères pour rentrer dans leurs dortoirs respectifs. Il finit par se décider après avoir essuyer avec application ses mains glissantes sur le devant de son uniforme. Il rehaussa ses lunettes et respira profondément en se redressant de toute sa hauteur.
« Inès, je voudrais qu'on parle de quelque chose. »
« Je n'ai rien à te dire, Osborne. »
Agacé par la réponse si rapide qui avait fusé d'entre les lèvres serrées de la jeune fille, il grimaça et s'avança d'un pas rapide à ses côtés. Il l'attrapa par le bras et la força à se retourner pour le regarder. Elle le dévisagea avec un mécontentement marqué par le froncement de ses sourcils : elle ne s'attendait apparemment pas à une telle réaction mais resta tout à fait impassible, cherchant simplement à se dégager avec rapidité.
« Peut-être n'as-tu rien à me dire, mais prends au moins la peine de m'écouter. Tu rejettes tout de but comme si seule toi pouvait avoir raison. Tu ne crois pas que ton altitude est tout aussi puérile que notre comportement que tu qualifies d'étroitesse d'esprit et de manichéisme stupide… Ce sont bien tes termes, Inès ! Alors ne me fais pas la morale et ais au moins l'amabilité d'écouter ce que j'ai à te dire. »
« Si c'est pour me déclarer tes sentiments pleins de niaiseries, ce n'est pas la peine, rétorqua t'elle âprement avec une moue boudeuse. »
Un caquètement furieux retentit dans leur dos et aussitôt, Charles se redressa, les joues pivoines. Devant eux, apparut Peeves dans une cabriole qui l'envoya valser derrière la jeune fille. Le préfet sortit sa baguette de sa poche avec un grognement sourd.
« Alors, les tourtereaux, on profite du clair de lune ? Ho, mais c'est Osborne et Montague. La sorcière de glace a donc trouvé l'amour ! »
Il fit une pirouette et vint les narguer en leur tirant la langue.
« Peeves, silence, ordonna le Serdaigle ! »
« La sorcière de glace a trouvé l'amour, dans les bras d'un incroyable balourd… »
Peeves entama ainsi comme à
son habitude une petite chansonnette pleine de sarcasmes. Charles
n'hésita pas à envoyer un sort plus puissant qu'il
ne l'aurait dû vers l'esprit frappeur, tant les paroles le
troublaient.
Peeves poussa un grognement et dans un claquement
sec disparut de leur vue. Charles se retourna vers Inès qui le
fixait avec une étrange immobilité. Elle approcha
lentement et il eut alors une brutale envie de l'embrasser. Il se
pencha sur elle et avant qu'elle n'ait compris ses attentions, il
effleura ses lèvres. La sorcière le repoussa
brutalement et déséquilibré, il étreignit
son bras et l'entraîna à terre dans sa chute.
Il sentit sa main maladroitement effleurer la robe de la jeune fille et une honte sourde poindre dans son cœur. Mais avant qu'il ait réussi à se relever, il entendit une voix qui lui glaça le sang.
« Debout, Osborne ! Montague, si vous pouvez l'aider à se relever. »
Charles redressa ses lunettes et aperçut avec une grimace leur professeur de défense contre les forces du mal qui paraissait impatient. Ses lèvres pincées, il les fixait avec un regard enfiévré. Le jeune homme sentit une main le tirer et il se redressa tant bien que mal en tentant vainement de se rendre présentable. La jeune fille paraissait furieuse et lui lança un regard de reproche dont il se serait bien passé.
« Professeur, ce n'est pas du tout ce que vous pen… »
« Je me moque de ce que vous étiez entrain de faire, Montague, déclara Pélias Keïta en lui coupant brutalement la parole. Pour l'instant, j'ai besoin de votre aide, c'est tout. »
« Mais professeur… »
« Silence ! Suivez-moi ! »
Charles poussa un soupir en voyant le professeur s'en aller d'un pas rapide et sec. Inès défroissa sa robe et lui adressa un regard rempli de rancœur. Le serdaigle comprit qu'il n'y avait rien d'autre à faire que les suivre dans l'obscurité de Poudlard et qu'il serait plus sage d'abandonner ses sentiments amoureux.
fin du chapitre 18
