Presque la fin de cette aventure ! Un chapitre où après avoir bien palpité, les cœurs de nos petits amis n'en font qu'à leur tête (bon, je n'ai jamais vu un cœur avoir une tête mais de nos jour … !). Entre amitié, jalousie, amertume, hésitation et espoir, chacun en a pour son grade !

Remerciements : A tous les lecteurs qui s'expriment ou restent anonymes. Continuez de me soutenir, ça fait toujours plaisir (j'espère que je n'ai oublié personne, sinon faites-le moi savoir). Et un grand merci à mon beta-reader (j'ai nommé Beru ou bloub). C'est vrai qu'en ce moment, ça ne sera pas du luxe de relire mes chapitres. Alors, on le remercie encore bien fort.

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Titre de la trilogie : Le requiem de l'espoir.

Titre du deuxième volet : La couronne de lumière.

Auteur : Elizabeth.

Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.

Disclamer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowlling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.

Avertissement : PG-13 (pas pour le chapitre en lui-même mais pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).

Résumé général de la trilogie : 1970. A l'aube d'une des noires périodes de l'histoire, Lily Evans, James Potter et ceux qui les entourent se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Cela leur vaudra de rentrer dans l'Histoire en liant leurs pouvoirs et leurs vies.

Résumé du chapitre précédent : Pélias Keïta tente par tous les moyens de sauver ses élèves. Mais alors qu'il vole désespérément au secours de Lily et Sirius, les autres se retrouvent face au déferlement de la magie qui abreuve enfin à nouveau le château. James et Remus croient bien leur dernière heure arrivée. Alors que Sirius et Lily sont momentanément protégés par la petite médaille de la jeune fille, le professeur les sort du cauchemar et les ramène grâce à son cheval ailé au château. L'état de Lily, fort critique, angoisse Sirius mais lorsque Pélias Keïta lui révèle la véritable raison de sa présence à Poudlard, l'homme à l'aide de sa baguette magique fait en sorte que le jeune gryffondor garde le secret.

Rappel des personnages évoqués dans ce chapitre :

Payne Daniel : Gryffondor, 7° année, gardien et préfet. Ancien petit ami de Mary que la jeune fille a rejeté.

Keïta Pélias : Professeur de défense contre les forces du mal. Ancien serpentard, il ne cache pas son ressenti envers la cruauté des hommes. Un mauvais souvenir ? Sans doute pour cet homme au nom et au passé modifié habilement dans les archives de Poudlard.

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LE REQUIEM DE L'ESPOIR

2 La couronne de lumière.

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Chapitre 20 : A NOUVEAU ENSEMBLE.

James plaqua ses mains contre le drap rugueux qui recouvrait son corps et vit seulement devant lui des visages flous avant que quelqu'un lui tende sa paire de lunettes qu'il enfila maladroitement. Le visage de l'infirmière apparut alors et elle redressa son oreiller. James la regarda revenir avec une bouteille au contenu violet et elle lui demanda d'avaler le contenu de la cuiller qu'elle lui tendait. Le gryffondor se retint de cracher avec dégoût le liquide et demanda d'une voix de quoi il s'agissait.

« Un stimulant magique, Potter. Je suis contente que vous soyez enfin réveillé ! »

« Excusez moi mais depuis combien de temps est-ce que je dors ? »

« Environ deux semaines, Potter. »

Le visage de James blêmit devant l'affreuse nouvelle et il se redressa brutalement dans son lit en agrippant les couvertures. Aussitôt, la sorcière sortit sa baguette d'un geste vif.

« Potter, il faut impérativement vous recoucher ! Vous n'êtes pas encore guéri ! D'ailleurs, tout acte de magie vous est interdit pour encore une semaine. »

« Mais… »

Les mots s'étranglèrent dans la gorge du jeune homme quand l'infirmière se résolut de ne pas répondre à ces questions. Elle se détourna de lui pour aller s'occuper d'un malheureux première année bizarrement atteint d'une indigestion de gâteaux volants.

Un peu plus tard, Mme Pomfresh autorisa Remus à venir au chevet du maraudeur. Alors qu'elle l'abandonnait après être resté quelques instants dans l'embrasure, un regard sévère, Remus poussa un soupir et attira une chaise au côté de James. James le détailla et remarqua que les traits de son ami avait repris une relative fraîcheur et que ses cernes bleutées sous ses yeux pâles tentait à disparaître. Cela le rassura de savoir que son ami se portait bien et il s'empressa de demander des nouvelles de ce qui s'était passé depuis qu'il avait perdu connaissance. L'autre gryffondor fit un grand sourire en plissant des yeux et sa voix prit quelques intonations gênées qu'il voilà dans un peu d'humour.

« Tu sais, James, il se trouve simplement que je me suis réveillé il y a quelques jours avant toi. L'infirmière qui avait fort à faire avec nous tous m'a gentiment demandé de reprendre la voie des études. A part que je suis bien sûr dispensé de magie jusqu'aux examens. »

« Mais… Remus, qu'est ce qui s'est passé cette nuit là ? Je me souviens de cette sensation d'extase qui m'a envahit et puis plus rien… le trou noir pour ainsi dire… »

Remus détourna la tête comme pour regarder un air d'envie quelques poufsouffles qui se lançaient des sorts au bord du lac qui scintillait. Il se releva et ouvrit d'un geste maladroit la fenêtre encadrée par deux tableaux et profita de la vue, s'accoudant au rebord alors qu'un courant d'air soulevait ses mèches de cheveux.

James se demandait pourquoi son ami semblait éviter toutes les questions qu'il lui posait.

« Remus, tu sais ce qui s'est passé, n'est ce pas ? »

La voix s'était un peu étranglée dans le gosier du malade qui voulut se mettre debout pour se placer face à face avec Remus. L'autre se dépêcha de revenir à ses côtés et le força à rester dans les draps tièdes. James fit une moue et finit par déclarer à son camarade que s'il ne voulait pas lui répondre, il n'avait qu'à aller voir ailleurs.

« Très bien, James. Je vais te laisser te reposer puisque je vois que tu as encore besoin de dormir. »

« Remus… pourquoi ! Enfin, qu'est ce que… »

« Ecoute, James, je suis désolé mais je ne peux rien te dire. Même si je le veux… Crois-moi ! »

« Très-bien ! Juste une dernière chose… Où est Black ? »

Remus qui s'était dirigé d'un pas lent vers la porte, se retourna et resta sans bouger. Ses doigts agrippèrent le bois de la porte.

« James, pourquoi parles-tu de cette façon de Sirius ? »

« Je parle de lui comme je veux, rétorqua le maraudeur en croisant les bras de mauvaise humeur. »

« Quand tu l'appelles par son nom de famille, c'est soit pour rigoler ou qu'il y a quelque chose entre vous, James. »

« Et alors, en quoi ça te regarde ! »

« Je te signale que je suis venu pour prendre de tes nouvelles, pas pour subir les humeurs de monsieur ! »

James se rendit compte qu'il avait mis Remus de mauvaise humeur, ce qui était pourtant assez rare. Mais la mauvaise humeur que James affichait et la verve désagréable qu'il laissait éclater dans chaque phrase semblaient rendre son ami responsable de n'importe quels maux ! Pourtant, il ne s'en rendait pas compte. Les souvenirs lui revenaient amèrement et il revoyait son meilleur ami, main dans la main avec la petite préfète de gryffondor. Alors qu'il y a quelques mois encore, il aurait dénigré Lily Evans d'un rire moqueur et d'un jeu de mot inoubliable de mauvais goût, il se sentait dévoré par la jalousie de savoir que Sirius Black avait passé tant de temps avec elle. Le pire était qu'il ignorait totalement ce qui s'était passé entre eux. Pour lui, il n'avait gardé que cette image des deux mains placées l'un dans l'autre, cette peur commune qu'ils avaient partagée, cette angoisse qui était montée en même temps dans leurs gorges… Il frappa du poing sur son lit et ne réussit à se faire encore plus mal. La grimace qu'il afficha à son meilleur ami le rendit encore plus risible mais Remus sentait surtout une étrange amertume face à celui qui était d'habitude son ami. Il n'avait aucune envie de rire, simplement de s'en aller en claquant la porte et de le laisser plongé dans ses fantasmes stupides.

« Si tu crois que Sirius serait le genre de garçon à profiter de la situation, James, c'est que tu ne le connais vraiment pas ! Lui n'aurait jamais pensé ça de toi ! »

« Qu'est ce que tu peux y comprendre, toi ! Avec ton petit fantasme puéril sur ta petite française ! »

Remus n'y tint plus et retourna d'un pas rapide vers le lit de son ami et l'empoigna au col sans que l'autre ne puisse se débattre. James vit les yeux de Remus s'agrandir et alors sa peur augmenta et une boule d'angoisse lui bloqua la gorge. Il tendit vainement le bras comme pour chercher sa baguette sur sa table de nuit mais ne rencontra rien d'autre qu'un verre vide qui tomba à terre sous le passage maladroit des doigts du gryffondor. Mais rien ne se passa.

« Messieurs, je ne crois pas que ce soit le meilleur endroit et le meilleur moment pour régler vos comptes. Lupin, je doute fort que Mme Pomfresh soit compréhensive si je lui explique que vous maltraitez son malade. »

Remus abandonna le corps encore faible de James au lit sur lequel l'autre retomba avec mollesse. James tenta de se redresser mais ses bras se refusèrent à tracter son torse pour qu'il se redresse un peu plus dignement. Pélias Keïta s'écarta pour laisser passer Remus qui s'arrêta sur le seuil de la porte.

« Au fait, comme Sirius et toi n'aviez pas participé au dernier match de Quidditch, c'est Poufssoufle qui a remporté le championnat et même la coupe des quatre maisons vu les points que Serpentard et Gryffondor ont perdu ! »

Et il partit sans même claquer la porte que Pélias Keïta referma d'un geste de sa baguette. James soupira en voyant l'homme s'approcher de son lit. Le professeur ne venait pas simplement pour prendre de ses nouvelles, le jeune homme le savait parfaitement, et il redoutait d'avoir à présenter des explications à cet homme.

« Et bien, monsieur Potter, je suis désolé d'avoir interrompu votre amical conversation avec Monsieur Lupin. »

« Cet obstiné est toujours persuadé de tout mieux savoir que les autres, de toute façons ! »

« Etes-vous si certain, Potter, que les paroles de monsieur Lupin n'étaient pas simplement pour vous mais aussi pour répondre à ce que vous pensez de lui ? »

« Je suppose que vous n'êtes pas venu vous entretenir avec moi pour me conseiller dans les problèmes relationnels, Monsieur. »

James avait pris un ton sec et haussa les sourcils avec un air hautain. Le professeur haussa les épaules et secoua vainement la tête en constatant qu'il ne pourrait rien faire entendre à son élève sur ce sujet.

« En effet, Potter, je voulais vous expliquer certaines choses. »

« Lesquelles, professeur ? »

« Celles qui font que vous vous trouvez actuellement dans le lit de cette infirmerie, Potter. »

« Je vous écoute, monsieur. »

James avait abandonné relativement vite son ton désagréable et son visage offrait un air enfin un peu plus humble.

« Vous avez assisté à un événement magique d'une très grande ampleur et extrêmement rare. Il s'agit de la régénération de la magie de Poudlard, rien de moins. »

James offrit un air étonné mais il s'était douté de quelque chose alors qu'il était encore affalé par terre dans les sous-sols que la magie qui avait déferlée sur eux n'avait rien d'anodine. Il ne s'était tout de même pas attendu à quelque chose de pareil.

« Vous et vos petits camarades avaient échoué dans les fondations du château qui regorgent de multiples trésors mais aussi de nombreux dangers, je ne pense pas avoir besoin de me préciser, n'est ce pas ! »

Le garçon plaqua sa main sur une brûlure qui recouvrait son avant-bras, souvenir relativement cuisant de leur face à face avec un monstre qui avait tout du dragon et de la salamandre.

« J'étais chargé de ceci, voyez-vous. Le château de Poudlard est gorgé d'une magie relativement ancienne et d'une puissance exceptionnelle. Et il se trouve que vous avez la malchance mais aussi la chance d'y assister, ce qui n'a été donné qu'à très peu de personnes, sachez-le. »

« Professeur, pourquoi vous a t'on désigné pour ce travail ? »

« J'appartiens aux descendants de celui qui aida les quatre fondateurs à construire Poudlard, la famille anderson. Personne ne le sait mais ce secret se transmet de génération en génération. Chacun de nous reçoit la charge à ses vingt ans de veiller sur le renouveau de la magie de Poudlard. »

« Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Si ceci est resté secret et n'a été transmis que dans votre famille, quel besoin d'utiliser ce pseudonyme ? Kéïta… Pélias Keïta, c'est bien un pseudonyme, non ? »

« Vous êtes perspicace, Potter, très perspicace. Un peu trop d'ailleurs, cela finira par vous perdre ! Je me nomme en réalité Thésée Anderson mais mon changement de nom n'a rien à voir avec le devoir attribué à ma famille. Je l'ai fait pour fuir mon passé qui me collait à la peau. »

James avala sa salive et tenta alors le tout pour le tout. Avec tout ce que l'homme lui avait de bon gré révélé et ce qu'il avait découvert de façon un peu moins honnête (en écoutant dans les couloirs la nuit caché sous une cape d'invisibilité par exemple), il se doutait bien que le passé du professeur de défense contre les forces du mal cachait lui aussi quelques pans bien obscurs et très certainement douloureux. Cette dernière nuance l'avait fait hésité mais sa curiosité demandait à être rassasiée, il n'y pouvait rien.

« Vous voulez parler de cette personne avec qui vous avez fait vos études et qui est morte ? »

« Oui, cette jeune fille a partagé mon enfance à Poudlard puis est devenue ma fiancée lorsque nous sommes rentrés tout deux à l'institution des mages de guerre. Notre formation était très dure mais nous aimions ce que nous faisions. Lors de notre seconde année, on a fait appel à nous et c'est pendant cette mission que mon amie est morte. »

Il passa ses doigts fins sur la cicatrice qui barrait sa joue et eut un petit sourire triste.

« Oui, Potter, j'y pense chaque jour et à chaque fois que je me regarde dans un miroir. C'est en parti de ma faute si elle est morte, traîtreusement assassinée par un maniaque de la magie noire mais aussi à cause de la cruauté des sorciers. C'est ce que je me fatigue à vous répéter en cours mais je me demande si la moitié d'entre vous comprennent ce que je vous dis ! La vie est bien amère, Potter, profitez-en pendant que tout vous paraît encore teinté d'une incroyable simplicité où vos seuls problèmes sont ceux du cœur, d'amitié et d'amour… »

James resta interdit et regarda l'homme qui s'était redressé d'un regard mauvais en plissant des yeux car il avait osé lui faire se souvenir de l'altercation qu'il avait eu avec Remus.

« Je vais vous laisser vous reposer, Potter. Mais avant de vous abandonner à votre repos forcé, je vous rappelle qu'étant donné la quantité de magie à laquelle vous avez été exposé, il vous faudra abandonner votre baguette jusqu'aux examens. Ca ne sert à rien de faire cette grimace, vous n'y couperez pas. »

« J'avais espéré, murmura James avec une mauvaise grâce teintée d'humour. »

« Et non ! Quant à monsieur Lupin, il ne faut pas lui en vouloir d'avoir refusé de vous donner des explications car il est placé sous un puissant sortilège de secret. Je ne tiens pas à ce que les secrets de Poudlard soient révélés. C'est pourquoi il en sera de même pour vous dans quelques instants. Bonne journée, Potter ! »

L'homme sortit sa baguette qu'il avait caché dans les plis de sa veste et la pointa sur James qui frissonna d'appréhension. Un jet d'étincelles le frappa à la poitrine et il retomba à travers ses couvertures dont il s'était redressé. Le professeur referma la porte de la chambre en laissant le corps du jeune homme plongé dans un profond sommeil.

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Lily fit une petite moue en voyant l'aide de l'infirmière lui apporter un plateau sur lequel reposait un bol de soupe. La jeune fille laissa le drap retomber sur son ventre alors que sa chemise flottait sur ses épaules. Elle se sentait profondément fatiguée depuis qu'elle s'était réveillée quelques jours plus tôt. Par les vitraux, elle avait remarqué que le parc présentait une épaisse herbe verte dans laquelle se promenaient quelques élèves, alors que d'autres étaient étalés à travers les buissons pour profiter des quelques rayons furtifs du soleil qui revenait avec le beau temps. Elle avait demandé à ce qu'on entrouvre la fenêtre et la jeune fille profitait ainsi du calme encore peu dérangé par les éclats de joie des élèves au-dehors. Le jeune homme déposa le plateau sur ses genoux et alors qu'il ouvrait la porte pour s'en aller, il fut obligé de laisser passer quelques personnes qui le menacèrent de révéler quelques-uns de ses secrets (comme donner des mots d'excuse de l'infirmière signé de sa main ou encore profiter de la chambre pour recevoir quelques visites tardives). Lily manqua bien de renverser le bol encore brûlant alors que l'aide de Mme Pomfresh s'effaçait rapidement devant deux jeunes filles apparemment de bonnes humeur.

« Lily, tu ne peux pas savoir combien cela fait plaisir de te revoir ! »

Julia embrassa son amie et la serra avec affection dans ses bras. Mary referma la porte et vint aussitôt étreindre la préfète. La joie transparaissait au travers de leurs regards et Lily leur recommanda de s'asseoir pour pouvoir parler plus aisément et confortablement.

Julia ne présentait quasiment pas de stigmates de leur aventure mais Mary gardait un bandage sur l'avant de son bras. Elle fit un aimable sourire à la jeune fille pour lui signifier qu'il ne s'agissait de rien de bien grave et encouragea Lily à manger son bouillon avant que celui-ci ne soit froid. Lily s'exécuta de mauvaise grâce et en profita pour écouter avec plaisir les nouvelles que lui apportèrent ses deux amies.

« Figure-toi que c'est Poufsouffle qui a remporté la coupe des quatre maisons, s'exclama Mary. »

« Comment est-ce possible, demanda Lily dont les joues pâles prirent un peu de couleur. »

« Et bien, disons simplement que Serpentard a perdu cent points et Gryffondor cent quarante grâce à notre petite escapade nocturne, expliqua d'un air tout à fait sérieux Julia en s'aidant de ses doigts pour compter. »

« Impossible, rétorqua Lily, qui se redressa dans on lit. »

« Julia, moi, je n'appellerai pas cela une 'petite escapade nocturne' ! »

Mary débarrassa Lily de son plateau et lui remonta le moral.

« Allons, si cela peut te rassurer, Gryffondor a perdu le championnat de Quidditch. Comme Potter et Black ont eux aussi passé pas mal de temps à l'infirmerie, ils n'ont pas pu soutenir leur place lors du dernier match et c'est à nouveau Poufssouffe qui a décroché la coupe. »

« Je peux te dire qu'ils étaient plutôt joyeux ces derniers temps ! Tu verrais, ils se sont débrouillés pour que la grande salle prennent momentanément les couleurs de leur maison ! »

« Momentanément, c'est peu dire ! Ca dure depuis une semaine, rétorqua Mary. »

« Sans compter que Guenièvre Blecher, le capitaine, a eu son quart d'heure de gloire ! »

« La seule bonne nouvelle, c'est que ça a dû fermer le clapet à Potter ! »

Mary et Julia se regardèrent avec un air entendu. Lily les observa alors avec suspicion, elle qui espérait pouvoir enfin rire un peu au dépend du maraudeur.

« Figure toi qu'il n'est toujours pas sorti de l'infirmerie, lui chuchota Mary avec un air condescendant. »

« De plus, il semblerait que quelque chose se soit mal passé entre eux car j'ai vu Lupin sortir de l'infirmerie d'une humeur massacrante, lui qui est d'habitude si calme et pondéré. Je n'ai même pas osé lui demander ce qui s'était passé ! »

« Apparemment, Potter en voudrait à Black mais personne n'a réussi à savoir la raison de leur dispute, étrange non ? »

Lily prit un air faussement étonné et haussa les sourcils de curiosité. Son esprit commença une étrange mécanique où étrangement sa petite personne rentrait dans l'équation du problème. Pourtant, une voix masculine la fit sortir de ses spéculations.

« Et bien, il s'avère simplement que Potter et Black aient les mêmes types de problèmes que d'autres, rétorqua le jeune homme qui venait de pénétrer dans la chambre à l'insu des trois jeunes filles. »

Aussitôt, Lily vit Mary faire un pas de recul et plaquait sa main contre son flanc alors que Julia paraissait elle aussi surprise.

« Qu'est ce que …tu fais là ? »

La voix saccadée de Mary resta suspendue entre eux alors que Daniel Payne s'avançait la tête haute, son regard balayant avec un soupçon d'incertitude les visages pour finir par se poser sur celui de Mary. La jeune fille détourna la tête et Lily qui l'observait avec discrétion crut bien voir qu'elle se mordait les lèvres et fermait avec frénésie les paupières aussi fort qu'elle le pouvait.

« Ecoute, Mary… Je sais que tu m'en veux … Mais je n'arrive pas à me passer de toi ! A chaque fois que tu ne te trouvais pas à mes côtés, c'est toujours vers toi que mes pensées volaient, même lorsque je partais au Quidditch ou que je t'abandonnais avec stupidité dans la salle commune. Tu n'as jamais cessé d'être à mes côtés, je sentais ton parfum et j'entendais presque ta voix me souffler encore quelques mots… Mais depuis ce soir là, j'ai senti poindre en moi une grande solitude. J'avais beau écouté, tendre l'oreille dans la brise, mes pensées dans la chaude ambiance qui m'entourait, rien ne te rappelait à moi, si ce n'est le souvenir de tous les bons moments que nous avons passé ensemble ! Mary, tu me manques tellement ! »

A la grande surprise de ses deux amies, Mary se jeta dans les bras du jeune homme qui ne se d'abord que faire. Il referma avec précaution ses bras autour du corps de la jeune fille qui se mit à sangloter sur son épaule. Il effleura du bout des doigts les cheveux blonds qui retombaient sur ses épaules. Lily sentit ses lèvres s'étirer en croisant le regard bleu de Daniel qui lui fit même un petit clin d'œil.

« Heu, vous dites, si on vous dérange ? »

Julia partit d'un franc rire en voyant Mary rougir alors que ses yeux débordaient de larmes trop longtemps retenues. Daniel fit un sourire gêné et déclara qu'il allait l'attendre dehors. Julia secoua la tête négativement et toutes deux embrassèrent la rouquine en lui promettant de revenir le lendemain. Daniel lui souhaita un bon rétablissement et tous trois finirent par s'en aller.

Lily affala sa tête dans la mollesse de l'oreiller blanc sur lequel s'éparpillaient de longues mèches de cheveux roux. Son regard dévia doucement vers le dehors pour tenter de distinguer la douceur du temps. La jeune fille commença à repenser à ce que Mary et Julia lui avaient révélé sur l'arrogant James Potter, le ténébreux et séducteur Sirius Black et le gentil et raisonnable Remus Lupin. Elle se demanda bien ce qui avait pu mettre tant de désordre dans une amitié de si longue date. Tout à coup, elle sentit sa température monter et plaqua ses mains sur ses joues comme pour vérifier qu'elles étaient devenues pourpres.

Le souvenir des longues heures passées en compagnie du maraudeur la fit frissonner et maintenant revenue à une réalité un peu plus concrète, elle désirait absolument retrouver la tranquillité de sa petite vie, tyrannique pour certains, sympathique pour d'autres, de préfète de gryffondor. Elle revoyait alors le visage de Sirius, marqué par la détermination, ce regard conciliant qui ne pouvait s'empêcher de se voiler d'inquiétude en la détaillant, ses bras qui l'avaient si ce n'est traînée, tout de moins attirée et étreinte avec une envie maladive de ressentir sur la peau alors couverte de sang poisseux, de ressentir que la vie existait encore et valait le coup qu'on se batte pour elle.

« Désolé de vous sortir de vos réflexions, Miss Evans, mais j'aurais aimé vous parler. »

Lily détourna la tête pour découvrir le professeur de défense contre les forces du mal. Le dernier souvenir qu'elle retenait de lui était relativement flou et elle le détailla avec application alors qu'il s'approchait de son chevet. L'homme s'assit avec négligence sur le lit.

« Heureux de voir que vous vous portez mieux, Evans. Je suis désolé de venir ainsi perturber votre convalescence mais il est urgent que je vous parle. Vous n'êtes pas passé dans mon bureau comme le vous l'avez demandé l'autre jour. »

Lily secoua négativement et chercha aussitôt à présenter une excuse tout en bafouillant maladroitement.

« Allons, ne vous mettez pas dans cet état, Mademoiselle ! »

Le ton du professeur redevint badin le temps de cette réflexion mais Lily comprit alors que ce qu'il avait à lui dire était d'une importance capitale.

« Miss Evans, il s'avère que j'ai découvert vos particularités, si l'on peut appeler cela ainsi… Ne faites pas cette tête ! Voyez-vous, je ne suis pas là pour vous dénoncer auprès des autorités mais je voulais vous faire comprendre que si j'ai pu si aisément m'en apercevoir, n'importe qui de malveillant pourrait tout à fait utiliser ceci à vos dépends. »

Lily blêmit alors et elle se mit à trembler sans s'en rendre compte. Le professeur dans ses mains celles de la jeune fille, agitée de spasmes et les retint comme pour la calmer. Elle agita la tête et ses cheveux flamboyants vinrent encadrer son visage livide.

« Professeur, je n'ai pas fait cela par… par choix ou par amusement… pour ainsi dire… l'année dernière, j'ai découvert certaines choses qui m'ont poussés à agir ainsi et j'ai hérité finalement de ce pouvoir. Je l'ai fait car j'avais peur… enfin, j'ai toujours peur… je voulais être capable de me protéger contre… contre… »

Elle éclata alors en sanglots et l'homme vint un peu plus contre elle pour la serrer dans ses bras. Il n'y avait pourtant dans ce geste qu'une pudeur exaltée, l'un s'abandonnant pour confier son malaise trop longtemps enfoui tandis que l'autre prenait toute la détresse de cet être au creux de ses paumes pour le préserver du mal qui pourrait lui être fait.

« Lily, vous avez agi avec un très grand courage mais aussi beaucoup de naïveté. Beaucoup de gens cherchent à tout prix le pouvoir pour satisfaire leur orgueil ou leur suprématie. J'ai connu autrefois quelqu'un qui croyait possible d'expliquer et de rendre compréhensible les pires actions même les atrocités des mages noirs. Cette personne s'est tellement dévouée pour sa cause et ses idées qu'elle en ait morte, dans mes bras… Et je refuse que vous plongiez ainsi face à la cruauté des gens au dehors de Poudlard. Il faut que vous trouviez un moyen de voiler votre magie, Evans. »

Le ton affecté qu'avait pris la voix du professeur alors même qu'il l'avait appelé par son prénom bouleversa Lily et elle se détacha de son professeur avec gêne.

« Pareil pour vos deux camarades, Hindle et Bones. Je suppose qu'elles ont partagés vos découvertes… »

Lily acquiesça.

« Je n'ai malheureusement pas le temps de vous en apprendre assez mais certains ouvrages pourraient vous aider. Promettez-moi de ne pas abuser de vos pouvoirs. Il se trouve qu'ils n'ont pas l'air d'être tout à fait stabilisés chez vous. Je vous ai vu faire différentes crises et lorsque je vous ai ramené ainsi que Monsieur Black, j'ai vraiment cru que cette magie vous avait épuisée définitivement. »

« A ce propos, professeur, comment se fait-il que vous soyez venu à notre secours et quel était cet étrange phénomène ? »

« Et bien… »

« Il s'agissait de restaurer la magie du château, n'est-ce pas ? »

« Décidément, vous m'étonnerez toujours, Evans ! »

« Disons qu'en étant attentive aux dernières modifications de fonctionnement du château et à l'aide de quelques recherches, on parvient facilement à des conclusions relativement intéressantes. »

« Vous avez vu juste. »

« Mais quelle est cette chose gorgée de magie ? La couronne… »

« Il n'y a décidément rien qu'on ne puisse vous cacher mais vous devez savoir que trop en connaître à ce sujet n'est pas très bon pour vous. Cette couronne sert en effet à une cérémonie qui a lieu à chaque siècle. »

« Et qu'en est-il fait pendant les 99 autres années où personne ne vient la placer dans les tréfonds du château ? »

« Ainsi, vous avez compris mon rôle. »

« J'avais encore quelques petits doutes mais oui. »

« Je ne répondrais toutefois pas à cette dernière question car il s'agit d'un secret que je ne peux trahir. »

Le professeur se redressa et déplia sa cape derrière lui. La fraîcheur du soir était remontée depuis le lac miroitant de quelques tardifs rayons lumineux du soleil qui tardait à disparaître derrière les montagnes.

« J'ai deux choses à vous rendre avant de vous laisser à votre solitude. D'abord ceci… »

L'homme sortit de sa poche une fine tige de bois qu'il déposa sur la table de nuit de la jeune fille. Lily reconnut immédiatement sa baguette et la fit glisser entre ses doigts pour sentir les nervures du bois râper sa peau.

« Et ceci… Vous le rendrez à son propriétaire. »

D'un geste, il fit glisser entre ses doigts une fine chaîne dorée au bout de laquelle se balançait la petite médaille pourvue d'armoiries. Le bijou se détacha et retomba dans les plis des draps. Lily partit en quête et le récupéra avec une pointe de honte rosissant ses joues.

« Je serai plus délicat qu'avec vos camarades, Miss Evans. »

L'homme se pencha au-dessus du lit et plaqua les doigts parcourus de cals de sa main droite sur le front de la jeune fille. Un frémissement l'envahit et quelques courtes étincelles s'échappèrent d'entre des doigts. Lily se sentit happée par un profond sommeil et sa tête roula délicatement sur son épaule. Pélias Keïta se redressa et essuya ses mains sur sa chemise en grimaçant. Il détestait plus que tout apposer ainsi à ces jeunes gens qui n'étaient encore pour lui que des enfants un secret qu'ils ne pourraient maintenant plus révéler. Mais son devoir le lui imposait, tout comme il lui imposait d'aller récupérer cette maudite couronne de lumière.

fin du chapitre 20

(27 décembre 05)