Bonjour à tous,

Je me suis rendue compte que ce sitene proposait aucunefic française sur les Blues Brothers ; étant une grande fan du duo-puis-quatuor en mission pour le Seigneur, j'y remédie donc en m'écartant un peu de mes plates-bandes habituelles (l'univers d'Harry Potter) le temps de traduire cette histoire.

Ce texte s'intitule en version originale « All in the family », son auteur est Ella Roberta Reamy. L'histoire se situe 6 ans après Blues Brothers 2000 (qui prend lui-même place en 1998 comme son titre ne l'indique pas ; nous sommes donc ici en 2004)

J'espère que cette traduction saura trouver son public ; personnellement j'apprécie beaucoup l'idée d'introduire une fille dans le blues band, vu que les femmes n'ont pas spécialement le beau rôle dans les films : un peu de Pingouine, un peu d'Aretha Franklin, Carrie Fisher ds le 1er et Queen Mousette dans le 2, mais leur influence reste limitée… Il en va autrement dans ce sequel, ce qui n'est pas sans poser de pbs à Elwood et Cie...

Disclaimer : Les Blues Brothers appartiennent à Dan Aykroyd et au regretté John Belushi, ainsi qu'à Universal Pictures. L'histoire originale de cette fic appartient à Ella Roberta Reamy.

Bonne lecture !


Chapitre 1 : Libre à nouveau

Elwood ferma la porte de la Bluesmobile après s'être installé au volant, une place qui lui était familière. C'était un peu son second chez-lui. Introduire la clé dans le contact, sentir le moteur démarrer et gronder sous le capot… Mieux que de tirer un coup, avait-il toujours pensé. Enfin, presque.

Mack avait conduit les gars pour le récupérer, « mais c'est la seule et unique fois » lui avait dit Elwood lorsque Mack avait été mis en liberté conditionnelle, au bout de trois mois seulement. « Une fois que Cab l'a sortie de la fourrière, tu la ramènes chez toi, et tu la reprends uniquement pour venir me chercher. Point barre. » Et Mack, loyal comme pas deux, avait suivi les instructions d'Elwood, à quelques rares exceptions près où il avait pris la voiture pour faire les courses.

Dans le même temps, Cab s'était affairé à tirer les ficelles juridiques à l'avantage d'Elwood. Il avait invité les juges à considérer son cas sous le meilleur jour possible, et beaucoup de charges contre Elwood n'avaient pas été retenues, telles que celle pour incendie criminel lorsqu'il avait été convaincu d'avoir mis le feu au club de Willie ; cette accusation avait été abandonnée quand il était apparu que les Russes étaient derrière tout ça (bien que les véritables coupables n'eurent jamais été retrouvés. On supposa qu'ils devaient se terrer au fond d'un trou à rat, quelque part dans le sud profond des Etats-Unis.)

De plus, sans que l'on sache comment et tout miraculeux que cela puisse paraître, Cab et l'avocat d'Elwood avaient convaincu Mère Mary Stigmata de ne pas donner suite à son accusation de kidnapping, après avoir promis une généreuse contribution financière à l'Hôpital de Notre Dame de l'Annonciation. Pour couronner le tout, Cab avait entrepris les procédures nécessaires et était devenu le fier père adoptif de Buster (lequel avait suivi l'idée d'Elwood et changé officiellement son nom de famille pour devenir un Blues.)

Cab et l'avocat d'Elwood avaient en outre avancé que l'on aurait aisément pu éviter les dégâts subis par tout un contingent de voitures de police de l'Illinois, de l'Indiana, de l'Ohio, du Kentucky, du Tennessee, du Mississipi et des Forces Fédérales, si seulement Peters, l'agent du FBI qui avait été appelé en renfort pour appréhender Elwood, avait ralenti et freiné un peu plus tôt au lieu de s'arrêter aussi brusquement, causant ainsi le carambolage d'au moins deux cents véhicules.

Le juge, qui, contrairement à la plupart de ses confrères, n'appartenait pas à la Cour du Comté de Cook la première fois que les Blues Brothers y avaient fait régner la terreur, avait généreusement laissé Elwood s'en tirer avec une accusation d'infraction au code de la route pour avoir sauté en voiture par-dessus un chantier. De retour au FBI, l'agent Peters s'était vu suspendre pour six mois, à son grand dam, et fut contraint de payer une lourde somme en dédommagement pour les dégâts subis par les voitures de police locales et fédérales.

Ainsi, Elwood avait plaidé en appel le sourire aux lèvres, et il s'en était tiré avec une peine de seulement six ans ferme.

A présent il sortait de prison, et cette fois-ci il n'avait pas un mais trois frères qui l'attendaient à la porte. Cab avait perdu du galon pour « participation clandestine à des activités non-autorisées » lorsqu'il avait rejoint le groupe. Redevenu simple lieutenant, il ne se séparait jamais de son costume noir en dehors des heures de service, et mettait à profit ses talents de guitariste laissés en friche depuis le lycée.

Mack travaillait toujours dans le club de Willie, qui avait été reconstruit au même endroit, mais à présent il chantait sur scène avec Cab au lieu de s'affairer derrière le bar.

Willie et le reste du Blues Brothers Band formaient maintenant un orchestre régulier, et n'avaient plus cherché de métiers normaux. Ils avaient décidé d'épargner à Elwood, et à eux-même, le souci de remettre le groupe sur pieds une fois de plus.

Buster fréquentait le lycée du coin et travaillait comme serveur au club après les cours et le week-end. A l'occasion, il lui arrivait de jouer de l'harmonica et de chanter avec les autres.

Mack, Cab et Buster vivaient dans un appartement au-dessus du club, et les membres du groupe s'étaient installés dans le quartier, comptant les jours qui les séparaient de la mise en liberté conditionnelle d'Elwood.

A présent, alors que les portes avaient été ouvertes, Elwood sourit en apercevant ses compagnons debout devant la Bluesmobile, plus que jamais prêts pour une escapade.


-Alors comme ça, ils ont ouvert la cage aux oiseaux, dit Cab d'un ton songeur depuis le siège arrière. Une fois de plus…

La Bluesmobile s'éloigna tranquillement de la prison, et s'engagea sur l'autoroute. Les quatre fenêtres ouvertes laissaient entrer une chaude brise de juin, rafraîchissante pour les passagers qui avaient gardé leurs vestes de costume.

-La cage aux oiseaux ? lança Mack. Tu m'as l'air d'un pigeon voyageur très attaché à son foyer, El.

Buster, qui était également à l'arrière, tenta de réprimer un ricanement.

-Oh, tu peux rire, gamin, dit Elwood. Mais ne viens pas te plaindre après si je te laisse moisir en cabane la première fois que tu y atterriras.

-Je n'ai pas l'intention de faire de la taule, répondit tranquillement Buster.

-J'espère bien que non. Tu as déjà eu assez de démêlés avec la justice comme ça, intervint Cab en donnant une petite tape sur le chapeau de Buster, qui lui tomba devant les yeux.

-C'est sûr, avec un modèle pareil, commenta Buster en repoussant son chapeau en arrière et en adressant un regard éloquent à Elwood.

-Eh, moi j'avais une excuse, répliqua Elwood. Personne ne m'a jamais adopté.

-Laisse moi deviner, dit Buster en s'avançant sur son siège et en l'observant à travers la grille métallique qui les séparait. Quand tu avais mon âge, tu devais aussi marcher trente bornes pour aller à l'école, pieds nus dans la neige, sur une route en côte à l'aller et au retour, et sans manteau.

Elwood haussa les sourcils et jeta un coup d'oeil à Buster dans le rétro.

-Très drôle.

-Eh, je déconne, mon p'tit père, répondit Buster.

Puis, après une pause :

-Tu nous as manqué.

Elwood se retourna pour le regarder et sourit.

-Oh, Elwood, on a reçu une lettre pour toi hier, intervint Cab en tirant une enveloppe de la poche de sa veste. Ca vient de la Pingouine.

-Lis-la moi, répondit Elwood.

Cab ouvrit l'enveloppe comme Elwood grillait allègrement un stop et passait à fond la caisse une intersection déserte, sans policier en vue.

-Cher Elwood,

il me semble que vous êtes sur le point de sortir de prison ; je vous ai donc envoyé cette lettre au cas où, à l'adresse dont Cab m'a dit qu'elle était la vôtre. J'ai pour vous une nouvelle pour le moins inattendue. Vous allez sans doute être stupéfait, comme je l'ai été moi-même (et à mon âge, il en faut beaucoup pour me surprendre, particulièrement en ce qui vous concerne).

-Ca, j'ai du mal à encaisser, marmonna Elwood.

-Oui, j'imagine bien que vous avez du mal à encaisser.

Cab interrompit sa lecture, et scruta la lettre les yeux écarquillés.

-Flippant, murmura Buster en secouant la tête.

-Néanmoins, j'ai pensé que vous devriez être mis au courant dès que possible, car je sais que vous n'appréciez pas particulièrement les nouvelles à retardement.

Il y a quelques semaines, une dame du nom de Leslie Brooks m'a téléphoné. Après m'avoir posé de nombreuses questions au sujet de Jake, elle m'a appris qu'avant sa mort, Jake et elle étaient fiancés. Le drame les a frappés quelques mois avant la date où ils avaient prévu de se marier. Elle a poursuivi en m'expliquant que, peu de temps après les obsèques de Jake, elle avait découvert qu'elle était enceinte, et neuf mois plus tard elle a donné le jour à une petite fille, qui…

Le pied d'Elwood s'écrasa sur la pédale, et la Bluesmobile dérapa dans un crissement de pneus.

Buster et Cab, qui n'avaient pas de ceinture de sécurité à l'arrière, furent projetés contre la grille, et Mack se retint au tableau de bord, puis ils furent tous brusquement ramenés en arrière contre leurs sièges comme la voiture s'arrêtait complètement.

Elwood, qui regardait toujours la route droit devant lui, cligna plusieurs fois derrière ses lunettes noires. Il se retourna en douceur et demanda calmement :

-Cab, tu peux me passer cette lettre, s'il te plait ?

Cab regarda alternativement la lettre qu'il avait à la main et la grille métallique. Après un instant, il roula le papier de façon à ce qu'il ne soit pas plus épais qu'une paille, et le glissa dans l'un des interstices du grillage.

Elwood pris la lettre précautionneusement, la déroula, et finit de la lire en silence. Lorsqu'il eut terminé, il replia la feuille le long des marques qui s'y trouvaient déjà, la rangea dans sa poche de veste, et redémarra pour ramener tranquillement la Bluesmobile sur l'autoroute.


Tous quatre roulèrent en silence durant une bonne vingtaine de minutes avant qu'Elwood ne s'approche d'une station d'essence et ne se gare sur le parking.

-Est-ce qu'un de vous a un quarter (1) pour un coup de fil ? demanda-t-il sans se départir de son calme.

-L-les coups de téléphone sont passés à 35 cents, répondit nerveusement Buster. P-pour les appels locaux, je veux dire.

Elwood cligna derrière ses lunettes noires.

-Oh. Dans ce cas, est-ce que l'un d'entre vous a ça ?

Tous trois commencèrent à fouiller leurs poches comme un seul homme. Mack trouva un quarter dans son pantalon et Buster ramassa un dime (2) par terre.

-Merci, dit Elwood en rassemblant leur petite monnaie.

Il coupa le moteur, sortit de la voiture et claqua la porte sans ménagement.

-Qu'est-ce qui était écrit à la fin de la lettre ? demanda Mack à voix basse, en se tournant vers Cab.

-Aucune idée, répondit ce dernier.

Buster avait suivi Elwood du regard, les yeux écarquillés.

Pendant ce temps, Elwood gagna une cabine téléphonique, y entra et ferma la porte vitrée derrière lui. Il parcourut l'annuaire jusqu'à trouver le numéro de l'hôpital, qu'il composa.

-Hôpital de Notre Dame de l'Annonciation, Sœur Theresa à l'appareil, fit aimablement la voix féminine à l'autre bout du fil.

-Ouais, je voudrais parler à la Ping… je veux dire, à Mère Mary Stigmata, s'il vous plaît, demanda calmement Elwood.

-De la part de…?

-Elwood Blues, répondit-il.

-Je vous passe la communication. Un moment, je vous prie, reprit la bonne sœur.

Il y eut un click, puis une longue pause, durant laquelle Elwood commença à s'impatienter.

-Allô ? répondit finalement une voix de femme âgée.

-Allô, Mère Mary, c'est Elwood, la salua-t-il en tâchant de se contenir.

-Bonjour Elwood, dit Mère Mary (ou, comme Elwood avait l'habitude de l'appeler, la Pingouine) Je vois que vous avez été mis en liberté conditionnelle comme prévu, remarqua-t-elle poliment.

-Oui, une semaine à l'avance, en fait, répondit Elwood.

Il marqua une pause, puis :

-Cab m'a donné votre lettre.

Mère Mary hésita à l'autre bout du fil.

-Oh, eh bien… comment prenez-vous la nouvelle ?

-Comment je prends la… ? Oh, très bien, mentit Elwood.

En réalité, il lui semblait qu'il était sur le point de sombrer dans un état catatonique sous le choc.

-J'imagine qu'à présent vous désirez savoir où vivent cette femme et sa fille, dit Mère Mary.

-Oui, c'est pour ça que j'appelle, répliqua-t-il.

-Eh bien, si vous voulez mon avis…

Je m'en contrefiche, songea Elwood.

-Je sais que vous vous contrefichez, poursuivit Mère Mary (Elwood demeura un instant sans voix). Mais si vous voulez mon avis, je ne pense pas que vous devriez vous mêler à leurs histoires. Vous devriez les laisser seules et ne pas vous immiscer dans leurs vies. Cependant, quand Ms. Brooks (3) est venue me voir pour en apprendre plus sur l'histoire de la famille de Jake, je lui ai parlé de vous et de Curtis, et elle m'a demandé de vous envoyer un petit mot au sujet d'elle et de sa fille dès que possible.

-Comme c'est commode, ironisa Elwood.

-Elwood, connaissant les orphelins comme je les connais, je sais que vous souhaitez être en contact avec tous les parents que vous pourrez vous trouver, concéda Mère Mary. Je vais donc vous donner son adresse. Vous avez de quoi noter ?

Fin du premier chapitre

(1) pièce de 25 cents

(2) pièce de 10 cents

(3) Ms : utilisé devant un nom de femme quand on ne veut pas préciser si elle est mariée ou non.