Oiseau de Justice
Chapitre 01 : Ressurgi du passé ...
Dehors, le chant des oiseaux, peu nombreux, certes, accompagnait le brouhaha arythmique des personnes se promenant dans le quartier. Dehors, on pouvait entendre les pétarades des voitures et de la circulation. Dehors, on entendait le rire des enfants, sortants de l'école avoisinante, contents de pouvoir enfin profiter des beaux rayons du soleil, dans la chaleur de l'après-midi.
Mais il n'était pas dehors, lui...
Enfermé dans sa cellule, Baikal, alias Saru Takuta, se sentait comme un lion en cage. 10 ans ! Après dix longues et profitables années, à rebâtir son trafic, à échapper à l'attention de la loi, il s'était fait avoir par une gamine !!
Il fulminait. Sans Ayumi Yoshida, il ne serait pas enfermé, sans Shinichi Kudo, il serait encore à la tête de son trafic, et sans ce garnement et son foutu tempérament...
Pour la énième fois depuis son arrestation deux mois auparavant, Baïkal maudit Akira.
Il n'avait pas eu de version claire des évènements : son avocat était un imbécile. Il était à la fois frustré et soulagé qu'on ait emmené Akira dans un endroit hors de sa portée. S'il se retrouvait face à face avec le jeune home, il ne savait pas comment il réagirait.
Comme s'il était un de ces jeunes délinquants à qui il vendait sa marchandise, l'ancien homme en noir jura haut et fort, avant de s'asseoir violemment sur son lit.
Un homme en uniforme venait juste de rentrer dans la pièce, de l'autre coté des barreaux. Il claqua sa langue plusieurs fois, en secouant la tête, comme si Baïkal n'était qu'un bambin mal élevé. C'était un employé chargé d'apporter les repas aux détenus en, ou en attente d'un, procès.
Resserrant d'une main sa casquette, l'homme éleva la voix.
« Je t'apporte ton dîner. » Il présenta un plateau repas, encore chaud.
« J'en veux pas. » Baïkal ne l'avait même pas regardé. Soupirant, l'homme passa le plateau par une niche dans les barreaux et le posa sur la table. Au moins il ne l'avait pas insulté directement. Comme il ne partait toujours pas, Baïkal leva son regard vers lui, énervé.
« Qu'est ce que tu fous encore là ?! »
L'homme essaya de cacher un rire.
« Eh bien, c'est comme ça que l'on traite ses anciens 'camarades' ? » L'ironie était stressée dans le dernier mot.
Baïkal fut brutalement tiré de son auto apitoiement.
Ce rire... Cette voix... Ils lui étaient familiers. Cherchant dans sa mémoire, l'effort mental visible sur son visage simiesque, il fixa des yeux l'employé en uniforme.
Le mot 'camarades' l'avait amené a penser que c'était un ancien membre de l'organisation, comme lui. Cependant il avait vérifié : aucun de ses contacts dans l'organisation avait échappé au démantèlement dirigé par Kudo.
« Ha ! Et moi qui croyais que ton 'organisation' brillait par l'intelligence de ses membres. J'aurai peut-être mieux fait de dénoncer tes activités quand j'en ai eu l'occasion. »
Baïkal dévisagea l'inconnu.
Ses pommettes hautes, sa mâchoire mal rasée, ses lunettes à armature claire...
Voyant qu'il ne le reconnaissait toujours pas, l'homme enleva sa casquette, un sourire confiant sur ses lèvres.
Le 'click' des engrenages du cerveau de Baïkal était quasiment audible. La terreur et la surprise lisibles sur son visage.
Cela lui prit plusieurs tentatives avant qu'il ne puisse élever la voix.
« Imp... Impossible ! Tu es mort. J'ai bien vu... » Il s'était levé sans s'en rendre compte. « Je t'ai tué !! »
Le visage de l'inconnu se fit plus menacent, malgré le sourire qui l'ornait encore.
« Oui, tu m'as tué. Tu m'as transformé en bouc émissaire pour tous tes crimes, tu m'as donné un passé criminel qui était le tien et tu as fait passé mon meurtre pour un 'simple' suicide. »
Tomoaki Kato, ressuscité, se rapprocha des barreaux. Baïkal esquissa un pas en arrière, battant en retraite face à ce fantôme.
« Et tu as pris mon fils, l'éduquant de manière à ce qu'il suive tes traces boueux, en l'entraînant dans ton cercle de drogues et de violence. Cela... »
Il fit un geste annonçant clairement la menace qu'accompagnait ses mots suivants...
« Je ne te le pardonnerai jamais. »
Lorsque l'homme remit sa casquette et quitta la pièce, Saru Takuta était assit par terre, l'air terrifié. Son expression livide...
Avec de la chance, il n'aurait plus de pensées criminelles pendant un long moment, sans craindre l'exécution de cette menace surréelle...
