Chapitre
6: Des Questions.
Je
me hasardai avec incertitude dans la pièce. Les questions
foisonnaient dans ma tête.
Pourquoi ce magicien m'avait
choisi moi? Y avait-il une raison? Et la femme qui m'avait fait
évader? Était-elle ici, de mèche avec le
prestidigitateur? Ou s'attendait-elle à me retrouver à
la sortie?
Et surtout, la question qui me revenait le plus souvent
à l'esprit:
« Qu'est-ce que je fait ici! »
Kuroba,
après m'avoir fait monter sur la scène, avait compté
de trois jusqu'à zéro. Recouvert par le draps, je ne
parvenais pas à voir la salle. A peine le magicien eut-il
prononcé le dernier chiffre, que je me sentais tiré en
arrière. Le draps n'était plus sur moi, mais quelque
chose d'autre était venu recouvrir mes yeux.
Ne
comprenant pas, je fus transporté avec plus ou moins de force
vers une pièce. A peine ai-je eu le temps de retirer le
bandeau qu'on m'avait mis que la porte s'était fermée
à clé derrière moi.
« Hé! »
Je n'eus pas de réponse. La porte était bien
verrouillée.
Une chose était sure, la femme de la
veille allait avoir beaucoup à m'expliquer. Je pouvais
sentir ma colère monter.
N'ayant rien d'autre à
faire, et cherchant de quoi évacuer ma frustration, je décidai
d'examiner la pièce. Elle n'était pas bien grande.
Éclairées par une ampoule nue pendant du plafond, je
vis plusieurs piles d'accessoires plus hétéroclites
les uns que les autres, abandonnées dans les coins. Contre le
mur faisant face à la porte se trouvait un vieux sofa. Au
milieu de la pièce traînaient quelques malles ainsi
qu'une chaise en métal. Le tout était poussiéreux.
Visiblement la pièce servait peu. Il n'y avait pas de
fenêtre pour aérer.
Mécontent, je m'assis,
non sans force, sur le sofa. Un craquement se fit entendre. Ignorant
la plainte du meuble, je tendis le bras pour prendre un objet de la
pile voisine. Je m'occupais les mains avec, sans quitter la porte
des yeux. Mon cerveau eut tout le loisir de chercher des mots bien
choisis pour la personne qui daignerai ouvrir…
Hattori Heiji, à peine le spectacle terminé, se dirigea
avec détermination vers la loge du magicien. Il n'écouta
pas les questions que lui posaient les membres de sa famille, ni les
réprimandes. Montrant son badge de détective, il
demanda au gardes, qui étaient venus le bloquer, de le laisser
passer. Il profita de leur hésitation pour passer sans
attendre leur autorisation.
Lorsqu'il ouvrit la porte de la
loge, le magicien l'occupant n'eut pas l'air surpris de le
voir.
« Ah, monsieur Hattori. »
L'homme
aux cheveux en bataille était assis, son col défait, sa
cravate reposant sur son épaule. Malgré son air
fatigué, il lui sourit.
« Comment connaissez
vous mon nom? » demanda Heiji, énervé.
« Je
m'intéresse un peu aux mystères et aux énigmes.
Vous ne doutez tout de même pas de votre renommé dans la
matière? » fit Kuroba, feignant la surprise.
Heiji
serra sa mâchoire.
« Où est-il? »
demanda-t-il.
« Je vous demande pardon? »
fit Kuroba, son visage perplexe se reflétant dans son
miroir.
« Le garçon que vous avez fait monter
sur scène. Je voudrais savoir où il se trouve. »
Kaito
haussa les épaules.
« Je n'en sais fichtre
rien. Probablement entrain d'attendre un bus ou un taxi, en se
demandant quand il retrouvera son apparence normale.»
Heiji
lui jeta un regard sombre.
« Je sais que ce n'est pas
lui qui est descendu de la scène, mais un de vous assistants
déguisés.
Ce jeune homme est un suspect en fuite.
J'exige que vous me disiez où il se trouve. »
Le
magicien lui rendit un regard où se mêlait amusement et
tristesse. C'était un regard qui lui semblait étrangement
familier, bien qu'à moitié oublié…
« Monsieur
Hattori, l'une des premières règles du magicien est
qu'il ne révèle jamais ses secrets. Si je le pouvais,
je n'hésiterais pas à vous aider dans votre requête,
cependant je n'ai aucune idée d'où se trouve
maintenant le jeune homme dont on parle. »
Le magicien
se leva avec grâce, et fit un geste indiquant la porte.
« Pour
l'instant, j'ai ma femme qui m'attends, et je ne doutes pas que
cela soit aussi le cas de la votre. »
Les deux gardes
se trouvaient à la porte, l'air menaçant. Heiji
comprit qu'il n'avait pas trop le choix.
« Bien, je
comprends. Cependant sachez que je reviendrai vous voir. »
fit-il.
Il sortit sous l'escorte des gardes, persuadé que
le magicien lui avait menti.
« Heiji! Mais
qu'est-ce qui t'as pris, bon sang! » lui demanda sa
mère. Hattori père le regardait sévèrement,
les bras croisés.
« Je devais voir Kuroba
en rapport avec une enquête.» fut sa réponse.
« Et
c'est comme cela que tu t'y prends? » dit Heizo. « En
ignorant la procédure? Que t'as-t-on donc appris au centre
de formation! »
Toyama père, voyant la tempête
venir, était déjà reparti.
« Ce
n'est pas à toi de me dire comment mener une enquête,
Papa. » dit-il calmement.
Les deux hommes se
regardèrent longuement, les yeux étincelants de
conflit.
Finalement, Heizo se détourna.
« Shizuka,
on s'en va. »
Celle-ci hésita, jeta un regard
vers Kazuha, avant de suivre son mari.
La jeune femme leva des
yeux inquiets vers l'homme bronzé à coté
d'elle.
« Heiji… »
Elle n'avait pas
essayé de le réprimander. Il en était
reconnaissant.
« Je te demandes pardon, Kazuha. »
fit-il. « Que dirais-tu d'un petit restaurant? »
Il avait besoin de se changer les idées, et n'avait pas
envie de rentrer tout de suite.
Il fut soulagé de voir
Kazuha accepter…
