Chapitre 07: Dove.
Le loquet cliqua, la porte
s'ouvrit.
'Enfin!' Pensai-je.
Une personne
entra.
J'ouvris la bouche pour lui dire le fond de ma pensée,
cependant, mes mots si bien choisis s'évanouirent à
la vue du personnage que j'avais devant moi…
« Bonsoir
Akira. » C'était le docteur Araide, ou du moins,
un homme ressemblant énormément à ce dernier.
Quelque chose clochait.
Il n'avait pas sa blouse, ni ses
instruments, mais en soit cela n'était pas une bizarrerie.
Sa voix était bien la sienne, mais sa manière de
prononcer mon nom n'était pas habituelle
« Est-ce
que ça va? » L'homme, qui avait refermé la
porte à clé, s'était assis sur la chaise en
métal. Derrière ses lunettes, je vis passer une émotion
étrange dans ses yeux. Ce n'était pas l'air que
prenait habituellement le docteur en me voyant.
« Qui
êtes vous! » demandai-je. Je le regardai avec
méfiance, mes mains se crispant sur le vieux sofa.
L'homme
eut l'air surpris. Il ressemblait, à cet instant, à
s'y méprendre au vrai docteur Araide. Mais ce n'était
pas lui.
J'avais connu le docteur Araide depuis l'age de 13
ans. C'était le seul, à part Baïkal, à
qui j'avais parlé de mon père, de sa mort… Et il
m'avait parlé du sien. Depuis, j'avais toujours su
reconnaître dans ses yeux l'émotion liée à
notre histoire commune.
L'homme assit en face de moi était
un imposteur.
L'imposteur commença à dire une
chose, puis se ravisa, voyant que, quoiqu'il invente, je savais
qu'il n'était pas celui qu'il semblait être.
Il
sourit.
« Eh bien, on dirait que je me rouille avec
l'âge. »
Sa voix avait pris un autre timbre,
plus mystérieux. « Comment as-tu su? »
« Je
connais le docteur Araide. En plus, il est à Aomori, et non à
Osaka. » lui répondis-je.
« Et tu as
bien raison, jeune Kato. »
Il me regarda avec un
sourire amusé.
« Qu'est ce que vous me
voulez? » Ma colère était revenu.
L'homme
ignora mon ton froid. Il avait ramassé l'objet avec lequel
je m'étais occupé les mains. C'était un
calice en toc.
« J'imagine que Raven ne t'as pas
expliqué grand chose. » dit il, sans quitter
l'objet des yeux.
« Raie vaine? »
« Ca
veut dire corbeau en anglais. C'est la personne qui t'as amené
ici. »
« Elle ne m'a rien expliqué
du tout! Où est-elle! »
Il leva le faux calice,
faisant jouer la faible lumière de l'ampoule sur les
morceaux de verre teint l'ornant. Il avait un air amer sur le
visage.
« Raven est occupée pour l'instant. »
Il
posa le verre de plastique opaque sur une malle.
« Quant
à ce que nous voulons de toi… »
Ses yeux
fixèrent les miens.
« C'est tester ton
caractère. »
Je ne comprenais rien du tout. Cela
n'expliquait en rien leurs intentions. J'eu du mal à ne
pas lui exiger plus de clarté… Je savais pertinemment qu'il
ne m'en dirait pas plus.
« Qui êtes vous? »
Je commençai à me sentir impuissant face au regard
perçant de l'inconnu, surtout qu'il avait encore le visage
d'Araide. Ma colère face à ce sentiment me faisait
serrer douloureusement la mâchoire.
« Dove. »
Devant
mon air perplexe, il élabora.
« Dove, c'est
comme cela qu'on m'appelle maintenant. Si tu préfères,
tu peux m'appeler Colombe. »
Son regard cessa de me
transpercer. Il me sourit de manière amicale.
Je lui jetai
un regard, comme s'il était un abruti.
« Qu'est-ce
que c'est que ces foutus noms d'oiseaux! »
Dove
posa un pied sur la malle, s'étalant sur sa chaise. C'était
une posture qui ne ressemblait guère au vrai Araide.
« Tu
aurais préféré des noms d'alcools? »
Il
regretta rapidement ses mots. Il avait vu mon air blessé.
Il
se leva.
« Pardon. Je n'aurai pas du… »
Voilà
qui améliorait ma peine. Il savait pour Baïkal.
Je lui
jetai un regard noir.
Il soupira.
« Bon, voilà
le topo:
J'ai demandé à Kuroba, par le biais de
Falcon, de bien vouloir t'héberger pendant quelque
temps. »
« M'héberger! »
Moi chez ce magicien? Il est pas bien.
« Tu
préfères la prison? »
Je fronçai
les sourcils. Question stupide.
« Nous viendrons te
chercher les matins pour te faire passer quelques tests. Le soir, tu
retourneras chez Kuroba. Déguisé, bien
entendu. »
« Déguisé! »
Il
croisa les bras, me regardant comme si j'avais encore beaucoup à
apprendre.
« Tu sais que la police va vouloir te
retrouver? »
« Et si je refusais? »
Je n'aimais pas l'idée d'un déguisement.
Dove
me sourit avec sarcasme.
« Avec Hattori le détective
de l'Ouest sur ta piste, tu n'as pas le choix de refuser. »
