Oiseau de Justice
Chapitre 8: Notes d'enquête.
Hattori
Heiji était peut-être sur la piste d'Akira, mais cela
n'était pas pour autant une partie jouée à
l'avance. C'était des jours comme celui-ci que Heiji
comprenait pourquoi Kudo avait décidé de rester dans le
domaine privé: détective consultant, comme Sherlock
Holmes, son idole. Heiji, lui, était un détective sous
les ordres de la préfecture de police d'Osaka…
Et après
leur désaccord de la veille, son père s'était
assuré qu'il n'aurait pas un moment de répit de la
journée!
Résolvant enquête après
enquête, Heiji avait guetté l'occasion d'échapper
à l'inspecteur que Hattori père avait demandé
de le 'chaperonner'. Malheureusement, le chaperon était
doué, et Heiji dû attendre la fin de la journée
avant de pouvoir, épuisé, retourner au cas 'Kato'.
Comme il l'avait craint, l'hôtel où Kato avait
passé la nuit suivant son arrivée à Osaka
n'avait pas revu leur 'client'. La réservation avait été
faite pour une seule nuit, et à un nom que Heiji reconnut
immédiatement comme fictif. Il n'y avait aucun indice menant
à la femme complice. Elle s'était manifestement
séparée de Kato.
Heiji décida donc de se
concentrer sur le magicien, Kuroba Kaito.
Ses recherches
préliminaires lui décrivirent Kuroba comme originaire
de Tokyo. Orphelin de père à l'âge de huit ans,
le jeune Kuroba ne s'était jamais désintéressé
de la magie. En effet, tout le long de son cursus scolaire, ses
professeurs avaient remarqués ses tours plus d'une fois et,
s'il n'avait pas eu d'aussi bonnes notes, s'en seraient
plaints.
Il avait commencé sa carrière
professionnelle à l'age de vingt ans. La même année,
il avait épousé Nakamouri Aoko, fille de l'inspecteur
du même nom. Ils n'avaient pas encore eu d'enfants… Et
Heiji n'avait trouvé aucun lien avec Kato.
La seule
offense judiciaire connue du magicien était le résultat
d'une soirée un peu trop arrosée.
Il avait rendu
invisible la célèbre statue du chien 'Hachiko' et
transformé quelques poissons rares en chats en peluche.
Intéressant, mais rien qui indiquait un lien avec un jeune
trafiquant de stupéfiants.
Pourquoi diable Kuroba lui
avait-il caché les environs de l'adolescent alors?
Heiji
décida d'aller lui rendre visite, cependant, le magicien
était en tournée et partait le lendemain matin pour
Kyoto. Heiji essaya le théâtre d'Osaka. Kuroba avait
déjà vidé sa loge. Les deux gardes de la veille
lui firent aussi comprendre clairement qu'ils avaient ordre de ne
nommer l'hôtel où logeait Kuroba à personne,
flic ou pas flic.
Après avoir quand même cherché
plusieurs établissements possibles, Heiji dû s'avouer
vaincu.
Il rentra chez lui, l'air morose, les pieds en
feu.
Kazuha venait juste de coucher leur jeune fils qui, aussi
têtu que sa mère, avait voulu veiller le retour de son
père. Heiji sourit en découvrant cela. Il alla voir le
petit bonhomme dans sa chambre. Il était déjà
endormi. Heiji le regarda dormir un peu, avant de retourner,
soupirant, dans la salle à manger, faire honneur au dîner
que Kazuha était allée réchauffer.
Il était
en plein bol de riz lorsque le téléphone sonna.
C'était
pour lui. Espérant pouvoir retourner rapidement à son
repas, il prit l'appel.
« Allô? »
« Ah,
Hattori! » C'était Kudo. « Comment
cela se passe-t-il de ton côté? »
Heiji se
frotta les yeux. « Pas brillamment. J'ai l'impression
que le magicien Kuroba Kaito est venu en aide au jeune Kato, mais vu
qu'il est en tournée, je le vois mal se trimballer
l'adolescent. »
« Kuroba Kaito? »
fit Kudo.
Heiji lui raconta rapidement sa soirée au théâtre
d'Osaka, ainsi que ses recherches de dernière minute.
« En
effet, c'est étrange, » conclut le détective
de l'Est. « Peut-être que quelqu'un a demandé
son aide à Kuroba… »
« …Ou que
Kuroba a bien caché son jeu. » Rajouta le détective
de l'Ouest. Il était un peu fâché que Kuroba
soit parvenu à l'empêcher de le voir. Le magicien
avait deviné que son enquête n'était pas
officielle. Il savait qu'il n'aurait aucun mandat.
« Je
vais essayer de voir si je peux l'intercepter à la gare
demain, mais cela ne s'annonce pas facile… »
continua-t-il.
Kudo semblait réfléchir un
moment.
« Sa tournée… Elle passe par
Tokyo? »
« Une minute… » Heiji
chercha le prospectus que Kazuha avait eu avec les billets du
spectacle. « Oui… » répondit-il, ayant
trouvé le papier. « Il sera au Tokyo Dome dans un
mois pour une durée de deux semaines. Pourquoi? »
« Pour
voir de mes propres yeux le magicien qui a fait disparaître un
suspect sous les yeux du grand détective de l'Ouest! »
répondit Kudo avec humour.
Heiji fit la grimace. « Très
drôle Kudo. Tu as du nouveau de ton coté? »
Heiji
écouta avec attention, son dîner oublié.
« Tu
veux dire que cette femme est rentrée sans qu'aucune des
caméras de la sécurité ne la
voient! »
« Exactement. »
Heiji
était abasourdie. Il avait vu le dispositif de sécurité
de la prison de Tokyo. Il savait qu'il était difficile de
rentrer sans être vu par les caméras et sans laisser de
traces…
Puis son cerveau lui souffla une possibilité.
« Elle
ne serait quand même pas rentrée… »
« Déguisée?
Si. Nous avons eu un mal fou à trouver en qui. Sur les vidéos,
la seule personne à être rentrée et qu'on n'a
pas vu ressortir est le préfet de police en personne. J'ai
vérifié au prés de ce dernier, il était
en vacances avec sa fille et sa famille au moment des faits. Le
déguisement était parfait. »
« Eh
ben! » Heiji avait du mal à imaginer quiconque se
déguiser en monsieur Matsumoto, et encore moins de manière
parfaite.
« Ton magicien… Il a un alibi? »
demanda Kudo.
« Oui. » Répondit
Heiji. Il avait vérifié sans trop y penser. Maintenant,
il aurait voulu que la réponse soit non.
Il échangea
encore quelques phrases avec Kudo avant de raccrocher. Il retourna à
son repas, ses pensées dirigés sur l'affaire.
Voyant
son air absent, Kazuha, qui venait de terminer la vaisselle, soupira,
eut un sourire et alla se coucher.
