Et nous voici à l'hôpital. Ca va bien faire une heure que je vous ai quitté ! Mais bon le trajet et tout ce n'est pas super à décrire ! Je viens d'être interrogé par les inspecteurs, Cruz est avec eux en ce moment. Dans quelle galère je me suis fourré encore ? Je vous raconte pas c'est l'horreur. Si vous aviez vu dans l'ambulance ce gosse, ses grands yeux bleus me suppliant, m'implorant de lui expliquer… Je ne le connais même pas. Il m'a tenu la main durant tout le trajet, je ne sais pas pourquoi ! Vous savez moi les gosses je les adore, mais alors à petite dose. Prenez Emily et Charlie, les enfants de Faith je veux dire. Ils ont grandi trop vite, et c'est du souci perpétuel. Je ne sais pas comment fait Faith, mais je l'admire.
Je ne sais rien de ce gamin, sans doute un de ces jeunes pour qui la vie n'est pas facile, et dont les parents ne s'occupent pas. Je déteste ce genre de famille. La mienne n'est pas géniale et je dois dire que mon enfance n'a pas été facile, mais au moins j'ai toujours eu un toit et à manger. Je ne supportais pas de voir mon père battre ma mère, mais jamais je n'ai été mis à la porte. J'ai fugué une fois, après que mon père est frappé ma mère jusqu'au sang, c'était pire que d'habitude. Je m'étais interposé et il m'avait frappé, j'en ai eu marre, je suis parti pendant aller… trois heures, peut-on vraiment appeler ça fuguer ? Non, bien sûr ; je voulais partir loin, très loin, et ne plus jamais remettre les pieds chez moi mais j'ai pensé à ma mère et à mon frère, Mikey, je ne pouvais pas les laisser seul. J'ai grandi trop vite, mûri trop vite, mais je devais assumer, c'était moi le plus âgé, j'avais dix ans, je me devais de les protéger désormais. Mon père est parti, je n'ai jamais senti un soulagement aussi grand.
Je n'aime pas parler de moi, à vrai dire il n'y a rien de glorieux. Je dois retrouver les parents de ce gosse, leur expliquer que vivre dans la rue n'est pas une vie, qu'un enfant est unique et qu'il a besoin d'être entouré, de se sentir aimé. Ma mère a toujours été là, et bien qu'elle a eu des problèmes d'alcoolisme, elle nous a toujours prouvé son affection ; à Michael et à moi. Sans elle je ne serai pas là aujourd'hui.
Cruz : BOSCO
Oh non, la revoilà elle ! Qu'est-ce qu'elle me veut ? Quand je vous disais qu'elle ne me lâche pas, elle n'a que mon nom à la bouche ! Je sens que je vais me faire tirer les oreilles, pourquoi j'en sais rien.
Cruz :
Qu'est-ce que tu leur as raconté ?
Bosco : A qui ?
Cruz
: Aux inspecteurs ! A qui d'autres ?
Bosco : Simplement ce
qu'il s'est passé !
Cruz : Vraiment ?
Bosco : Oui,
pourquoi ?
Cruz : Ils m'ont convoqué demain à la
première heure, ils se demandent pourquoi j'ai tiré
sur ce gosse
Bosco : Tu n'avais pas besoin de le faire
Cruz
: Mais qui es-tu pour me dire ce que je dois faire ? Vous êtes
sous mes ordres Boscorelli, lorsque je vous dis de faire quelque
chose vous le faites, si je vous dis de tirer, vous tirer, si je vous
dis de sauter d'un pont, vous devez me demander « duquel »,
c'est comme ça et pas autrement.
Tiens elle me vouvoie maintenant ; ça veut dire qu'elle est vraiment en pétard. Et que moi je ferai mieux de me tirer.
Bosco : J'ai simplement dis ce que j'avais vu, et puis arrête un peu ! Tu sais que t'as fait une faute, t'avais pas besoin de faire ça, maintenant tu assumes
Je commence à partir elle me gave ! Et voilà qu'elle me retient par le bras, c'est nouveau
Cruz : Ne me fais pas ça, ne
t'éloignes pas de moi ! J'ai horreur de ça
Bosco
: J'en ai marre d'être ton petit chien et de réparer
tes erreurs. Pour celle-là tu te débrouilles seule !
J'en ai assez, et tant qu'on y est, Sergent, je ne travaille plus
pour l'Anti-Crime !
Cruz : Voyez-vous ça, et depuis
quand ? Par quelle autorité
Bosco : Par la mienne, et ça
prend effet immédiatement !
Vous pouvez pas savoir comment ça fait du bien de vider son sac.
Cruz : Bosco…
Elle prend une petite voix c'est mauvais signe. Mais elle me fait craquer moi !
Cruz : Je suis désolée,
pardon j'ai eu tord, je le reconnais.
Bosco : C'est qui ce
gosse
Cruz : Il s'appelle Eric Meyer, il sait ce qui est arrivé
à ma sœur, il se planquait ; je n'ai pas réfléchi
lorsque je l'ai vu… Excuse moi
Non, non, non, il ne faut pas qu'elle me regarde avec ces yeux là… Résiste, Maurice, résiste !
Cruz : Ca te dirait une petite soirée chez moi, seuls, tous les deux…
Ouch ! Je respire, il faut que je respire ! Rien que d'y penser… Faith… Pourquoi je pense à elle tout d'un coup, sans doute que notre amitié est plus forte que tout, plus forte que Maritza Cruz ! Il faut que je choisisse entre les deux, j'ai tenté de parler à Faith mais je sais que tant que je resterai aux côtés de Cruz je ne pourrai pas lui parler.
Bosco : Je t'ai dis de me laisser, arrête de me courir après ! Je n'aime pas les vipères Maritza, et tu en es la représentante. J'en ai marre de toi et de tes combines, de tes caprices, tu joues avec moi comme si j'étais ton pantin, mais ça suffit ! Oublie-moi ! Et trouve toi quelqu'un d'autre à manipuler !
Je me dégage de son emprise et je marche rapidement vers la sortie. Je me sens d'un coup léger, comme si un poids venait de m'être retiré. Il faut que je regarde vers l'avant, je dois voir Faith, me réconcilier avec elle, je dois aussi aller voir le Capitaine, et lui demander si je peux revenir à temps plein. Adieu l'Anti-Crime, adieu Cruz !
