Et me voilà dans l'appartement de Faith, je n'ai jamais été aussi gêné de me trouver là. A quoi ça va me mener tout ça, mis à part souffrir, encore et encore ; lorsqu'elle me rejettera mes erreurs à la figure. Je me tourne, elle se trouve face à moi. Elle me regarde puis passe à côté de moi en courant d'air et se dirige vers la cuisine. Et je me retrouve comme un idiot, seul au milieu du salon. Elle revient avec une tasse de tisane puis elle en boit une gorgée, à ce moment là j'aurai adoré être la tasse…

Reprend toi Maurice ! Mais pourquoi je pense à ça ?

Faith : Tu vas te décider à parler ou tu vas rester là comme un abruti ?

Abruti… Voilà comment me considère ma meilleure amie désormais. Et pourtant je ne peux pas lui en vouloir. Dès que je la vois en ce moment, c'est indescriptible ce que je ressens ; comme un peu les émois qu'ont les jeunes au lycée dès qu'ils voient la fille qu'ils « kiffent » comme ils le disent si bien
Mais à la différence, Faith n'est pas une fille mais une femme, une extrêmement belle femme et qui me déteste par-dessus tout… Ah ça y'est je recommence à délirer ; je deviens fou.

Bosco : Cruz a tiré sur un gosse aujourd'hui…
Faith : Tiens dont, étonnant ! Le plus étonnant c'est qu'elle ne se tire pas dessus toute seule
Bosco : J'ai été voir les parents du gosse, enfin le père je veux dire, et il refuse de voir son fils. Je ne sais pas quoi faire !
Faith : Va donc en parler à Ma-ri-tza je suis sûr que vous allez à trouver quelque chose
Bosco : Faith, tu peux la détester, tu peux me haïr mais s'il te plaît, fait ça pour le gamin, aide-le !
Faith : et pourquoi je ferai ça ?
Bosco : Nom de Dieu il n'a que 14 ans, et il est livré à la rue depuis je ne sais combien de temps. Je peux l'aider à s'en sortir, mais tout seul c'est impossible, je t'en prie ! Il a quasiment l'âge d'Emily !

Ben oui je m'emporte, mais comment ne pas faire autrement ? Faith… Elle est si en colère contre moi. Y'a pourtant pas que moi qui suis en tord…si ? Ca faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu ; elle m'a manqué ! Elle commence à rire, allez savoir pourquoi. Elle pose sa tasse sur la table. Est-elle folle ?

Bosco : Faith ?
Faith : Désolée… C'est que… Toi vouloir aider quelqu'un… Ca… Je n'ai rien entendu d'aussi marrant depuis… houlà… Excuse-moi mais c'est plus fort que moi

Elle retombe dans son fou rire, et j'ai vraiment l'impression d'être le dernier des co. Ca fait mal, voir l'être qui est le plus cher à ses yeux se moquer de soit comme ; si je n'étais pas là, comme si je n'étais rien. Je me recule ; les larmes sont montées et coulent désormais, mais je ne peux rien y faire. Sans doute parce que je le mérite, je mérite sa colère, son indifférence, sa haine. Je continue à reculer doucement. Elle s'arrête en me voyant. Son expression change, je ne sais pas si c'est bon ou mauvais signe. Je ne peux pas parler de toute manière avec cette boule dans ma gorge. J'avale ma salive tant bien que mal. J'ai envie de crier, de lui parler, mais je ne le peux pas. Et elle ne le veut pas.

Je me tourne, ouvre la porte rapidement et sort dans le couloir, j'ai envie de me laisser tomber par terre, que toute cette souffrance s'en aille. Pourquoi suis-je venu ici ? Il faut croire que j'aime bien me faire du mal seul. J'entends encore le rire de Faith, c'est ignoble. Il me semble l'entendre qui m'appelle, mais ce doit être mon imagination. Je ne veux pas regarder derrière moi.

Faith :

Tout va si mal en ce moment, des que je rentre du travaille je me dispute avec Fred, je ne vois quasiment jamais mes enfants, et ça me manque. Deux jours, seulement deux jours de congés pour être avec eux, c'est si peu. Quelque chose ne va pas, ne va plus dans ma vie, pourquoi tout est détraqué comme ça ? Pourquoi tout va si mal ? Fred ne m'a rien fait et pourtant tous les prétextes sont bons pour que je me dispute avec lui, sans doute est-ce parce qu'inconsciemment j'aimerai me retrouver, dans une nouvelle vie, à retrouver cette magie unique lorsque l'on aime passionnément ; avec Fred elle a disparu il y'a longtemps. Les seules choses qui me remplissent de joie sont mes enfants, sans eux je ne serai rien. Mais depuis quelques temps je me sens vide, je me sens morte ! Pourquoi ? J'en n'ai aucune idée ! Je n'ai plus de goût à rien, ni à sortir, ni à manger, à rien…

J'ouvre la porte après avoir entendu frapper, je stoppe net. Bosco. Qu'est-ce qu'il fait là ? Oh mon Dieu près de trois semaines que je ne l'ai pas vu, ça me fait tellement plaisir, et en même temps que je voudrai lui sauter dans les bras je ne le peux.

N'oublie pas Faith ; tu lui fais la tête ! Ne l'oublie pas !

Il n'a pas l'air bien, je le sens, il tremble, sa voix est male assurée.

Faith : Qu'est-ce que tu fais là ?

Je n'ai pas trouvé autre chose à dire, ma voix est sortie bien plus froide que je ne le voulais, mais après tout il l'a mérité, il l'a cherché. Son parfum, son odeur, sa silhouette… Tout me manque chez lui, et bien que tâche de me tenir distante, je dois reconnaître qu'il m'a manqué, j'aimerai m'excuser mais j'ai ma fierté ! Il a déjà essayé mais je n'ai pas voulu l'écouter, de peur de fondre devant lui… une fois de plus. En ouvrant cette porte j'ai senti quelque chose quelque chose qui me manquait depuis longtemps. Le bonheur ! Mon cœur qui bat, mes joues qui deviennent rouges ! Comment vous expliquez ça ? Il me redemande un conseil, mais qu'est-ce que je peux lui dire ! La phrase sort toute seule, je viens de le traiter de paumé. Oh non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Après tout il l'a mérité ! Après tout ce qu'il a fait, ce qu'il M'a fait ! Non il ne le mérite pas, pas comme ça. Moi aussi j'ai eu tord, mais je suis têtue, comme mon père ! Je le vois qui se met à sangloter, il tente de retenir ses larmes mais c'est impossible pour lui, il murmure quelques paroles puis commence à partir. Oh mon Dieu mais qu'est-ce que j'ai fais ? J'ai réussi à faire pleurer Bosco ? Maurice Boscorelli ! Pleurant !

Aller, Faith, réagit ! Je le rappelle ! Je peux au moins faire l'effort de l'écouter. Je ne m'excuserai pas pour ça, non, lui aussi m'a fait pleurer, m'a fait mal ; maintenant c'est à son tour. Je le fais entrer mais je dois l'éviter ! Vous comprenez lorsqu'il est là, en face de moi, je ressens quelque chose que jamais avant je n'avais ressenti, c'est comme une liberté intérieure, ça bouillonne ; vous vous sentez en vie !

Faith : Tu vas te décider à parler ou tu vas rester là comme un abruti ?

Ca c'est très fort, Faith, vas-y ! Continue à le faire souffrir et à se sentir encore plus mal qu'il ne l'est déjà. J'ai toujours réussi à lire en Bosco, et je peux dire qu'il n'est pas à son aise. Et vas-y qu'il commence à me déballer son speech ; Cruz, Cruz… encore et toujours Cruz, à croire qu'elle revient dans tous les plans foireux ! Merde mais il a couché avec elle quand même c'est dingue d'être aussi crétin que ça. Comment est-ce qu'il a pu ? Mais au fait pourquoi je lui en veux tant d'avoir fais ça ? Je ne suis pas sa petite amie c'est vrai ! Oh comment a-t-il pu être aussi aveugle, elle se sert de lui ! Il me demande encore une fois de l'aider, mais je ne peux pas, je ne le veux pas ! J'en ai marre de jouer les baby-sitters chaque jour. Imaginez Bosco en couche !
Je commence à rigoler, nerveusement et à cause de la vision que je viens d'avoir ; Bosco me regarde, surpris.

Bosco : Faith ?
Faith : Désolée… C'est que… Toi vouloir aider quelqu'un… Ca… Je n'ai rien entendu d'aussi marrant depuis… houlà… Excuse-moi mais c'est plus fort que moi

C'est vrai quoi, Bosco vouloir aider quelqu'un ? Bon c'est vrai qu'en ce moment il est dans les emmerdes à cause de ça, il a voulu aider l'autre pu mexicaine là… Je lui en veux pour ça, c'est humain non ? Quant à ce que je viens de lui dire, je crois que c'était injustifié. Oh non, le voilà qui recommence à pleurer ! Mais on n'est plus à la maternelle ici, on dirait un bébé ! Il est si mignon comme ça… Il se tourne puis sort dans le couloir. Qu'est-ce que j'ai fais ? Bien sûr que je lui en veux, mais jamais je ne pourrai le détester. Il faut que je le rattrape, mais j'en doute. Après tout… Après tout oui… non ? Je me précipite sur le pallier, et je crie son nom. Mais il ne se retourne même pas. Qu'est-ce que j'ai fais, mais qu'est-ce que j'ai fais ?