Infirmière : On le perd
Docteur : Chargez à 300

Le corps de Bosco se déplace avant de retomber sur le brancard. Rien, toujours rien. Faith sent son cœur se serrer à chaque électrochoc que son partenaire subit ; sa poitrine se soulève en même temps que celle de son ami. Mais elle n'a plus cet étrange sentiment, cette sensation de savoir Bosco toujours parmi eux ; plus rien ne le retient ; plus rien ne les lie.

Les larmes coulent sur les joues de Doc, il ne peut pas les retenir, il n'essaye pas de les retenir. Son boulot est de sauver des vies, et il le fait au mieux tous les jours que Dieu fait, mais aujourd'hui un de ses amis a eu besoin de lui, et il n'est sans doute pas arrivé à temps. Il regarde le corps inerte de Bosco se soulever puis retomber ; minute après minute. Il a peur, il est effrayé ; effrayé que son ami parte, qu'il ne soit plus jamais parmi eux, à rigoler comme à son habitude. Sa gorge est en feu à force de retenir ses sanglots et ses cris. Il appuie sa tête contre la vitre et ferme les yeux.

Carlos est toujours à côté de l'ambulance, assis par terre. Il n'a quasiment jamais pleuré ; et aujourd'hui encore il essaye tant bien que mal de retenir ses larmes. Il ne peut pas rentrer à l'intérieur, pas pour voir ça ! Il ne sait pas ce qui se passe mais a un mauvais pressentiment. Son ventre n'a jamais été aussi noué avant, même lors de ses partiels. Il ne sait pas ce qu'il ressent, si c'est de la peur, de la colère… peut-être les deux à la fois ! Comment un policier a-t-il pu être trahi par deux des siens ? Pourquoi Bosco ? Une envie de révolte émerge à Carlos, il a envie de se défouler, d'évacuer cette colère, ce désespoir qui s'empare de lui. Il a apprit à être fort ; sa jeunesse n'a pas été très joyeuse, et il a mûrit bien plus vite que les enfants de son âge ; il a apprit à se débrouiller par lui-même, à avoir confiance en lui, à devenir un homme. Mais aujourd'hui les sentiments qu'il a pour Bosco ont consumé cette carapace ; ils l'ont percé ; l'ont creusé au plus profond jusqu'à atteindre son cœur, ce cœur que Carlos s'était acharné à durcir et à protéger. Cette carapace a été détruite, a fondu, et Carlos part en même temps qu'elle. Il se lève, son ami à besoin de lui. Il faut qu'il y aille.

Bosco est assis dans une chambre d'hôpital, à côté du lit sur lequel il a été mis lorsqu'il s'est évanoui. Hyu se tient debout à côté de lui, regardant le bandage entourant la tête du petit Bosco.

Bosco : Ca a été ma première blessure de guerre !
Hyu : Il faut un commencement à tout
Bosco (lâchant un petit rire): C'est peut-être là que mon cerveau a commencé à se fêler !... (Redevenant sérieux) : J'ai l'impression que ma vie n'a été faite que d'échecs. Je n'ai pas su protéger ma mère ; alors que j'aurai du ! Et Faith, la seule personne qui se soucie réellement de moi, je l'ai laissé partir. A la place j'ai choisit une mégère, qui a laissé son amant me tirer dessus. Pourquoi je prends toujours la mauvaise décision, Hyu ?
Hyu : Tu prends la voie qui te paraît le mieux.
Bosco : Mais tout ce que je fais je le fais mal, et je blesse ceux qui tiennent à moi. Même si je revenais, comment Faith pourrait-elle un jour m'adresser de nouveau la parole, sérieusement ? Je lui ai menti ; par deux fois, je l'ai regardé dans les yeux et je lui ai menti. Je me mets toujours les gens à dos.
Hyu : La décision t'appartient, à toi et à toi seul.
Bosco : Aidez-moi
Hyu : Je dois y aller.
Bosco : Où ça, où, Hyu, dites-moi
Hyu : Retiens ça, petit, beaucoup de gens tiennent à toi !

Hyu sort de la chambre, Bosco le suit mais se retrouve seul au milieu du grand couloir. Personne, pas de médecins, pas d'infirmières, pas de Hyu ! Bosco retourne s'asseoir et met sa tête entre ses mains. Il sent tout à coup une main sur son épaule et une voix familière à côté de lui

Bobby : Ce genre de décision n'est jamais facile
Bosco (relevant la tête) : Bobby ?
Bobby : Jusqu'au dernier moment j'ai hésité.
Bosco : Qu'est-ce que tu fais là ?
Bobby : Je suis là pour toi
Bosco : Je suis mort alors ?
Bobby : Pas encore, mais presse toi.
Bosco : Je veux repartir mais quelque chose m'en empêche
Bobby : Tes sentiments
Bosco : Pardon ?
Bobby : Tes sentiments, ce sont eux qui t'empêchent de choisir.
Bosco : Mais je veux repartir.
Bobby : Si tu en étais si sûr tu ne serais déjà plus là.
Bosco : Je n'ai pas envie de mourir
Bobby : Personne ne le souhaite
Bosco : Alors quoi ?
Bobby : Cherche la raison dans ton cœur.

Commissariat

Policier1 : Le chinois se réveille !
Policier2 : Il était temps

Dans sa cellule, Hyu ouvre les yeux puis se redresse d'un bon et se retrouve face à deux policiers, prêts à l'interroger. Ils commencent, Hyu les regarde puis une larme s'échappe de son œil. Les flics échangent un regard interrogateur.

Hyu : Je suis désolé.

Dans une autre salle, Cruz est en pleures, devant trois inspecteurs aux regards incendiaires.

Cruz : Je ne voulais pas… Ca ne devait pas se passer comme ça je vous le jure.
Inspecteur1 : Ca ne t'a pas empêché de le laisser emporter le corps de Bosco !

Cruz regarde par la fenêtre et voit cinq policiers revenir, un regard de haine sur leur visage, les mains ensanglantées. Elle tourne alors la tête vers les inspecteurs devant elle et les interroge du regard !

Inspecteur2 : T'inquiète pas ma jolie, on n'a pas l'habitude de frapper les femmes
Inspecteur3 : Quoique dans ton cas, on risque de faire une exception

Infirmière : Toujours rien
Médecin : Merde ! On recommence

Les visages devant la vitre ne sont pas fiers, certains cachent leur peine, d'autres montrent leur dégoût ; le Lieutenant et le Capitaine regarde avec désespoir le corps de leur ami se soulever puis retomber, sans rien. Le Lieutenant s'écarte doucement de la foule et se met à l'écart. Faith regarde le lit, ce lit qu'elle voit désormais vide. Un corps, seulement un corps ; plus rien d'autre. Plus jamais. Le sang ne cesse de s'écouler de son partenaire comme les larmes tombent sur les joues de Faith. Qu'a-t-il fait pour mériter cela ? C'est un flic, un bon flic, sa passion l'a tué, où s'il n'est pas encore mort, il ne va pas tarder. Elle a peur, son âme est là, mais son esprit est avec son partenaire, son meilleur ami, son Bosco, avec la moitié de sa vie.
Carlos arrive et se dirige lentement vers la foule de policiers se trouvant là depuis maintenant 10 minutes. Mais ses jambes refusent de lui obéir, il se trouve paralyser ; il ne peut pas avancer et aller regarder à la fenêtre. Il entend les ordres du médecin et les cris des infirmières ; il voit le Lieutenant pleurer ; les visages défaits ; Doc abattu… Jamais de sa vie entière, pareil sentiment n'était venu à lui. Jamais les larmes n'avaient coulé aussi librement, aujourd'hui était un jour particulier.
Doc continuait à appuyer sa tête à la fenêtre. Il voyait le tube sortant de la bouche de Bosco ; une bouche désormais si pâle. Les yeux de son ami étaient toujours clos, pas un tic, pas un sourcillement. Malgré tout, Bosco avait l'air serein, paisible ; comme un petit enfant dans un sommeil paisible. Peut-être était-ce à quoi la mort aspirait. Doc sentit une sensation bizarre se former ; il se précipita alors vers la sortie ; passant devant Carlos, sans réaction. Une fine pluie recouvrait la ville, un air frais se dégageait. Doc déglutit avec peine. Il a du mal à reprendre son souffle. Lorsqu'il relève la tête, la nuit fait place ; la ville est éclairée de mille feux ; la pluie fine ressemble à du cristal à travers les lumières. Doc sait combien Bosco aime ce paysage. C'est peut-être un signe.

Bosco : J'ai brisé ma promesse. J'ai dit à Faith que je serais toujours là pour elle, pour la protéger.
Bobby : Et tu seras toujours à ses côtés.
Bosco : Je serais toujours capable de la protéger ?
Bobby : Où qu'elle soit, tu seras avec elle.
Bosco : C'est ma vie, c'est mon cœur ; c'est elle qui vient toujours à mon aide, toujours elle qui m'aide. Elle a construit ma vie !
Bobby : Part avant que tu ne puisses plus faire marche arrière.
Bosco : Tu es sûr ?
Bobby : Tu l'aimes ?
Bosco : Enormément. Je n'ai jamais aimé quelqu'un comme ça de toute ma vie. Je mourrais pour elle si elle me le demandait. Chaque jour de ma vie elle a été présente, c'est toujours elle qui m'a conseillé ; avant elle je n'avais pas de vie. Je n'étais pas vivant. Elle m'a donné l'envie de continuer. Je ne veux pas lui dire au revoir
Bobby : Tu ne lui diras jamais adieu !
Bosco : tu en es sûr ?
Bobby (posant une main sur le cœur de Bosco) : Toujours !

Bosco se lève et regarde le petit Bosco. Il lui dépose un baiser sur le front puis se tourne vers la porte ouverte de la chambre

Bosco : Merci Hyu.

Il se tourne ensuite vers Bobby

Bosco : J'ai peur.

Le médecin et les infirmières arrêtent et repose le défibrillateur.

Médecin (enlevant ses gants) : C'est finit

Les infirmières regardent le corps de Bosco avec tristesse. Le médecin sort de la pièce.

I can't imagine, any greater fear
Than waking up without you here
And though the sun, will still shine on
My whole world, would all be gone
But not for long

Tout le monde le regarde sans rien dire. Chacun baisse la tête

If I had to run, if I had to crawl
If I had to swim a hundred rivers
Just to climb a thousand walls
Always know that I will find a way
To get to where you are
There's no place that far

La pluie continue de couler. Carlos rejoint Doc dehors, les larmes coulant sur ses joues. Doc se laisse mouiller par la pluie fine, celle que préfère son ami. Lorsqu'il voit Carlos arriver, les joues luisantes, il se laisse tomber à terre. Les lumières jouent avec les ombres de la nuit, Carlos se met à côté de Doc et tous les deux pleurent en silence.

It wouldn't matter why we're apart
Lonely minds, or two stubborn hearts
Nothing short of God above
Could turn me away from your love
I need you that much

Le corps de Ronnie est jeté dans une poubelle. Les policiers la referment puis s'éloignent en silence. Cruz retourne dans sa cellule. Elle pleure.

If I had to run, if I had to crawl
If I had to swim a hundred rivers
Just to climb a thousand walls
Always know that I will find a way
To get to where you are
There's no place that far

Bosco regarde une dernière fois Faith, il est à côté d'elle mais elle ne le voit pas. Elle pleure. Il lui frôle visage.

Bosco: Ne pleure pas! Je serais toujours là!... (à Bobby) J'ai prit la bonne décision?
Bobby: Elle ne t'oubliera pas, mais tu aurais fini par lui faire du mal.
Bosco: Son mariage? Elle m'aime?
Bobby: Elle n'a jamais cessé de t'aimer, Bosco!
Bosco: Je veillerais sur toi, Faith! Je serais là pour toi! Pour toujours.
Bobby: Bosco!
Bosco (embrassant Faith sur le front): Je dois y aller. Je t'aime!

Il se redresse, va vers Bobby, se retourne vers Faith, puis Bobby le prend par le bras et ils s'en vont.

Baby there's no place that far.

Note de fin : J'espère que ce dernier chapitre vous a plu et d'ailleurs que toute l'histoire vous a plu. J'ai ajouté Bobby à cette histoire pour les mélancoliques, en plus je trouvais que c'était le seul personnage à pouvoir intervenir dans ces conditions J'attends vos commentaires