CHAPITRE 3

Bureau de Swersky

Swersky : Est-ce que tu te rends compte ?

Bosco était dans le bureau de son patron et le regardait sans rien dire. Tout lui était égal désormais, même si son travail lui glissait entre les doigts, alors pourquoi continuer et rester ?

Swersky : je ne te comprends plus, là !

Bosco secoua la tête
Swersky : Boscorelli, tu m'écoutes
Bosco : Si ce mec veut porter plainte, qu'il le fasse !
Swersky : Tu risques d'être renvoyé Bosco !
Bosco : Et alors ?

Cette dernière phrase transperça Swersky qui s'immobilisa. Lui qui était habitué à ce que Bosco prenne les devants… Son Officier ne réagissait même plus, le type qu'il avait tabassé venait de porter plainte pour abus de pouvoir et coups et blessures, et c'est comme si Bosco n'attendait que ça.

Swersky : Ecoutes Bosco, je ne sais pas ce qui t'arrive en ce moment, mais ressaisis toi.

Bosco le regarda puis se leva.

Bosco : Vous savez quoi patron ? J'en n'ai plus rien à faire, ce mec est comme tout les autres, à dealer toute la journée. Et c'est sa défense qu'on prend ! C'est pas pour ça que je suis rentré dans la police, boss, je pensais que la justice…
Swersky : La justice ? Tu l'as frappé !
Bosco : il le méritait
Swersky : On se doit de faire respecter la loi, pas de l'enfreindre. Mais qu'est-ce qui t'arrive à la fin ? C'est ta vie que tu joues, Bosco ! Je suis obligé de te suspendre.

Bosco sortit sa plaque et ses armes puis les déposa sur le bureau.

Swersky : Quoi ? C'est tout ? Pas de contestation ? Tu baisses les bras comme ça ? Ton job Bosco, tu risques de le perdre t'en es conscient ? Le reste de ta vie….
Bosco : Ma vie ? Ca fait bien longtemps que je l'ai gâché !

Sur ce il sortit du bureau sous les yeux médusés de Swersky. Il bouscula Sully.

Sully : Tu peux pas faire attention, non ?

Mais Bosco partit sans rien dire. Sully se dirigea vers son supérieur.

Sully : Tout va bien ?
Swersky : Non, rien ne va !

Faith arriva dans les vestiaires, essoufflée. Elle était en retard et ça la soulageait d'un certain côté, elle ne voulait pas croiser Bosco. Son ami se comportait de façon vraiment étrange ces derniers temps. Elle n'avait pas arrêté d'y penser toute la nuit, sans doute avait-elle été trop dure la nuit d'avant, mais il fallait qu'il reprenne le dessus. Elle savait combien Bosco était vulnérable en ce moment, même s'il essayait de le cacher, sans grand succès. Elle scruta la pièce rapidement, de peur de tomber sur le regard noir de son ancien partenaire. Mais rien. Il n'était pas là. Faith sentit une sensation bizarre l'envahir.

Son instinct ne lui disait rien de bon, mais pour une fois elle ne l'écouterait pas, elle avait autre chose à faire. Il était peut-être malade, tout simplement.

Jelly : En retard, encore !
Faith : Désolée.
Jelly : Je comprends, ça te mine !
Faith : De quoi tu parles ?
Jelly : Je suppose que c'est à cause de ce qu'il s'est passé tout à l'heure !
Faith : Tu parles de quoi ?
Jelly : T'es pas au courant ?
Faith : Au courant de quoi ? Joues pas avec mes nerfs aujourd'hui
Jelly : Oups !

Sully : Je sais qu'il y a été un peu fort, Lieutenant, mais il ne va pas très bien en ce moment.
Swersky : J'ai l'air de quoi ? D'un psy ? C'est pas de ma faute s'il a des problèmes, mais il doit les régler, au plus vite Sully tu m'entends ? Je ne pourrais pas le couvrir cette fois. A peine de retour il fait des conneries.
Sully : Ce mec ne l'a pas volé

Faith arriva en furie dans le bureau.

Faith : C'est vrai ?

Sully et Swersky la regardèrent, puis baissèrent la tête en sachant très bien de quoi elle parlait.

Faith : C'est vrai ?
Sully : Faith…
Faith : Quel abrutit ! J'en reviens pas ! Et il ne s'est pas défendu en plus.

Elle tourna le dos et commença à partir lorsque Sully la retint.

Faith : Quoi ?
Sully : Ecoutes, Bosco est loin d'être mon meilleur ami, d'accord ? Mais il faut faire quelque chose, Faith ; t'es la seule qu'il pourra écouter.
Faith : J'en ai marre de jouer aux mamans poules.
Sully : Je sais, je sais tout ça, mais ce qu'il a fait, baisser les bras comme ça, c'est pas lui, Faith !

Faith secoua la tête, elle avait voulu se convaincre que Bosco pourrait se débrouiller seul, comme il l'avait fait face à sa thérapie, et elle ne comprenait pas où ça n'avait pas marché, il avait semblé l'air mieux, mais lorsqu'elle l'avait entendu parlé, après avoir fracassé le type, elle avait eu peur. C'est comme si la vie de son ami n'avait plus d'importance pour lui, tout lui était égal. Il était arrivé à un point de non retour… Non, elle pouvait encore faire quelque chose, après tout ce qui lui était arrivé, tout ce qu'il avait affronté, elle ne pouvait pas le laisser se décourager.
Il se sentait coupable de la mort de son frère, et le voir si hanté par quelque chose n'était pas habituel, et c'est ça qui l'effrayait.

Faith : Ca fait combien de temps qu'il est partit ?
Sully : Au moins 2 heures ! Il est venu tôt

Faith se saisit de son portable.

Bosco était chez lui, il voyait sa vie défilée, encore et encore, devant ses yeux, sa mère se faire battre, lui ne pouvant rien faire, Hobart se faire tuer et lui, une fois de plus, impuissant. Puis Mikey, son petit frère ! D'un geste de rage il balança le verre vide et la bouteille devant lui par terre. Comment avait-il pu en arriver là, laisser tout ça se produire, il était seul fautif, toujours à vouloir jouer le fier, l'innocent, mais le problème c'était lui !

Il revit Faith la nuit précédente lui dire que plus personne ne serait là pour lui, même elle, sa meilleure amie, le laissait tomber. Que lui restait-il désormais ? IL faisait souffrir tout les gens qu'il aimait, il ne pouvait plus continuer, s'il allait en tôle à cause de la plainte, il ne tiendrait pas plus de 2 minutes enfermé avec tous les criminels qu'il avait arrêtés.

Il se leva, alla dans sa chambre, puis sortit un coffret où se trouvait une arme, l'arme que lui avait donné Hobbart. Il retourna dans le salon, prit une feuille, s'installa dans son sofa, l'arme près de lui. Il voulait appeler Faith, mais même elle le délaissait. Il ne lui en voulait pas, elle l'avait supporté pendant 13 ans, et bien qu'elle ait toujours été à ses côtés à l'hôpital, il s'était peu à peu détourné d'elle. Elle avait une autre vie maintenant, Détective ! Il était heureux pour elle, il fallait qu'elle se reconstruise désormais, et il la faisait plus souffrir qu'autre chose. Pourquoi était-ce si difficile pour lui d'avouer les choses, les sentiments, ses sentiments vis-à-vis d'elle.

Il aurait dû le faire lorsqu'il était encore temps, maintenant elle le détestait, il en était sûr. Qui pourrait bien le regretter ? Sully lui avait dit qu'il le haïssait, Ty… que Bosco croyait être son ami ; n'était pas venu le voir… Bosco savait que son attitude passée y était pour quelque chose dans tout ça. Et il allait enfin régler le problème.

Il commença à griffonner quelques mots lorsque son téléphone sonna, mais il ne prit pas la peine de répondre. Sa messagerie se mit en route mais ça raccrocha avant d'avoir laisser un message. L'esprit de Bosco commençait à être embrumé par l'alcool, il avait eu besoin de se soulager, mais l'alcool n'avait fait qu'aggraver son état.

Son portable sonna alors, mais il n'y prêta pas attention. Il fallait qu'il en finisse… Si seulement Faith était là…

Commissariat

Sully : Quoi ?

Faith fronça les sourcils.

Faith : il ne répond pas ça m'inquiète
Sully : quoi ?
Faith : Hier je… je lui ai dis certaines choses que je n'aurai pas dû, je ne les pensais pas mais il m'a énervé …
Sully : c'est que tout n'est pas perdu…
Faith : Tu ne comprends pas, il n'est pas bien en ce moment, et…
Sully : Faith ?

Il vit les yeux de son amie s'embrouiller de larmes.

Sully : Oh ! Qu'est-ce que tu me fais là ?
Faith : J'ai peur pour lui Sully, et j'ai aussi peur que ce que je lui ai dis hier soir l'ai blessé.
Sully : C'est Bosco il s'en remettra.

Elle reprit son portable, essaya une nouvelle fois de le joindre, laissa un message mais rien. Cette sensation étrange qui filtrait en elle devint plus présente, elle connaissait Bosco, trop bien même.

Faith : Faut que j'aille le voir
Sully : Pourquoi ?

Faith regarda Sully qui comprit

Sully : Me dit pas que…
Faith : Je … J'en sais rien
Sully : C'est pas vrai. Pas lui Faith, c'est le mec le plus battant que je connaisse. Il a toujours été dégoûté par les gens qui font ce genre de choses, et puis tout ce qu'il a traversé…
Faith : le problème c'est qu'il a été trop seul pour affronter ça, Sul.

Ils se regardèrent puirent se dirigèrent vers l'extérieur du commissariat.

Swersky : Vous allez où là ?
Sully/Faith : une urgence !

Every night
You wrote another line
With a bloody, broken, bottle
And every day
You wish it away
Why don't you pull the pin
On that grenade you cuddle

Dans la patrouilleuse, Faith tentait toujours de joindre son ami.

Faith : Merde c'est pas vrai !

Elle sentait les larmes de rage et de terreur monter.

Sully : On y est presque !
Faith : Répond Bosco !

Sully prit son portable.

Faith : Tu fais quoi là ?
Sully : Davis ?...

I wanted to believe
Body swinging from trees
Struggling to stand
With you head in you hands
A stoic last stand
Of a dying man

55 Edouard

Finney s'alerta lorsque Ty raccrocha, mis les sirènes puis accéléra

Finney : Quoi ?

Mais Ty était perdu dans ses pensées, après ce que lui avait dit Sully, il sentait la terreur le gagner. Comment avait-il pu passer à côté de ça, ignorer son ami.

Finney : On va où là ?

Bosco posa son crayon, il ne savait même pas pourquoi il avait écrit cette lettre. Cette lettre qui reflétait un homme brisé, sans attaches, un homme perdu dans un gouffre sans fond. Toute cette vie qu'il avait construite s'émiettait entre ses mains, comme un souffle sur un château de carte. Cet homme brisé, ce n'était plus lui, il ne se reconnaissait plus. Il fallait qu'il en finisse, il n'en pouvait plus, ce monde dans lequel il avait évolué, cette bulle, ce masque était enfin tombé, il n'avait plus la force, il avait essayé, toutes ces années, mais tellement inutiles. Pourquoi, qu'avait-il fait ?
I wanted to believe
As I watched you world
Crumble in you hands
I wanted to believe
As you raised your glass
To your last stand
And I wanted to believe
You would win
The war in you heard
That I did not understand
That I did not understand

Chaque minute lui devenait pénible, tout s'en allait, jusqu'à son âme. Lui qui avait toujours été contre ces gens, ces lâches, il devenait comme eux, mais c'était sans doute mieux comme ça. Cette existence désormais marquée par des cicatrices, tout comme son visage, pour lui rappeler, chaque jour, ce qui pesait sur ses épaules, cette responsabilité qu'il avait, celle d'avoir laissé tué son frère, d'avoir éloigné les gens qu'il aimait, d'être un lâche, un moins que rien.


Every night
The questions poured out
Of your wounded eyes
Damn dark things
Every day
You used to pray
Listen to the black raven sing
You wanted to believe
As you were falling to your knees
Struggling to stand
With you life in your hand
The sad last stand
Of a broken man.

Il regarda l'arme d'Hobbart. C'était peut-être pour ça qu'il lui avait donné, il aurait dû le tuer ce jour là, sur le toit, ça lui aurait évité toutes ces souffrances. Il prit l'arme puis la regarda. Hobbart savait. Désormais c'était son tour. Il ne pouvait plus rien faire d'autre. Il entreprit de la charger, une balle suffirait.

Bosco laissa échapper les larmes qui menaçaient depuis près de cinq minutes. Ses mains tremblaient, il était seul face à son destin. Il regarda une photo de sa mère, puis de son frère

Bosco : Désolé Maman… Mikey, bro…

Il ne se contrôlait plus, il se mit à pleurer et trembler frénétiquement

I wanted to believe
As I watched you world
Crumble in you hands
I wanted to believe
As you raised your glass
To your last stand
And I wanted to believe
You would win
The war in you heard
That I didn't understand
That I didn't understand

Il plaça le canon de l'arme contre son menton, alors que la cross touchait par terre.

And the questions pour out
And the questions pour out
I did not understand
I did not understand
I did not understand
The sound of you falling
I did not understand
As the trembling heart of a man
Did not understand
The sound of a trembling heart.

Il regarda une photo de Faith, les larmes coulant sur le visage de son ex-partenaire et meilleure amie. Il enchâssât l'arme.

Pour Mikey mon frère, Pour Faith mon amie, pour Cruz que j'ai aimé, pour ma mère que je ne mérite pas.

Il plaça un doigt tremblant sur la détente.

TBC…