CHAPITRE 5
Ne
pas savoir par où commencer, ça a toujours été
mon problème. Toujours trop d'idées se mélangeant
dans ma tête, trop d'envies, trop de regrets… Le regret
de ne pas avoir été cet homme fort que j'aurai dû
être face à mon père, de ne pas avoir été
ce frère que j'aurai pu être ; de ne pas avoir été
ce fils dévoué, de ne pas avoir réussi à
les protéger. Et cette réalisation qui me heurte
désormais est la punition que je mérite. Mes démons
me hantent mais je ne peux les faire partir, mes cicatrices me
rappellent chaque jour mes échecs. Mon esprit vagabonde
mais mon corps n'est plus là. Plus depuis ce jour, mon
âme est partie avec lui, ce frère que je connaissais
à peine, cet homme que je n'ai pas aidé, ce sang
qu'il a versé.
Comment vous dire, à toi
Maman, à toi, Faith, ce que vous représentez pour
moi. Je ne peux plus trouver les mots désormais, ma plume
bute sur ce papier qui n'a d'ailleurs rien à faire
ici.
Comment affronter ce dont j'ai toujours eu peur ? MA
propre peur, celle de vous décevoir, de ne pas être
à la hauteur. Je me suis toujours caché, désormais
je suis nu, devant cette feuille pourtant si insignifiante, mais
qui me fait mal. Cette lettre me détruit, plus j'écris
et plus j'ai mal. J'aurai dû, je n'ai pas pu. Pas pu
vous protéger, vous laisser tomber. Cette larme que je
verse est désormais celle non plus de la souffrance mais
de la délivrance. J'aurai tant aimé être
l'ami parfait, Faith, et te dire tout ce qui brûle au
fond de moi depuis plusieurs années. J'aurai voulu que
tu sois fière de moi, maman. La seule chose dont je sois
sûr désormais est que vous êtes ce qui m'est
arrivé de plus beau dans la vie, et que jamais je n'en
serais arrivé à être cet homme que vous
croyez si invincible, sans vous. Vous m'avez donné la
force, le courage, la fierté de rester la tête
haute, à vous être occupé de moi sans vous
souciez du regard des autres.
A tous mes collègues, ne
laissez jamais tomber, battez vous.
J'ai essayé, je
me bats depuis ma naissance, mais je dois maintenant affronter
mes démons, seul. Je regrette déjà de te
laisser, Faith. Maman, saches que je t'aime de tout ce qui
reste de mon âme. Mon âme sœur, je l'ai trouvé
depuis 13 ans maman, toi qui t'inquiétais de ne pas voir
ton fils tenir une relation ; ne soit pas inquiète, durant
tout ce temps elle était sous mes yeux. Faith, saches que
je ne veux plus te faire souffrir, tu as toujours été
là pour moi, et mon cœur en dit bien plus que ma plume
veut écrire. Les deux femmes de ma vie que je laisse ici.
Meurtri je vous laisse, mais libéré je pars.
Pour Toujours
Bosco.
I
can't imagine any greater fear
Than walking up without you
here
And though the sun would still shine on
My whole
world would all be gone
But not for long
Bosco déchira cette lettre qu'il avait écrite deux mois auparavant, lors de cette journée où il avait voulu terminer sa vie, un cauchemar désormais terminé. Il sentit deux bras autour de sa taille, et une douce voix au creux de son oreille.
Faith : Et si on y allait maintenant?
If I
had to run
If I had to crawl
If I had to swim a hundred
rivers
Just to climb a thousand walls
Bosco regarda Faith, toujours aussi bienveillante, resplendissante. Ce jour là, elle lui avait avoué des sentiments qu'il ne pensait pas partagés. Et ils ne s'étaient plus jamais quittés. Il venait de passer deux mois suivis par des psychologues, et il ressortait libéré, grâce à elle, son amie de toujours, son être cher, son ange. Elle l'avait soutenu ; et il avait enfin réussi, grâce à son amour, et à l'amitié grandissante et de plus en plus présente de ses collègues.
Always know that I would find
a way
To get to where you are
There's no place that far
Pour la première fois en deux mois il sentait enfin l'air sur son visage, et cette cicatrice qu'il tentait de cacher était à l'air libre, il se sentait léger, libéré.
Ty : Alors
Bro ? Heureux ?
Sully : Contant de te revoir Bosco
It
wouldn't matter why we're apart
Lonely months, two stubborn
hearts
Nothing short of God above
Ses deux amis étaient venus à la sortie, pour le chercher. Finney aussi était là, il avait appris à connaître ce jeune qui lui ressemblait finalement par bien des côtés.
Finney : Prêts à revenir ?
Could turn me
away from your love
I need you that much
Bosco regarda Faith, lui serra la main puis l'embrassa avant de tourner la tête.
Bosco : Plus que jamais
Ils descendirent les marches de l'hôpital, et pour la première fois depuis un an, Bosco était heureux de vivre.
Always know
that I would find a way
To get to where you are
There's
no place that far
END.
