CHAPITRE II : New – risen – god – hollow
Le lendemain, Morgane fut tirée de son sommeil par des chuchotements tout autour d'elle qui n'avaient rien de discret. La jeune fille émergea lentement de son sommeil, se redressa difficilement et cala un oreiller derrière son dos. Il lui fallut quelques minutes avant de se rappeler où elle était. Poudlard, école de sorcellerie…
- Allez, debout !
Lança une grande fille brune à l'air enjoué.
Tu ne voudrais pas être en retard à ton premier cours,
tout de même ?
- Heu, non bien sûr, répondit
Morgane en clignant des yeux.
Elle s'habilla rapidement et descendit dans la Grande Salle, où de nombreux élèves mangeait déjà avec appétit. Après un rapide petit-déjeuner, Morgane décida de suivre la fille brune de tout à l'heure, qui devait certainement être en septième année également. Elle jeta un bref coup d'œil à son emploi du temps : lundi matin, 2 heures de Botanique, Mrs. Sprout, serre n°4. « C'est parti », pensa-t-elle. Devant la serre en question, plusieurs élèves de différentes maisons se pressaient et parlaient avec agitation. Morgane réussit à entendre des bribes de conversation comme « … très dangereux, c'est la première fois » ou encore « réservée aux septième année… ». Mais le silence se fit soudainement, alors qu'une petite dame à lunettes vêtue d'une robe verte s'avançait pour ouvrir la porte aux élèves.
- Bonjour à tous ! Allons, dépêchez-vous de vous installer, nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous ! Comme vous le savez tous, vous entamez votre septième année d'étude à Poudlard, par conséquent vous êtes maintenant autorisés à pénétrer dans la serre n°4, jusque là interdite aux élèves. Je vous recommande donc de faire extrêmement attention car les différentes plantes sont toutes dangereuses et doivent être manipulées avec précaution. Les gants de protection sont obligatoires pendant tous les cours à partir de maintenant. Nous allons commencer aujourd'hui par un petit travail pratique sur l'épitaxis de Scandinavie. Quelqu'un pourrait-il me rappeler les caractéristiques principales de cette plante ?
La jeune fille assise à côté de Morgane leva la main.
- Il s'agit d'une plante
carnivore qui ne se trouve que dans certaines régions au Nord
de la Norvège, elle pousse en général au pied de
hautes montagnes. La plante a besoin de températures polaires
pour survivre, il semblerait même que le froid soit directement
responsable de la croissance en longueur de la tige et des feuilles.
La plante est très dangereuse car elle est attirée par
toute odeur de chair et sa morsure peut entraîner une paralysie
du membre touché, ou même une paralysie générale,
selon l'âge et la puissance de la plante.
- Parfait, Miss
Horslow. Cinq points supplémentaires pour Serpentard, dit Mrs.
Sprout.
Morgane étudia de plus près sa voisine. La jeune fille était grande et mince, avec des cheveux très lisses d'un noir de geai et des yeux d'un bleu extrêmement clair, presque métallique. Quelques taches de rousseur éparses réparties gracieusement sur son nez lui donnaient un air quelque peu enfantin, contrasté cependant par la blancheur extrême de sa peau et par ses fines lèvres qu'elle tenait fermement serrées l'une contre l'autre. Morgane était impressionnée par l'impression d'assurance et de maîtrise d'elle-même que sa voisine dégageait. L'intéressée se tourna justement vers elle et lança d'un air désinvolte :
- Oh, je suppose que tu
dois être la nouvelle. Ne te laisse pas impressionner par les
autres élèves de ma maison, ils jouent souvent au plus
malin mais dès qu'il s'agit de faire face au danger, ce
sont les premiers à tourner le dos. Je m'appelle Gwendoline.
Gwendoline Horslow.
- Morgane Greene. Tu n'as pas l'être
d'être très amie avec les autres Serpentard…
- Je
ne suis pas certaine d'avoir les mêmes idéaux qu'eux.
Ils me sont indifférents.
Les deux adolescentes furent coupées par un « silence » sévère du professeur de botanique, qui poursuivit en expliquant quelle serait la marche à suivre pour le travail pratique d'aujourd'hui : « Rien de bien compliqué pour commencer, il s'agit simplement d'observer le comportement des épitaxis face aux différents changements de température. Maintenant ouvrez les boîtes qui se situent devant vous et soyez prudents. Vous avez une heure et demi. »
Les deux filles se mirent au travail, faisant varier les températures de la boîte en verre qui contenait leur épitaxis. Morgane fut surprise de ne trouver qu'une toute petite plante rabougrie aux couleurs rougeâtres. Sur le couvercle de la boîte était écrit : « Epitaxis de Scandinavie n°7, catégorie 3, âge approximatif : 18 jours ».
- C'est drôle, on dirait que la
plante est attirée par toi ! fit remarquer Gwendoline.
-
N'importe quoi, répondit Morgane en riant, qui n'avait
rien observé de particulier.
Dès que le cours de botanique fut terminé, Gwendoline tira Morgane par la manche et l'entraîna avec elle.
- Tu viens ? Nous avons une heure de libre, le professeur de Défense Contre les Forces du Mal ne doit arriver que la semaine prochaine !
Les deux jeunes filles allèrent s'installer dehors sur l'herbe, afin de profiter du doux soleil de ce début de mois de septembre et de bavarder en toute tranquillité. La grande Serpentard aux cheveux noir s'allongea par terre et soupira d'aise.
- Profitons des températures encore agréables
et prions pour que les professeurs ne nous surchargent pas trop vite
de travail ! Avec les ASPIC à la fin de l'année,
il ne faudrait d'ailleurs pas s'en étonner… As-tu une
idée de ce que tu voudrais faire plus tard ?
- Pas la
moindre… Tu sais, je ne suis même pas certaine de travailler
dans le monde des sorciers.
- Et pourquoi pas ? Que ferais-tu
d'un travail de moldu ? fit Gwendoline avec un dédain
non feint.
- Qu'est-ce que tu as contre les moldus ?
-
Je trouve simplement dommage de se priver de l'utilisation de
capacités magiques certaines et de faire mine de se complaire
dans un travail qui au fond de vous convient pas.
- Tu as sûrement
raison, répliqua Morgane en riant.
- J'allais oublier…
J'ai une lettre à envoyer, accompagne moi à la
volerie, je te ferai découvrir comment marche le système
du courrier sorcier !
Les deux élèves grimpèrent les marches de la haute tour du château menant à la volière. Morgane découvrit une petite pièce remplie de hiboux et chouettes de toutes tailles et de toutes espèces, chaque animal attendant sagement dans sa cage qu'on vienne lui confier quelconque missive à aller porter à destination. Gwendoline sortit une petite enveloppe jaunie scellée par un cache pourpre et l'attacha rapidement à un hibou grand duc qui s'envola par la fenêtre d'un battement d'ailes.
- A qui écris-tu ? s'enquit
Morgane, curieuse.
- Cela ne te regarde pas, répondit
vivement la Serpentard.
Piquée, Morgane fit mine de ne pas relever la remarque et poursuivit sa visite de la volerie. Cependant, l'heure tournait, et les deux jeunes femmes durent reprendre leurs cours de la journée respectifs.
Il devait être environ dix heures du soir lorsque Morgane s'installa dans l'un des confortables canapés de la salle commune des Serdaigle. Les professeurs ne leur avaient pas encore donné de devoirs, à son grand étonnement, c'est pourquoi elle avait prévu de lire un peu avant d'aller se coucher. Elle ouvrit son manuel « Sorts et enchantements, niveau 7 » et parcourut les pages distraitement, s'arrêtant de temps en temps lorsqu'un chapitre lui semblait intéressant. C'est alors qu'elle se rappela de la proposition de Dumbledore, à propos de la salle d'entraînement du deuxième étage. Elle reposa son livre, s'empara de sa baguette et sortit discrètement de la salle commune. Déambulant dans les couloirs de l'école et faisant son possible pour ne pas se faire remarquer, la jeune fille gagna rapidement le deuxième étage. Il faisait déjà nuit, c'est pourquoi Morgane murmura un « Lumos » qui éclaira aussitôt sa baguette, afin de trouver la porte qui menait à la bonne salle. Elle parcourut tout le couloir dans un sens mais rien ne semblait correspondre à la description du vieux directeur. Fronçant les sourcils, Morgane fit demi-tour et entreprit de faire le trajet inverse. C'est alors qu'elle remarqua une vieille porte en bois dont les planches ne semblaient devoir leur tenue qu'à quelques clous mal plantés. « Pourquoi n'y ai-je pas fait attention tout à l'heure ? » se demanda la jeune fille en poussant la porte. Elle déboucha sur une grande pièce vide… ou presque. Morgane crût distinguer une imposante masse noire au bout de la salle. Elle se dirigea intriguée vers le drôle d'objet et découvrit avec étonnement un superbe piano à queue. Elle caressa les touches de l'instrument, rêveuse. Elle avait joué du piano étant plus jeune et était même plutôt douée. Mais tout cela remontait à si longtemps… Elle s'assit sur le siège de velours et posa ses mains un peu maladroitement sur le clavier poussiéreux. Elle n'osait appuyer sur les touches, de peur, peut-être, de mettre un terme à la magie du moment présent. Elle leva les yeux et découvrit de vieilles partitions où semblaient danser une foule de notes de musique. Pas d'auteur. Pas de date. Juste un titre, une suite de mots sans aucun lien : New – Risen – God – Hollow. Puis la jeune fille se lança et fit parcourir ses doigts rouillés par le manque de pratique sur les touches qui s'enfonçaient et se relevaient dans un rythme lent, faisant s'élever un à un des sons mélodieux. Morgane tentait de se rappeler un de ses vieux morceaux, c'est pourquoi elle butait parfois, trébuchait, se reprenait et continuait, toujours la même ronde, dans une cadence obstinée, jusqu'à obtenir un accord parfait entre l'œuvre et la musicienne. La jeune femme osa alors fermer les yeux et se laissa emporter par la musique. Le morceau n'était guère compliqué, simplement une petite pièce de son enfance, mais il semblait éveiller en elle une passion profondément enfouie et raviver quelques vieux souvenirs. Dans son désir de ne faire qu'un avec son instrument, Morgane sembla se détacher du décor qui l'entourait pour ne plus se concentrer que sur le morceau. Inlassablement elle reprenait, note par note, mesure par mesure. Elle n'avait à présent plus conscience que de la musique qui résonnait mélodieusement à ses oreilles et lorsque le morceau prit fin, Morgane avait perdu toute notion du temps. Il lui semblait seulement qu'elle revenait d'un lointain rêve éveillé… Elle dut cligner des yeux plusieurs fois avant de se réhabituer à la lumière, pourtant faible, qui éclairait la grande pièce. Sa tête lui tournait un peu et elle se rendit compte que ses mains étaient froides lorsqu'elle les porta à son front. Morgane estima qu'il était bien trop tard pour espérer s'entraîner à quelconque sort et repartit en direction de son dortoir sur la pointe des pieds, espérant secrètement qu'aucun professeur n'aurait la mauvaise idée de croiser sa route… Fort heureusement, elle ne rencontra personne et réussit à rejoindre son lit sans se faire remarquer. Elle mit quelque temps avant de s'endormir, encore étourdie par sa découverte nocturne. New – Risen – God – Hollow.
