Vingt ans après

Ecrit par Akari (alias Florian) - Traduit par Cybèle Adam

Disclaimer:

Les personnages n'appartiennent ni à l'auteur de cette fic ni à la traductrice
mais, comme chacun sait, à Mrs J.K. Rowling.
Bien entendu, cette histoire ne rapporte pas le moindre centime à Akari ni à Cybèle.

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Notes de la traductrice:

Joyeux Noël, tout le monde !

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Chapitre 2

Harry passa tout le reste de la semaine dans un tel état d'agitation que même les remontrances du professeur McGonagall et les punitions de Snape ne parvinrent pas à l'atténuer.

"Mais enfin, Harry, tu ne voudrais pas te calmer ?" lui reprocha Hermione, en ce samedi après-midi tant attendu, tandis qu'ils descendaient vers les cachots.

"Vous ne comprenez pas ! Vous vous rendez compte que, quand ils seront mariés, j'aurai vraiment - officiellement - deux pères ?"

"Je déteste devoir te le rappeler, mais leur mariage n'aura aucune valeur dans le monde moldu, donc tu seras toujours confié à la garde de ton oncle et ta tante."

"Hermione, tu trouves toujours la bonne chose à dire au bon moment, hein ?" soupira Ron, agacé.

"Excuse-moi d'essayer de lui expliquer comment ça marche", répliqua la jeune fille d'un ton acerbe.

"Ce n'est pas la peine de se disputer pour ça", intervint Harry. "Sirius est mon parrain même pour les Moldus, donc il pourra très bien demander ma garde dès qu'il aura été innocenté, et on vivra tous les trois ensemble. Voilà, on n'en parle plus."

"Potter, vous allez encore me faire attendre longtemps ?"

Snape se tenait devant la porte de son bureau, appuyé contre le battant. Ses bras croisés à hauteur de la poitrine et son pied battant bruyamment le sol indiquaient clairement qu'il n'était pas disposé à se montrer patient.

"Je ne comprends pas pourquoi le directeur vous a encore permis d'aller voir ces deux-là aujourd'hui. Cette école et mon bureau ne sont pas censés être à votre disposition ! Et dites à Lupin que, la prochaine fois, j'enverrai sa potion par hibou !"

Harry répondit d'un signe de tête, pas très convaincu: chaque fois qu'il partait, le professeur Snape trouvait une nouvelle menace à lui lancer mais, le mois suivant, il retournait tranquillement au Manoir Dumbledore avec le flacon de potion.

En fait, ce qui dérangeait Snape dans son rôle de gardien du Portoloin n'était pas tant l'incursion mensuelle de Potter dans son bureau - il suffisait qu'il lui tourne le dos en feignant de ne pas le voir - mais plutôt les immanquables tentatives que faisait Lady Penny pour traverser le portail et se glisser sous sa robe.

"Potter, dites à Lupin que si je trouve encore ce fantôme dans mon lit, son cher compagnon aura droit à un joli petit séjour à Azkaban !" s'exclama-t-il en s'écartant pour laisser entrer les trois adolescents.

Puis il leur claqua la porte au nez, les laissant seuls dans la pièce humide et froide.

"Dites à Lupin que ceci, dites à Lupin que cela", l'imita Ron. "Harry, je crois qu'il n'a toujours pas avalé le fait que Lupin lui ait préféré Sirius..."

"RON !" s'écria Hermione, qui disposait sur la table les verres dont ils auraient besoin pour atteindre la maison de Lady Penny. "Tu ne vas pas recommencer avec cette histoire ? Ne mets pas encore de drôles d'idées dans la tête de Harry ! Tu te rappelles comme le professeur Lupin s'est fâché quand Sirius et Snape se sont disputés ? Et tu te rappelles comme Harry était bouleversé ? Je ne crois pas que..."

Hermione parlait toujours quand ils pénétrèrent dans le hall de la grande villa écossaise. Lady Penny les accueillit avec une pluie d'étoiles filantes en miel, qu'ils passèrent dix bonnes minutes à décoller de leurs vêtements et de leurs cheveux, puis ils se dirigèrent vers les portraits des cinq anciens maris de la noble dame pour les saluer, et Harry remarqua avec soulagement que Pierre Allard avait retrouvé sa place habituelle - signe que Sirius n'avait pas provoqué de nouvelle scène.

"Harry..."

Entendant son nom, l'adolescent se retourna, imité par ses amis, et pâlit très nettement quand il vit le professeur Lupin descendre l'escalier.

"Re... Remus...", balbutia-t-il en reculant jusqu'à se retrouver dos au mur. "Voilà, on... on a congé aujourd'hui alors... alors Sirius a dit qu'on pouvait venir vous voir, donc tout est de sa faute - nous, on n'y est pour rien !"

Il prononça toute la dernière partie de phrase d'une seule traite, en fermant les yeux dans l'attente de l'inévitable réprimande. Mais, après quelques secondes d'un silence inexplicable, il releva timidement la tête et vit son ancien professeur planté devant lui, bras croisés, l'air contrarié.

"Alors comme ça tu t'arranges pour que Remus soit fâché contre moi, Harry ?"

L'adolescent le fixa d'un air éberlué jusqu'à ce qu'Hermione formule la pensée qui lui avait traversé l'esprit:

"Si... Sirius ?"

"Évidemment ! Qui voulez-vous que ce soit ?" répondit Sirius en rajustant ses vêtements. "J'ai pensé que ce serait bien de boire le Polynectar tout de suite, pour qu'on puisse y aller dès que vous seriez là. Ça fait déjà une heure que Remus est parti avec Dumbledore."

"Pourquoi tu ne m'avais pas dit que tu te transformerais en lui ?" s'écria Harry. "Tu m'as fait peur ! J'ai vraiment cru qu'il avait tout découvert !"

"En combien d'autres personnes crois-tu que j'aurais pu me transformer ? A part moi, il n'y a que lui de vivant dans cette maison. J'ai pris un de ses cheveux et j'ai préparé la potion... D'ailleurs, je suis habitué à son corps. Quand j'étais plus jeune, je me transformais souvent en Remus, parce que j'aimais bien l'odeur de sa peau, et puis j'allais dans la salle de bain et..."

Les trois adolescents fixèrent sur Sirius des yeux écarquillés, et il s'interrompit immédiatement. Puis il reprit, s'éclaircissant la voix:

"Mais peu importe ces détails... Dépêchons-nous, maintenant, puisqu'il faut qu'on soit rentrés avant Moony. J'ai emporté des réserves de potion, donc je ne risque pas de redevenir moi-même pendant qu'on est dehors."

"Excusez-moi... Qu'est-ce qu'on fait, pour lui ?" demanda Ron en indiquant d'un geste de la main une flaque d'eau qui s'était formée sur le sol.

Le regard de Harry remonta le sillage de gouttes qui glissaient le long du mur et s'arrêta sur le tableau sanglotant de Pierre Allard, dont les larmes avaient causé cette petite inondation.

"Tu es cruel, Black !" dit le Français d'une voix étranglée. "Comment as-tu pu prendre l'apparence de mon chéri ?"

Sirius lui pointa la baguette sur le nez.

"Primo, Remus n'est pas ton chéri ! Secondo, comme il n'est pas là pour l'instant, je pourrais décider de donner ta toile au chat d'Hermione pour qu'il puisse s'y faire les griffes. Qu'est-ce que tu penses de ça ?"

Allard soutint un moment le regard plein de défi de Sirius, puis il baissa la tête et la secoua d'un air résigné.

"C'est inutile... Même si je sais que tu es Black, je ne peux pas me fâcher contre ce si doux visage..."

"JE VAIS TE..."

"Sirius !"

Harry s'accrocha à la taille de son parrain pour l'empêcher de se jeter sur le tableau.

"Laisse tomber. On a quelque chose de plus important à faire, tu te souviens ? Et il faut qu'on le fasse aujourd'hui, alors pas d'histoires !"

Sirius abaissa sa baguette à contrecoeur, en grognant doucement à la manière de sa version canine, et enfila son manteau tout en se dirigeant vers la porte.

"Pourquoi ne le consoleriez-vous pas ?" demanda Hermione à Leon Greensbourne avec un petit geste en direction d'un Pierre à l'air de plus en plus désespéré. "Vous formez un si beau couple !"

"Hermione !" l'appela Harry.

La jeune fille se hâta de rejoindre les autres, non sans avoir remarqué que, contrairement à son habitude, Mr Greensbourne semblait étrangement silencieux et embarrassé.

"Il faut qu'on aille jusqu'au Chemin de Traverse ?" demanda Ron quand ils eurent quitté la villa.

"Pas du tout", répondit Sirius. "On trouve de très bonnes boutiques de baguettes ici aussi. On va aller à Koder."

"J'y suis allée à Noël avec le professeur Lupin, vous vous souvenez ?" intervint Hermione. "C'est une très jolie petite ville, mais elle est assez loin d'ici. Tu n'as quand même pas l'intention de faire le trajet à pieds, Sirius ? On y est allés en balai, la dernière fois, alors peut-être que..."

"Il n'y a qu'un seul balai à la maison, et on est quatre. On va prendre le SOS."

"Le quoi ?"

Harry regarda son parrain comme s'il venait de dire quelque chose de grossier.

"Le SOS, Harry", répéta - évidemment - Hermione. "Sub Or Sky. Avec le SOS, on voyage soit sous terre soit dans le ciel. C'est comme le métro ou un téléphérique moldu. Il relie les banlieues aux villes, et aussi les villes entre elles. Dans les endroits habités, les rames de SOS se déplacent sous terre, et en dehors elles volent pour qu'on puisse admirer le paysage."

"Je ne l'ai jamais pris", avoua Ron, les yeux brillants d'impatience. "Chez moi, on utilise la Poudre de Cheminette pour aller plus vite, mais c'est beaucoup moins amusant."

"D'après ce que Remus m'a dit un jour, l'arrêt devrait se trouver par ici", reprit Sirius après qu'ils eurent marché un peu le long de la route. "Il faut qu'on l'appelle, si on veut qu'il passe ici: c'est un endroit assez isolé, alors il ne vient que si quelqu'un l'attend. Voilà, ça doit être ici", ajouta-t-il en s'approchant d'un arbre au tronc plus foncé que les autres, du côté gauche de la rue. Il souffla dans l'un des trous de l'écorce, et un sifflement aigu déchira l'air.

Harry et Ron jetèrent des coups d'oeil frénétiques dans toutes les directions, s'attendant à ce que quelque chose se passe d'un instant à l'autre, mais leurs espoirs furent déçus.

"Le SOS n'est quand même pas à notre disposition !", expliqua Hermione quand elle vit leur expression désappointée. "Laissez-lui le temps d'arriver !"

Ron soupira de déception et s'assit sur l'herbe, à côté de son amie, tandis que Harry profitait de l'attente pour demander à son parrain quelques informations supplémentaires à propos du projet de mariage.

"L'autre jour, tu m'as dit que l'échange des baguettes était l'ancien rite de mariage sorcier. Mais il est valable même pour des personnes de même sexe ou ce sera juste une cérémonie rien que pour vous ? Je veux dire... Je comprends que ça n'ait pas d'importance à vos yeux, mais moi j'aimerais bien savoir si je peux faire partie de votre famille légalement - pas juste parce que tu es mon parrain."

Sirius ébouriffa affectueusement les cheveux déjà en désordre de son jeune filleul et lui adressa l'un de ses habituels sourires malicieux, qui faisait d'ailleurs un drôle d'effet sur le visage du professeur Lupin.

"Le mariage par échange des baguettes n'est qu'une application, chez les sorciers, de la forme la plus ancienne de mariage, adoptée par toutes les créatures. Quand deux personnes veulent unir leurs vies, elles échangent des vœux, et quelque chose de tangible qui donne une partie de l'âme de chacune à l'autre. Les Moldus utilisent des anneaux, les sorciers leurs baguettes, les centaures un crin de leur queue... Je ne connais pas les rites de tous les êtres vivants mais je sais que toutes les formes de célébration ont ce point commun, et qu'il rend aussi les mariages mixtes valides. Les Moldus imaginent que leur espèce est la seule qui existe, et ils ont créé des lois très rigides mais, pour les sorciers et les autres créatures, il n'y a pas de limites. Évidemment, il y a des gens, comme Fudge, qui ne voient pas d'un bon oeil les mariages mixtes ou entre personnes de même sexe, mais comme il n'existe aucune loi qui l'interdise et qu'on ne peut pas en créer une sans perdre l'avantage d'une coexistence pacifique avec les elfes, les centaures et les autres créatures, ces mariages-là, même s'ils sont rares, sont tout à fait légaux. Donc, si tu veux, la loi sorcière pourra nous reconnaître comme tes parents adoptifs. Mais pour les Moldus, tu ne pourras vivre avec moi que parce que je suis ton parrain."

"Ça n'a pas d'importance", dit Harry en souriant. "Je suis un sorcier, alors ma condition dans le monde magique est tout ce qui m'intéresse. Le reste ne compte pas."

Sirius sourit aussi et, juste à ce moment, une ombre apparut sur la rue, à la grande joie de Ron. Un instant plus tard, une sorte de cabine de téléphérique atterrit non loin d'eux avec un bruit sourd. Les portes coulissèrent pour permettre aux passagers de monter, et Ron et Harry se précipitèrent à l'intérieur avec un enthousiasme très enfantin.

"Quelle est votre destination ?" demanda le conducteur, un jeune nain à la longue barbe juché sur un tabouret particulièrement haut.

"Koder", répondit Sirius, qui laissa tomber quelques pièces dans la main du nain avant de s'installer sur un siège, à côté d'un sorcier qui dormait, la tête pendante.

Harry, Ron et Hermione restèrent debout près de la fenêtre pour admirer le paysage vu d'en haut. Sirius semblait également très heureux de pouvoir regarder autre chose que ce qu'il voyait d'habitude depuis le balcon de la villa.

Le SOS descendit deux ou trois fois pour laisser monter d'autres passagers, puis ils arrivèrent enfin en vue d'une zone habitée. Le nain tira alors avec force sur une corde qui pendait à sa droite. Un long sifflement retentit et la cabine se mit à planer lentement, descendant jusqu'à l'entrée d'un tunnel dans lequel elle s'engouffra. Harry eut la désagréable impression qu'ils s'enfonçaient de plus en plus bas, mais Hermione le rassura immédiatement:

"On arrive à Koder, donc le SOS voyage sous terre, maintenant. Je crois que le prochain arrêt sera le nôtre."

Elle n'avait pas encore fini sa phrase que le conducteur freinait déjà, arrêtant la cabine le long d'un quai très éclairé, et annonça qu'ils se trouvaient à Koder. Les trois amis et Sirius descendirent, ainsi que quelques autres sorciers, et se dirigèrent vers les balais mobiles qui servaient à conduire les voyageurs à la surface.

Quand ils arrivèrent enfin à la sortie, qui débouchait sur une place, la première pensée qui vint à l'esprit de Harry fut que Koder était sans aucun doute beaucoup plus animée que Pré-au-Lard.

"Regardez, il y a un marché !" s'exclama Ron, avec le même enthousiasme que pour le SOS. "On pourrait aller y jeter un coup d'oeil, non ?"

Harry et Sirius étaient tout à fait d'accord, mais Hermione intervint pour mettre un frein à leur excès d'enthousiasme:

"Je vous rappelle que quelqu'un parmi nous n'est pas censé sortir de chez lui, alors il vaudrait mieux qu'on se dépêche de faire cette course..."

Les trois autres grommelèrent, déçus, mais la jeune fille ne céda pas et les entraîna loin des tentations de la place.

"Où est le magasin de baguettes, professeur Lupin ?" demanda-t-elle ensuite, hésitant sur la direction à prendre.

Sirius la fixa avec des yeux ronds, puis jeta un rapide coup d'oeil autour de lui en marmonnant quelque chose d'incompréhensible.

"Ne me dis pas que tu nous as traîné jusqu'ici sans savoir où tu allais ?" gémit Ron, mais elle lui fit signe de se taire.

"Je suis passée devant en décembre. C'était une boutique qui donnait sur une rue assez fréquentée, et je me souviens qu'ils avaient en vitrine un porte-baguette du soir très élégant que j'aurais pu offrir à ma mère si elle avait été sorcière..."

"Ça ne nous aide pas beaucoup", marmonna Harry.

Sirius baissa la tête d'un air coupable.

"Je suis désolé, les enfants. Evidemment, je ne suis jamais venu ici. C'est Remus qui m'a parlé du SOS et qui m'a dit qu'il y avait un bon magasin de baguettes à Koder, mais je ne pouvais pas lui demander l'adresse, forcément - il aurait eu des soupçons."

"Ce n'est pas grave. Il suffit de demander à quelqu'un, n'est-ce pas ?"

Hermione interrogea une sorcière à l'air gentil et au chapeau tape-à-l'oeil qui, après lui avoir plusieurs fois pincé les joues en déclarant qu'elle était bien mignonne, lui indiqua enfin le chemin de la rue principale de Koder, où se trouvait la boutique.

"La prochaine fois qu'on aura besoin d'un renseignement, ce sera un de vous qui ira demander", se lamenta la jeune fille en massant ses joues douloureuses.

"Tout a un prix !" proclama Ron. "C'est pas toi qui étais prête à tout pour que le BALL réussisse ?"

"Moi, j'étais prête à tout, oui... C'est de ta faute si ça n'a pas marché comme il fallait !"

"Je te rappelle que c'est le gâteau fourré avec ma crème qui a fait avancer les choses, et pas ta robe rose à paillettes !"

"Pourquoi est-ce qu'ils se disputent encore ? Le BALL n'a jamais fonctionné..."

Sirius était très perplexe, mais Harry haussa les épaules avec indifférence et continua à marcher, ignorant la querelle de ses deux amis.

"Remus !"

Ils se retournèrent tous les quatre en même temps... et une jeune sorcière se jeta dans les bras de Sirius, le serrant affectueusement contre elle.

"Qu'est-ce que tu fais ici ?" demanda-t-elle ensuite en s'écartant. "Je croyais que tu resterais chez toi aujourd'hui."

Harry toisa l'intruse avec une expression de stupeur telle que seule celle de Sirius la surpassait. La jeune femme avait de longs cheveux blonds attachés en queue de cheval et l'air très soigné mais, au fond, elle était assez quelconque.

Harry vit Sirius plisser les yeux, comme s'il cherchait à se rappeler si cette personne avait été élève à Poudlard en même temps que Remus et lui, mais l'air déconcerté qu'il affichait encore renforça l'adolescent dans la conviction que son parrain n'avait pas reconnu la jeune femme et que, peut-être, il ne l'avait même jamais rencontrée.

"Maman..."

Un petit garçon de quatre ou cinq ans s'accrochait à un pan de la jupe de sa mère, avec un doigt en bouche et l'air effrayé par la présence de tous ces inconnus.

"Remus, tu as vu qui est là ?"

La jeune sorcière prit son fils dans ses bras et lui essuya la bouche avec un mouchoir, mais Harry était trop occupé à essayer de calmer les battements accélérés de son coeur pour prêter attention à ce qu'elle faisait.

Remus ? Ce petit garçon s'appelait Remus ?

L'adolescent remarqua que le visage de son parrain avait pâli de manière très visible et qu'il gardait les yeux fixés sur cet enfant aux cheveux châtains qui tendait maintenant les bras vers lui avec un sourire heureux.

"Pour lui, chaque jour où il te voit est un jour de fête", dit la jeune femme, rieuse, en mettant son fils dans les bras d'un Sirius de plus en plus abasourdi. "Tu lui manques tellement..."

A la vue de l'enfant qui se serrait contre la poitrine du faux Remus, Harry eut l'impression que son coeur se glaçait. Il sentit à peine la main de Ron se poser sur son épaule, et celle d'Hermione lui serrer le bras en une vaine tentative de réconfort. Toute son attention était fixée sur Sirius. Celui-ci semblait littéralement anéanti par le terrible soupçon qui l'avait également assailli.

"Alors, dis-moi donc comment il se fait que tu sois ici !"

La jeune femme caressa les cheveux de son fils et posa une main sur le bras de Sirius, qui recula instinctivement.

"Tu m'avais dit que tu ne pourrais pas venir cette semaine..."

"Eh bien..."

Sirius retint un instant son souffle puis, comme son regard se posait sur les trois adolescents qui l'accompagnaient, il imagina hâtivement une excuse:

"Ces trois jeunes gens sont des anciens élèves qui sont venus me voir, et j'ai voulu leur faire visiter Koder avant qu'ils s'en aillent."

"Ah ! Ravie de vous connaître ! Je suis Conis Alexander", s'exclama la jeune femme en souriant.

Son regard s'attarda un instant sur la cicatrice de Harry tandis qu'elle leur serrait la main, mais elle ne fit aucun commentaire.

"Puisque vous êtes ici, pourquoi ne viendriez-vous pas prendre le thé chez moi ? Remus, j'ai fait des biscuits au chocolat - ceux que tu aimes tant. Tu ne peux pas refuser !"

"Oui, Pa, viens !"

Le petit Remus resserra ses petits bras autour du cou de Sirius, et Harry eut un terrible pincement au coeur quand il vit l'effet qu'avait produit sur son parrain cette syllabe pleine d'affection filiale.

"Je... Je ne crois pas qu'on devrait y aller", intervint l'adolescent. "On a une course urgente à faire et il faut qu'on rentre le plus vite poss..."

"J'accepte bien volontiers", l'interrompit Sirius.

Harry n'avait jamais eu aussi envie de l'étrangler.

"Mais Sir... euh.. professeur Lupin ! Il faut qu'on aille dans ce magasin, vous avez oublié ?"

"Non, mais on a encore le temps, et on ne peut quand même pas refuser une si gentille invitation..."

Sirius regarda son filleul dans les yeux et l'adolescent comprit que rien ni personne ne pourrait le raisonner à cet instant: il voulait à tout prix savoir qui étaient cette femme et cet enfant, quelle importance ils avaient dans la vie de Remus et pourquoi celui-ci ne lui avait jamais parlé d'eux.

Harry le comprenait mais, en même temps, il avait peur de découvrir la vérité. Il avait peur que le professeur Lupin s'en aille, que Sirius le perde de nouveau et que lui-même se retrouve abandonné par sa nouvelle famille avant même d'en faire officiellement partie. Mais, par dessus tout, il avait honte de ces pensées égoïstes, car il savait que la situation était bien pire pour son parrain que pour lui.

"Moi je suis partante ! J'ai bien envie d'un bon thé avec des biscuits", annonça soudain Hermione en regardant Conis avec une sorte de défi.

La jeune femme sourit.

"Parfait", dit-elle. "Laissez-moi juste un instant: il faut que j'achète une nouvelle paire de chaussures pour Remi... Vous savez, les enfants grandissent très vite, et les chaussures sont la première chose qui devienne inutilisable... Le magasin est juste là... Attendez-moi donc ici, j'en ai pour une minute."

Elle reprit son fils, mais celui-ci se mit à pleurer et essaya de se jeter de nouveau au cou de Sirius.

"Pa !"

"Ne t'inquiète pas, Pa ne s'en va pas. On va acheter les chaussures, et après il viendra à la maison avec nous. Tu es content ?"

Le petit garçon s'essuya les yeux du dos de la main et, en reniflant, regarda le faux Remus de manière appuyée, comme pour s'assurer que sa mère avait bien dit la vérité.

"Promis ?" demanda-t-il en effet.

Sirius ne put qu'acquiescer.

"Bien sûr ! Maintenant, va avec ta maman", répondit-il d'une voix très faible.

Puis il agita la main pour saluer le petit Remus qui entrait dans le magasin avec sa mère.

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Notes de la traductrice:

Bon, d'accord, ce n'est peut-être pas un chapitre idéal comme cadeau de Noël…
Mais pas de panique, vous aurez la suite dans une semaine !