Réponse au reviewer
Etincelle de Vie: Les cours particuliers avec monsieur Snape ne seront en effet pas de tout repos! Et les Activités spéciales vont réveler beaucoup de surprises également... Un peu de patience! Le chapitre 6 devrait répondre à quelques unes de tes questions. En attendant, voici le 5, tout frais, j'espère qu'il te plaira.
Les reviews n'arrivent pas en masse pour ma nouvelle fic. Je ne cherche pas à recevoir un maximum de critiques cependant un petit commentaire par ci par là ne fait pas de mal, ne coûte rien et surtout m'encourage à continuer. Sur ce, bonne lecture.
CHAPITRE V : La leçon de piano
Morgane se réveilla dans un souffle au milieu de la nuit. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être. Très tard dans la nuit, ou bien, déjà, tôt le matin ? Peu importait, après tout. Seule comptait pour l'instant l'angoisse inconnue qui lui étreignait le cœur et lui brûlait la poitrine. La jeune femme s'assit sur son lit, pensive, l'esprit torturé, sans savoir pourquoi. Elle retourna ses mains, les paumes vers le ciel. Ces mains qui semblaient lui réclamer quelque chose… Presque inconsciemment, elle se leva. Marcher, elle avait besoin de marcher. Et même plus. Un piano. Ce piano. Sans prendre la peine de se couvrir, Morgane se laissa glisser silencieusement dans les escaliers et sortit hors de la salle commune. Ses pieds nus en contact avec le sol glacé des couloirs ne semblaient pas sentir le froid. Lentement, l'adolescente progressa entre les étages de l'école et rejoignit le septième étage. Elle aurait pu retrouver cette salle les yeux fermés. En tâtonnant, elle reconnut la porte en vieux bois et pénétra pour la deuxième fois dans cette grande pièce. Le piano était toujours là. Un frisson d'excitation la parcourant toute entière, Morgane prit place à nouveau sur le petit siège de velours. Ses doigts caressèrent les touches blanches amoureusement et elle sentit son angoisse s'évaporer doucement, alors qu'une quiétude tranquille lui apaisait l'esprit. Elle laissa échapper un soupir de bonheur. La partition était elle aussi toujours là, plus intrigante que jamais, avec son titre étrange écrit à l'encre noire : New – risen – god – hollow. Morgane parcourut les pages jaunies une à une. Elles étaient au nombre de sept. Mue par une curiosité soudaine, elle tenta de déchiffrer le morceau et fut surprise de découvrir à quel point la mélodie était douce. Sa main gauche vint bientôt rejoindre sa main droite, s'obstinant maintenant toutes les deux à répéter avec acharnement les mêmes mesures, jusqu'à atteindre la perfection. Et la mélodie s'élevait, plus belle encore. A nouveau, Morgane se laissa aller et ressentit la même impression que la dernière fois. Alors qu'elle fermait les yeux, le décor paraissait s'effacer autour d'elle. Seule la musique, qui semblait ne jamais devoir s'arrêter la rattachait à la réalité. Morgane fut emportée dans un univers différent. Elle rêvait.
Son esprit lui renvoyait maintenant l'image d'une petite fille aux yeux rieurs et au sourire enfantin. Ses cheveux étaient divisés en deux petites nattes qui lui tombaient joliment sur les épaules, encadrant gracieusement son visage fin. Ses petites mains fines jouaient doucement avec une mèche de cheveux. Elle était assise sur un escalier de pierre, devant une grande et imposante maison ancienne. Elle regardait droit devant elle, le regard vague, comme si elle attendait quelque chose. Une voix retentit de l'intérieur de la maison :
- Ma chérie,
ne reste pas là, tu vas attraper froid !
- Mais maman,
il va neiger ! répondit la petite fille, sûre
d'elle.
C'était le début de l'hiver et la neige n'était pas encore tombée cette année. Elle ne semblait pas vouloir se presser de venir, le soleil était encore présent et les arbres n'avaient pas encore perdu toutes leurs feuilles. Mais l'enfant croisa les bras, bien déterminée à attendre le temps qu'il faudrait. Il allait neiger, elle en était sûre. Pourtant, sa rêverie enfantine fut stoppée par les pas feutrés de sa mère, qui vint s'asseoir à côté d'elle.
- Allez , viens, il est déjà tard !
S'il neige ce soir, je te promet que tu pourras aller jouer dehors
demain. Mais ne reste pas là, tu vas tomber malade, dit-elle
d'une voix douce.
- Il va neiger, je veux être la première
à voir la neige !
Sa mère la prit par la main pour l'entraîner dans la grande maison, où il faisait bon et chaud. Mais la petite fille ne l'entendait pas de cette oreille et se débattit furieusement. Une profonde détresse vint se refléter sur son visage, si paisible il y a quelques minutes. Elle se mit à hurler d'une voie suraiguë qui sembla la surprendre elle-même.
- Non ! Non ! Maman… la neige…
Ses cris laissèrent la place à des sanglots de rage qui secouaient violemment son petit corps. Tant d'énergie émanait d'elle que sa mère eut du mal à la retenir. Elle cria :
-
Peter ! Ca recommence, viens m'aider !
- Quoi, une
nouvelle crise ?
- Oui, je ne sais pas ce qu'il lui
prend !
L'enfant n'était pas de taille à lutter avec l'homme, qui maintenait à présent ses petites mains fermement serrées derrière son dos. Les deux adultes parvinrent tant bien que mal à porter la petite fille jusqu'à son lit, tant elle gesticulait et se débattait. Elle finit cependant par se calmer, même si de grosses larmes roulaient toujours sur ses joues. Sa mère les essuya doucement du bout des doigts et tout en lui caressant affectueusement la tête, elle murmura :
- Allons,
c'est fini maintenant… chut…
- La… neige… hoqueta
l'enfant
La jeune femme coucha sa fille, la borda bien serré, comme elle aimait tant et après avoir déposé un fragile baiser sur son front, partit sur la pointe des pieds. Elle prit bien soin de fermer la porte à clé et la fillette entendit distinctement le bruit caractéristique d'une clé qu'on tourne dans la serrure. Elle se releva immédiatement et colla son visage contre la fenêtre. Malgré le peu de lumière, ses yeux encore humides pouvaient voir de gros flocons tomber dans un souffle dans le jardin. Un petit sourire vint éclairer son visage triste. Se hissant sur un petit tabouret pour mieux voir, l'enfant ouvrit la fenêtre et respira l'air frais avec délices. Ca y était, il neigeait. Elle l'avait bien dit. Elle fut tirée de sa contemplation par un bruit de voix qui trahissait une conversation animée entre ses deux parents. La fillette descendit de son montoir et se précipita vers la porte de sa chambre, qu'elle ouvrit tout naturellement, comme si elle n'avait jamais été fermée à clé. Elle descendit à pas feutrés le grand escalier de bois qui menait au rez-de-chaussée et s'assit sur la première marche. Ils étaient dans la cuisine, mais elle les entendait distinctement.
- Encore une crise,
hein ? Jusqu'à quand cela va-t-il durer ? dit une
voix forte, celle de l'homme.
- Bien sûr que c'est une
crise, et tu le sais bien ! C'est la même chose chaque
année. Chaque année, juste avant que la neige ne tombe
pour la première fois, depuis cinq ans.
La petite fille comprit au bruit de pas que l'homme tournait en rond dans la cuisine, comme si cette histoire le préoccupait particulièrement. L'enfant devinait l'expression qu'avait pris son visage. Les traits tirés, les sourcils froncés et les pommettes creusées, comme chaque fois qu'il se faisait du soucis. Elle imagina sa mère, assise, se triturant les mains. Passive, comme chaque fois. Elle attendait.
- Il
serait peut-être temps de lui dire ! gronda le père.
-
A quoi bon lui apprendre ce qu'elle sait déjà ?
Il est encore trop tôt. Peter, elle n'a que sept ans !
-
Et je la trouve bien précoce pour son âge.
- Elle ne
saura rien avant que je ne le décide, lança la jeune
femme d'une voix ferme.
- Tu préfères donc
attendre passivement, jusqu'à ce que ta fille vienne
d'elle-même te poser les questions qui lui tortureront
l'esprit lorsqu'elle grandira ?
- Ce n'est…
-
Elle se rendra vite compte qu'elle est différente des autres
enfants de son âge.
- Elle n'a de toutes façons
jamais joué avec eux !
- Eux ne présentent pas
de crise à chaque fois que l'hiver approche !
- Je
t'en prie ! Ce n'est pas de sa faute !
Le ton montait et la discussion s'envenimait. La petite fille écoutait ses parents se disputer, terrifiée. Elle n'était pas sûre de bien comprendre le sens de leurs paroles. Elle n'avait rien fait de mal ! Elle passa ses bras autour de ses longues jambes frêles repliées contre elle, comme pour se donner l'illusion qu'elle serait mieux protégée ainsi. Protégée de quoi ? Elle n'avait rien à craindre... Elle aurait voulu rester là encore longtemps mais elle s'enfuit, tel un petit animal sauvage, alors que des bruits de pas se rapprochaient de l'escalier. Elle regagna son lit et se blottit sous ses couvertures. Elle aurait voulu ne jamais avoir rien entendu. « Je n'ai rien entendu » répéta-t-elle silencieusement, pour mieux s'en convaincre.
La musique s'arrêta brusquement et Morgane sortit lentement de sa torpeur. Ses yeux papillonnèrent pour se réhabituer à la lumière. Ses mains étaient froides et sa tête lui tournait. Elle ressentit une grande vague de fatigue l'envahir. Combien de temps était-elle restée là ? Elle repensa à son drôle de rêve. Mais était-ce bien un rêve ? Non. Cette petite fille, c'était elle. Cette femme, c'était sa mère. Cet homme, c'était son beau-père. Mais ce souvenir… non, ce n'était pas le sien.
