Réponses aux reviewers:

Etincelle de Vie: Ah ah, peut-être est-ce bien Snape en effet qui a volé l'autorisation de sortie... Ou peut-être pas! Tu le sauras dans les prochains chapitres. C'est sûr que Morgane passe à moitié pour une folle, la pauvre! Merci de ta review!

Saizo: Oh, ça me fait hyper plaisir de voir que tu as commencé ma fic! Je suis ravie qu'elle te plaise. Gros bisous et bonne lecture pour la suite.

Camille: Je suis contente que tu me dises ça, car c'est exactement ce que je voulais faire passer à mes lecteurs. Ce chapitre là est un peu dans le même ton, il devrait te plaire également.

Adeline: Morgane est bien mystérieuse... patience!

Lice: Super pour tes critiques, merci! Contente que mon histoire te plaise...

Voici donc un nouveau chapitre, tout beau, tout frais. Comme la rentrée a repris et comme je l'avais prévu, le temps de publication entre chaque chapitre va s'élargir, faute de temps. Mais je me suis un peu rattrapée car ce chapitre là est particulièrement long par rapport aux autres! En tous cas, je vais essayer de poster au minimum un chapitre par semaine, et je compte sur vous pour continuer à me lire. Je ne vous oublie pas! Pour les lecteurs non-reviewers, un petit clic, merci! Bonne lecture.

CHAPITRE IX : Sombres pensées

Morgane se réveilla lentement, faisant cligner ses paupières quelques minutes afin de laisser le temps à ses yeux endormis de se réhabituer à la lumière du jour. Mais où était-elle ? Ces murs blancs n'étaient pas ceux du dortoir de Serdaigle. Et d'ailleurs, ces lits propres non plus. Elle se redressa doucement sur son lit et prit une grande respiration. Elle étira un à un ses muscles engourdis par une longue nuit de sommeil et laissa son regard balayer rapidement la pièce. Elle se trouvait à l'infirmerie. Mais pourquoi ?

- Ah, vous êtes réveillée, Miss Greene ! lança la voix enthousiaste de Madame Pomfresh. Je vais pouvoir faire entrer votre amie, elle trépigne d'impatience depuis plusieurs heures et sera ravie d'apprendre que vous avez enfin ouvert les yeux.
- Attendez, qu'est-ce que je fais là ? Je ne suis pas malade !

Mais l'infirmière n'eut pas le temps de répliquer. La porte s'ouvrit à la volée sur une Gwendoline radieuse, un gros sac de friandises à la main, qui ne tarda pas à prendre place à côté du lit de Morgane.

- Eh bien dis moi, on ne peut pas dire que tu sois au meilleur de ta forme en ce moment ! Tu profites que j'aie le dos tourné pour te porter mal. Alors, que t'est-il arrivé ? Les professeurs n'ont rien voulu me dire et Pomfresh n'a évidemment pas accepté que je mette les pieds dans l'infirmerie avant que tu ne soies réveillée.
- Heu… tu sais je me pose la même question que toi. Je ne sais absolument pas comment j'ai atterri ici.

Le sourire de la Serpentard s'effaça d'un coup. Elle fronça les sourcils, soucieuse.

- Comment ça tu ne sais pas ? Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
- Mais je n'en sais rien !

Morgane était furieuse contre elle-même. Son esprit ne lui renvoyait que l'image béante d'un trou noir lorsqu'elle tentait de se rappeler de la journée d'hier. Elle était sortie de la bibliothèque pour demander une autorisation au professeur Snape afin de pénétrer dans la réserve et puis après… Après, plus rien. Comme si une barrière invisible avait décidé de lui bloquer l'accès à ses pensées les plus récentes. Mais étrangement, elle se sentait comme soulagée et libérée d'un poids qui lui pesait sur le cœur depuis longtemps déjà et la fatigue accumulée pendant ces derniers jours semblait s'être estompée. Elle décida d'oublier temporairement son étrange perte de mémoire et changea rapidement de conversation.

- Et au fait, Pré-au-lard ? demanda-t-elle, curieuse.
- Je t'ai rapporté des friandises de chez Honey Dukes dit Gwendoline en montrant le gros sachet qu'elle tenait à la main. Ce sont les nouveautés de l'année, je ne les ai pas encore testées mais le vendeur m'a assuré qu'elles seraient… surprenantes !

Morgane se servit généreusement dans le paquet sans se faire prier et en sortit une poignée de petites boules colorées, qui ressemblaient un peu aux boules de gomme moldues. Elle en mangea une avec précautions.

- Goût mûre ! Alors, quels en sont les effets ?
- Tes yeux ont prit une teinte violette du plus bel effet, fit Gwendoline en riant et en se servant à son tour.

Ses yeux bleu azur virèrent au rouge vif.

- Goût fraise. J'ai moins de chance que toi, on ne peut pas dire que le rouge m'aille à ravir. Je me demande combien de temps dure ce truc.
- Ca doit faire partie de la surprise, répliqua Morgane en souriant, pas mécontente d'avoir troqué ses beaux iris verts contre une paire d'yeux mauve le temps de quelques heures.

Les deux jeunes filles discutaient ainsi joyeusement, parlant de Pré-au-lard, des cours et des surcharges de travail quand Madame Pomfresh vint troubler leur conversation.

- Miss Greene, maintenant que vous m'avez l'air complètement réveillée, vous devriez aller voir le professeur Dumbledore. Celui-ci souhaiterait que vous vous rendiez dans son bureau au plus vite.
- Mais pourquoi ? s'écria Morgane. Je n'ai rien fait !

Le ton sérieux de l'infirmière la dissuada d'ajouter quelque chose de plus. Elle rassembla ses affaires en grommelant et se rendit une fois de plus dans le bureau du vieux directeur. Gwendoline, qui avait cours dans l'après-midi ne put l'accompagner et les jeunes filles prirent chacune un chemin différent.

- Moustache chocolat ! lança la jeune fille devant la gargouille.

Mais celle-ci resta de marbre et ne bougea pas d'un millimètre.

- Moustache chocolat ! répéta Morgane, plus fort.

Aucune réaction.

- Ecorce de citrouille, lança une voix derrière elle.

La jeune fille se retourna, surprise et découvrit son professeur de défense contre les forces du mal.

- Ecorce de citrouille, répéta celui-ci. Le mot de passe a changé, ajouta-t-il en souriant.
- Je, heu… merci, professeur, bredouilla l'adolescente étonnée.

Elle répéta le bon mot de passe et cette fois-ci, la gargouille s'effaça pour la laisser passer.

- Bonjour Morgane, lança la voix cristalline du vieux directeur. Je t'attendais.

La jeune femme prit place en face de Dumbledore et leva vers lui un regard appréhensif. Cette fois-ci, elle n'avait aucune raison d'être convoquée… Pourquoi tenait-il à lui parler personnellement, dans son bureau ?

- Nous devons parler de ce qu'il s'est passé hier, dit-il d'une voix douce.

Morgane sentit sa gorge se nouer douloureusement.

- Je… ne me souviens plus. Qu'est-ce que j'ai fait ? demanda-t-elle d'une voix cassée.

Elle s'attendait à ce que le directeur parte dans une série d'explications compliquées, qu'il marque une expression d'étonnement ou qu'il fronce au moins les sourcils, ne serait-ce que de manière presque imperceptible. Mais le vieil homme conserva son sourire et son expression sereine.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? cria-t-elle.
- Je n'ai rien à te reprocher, la rassura-t-il. Cependant, nous devons éclaircir ensemble un point préoccupant te concernant. Chaque année, alors que l'hiver approche, tu as, juste avant les premières chutes de neige, ce que je pourrai qualifier de crises passagères.

Morgane frissonna en repensant à la drôle de vision qui lui était apparue il y a plusieurs semaines avec le piano. C'était donc ça. Son propre souvenir. Cependant, elle ne s'en rappelait pas. Et là… Voilà que ça recommençait.

- Comment savez-vous ? demanda-t-elle vivement, furieuse que personne ne lui ait jamais parlé de son étrange comportement à l'approche de l'hiver.
- Ta mère m'en a parlé lorsque tu avais onze ans. Tu aurais alors normalement du rentrer à Poudlard en première année, comme tous les autres élèves, mais nous avons jugé bon de te tenir à l'écart du monde sorcier quelques années de plus.
- Mais enfin, c'est ridicule ! Ces crises… elles ne surviennent qu'une fois dans l'année. Est-ce seulement pour cela, une futilité comparée à l'opportunité d'aller étudier dans cet école, que je ne suis arrivée à Poudlard qu'en septième année ?
- C'est en partie pour cela, oui.

Elle avait la désagréable impression d'avoir déjà entendu ça quelque part et de ne pouvoir être, une fois de plus, entièrement satisfaite par la réponse du vieux directeur. Celui-ci ne lui laissa pas le temps de protester.

- Et je ne pense pas qu'il faille considérer tes crises comme de simples futilités, Morgane, reprit-il d'un air plus grave. Tu es indubitablement liée à l'hiver, mais je ne sais ce que cela signifie.
- Est-ce tout ce que vous avez trouvé à me dire ? demanda-t-elle, toujours furieuse.

- Tu dois faire attention à toi. Je tiens à ce que tu suives assidûment tes cours supplémentaires avec ton professeur de potions.

Il la fixa intensément, de son regard profond, derrière ses lunettes en forme de demi-lune. Morgane sentit malgré elle toute sa colère s'envoler et baissa les yeux, honteuse de son comportement emporté. Elle prit congé du sorcier et se replongea dans de sombres pensées. Son esprit encore embrumé par les révélations de la journée restait perplexe face à son étrange crise, qui n'était apparemment pas la première… et sûrement pas la dernière.

Les vacances de Noël approchaient et les élèves se réjouissaient à l'avance des deux semaines de repos dont ils allaient pouvoir bénéficier. Tous rentraient chez eux pour rejoindre leurs familles et passer un peu de temps avec leurs proches mais l'événement le plus attendu restait bien entendu les fêtes de Noël. Les première année brûlaient d'envie de retrouver leurs parents, afin de leur conter mille et une histoires et anecdotes sur le merveilleux château de Poudlard mais aussi pour pouvoir leur raconter fièrement à quel point ils avaient progressé dans telle ou telle matière. Morgane se réjouissait avec eux et avait hâte de retrouver sa famille, d'une part parce qu'elle lui manquait un peu et de l'autre parce qu'elle avait plusieurs questions à poser à ses parents et particulièrement à sa mère. Ainsi, quelques jours avant le départ, elle ne fut pas surprise de recevoir du courrier, reconnaissant au loin l'enveloppe fleurie qui ne pouvait appartenir qu'à des moldus. Elle décacheta sa lettre avec empressement et se plongea dans sa lecture.

Ma chérie,

J'essaie de me familiariser avec votre système postal, mais je dois t'avouer que l'utilisation d'un hibou (quelle drôle d'idée !) nous a fait quelques frayeurs. Peter a cru mourir de peur lorsqu'il a vu le volatile s'engouffrer par la fenêtre et fondre sur moi. Heureusement, nous avons eu plus de peur que de mal. Le directeur de ton école, Albus Dumbledore, a en effet eu la gentillesse de nous prêter l'un de ses hiboux afin que nous puissions communiquer avec toi.

Ton beau-père et moi nous réjouissions tous les deux de te voir pour les vacances de Noël, seulement il nous est apparu, après une petite discussion avec le directeur, qu'il valait mieux pour nous tous que tu restes au château pendant ces vacances. Je suis très attristée de ne pouvoir passer Noël avec toi cette année, mais tu dois comprendre que cela est mieux pour toi et surtout, n'oublie pas que nous pensons bien à toi et que nous t'envoyons toute notre affection.

J'espère que cette première partie de l'année se passe bien et que le monde magique est à la hauteur de ce que tu espérais mais je suis certaine que tu as cette fois trouvé ta place. Ici nous avons beaucoup de travail et peu de temps pour nous. Le temps est grisâtre, il fait froid et il neige souvent. Nous attendons le retour des beaux jours avec impatience !

Je t'embrasse,

Maman.

Morgane n'aurait su dire exactement quels étaient ses sentiments après la lecture de cette lettre, mais elle aurait certainement pu décrire le malaise qui lui remuait l'estomac et lui nouait la gorge. Elle qui se préparait innocemment à retrouver sa famille pour Noël, comme tous les autres élèves ! Oui mais voilà, il fallait une fois de plus qu'elle sorte du lot. Sauf que cette fois, elle en avait assez. Elle se retint de déchirer sa lettre, sous l'emprise d'un mélange de colère et d'amertume et se contenta de la ranger dans son sac, au milieu de parchemins et de livres de cours. Elle tourna la tête vers Gwendoline, qui paraissait elle aussi de fort méchante humeur. Elle l'interrogea du regard mais n'insista pas lorsqu'elle lui fit comprendre qu'elle ne tenait pas à parler maintenant. La jeune fille remarqua pourtant la petite lettre jaunie que la Serpentard tenait fermement dans sa main gauche.

Le jour du départ, les élèves se rassemblèrent dans le hall en traînant derrière eux leurs lourdes valises. Ils parlaient avec agitation du programme de leurs vacances et de choses et d'autres, tous à la fois excités de partir et peinés de devoir quitter le château, leur seconde maison. Gwendoline retournerait chez elle en Angleterre et passerait ses vacances en famille, mais cette perspective ne paraissait guère l'enchanter.

- Au moins tu as quelqu'un avec qui passer Noël ! soupira Morgane.
- A ta place je n'en dirai pas tant. Tu n'as encore jamais rencontré mon père !
- Au moins tu en as un, lui fit signaler la jeune fille.
- Excuse moi, rougit la Serpentard. Mais… enfin non, oublie. Nous allons bientôt devoir partir. Je t'écrirai, compte sur moi !

Morgane lui sourit, sans grande conviction. Avant que les élèves ne quittent le château pour reprendre le Poudlard Express en direction de Londres, les deux amies s'étreignirent et se souhaitèrent de bonnes vacances sur un signe de main. Morgane soupira de nouveau. Pourtant, elle n'était pas complètement seule, comme elle aurait pu le croire, puisqu'un élève de sixième année à Poufsouffle restait également au château, ses parents étant en séjour à l'étranger. La jeune fille ne le connaissait que de vue et de nom, le jeune sorcier s'appelait Neil O'Maley.

Mais pour l'instant, Morgane avait surtout envie d'être seule pour réfléchir un moment. Elle déambula dans les différents couloirs du château, marchant lentement, plongée dans ses pensées et laissant quelques doigts effleurer la pierre froide des murs gris à mesure qu'elle avançait. Elle repensait à ce que lui avait dit Dumbledore quelques jours plutôt et, sans qu'elle puisse se l'expliquer, fut prise d'un intense sentiment de mélancolie, comme si des souvenirs dont elle n'avait plus connaissance tentaient vainement de remonter à la surface, sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit pour leur faciliter le passage menant jusqu'à sa mémoire. Elle sentait pourtant qu'une des réponses à ses questions se trouvait en elle, étouffée par d'autres souvenirs, camouflée sans qu'elle n'en ait donné l'ordre. Et soudain, un sentiment qu'elle savait familier s'empara d'elle. De nouveau, ce besoin qui lui étreignait la poitrine, ce désir de respirer, de vivre. Ce n'était pas une crise, ses crises ne surviennent qu'une fois par an. Et cette fois, elle était libre. Morgane descendit une à une les marches de l'escalier le plus proche et se retrouva bien vite dehors. Un petit froid sec vint lui piquer les joues et le vent fit voler doucement ses cheveux. Une sensation de bien-être s'empara d'elle et elle prit une grande inspiration de bonheur. La neige était tombée cette nuit et une épaisse pellicule blanche et douce recouvrait maintenant entièrement l'herbe du grand parc. Elle prit la direction du lac d'un pas léger, s'amusant parfois à faire voleter la neige sur les côtés avec son pied. Elle avait tout son temps. Elle arriva au bord du lac et prit place sur un petit banc de pierre à l'hombre d'un grand hêtre qui avait déjà perdu ses feuilles. Remuant nonchalamment les pieds dans la neige fraîche, la jeune fille regarda droit devant elle et laissa son regard se perdre dans l'horizon. De nouveau, des pensées mélancoliques vinrent occuper son esprit. Une partie de son enfance semblait s'être envolée. Elle se rappelait à la perfection sa chambre d'enfant, ses vieux jouets, son ours en peluche brun tout usagé qu'elle aimait tant et l'odeur de chocolat chaud qui venait lui piquer délicieusement les narines chaque matin. Elle se souvenait de son école, de ses camarades qui se moquaient d'elle et lui volaient son goûter. Elle n'avait pas oublié non plus la gentille institutrice un peu naïve qui essayait innocemment de calmer les méchancetés des enfants. Mais elle ne pouvait pas comprendre combien de petits êtres si fragiles d'apparence peuvent être cruels entre eux. Et puis, elle garderait toujours en mémoire ses premières leçons de piano avec son professeur, une dame russe aux doigts de fée. Elle était tellement heureuse lorsqu'elle avait enfin appris à jouer du bel instrument ! Oui, elle se rappelait tout ça. Mais sinon ? Une zone d'ombre venait obscurcir le reste de ses pensées. Elle ne se rappelait pas avoir réellement souffert. Ses larmes d'enfants semblaient avoir disparu. Et pourtant, la vieille douleur qui élançait parfois son cœur blessé était là pour témoigner de ses chagrins d'antan. Ses pensées se bousculaient dans sa tête et son cœur lourd essayait d'en suivre le rythme. Perdue dans ses réflexions, elle ne s'aperçut pas tout de suite qu'un bruit de pas se rapprochant attestait de la venue de quelqu'un. Le crissement de la neige la tira momentanément de sa rêverie, mais elle ne voulait pas se retourner, ni détacher son regard du paysage qui s'offrait à elle pour le plonger dans les yeux de quelqu'un qui n'était de toutes façons pas le bienvenu.

- Je vois que vous vous accordez une petite promenade solitaire, Miss Greene.

Morgane trembla violemment. Elle s'était attendue à tout, sauf lui. Son professeur de potions. Mais son tremblement n'était pas seulement du à sa surprise de le trouver là, mais aussi à sa stupeur face au ton qu'il avait prit. Cette fois, point d'ironie. Pas une note de sarcasme ne perlait dans sa voix, qui semblait étrangement adoucie et plus calme que d'habitude. Il y avait quelque chose derrière cette intonation mais le maître des potions était encore trop insondable pour que la jeune fille puisse espérer en deviner plus. Elle hésita à répondre, ne sachant quelle attitude adopter.

- La solitude a du bon, professeur, dit-elle faiblement.
- J'imagine que vous en avez profité pour mettre un peu d'ordre dans vos pensées et réfléchir sur votre façon de vous comporter, répliqua-t-il dans un rictus.

Toute trace d'une éventuelle douceur avait disparu pour laisser la place à l'habituel cynisme du sombre professeur. Morgane y vit là une honteuse allusion à sa crise qui avait eu la bien mauvaise idée de se déclencher juste sous le nez de Snape et fut piquée à vif.

- Taisez-vous, siffla-t-elle. Vous ne savez pas ce que c'est que de ne pas se connaître soi-même et que d'avoir un passé flou que, comble de l'ironie, vous êtes la seule personne à pouvoir éclairer !

Elle avait dit tout cela d'une traite et regrettait amèrement ses paroles. Elle en avait trop dit. Il n'avait pas le droit de savoir plus que ce qu'elle ne voulait lui montrer. Elle s'attendait à recevoir une réplique cinglante qui lui fouetterait le visage mais étrangement, l'homme aux longs cheveux noirs ne réagit pas tout de suite. Lentement, il éleva la main et vint la poser sur l'épaule de la jeune fille. Celle-ci était bien couverte par son épaisse cape d'hiver, pourtant elle aurait presque pu sentir le froid glacial qui émanait des longs doigts du professeur de potions. Elle frissonna.

- Vous ne croyez pas si bien dire, dit-il finalement, lentement.

Quelques secondes lourdes de sens s'écoulèrent, puis il retira vivement sa main et tourna les talons, faisant voler derrière lui sa longue cape noire.