Réponses aux reviewers:

Adeline: Merci encore!

Camille: La suite est là! Pour le secret... mystère! On en apprend un peu plus à chaque chapitre, mais la solution n'est pas encore là. Patience!

Etincelle de vie: C'est vrai que beaucoup de personnes pensent comme toi, soit que Snape a un lien avec le passé de Morgane. Je n'en dirai pas plus, laissons un peu de suspense! Pour les crises, je pense que je vais les développer un peu plus dans les chapitres suivants, et tu devrais bientôt en savoir un peu plus. Merci!

Lice92: Héhé, Snape n'a pas d'amis voyons lol. L'attente entre les chapitres est variable, mais je fais de mon mieux. Merci!

Arwen24: Ca me fait super plaisir! J'espère que ce chapitre là te plaira également.

Je suis désolée, j'ai mis beaucoup de temps avant de publier ce chapitre. Mais avec le lycée, j'ai pas mal de boulot et du coup, beaucoup moins de temps à moi. Ne vous inquiétez pas, je ne délaisse pas ma fanfiction et je continuerai de publier de nouveaux chapitres plus ou moins régulièrement alors n'hésitez pas à repasser de temps en temps pour voir s'il n'y a pas une mise à jour! Bonne lecture.

Chapitre X : Une visite à Sainte Mangouste

Un pincement désagréable vint serrer le cœur de la jeune fille lorsqu'elle réalisa au matin que ce jour-ci n'était pas un jour comme les autres. C'était Noël et pour la première fois depuis dix-sept ans, aucun sentiment joyeux particulier ne vint l'habiter. Elle était presque seule dans ce grand château vide de vie et n'était pas pressée de quitter son dortoir. Morgane finit pourtant par se lever et se rendit à la Grande Salle. Des scintillements multicolores vinrent alors lui illuminer la vue, alors qu'une douce musique rappelant vaguement le « We wish you a merry Christmas » national vint chatouiller ses oreilles. A nouveau, l'immense pièce avait revêtu des couleurs adaptées pour célébrer l'événement, et ce fut cette fois un décor rouge et vert qui vint accueillir la nouvelle arrivante. Un grand sapin trônait au milieu de la salle, couvert de boules colorées et de guirlandes illuminées et le plafond avait troqué son habituelle imitation d'un ciel bleu nuit contre une multitude d'étoiles de toutes sortes. La table des professeurs était animée d'une conversation joyeuse entre les sorciers érudits et Dumbledore fit signe à Morgane de les y rejoindre afin de partager leur repas. Neil O'Maley y siégeait déjà, entouré des professeurs Sprout et Trelawney. Le pauvre garçon ne paraissait pas très à son aise, sûrement trop intimidé pour oser prendre la parole. Morgane prit place à côté du professeur Flitwick, laissant un siège vide à sa gauche. Toute l'atmosphère heureuse et tranquille qui se dégageait de la pièce était contraire à l'état d'esprit actuel de la jeune fille et elle n'était pas certaine d'avoir très envie de prendre part à la conversation. Elle se servit une petite part du plat fumant qui trônait sur la table et mangea en silence, écoutant distraitement les dialogues de ses voisins.

- Miss Greene, lança la voix du professeur Flitwick à côté d'elle. Miss Greene ! répéta le petit sorcier, plus fort, cette fois-ci.

Morgane sursauta.

- Hein ?

Elle leva les yeux de son assiette et découvrit deux hiboux assis dignement sur la table, attendant patiemment qu'elle daigne sortir de sa rêverie. Le premier était un superbe hibou grand duc au plumage brillant et à l'œil vif. Il tenait entre ses serres un paquet plutôt volumineux enrobé dans du papier argent. L'autre était une élégante chouette effraie qui portait une pochette de tissu bordeaux. Morgane n'eut pas de mal à deviner quels étaient les expéditeurs des deux lettres : ses parents et bien sûr, Gwendoline, qui avait tenu sa promesse. Elle détacha les deux colis, gratifia les hiboux d'un regard reconnaissant et serra les paquets contre son cœur. Ce Noël ne serait peut-être pas si raté, après tout. Pour faire durer le plaisir du suspense, elle décida de remettre l'ouverture de ses cadeaux à plus tard et finit son assiette avec plus d'appétit.

Dumbledore se leva à la fin du repas et souhaita un joyeux Noël à toute l'assemblée, un sourire aux lèvres et une lueur de malice dans les yeux. Puis il jeta un regard furtif sur sa gauche et fit signe à Morgane de le suivre. A peine laissa-t-elle échapper un signe de surprise. Ses petites visites chez le directeur commençaient à devenir une habitude. Elle laissa les cadeaux sur sa chaise, laissant aux elfes de maison le soin de les monter dans son dortoir et suivit le vieux sorcier sans trop se poser de questions. Elle se demanda pourtant pourquoi deux professeurs s'étaient levés également et fermaient maintenant le drôle de cortège : Severus Snape et Drefus Antinea. L'étrange quatuor pénétra dans le bureau et Morgane prit place une fois de plus devant Dumbledore. Les deux professeurs restèrent debout, derrière elle.

- Je suis navré de venir troubler ta journée une fois de plus, Morgane, commença Dumbledore avec douceur. Mais je suppose que tu aurais voulu être tenue au courant…

« Allons bon ! De nouvelles cachotteries ! » pensa-t-elle en soupirant.

- Au courant de quoi ? demanda-t-elle d'un air las.
- Tu dois certainement te rappeler de ton oncle Andraël Greene…

Elle sursauta à l'évocation de ce nom vaguement familier.

- Je… cela fait des années que je ne l'ai pas vu, répondit-elle, mal à l'aise. Pourquoi cette question ?
- Eh bien ton oncle était… est un sorcier.

La jeune fille grimaça. Elle l'avait toujours trouvé un peu bizarre et n'aimait pas ses manières étranges, ni ses airs mystérieux. Cela faisait tellement longtemps… Mais voilà qui expliquait bien des choses ! Pourquoi est-ce que personne ne lui avait rien dit ? Morgane reprit ses airs moroses et sa mine renfrognée, essayant de faire revenir une image nette de cet oncle qui paraissait avoir disparu de sa vie et de celle de ses parents. Elle se rappelait d'un grand personnage, maigre, noueux, avec d'épais sourcils qui lui barraient le front. Il paraissait toujours un peu négligé avec sa tenue rapiécée et ses cheveux sales. Petite, il lui faisait un peu peur et elle n'aimait pas son sourire sans joie qui laissait apparaître des dents jaunies. Andraël n'avait pas un mauvais fond, pourtant. Mais il était très mystérieux et apparaissait et disparaissait toujours en coup de vent. Avant, il venait plusieurs fois dans l'année rendre visite à ses parents. Il apportait parfois un ou deux cadeaux étranges, caressait la tête de Morgane en murmurant un « brave petite » et puis s'en allait, telle une ombre, silencieux. Et puis, ses visites s'étaient espacées et l'oncle avait fini par ne plus venir du tout. Les parents de Morgane semblaient s'en accommoder et n'avaient plus jamais mentionné son nom.

Voyant que la jeune fille ne répondait pas, Dumbledore poursuivit :

- J'ai une mauvaise nouvelle à t'apprendre Morgane. Ton oncle vient d'être admis à Ste Mangouste... et ne devrait pas en sortir de sitôt. Je suis désolé.
- A Ste Mangue… Quoi ?

Pour la première fois, le directeur semblait ennuyé.

- Ste Mangouste est un hôpital pour sorciers. Ton oncle a de graves lésions cérébrales et semble avoir complètement perdu la mémoire. Les médicomages font ce qu'ils peuvent pour l'aider mais ne sont guère optimistes quand à une possible amélioration de son état. Andraël a reçu un choc, de nature encore inconnue et il semblerait qu'il ait perdu nombre de ses facultés… mentales.

Morgane ne cilla même pas. En fait, elle n'était pas sûre de la réaction à adopter face à cette nouvelle. Elle n'avait pas entendu parler de son oncle depuis longtemps et à vrai dire, elle ne le portait pas particulièrement dans son cœur. Une once de fureur faillit s'emparer d'elle à la pensée que son oncle en savait probablement plus long sur elle qu'elle ne pouvait se l'imaginer et qu'il ne lui avait jamais rien dit, mais elle se reprit vite. Un sorcier ! A ce rythme là, on lui apprendrait bientôt qu'elle a en fait une sœur cachée à demi-licorne et un arrière-grand père troll des bois.

- Mais enfin… ce n'est pas possible ! lança-t-elle. On ne devient pas fou du jour au lendemain ! Et mon oncle, mon oncle…

Elle s'arrêta. Elle n'arrivait pas à imaginer son visage déridé par la folie ni son sourire d'habitude inexistant, déformé par la démence ou bien faussement heureux, de ces sourires qu'affichent parfois ceux qui ont perdu toute notion de la vie et s'émerveillent de tout, comme s'ils renaissaient après un long voyage douloureux.

- Morgane, ton oncle n'a pas été admis à Ste Mangouste par hasard et son mal n'a rien à voir avec les maladies usuelles que l'on peut rencontrer. Andraël a été frappé par un sort puissant.

Elle n'avait pas caressé l'éventualité que son oncle ait pu devenir fou à cause d'un sort, réalisant encore à peine que celui-ci était un sorcier.

- Mais alors, cela voudrait dire que quelqu'un lui veut du mal ! lança-t-elle, réalisant soudain l'ampleur de la situation.
- Rien n'indique qu'un autre sorcier lui ait effectivement jeté un maléfice.
- Mais enfin, il ne s'est pas rendu fou tout seul !

Le vieux sorcier marqua un temps de pose.

- Nous n'en savons rien, Morgane, reprit finalement Dumbledore avec douceur, le regard empli d'une certaine tristesse.

La jeune fille se laissa retomber sur son fauteuil, pensive. Elle sentait derrière elle la présence des deux professeurs, qu'elle savait immobiles, attendant patiemment un signe de Dumbledore les autorisant à se retirer.

- J'ai pensé que tu aurais aimé rendre visite à ton oncle, dit soudainement Dumbledore, avec la même douceur dans la voix. Je suppose que s'il s'était agi d'un membre de ta famille dont tu étais proche, la question ne se serait pas posée mais… Peut-être ne préfères-tu pas revoir Andraël.

La jeune femme écarquilla les yeux, surprise. Revoir son oncle, après toutes ces années ? Cette idée ne lui avait même pas effleuré l'esprit. A nouveau, elle n'aurait su dire quels étaient ses sentiments face à cette possibilité mais elle sentait déjà une sensation de culpabilité lui serrer la gorge. Peut-être n'avait-il personne d'autre… A vrai dire, elle n'en savait rien. Elle ne connaissait de son oncle qu'un nom, une image et quelques rares souvenirs. Jamais il ne parlait de lui-même. C'était un loup solitaire, un animal sauvage et craintif qui n'approchait que de temps en temps, et repartait comme une ombre.

- Oui… Oui. Je pense… enfin, je veux aller le voir, murmura-t-elle.

Le directeur la regarda gravement, puis lui sourit, l'air confiant. Il releva un peu la tête et Morgane comprit que son regard se dirigeait vers les deux professeurs, toujours silencieux. Elle le vit esquisser un petit signe de tête dans leur direction.

- Les professeurs Snape et Antinea te conduiront à l'hôpital.
- Ah et, heu… comment se rend-on là-bas ? demanda Morgane, surprise.
- Vous utiliserez un Portoloin.
- Un quoi ?
- Un moyen de transport rapide et discret, lança le professeur Antinea, amusé.

Le directeur fit mine de chercher quelque chose sous son bureau.

- Voyons, voyons… ah, le voilà !

Morgane découvrit stupéfaite une vieille casserole rouillée et se demanda si Dumbledore n'avait pas perdu la tête.

- Tu n'as qu'à toucher simplement la casserole, tout se passera très vite.
- Maintenant ?

Mais Snape ne laissa pas à Morgane le temps de s'interroger d'avantage sur ce drôle d'objet et lui plaqua fermement la main sur le vieil ustensile de cuisine. Antinea et lui effleurèrent du bout des doigts la casserole.

- Attention… Un… Deux… Trois !

Immédiatement, la jeune fille ressentit une drôle de sensation l'envelopper toute entière, comme si elle était irrésistiblement attirée dans un tourbillon de sons et de couleurs. Pourtant, tout se passa tellement vite qu'elle eut tôt fait de retomber lourdement sur ses pieds. Déséquilibrée par le rude choc, elle faillit tomber en arrière, encore toute étourdie. Elle leva les yeux et vit son professeur de potions lui jeter un regard agacé, alors qu'Antinea époussetait tranquillement sa longue robe pourpre. Se désintéressant des deux hommes, elle prêta une attention particulière au décor qui les entourait. Ils étaient arrivés dans une grande rue pavée, complètement déserte. Pas étonnant, pour un soir de Noël ! Elle suivit ses deux accompagnateurs qui descendaient maintenant la rue en regardant attentivement toutes les boutiques fermées. Ils s'arrêtèrent devant un magasin particulièrement miteux.

- C'est ici, siffla Snape. Dépêchez-vous miss Greene, je n'ai pas de temps à perdre.

Morgane entendit Antinea murmurer quelque chose d'incompréhensible en direction de la vitrine. Elle crut avoir rêvé mais lorsque le petit professeur leur fit signe de s'avancer, elle le suivit sans trop se poser de questions. Le drôle de trio disparut derrière la vitrine et se retrouva dans un grand hall qui contrastait étonnement avec la rue sombre et trop calme d'où ils venaient. Une sensation douce vint réchauffer le visage rougi par le froid de l'adolescente, qui découvrait avec stupeur les drôles de personnages qui parcouraient le hall dans tous les sens. Au vu des bizarreries qui l'entouraient, elle ne douta pas qu'ils étaient arrivés au fameux hôpital qu'était Ste Mangouste. Certains sorciers semblaient en piteux état. L'un deux notamment avait la moitié du visage brûlé et hurlait à qui voulait l'entendre qu'il n'approcherait plus jamais un dragon ou quelconque autre bête sauvage de près. Un autre semblait également fort en colère et avait la main droite complètement enflée et boursouflée. La jeune femme réprima une grimace de dégoût et suivit les deux hommes qui se dirigeaient vers un comptoir au dessus duquel était écrit en grosses lettres : « renseignements », tout en jetant des regards furtifs et interrogateurs autour d'elle.

- Andraël Greene, Pathologie des sortilèges, Quatrième étage, salle 17, lança une sorcière blonde d'un ton lasse.

Les deux hommes se remirent en marche et Morgane les suivit distraitement. Ils parcoururent un dédale de couloirs remplis de monde et grimpèrent quelques marches avant de se retrouver au quatrième étage. Un petit écriteau montrait qu'ils étaient arrivés au bon endroit.

- Quatorze, quinze, seize… ah, la voilà ! marmonna Antinea dans sa barbe.

La salle 17 était petite mais bien éclairée et d'apparence accueillante. La décoration était très sobre. Deux lits blancs étaient rangés contre le mur, avec une petite table de chevet à côté. Morgane aurait pu croire la pièce inoccupée si un modeste bouquet de fleurs n'avait pas trahi la présence de patients.

- Vous cherchez quelque chose ? lança une voix claire s'élevant derrière eux.

Une petite sorcière joufflue et à l'air jovial, vêtue d'une robe verte et tenant un calepin à la main s'était adressée à eux.

- Nous cherchons Andraël Greene, dit poliment Antinea.
- Oh… veuillez patienter un instant je vous prie.

Elle se volatilisa et revint quelques minutes plus tard, escortant un grand homme noueux aux cheveux grisonnants.

- Je suis désolée, Andraël s'était encore adonné aux joies d'une escapade matinale. Il ne tient pas en place ! Vous êtes de sa famille ?
- Hum… je suis sa nièce, murmura Morgane, mal à l'aise.
- Oh, je vois. Et… ?
- Nous sommes chargés d'escorter Miss Greene, coupa Snape, agacé. Maintenant si vous n'y voyez pas d'inconvénient, nous sommes pressés et si la visite pouvait commencer au plus tôt…

Le sourire de la petite sorcière s'effaça lentement. Elle toisa l'homme puis lança, sèchement :

- Seuls les proches du malade sont autorisés à lui rendre visite. Miss Greene, suivez-moi, je vous prie.

Elle ne laissa pas le temps au deux hommes de répliquer et, entraînant Morgane et son oncle dans la chambre 17, leur ferma la porte au nez. Andraël avait suivi docilement la sorcière, probablement une infirmière de l'hôpital, à en croire le petit insigne qui ornait sa robe et regardait maintenant le plafond d'un air béat, comme si quelque chose de particulièrement curieux s'y trouvait perché. La jeune fille étudia le grand homme de plus près et sentit peu à peu un pincement lui serrer le cœur et une douleur bien connue lui nouer la gorge. Comment est-ce que ce sorcier à moitié fou pouvait être son oncle ? Elle le reconnaissait à peine, tant il avait changé. Son visage s'était creusé, des rides sans grâce apparaissaient maintenant au coin de ses yeux et l'air grave qui ornait autrefois son visage s'était transformé en un sourire faussement heureux. Ses yeux s'étaient couverts d'un voile inexpressif et toute la sauvagerie mystérieuse qu'ils renfermaient laissait maintenant la place à un air absent. L'homme ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Il ne semblait pas avoir conscience de grand chose, d'ailleurs et restait figé, le regard tourné vers le plafond. Morgane se sut comment réagir et l'idée de repartir aussi vite qu'elle était venue lui effleura l'esprit un instant. Mais elle sentait le regard poli que l'infirmière lui jetait, restée à l'écart par discrétion. Un sentiment de honte vint l'habiter. Honte de le voir ainsi, honte de ne pouvoir agir, honte sans savoir pourquoi exactement. Elle ne parvenait même pas à éprouver de la pitié. Une grande tristesse, pourtant, face à l'état misérable dans lequel se trouvait maintenant cet homme qui était jadis si fier et digne. Elle osa toussoter doucement, pour attirer l'attention d'Andraël. Il resta de glace, tellement immobile qu'on aurait pu le croire stupéfixié. Elle tendit alors la main avec hésitations, effleurant son épaule du bout des doigts.

- Monsieur… Andraël… ?

Lentement, très lentement, celui-ci tourna sa tête vers l'adolescente qui le regardait avec de grands yeux tristes. Il sembla la dévisager quelques secondes puis se détourna vivement, reportant cette fois son attention sur la petite table à côté du lit blanc.

- Il… est-ce qu'il peut parler ? demanda Morgane à la petite sorcière.
- Il prononce de temps en temps quelques phrases incohérentes sans que l'on s'y attende, soupira l'infirmière.

Luttant contre son appréhension, Morgane se rapprocha de son oncle.

- La table est jolie, n'est-ce pas ? risqua-t-elle.

Elle se trouvait complètement stupide. Il ne comprenait pas un traître mot de ce qu'elle lui disait, ne la reconnaissait même pas et elle n'avait rien à faire ici.

- Je m'appelle Andraël Greene, dit soudainement le malade dans un rire sans joie, faisant volte-face. Andraël Greene, ho ho, répéta-t-il, plus fort.
- Je suis Morgane Greene. Votre nièce, dit Morgane, se forçant à sourire.
- Oui… Oui, bien sûr. Morgane. Ah, ah.

Il se laissa choir sur le lit et balaya le sol, son regard reprenant de nouveau un air absent.

- Morgane Greene… Vous vous souvenez ?
- Je m'appelle Andraël Greene.

La jeune fille lui jeta un regard désespéré. Il n'y avait rien à en tirer. Elle allait prendre congé du patient et tourner les talons quand celui-ci, comme animé d'une énergie soudaine, se leva brusquement et lui agrippa les poignets.

- Tu n'en es pas capable !

Il avait plongé son regard dans le sien. Ses yeux ne reflétaient plus quelconque folie, ils avaient retrouvé leur éclat et leur mystère et brillaient maintenant furieusement.

- Tu n'en es pas capable ! répéta-t-il.
- Lâchez-moi ! hurla-t-elle.

Mais l'homme n'avait pas l'intention de lui obéir. Il conserva son étreinte pendant quelques secondes qui parurent durer des heures puis la lâcha subitement, leva la tête et repartit dans sa contemplation du plafond, ses yeux ayant à nouveau perdu toute expression. La petite infirmière s'était empressée d'accourir, l'air affolé.

- C'est la première fois qu'il se comporte comme ça ! D'habitude il est doux comme un agneau. Je pense qu'il vaut mieux que la visite s'arrête ici.
- Oui… Oui, bien sûr, murmura Morgane, un peu déboussolée.

Elle s'éclipsa silencieusement de la pièce, remuée et pensive. Mais elle fut rapidement tirée de ses réflexions par un éclat de voix familières raisonnant au bout du couloir. Elle pressa le pas et découvrit ses deux professeurs en discussion animée, l'air furieux. Antinéa paraissait calme d'apparence mais la couleur pourpre qu'avait pris son teint, s'accordant fort bien avec la couleur de sa robe, trahissait une fureur certaine. Snape quand à lui regardait son collègue de haut, l'air encore plus méprisant que d'habitude et semblait prêt à tout moment à cracher son venin. Il paraissait sur le point de perdre contrôle, ce qui ne lui arrivait pour ainsi dire jamais. Pourtant, les deux hommes stoppèrent net leur altercation dès qu'ils aperçurent la jeune fille.

- Allons-y, maintenant, lança Antinea comme si de rien n'était.

Personne n'osa ajouter quelque chose, et le cortège se reforma, reprenant sa marche, dans un silence religieux.

Le retour à Poudlard se fit rapidement. Les tensions presque palpables entre les deux hommes alourdissaient considérablement l'atmosphère et chacun était pressé de regagner ses appartements. « Ce Noël n'aura décidément pas été comme les autres », songea Morgane tristement.

Elle passa le reste de la journée lovée dans un canapé confortable de la salle commune des Serdaigle, un livre à la main. Ses yeux parcouraient le texte et ses mains tournaient une à une les pages cornées de l'ouvrage usagé mais son esprit n'enregistrait pas ce qu'elle lisait. Elle détournait parfois son regard, rêvant quelques secondes, s'assoupissant, parfois. Elle appréciait cette fois cette solitude apaisante qui la laissait libre d'agir et de penser sans songer aux conséquences que cela pourrait avoir. Elle n'avait pas envie de descendre dîner. Elle était bien là où elle était et une douce paresse l'enveloppait peu à peu. Pourtant lorsque la nuit tomba, elle se vit contrainte de quitter la grande pièce pour rejoindre son dortoir. Elle allait se laisser choir dans son lit quand deux objets posés méticuleusement sur l'oreiller attirèrent son attention. Ses cadeaux ! Comment avait-elle pu les oublier ? Un grand sourire aux lèvres, elle commença par déballer le gros paquet argenté. Elle y découvrit une grosse boîte de friandises pour sorciers, ainsi qu'un petit livre à la couverture vert bouteille s'intitulant : « Trucs et astuces pour sorciers malins ». Elle trouva aussi une petite carte, sur laquelle elle pouvait lire :

« Joyeux Noël !

Tu vois, je ne t'ai pas oubliée. J'ai trouvé le livre très amusant et son contenu est très intéressant, je suis sûre qu'il te plaira. La boîte de friandises te redonnera certainement le sourire. Ne mange pas tout, je tiens à en goûter un peu ! Qui sait si ces innocents bonbons ne nous révèleront pas d'autres surprises. Peut-être un changement de tonalité de la voix, cette fois ? J'ai bien essayé d'arracher quelques mots au vendeur mais celui-ci m'a seulement garanti qu'ils étaient sans danger et qu'ils étaient très appréciés, particulièrement à l'approche de Noël. Tu m'en diras des nouvelles.

J'espère que tes vacances ne passent pas trop lentement. J'ai cru comprendre que Neil O'Maley restait lui aussi. Peut-être en as-tu profité pour faire sa connaissance ?

Je passe mes journées plongée dans mes livres, à la maison ce n'est pas très drôle et mon père est encore plus irascible que d'habitude.

Je t'embrasse,

Gwendoline ».

Morgane sourit et se promit de tester les friandises dès le lendemain. Elle reporta son intention sur l'autre paquet, plus petit, cette fois et de couleur bordeaux. Elle défit le tissu avec précautions et découvrit une boîte en bois joliment peinte. A l'intérieur se trouvait une superbe chaîne en argent, avec un petit pendentif en forme de lune. Elle caressa le bijou du bout des doigts et le reposa méticuleusement dans sa boîte. Sa mère aussi lui avait envoyé une petite carte :

« Ma chérie,

Je conserve ce bijou depuis des années et je m'étais promis de te l'offrir lorsque tu serais assez grande. Il me semble que le temps est venu, maintenant. Puisse cette petite chaîne t'accompagner dans cette année et guider tes pas vers le bon chemin. Qu'elle vive avec toi, au rythme de tes joies et de tes peines.

Je te souhaite de passer un très joyeux Noël.

Peter et moi t'embrassons,

Maman. »

Morgane déposa ses cadeaux sur la table de chevet à côté de son lit et laissa sa tête retomber sur l'oreiller, un grand sourire aux lèvres.