Preface
Un an. Cela faisait exactement un an jour pour jour qu'ils étaient arrivés sur Atlantis. Le Dr Elizabeth Weir était adossée à la baie vitrée qui délimitait son bureau, surplombant la salle d'embarquement et la porte des étoiles, the stargate comme on aimait l'appeler, trônant en son centre. Tout semblait calme aujourd'hui, seulement trois équipes étaient à l'extérieur en mission de reconnaissance, les autres étaient en exploration de la cité, avaient quartier libre ou en visite sur le continent comme celle du colonel John Sheppard, et il n'y avait aucune allée et venue dans la salle contrairement à d'habitude. Au contraire, l'esprit de cette belle diplomate était en grande effervescence. Elle revivait les évènements marquant de cette année depuis leur départ de la Terre, après une préparation qui durait depuis plus de trois mois et la découverte d'un avant poste ancien en Antarctique. Elle s'était vue confiée la mission de devenir le leader de la plus grande équipe d'experts ayant jamais traversé la porte. Trois cent personnes allaient explorer sous son autorité une nouvelle galaxie, Pégase. A l'époque, elle ne s'était posée aucune question, sa peur avait très vite laissé place à l'excitation et elle avait immédiatement accepté ce poste, essayant de ne pas penser à sa séparation avec Simon. Elle s'était cependant surestimée car le poids de ses responsabilités augmentait de jour en jour. Mission après mission, elle avait du faire face à la mort de plus de la moitié de ses hommes, sans compter les nombreuses décisions qu'elle devait prendre et qui s'avéraient parfois très difficiles. Le comportement des militaires à l'égard d'une civile n'arrangeait rien.
Un an. Il y a un an, ils apprirent l'existence d'un ennemi potentiel qui, depuis ce jour, ne cessait de hanter leurs nuits. Les wraith étaient en grande partie responsable de la disparition de la majorité de son équipe. Elle-même avait failli plusieurs fois y rester. Et tu serais alors seul, Simon, mon amour, libre. Toi que je n'ai pas vu depuis un an et dont je ne cesse de penser à chaque seconde depuis ce message que je t'ai laissé, la veille de thanksgiving. Il ne se passe pas un jour sans que je regrette, Simon. Le souvenir de ton visage s'efface de plus en plus, les contours sont devenus flous, remplacé peu à peu par celui d'un autre homme qui compte désormais beaucoup pour moi, beaucoup trop.
Un an. Un an maintenant qu'elle avait fait sa connaissance. Elle se souvenait encore du sentiment qui l'avait envahi, le sentiment d'un nouveau départ certes, mais également la sensation qu'à deux ils accompliraient de grandes choses. Ce grand brun mystérieux, excellent pilote malgré un dossier qui lui porta préjudice à de nombreuses reprises, était capable de contrôler n'importe quelle invention des Anciens sans qu'à aucun moment ce pouvoir ne lui fasse peur. Il l'avait épaulé et réconforté quand elle s'était avérée prête à renoncer, sauvé tant de fois au péril de sa propre vie. C'est lui que tu dois remercier, chéri, si je suis encore de ce monde. Enfin, du monde d'Atlantis. Vous êtes tous deux constamment présents dans mon esprit et pourtant l'un semble l'emporter sur l'autre. Justement, il rentre à la base, la porte vient de s'activer. Il fait irruption dans la salle avec prestance, un peu de fierté et beaucoup d'allure, suivi par Teyla et Ronon qui se chamaillent comme des gamins. Comme d'habitude. Son regard cherche quelqu'un et quelques minutes plus tard, j'entends ses pas derrière ma porte.
Entrez colonel.
Comme toujours, il a ce sourire adressé à tant de conquêtes et ayant le pouvoir d'anesthésier chacune de mes pensées.
Comment s'est passée votre visite sur le continent colonel ? Les athosiens se portent bien ?
John la rejoignit à la fenêtre.
Très bien. Ils semblent correctement installés, leur village prospère. Ils sont apaisés mais restent sur leurs gardes. Ils s'organisent doucement vers une nouvelle vie. Une école vient d'être aménagée. Jinto est impatient. Il grandit vite. Pas comme certains…
Son regard s'attarda sur Teyla et Ronon en train de faire un bras de fer. Il leva les yeux au ciel. Elizabeth se contenta de sourire tristement. John reprit.
Je ne vais pas pouvoir supporter leurs gamineries encore longtemps. A chaque fois c'est moi qui en paie les frais !
Voyant qu'elle ne réagissait pas, il changea de sujet.
Mais ce n'est pas pour cela que je suis venu vous voir…
Elizabeth retourna derrière son bureau sur lequel reposait un cadre en argent.
Voilà. Quelques membres de l'équipe ont proposé d'organiser une petite soirée dans le labo de McKay pour fêter thanksgiving… et l'anniversaire de notre arrivée. Vous n'avez pas oublié quand même ?
Elizabeth releva la tête.
Non colonel, je n'ai pas oublié mais est il nécessaire d'organiser une fête ici sur Atlantis ?
Oui, je crois que ce serait bon pour le moral des hommes.
Ca m'étonnerait que Rodney accepte de prêter son laboratoire à des fins purement festives.
Je lui en ai déjà parlé. Il est vrai qu'il était plus que réticent au début mais je l'ai convaincu d'inviter Kate.
Pourquoi venez vous me demander la permission puisque vous avez déjà tout organisé !
En fait, je voulais vous demander de m'accompagner à la soirée.
Elizabeth sursauta mais reprit très vite contenance.
Je ne suis pas sûre d'apprécier ce genre de soirée colonel…
S'il vous plait ! Je n'ai personne pour m'accompagner.
Elizabeth ne doutait pas une seule seconde qu'aucune femme sur Atlantis n'aurait refusé d'accompagner John Sheppard. Elle fut très touchée qu'il ait pensé à elle et répondit après un long moment.
Pourquoi pas. Mais croyez vous qu'il y ait quelque chose à fêter ?
Elle pensait à ses hommes perdus au cours de la bataille et qui auraient sûrement voulu assister à cette soirée.
J'en suis certain.
John lui avait répondu en la regardant droit dans les yeux. Il semblait lire au plus profond de son être et cela était effrayant et rassurant à la fois. Il contourna le bureau et s'approcha derrière elle cachant quelque chose derrière son dos.
Tenez. C'est un petit cadeau en avance. Une athosienne me l'a confectionné spécialement pour vous. Il a simplement fallu que je vous décrive pour qu'elle comprenne ce que je voulais. J'aimerais que vous le portiez ce soir.
Elizabeth, étonnée, souleva ses cheveux bouclés et John lui attacha délicatement à son cou. Elle ressentit alors la même sensation au contact de ses mains.
C'est très gentil, vous n'auriez pas du. Il est magnifique.
N'oubliez pas qu'il vous représente. A ce soir.
Après un dernier sourire, John quitta la pièce. Elizabeth regarda le cadre, caressa doucement la surface en verre puis le posa face contre le bureau.
Adieu Simon.
