Disclaimer Tous ces petits bishos ne sont (heureusement ?) pas à moi

Genre: Euh… J'avoue, ça n'a plus grand-chose à voir avec les insectes. Mais il se trouve qu'en cours de route mon neurone a bifurqué. XD. J'espère que ça vous plaira quand même.


Chapitre 5 : L'héritier.

- Extrait du journal de Quatre Raberba Winner – Mars AC 205.

Il est de mauvais ton de commencer un acte écrit en usant du pronom 'je'. Donc éviterais-je de commettre cette erreur de langage, même pour rédiger un vulgaire carnet de bord. Que voulez-vous : L'éducation, les bonnes manières ; C'est le monde dans lequel j'ai baigné dès les premières années de ma vie. Et je suppose que certaines façons demeurent malgré l'âge, malgré les morts, malgré la guerre… Malgré tout.

Même après toutes ces années passées en prison, j'ai conservé mes manières, thésaurisé mon savoir, cultivé mon langage, comme un amant âgé déploie des trésors pour garder sa maîtresse ; c'était tout ce qu'il me restait. Le Savoir.

Les livres étaient autorisés dans nos cellules ; je pouvais donc me livrer à ma quête à loisirs, emmagasinant tout ce qu'il était possible de concevoir en ce monde. A longueur de journée, je ne faisais que cela : lire. Lire et rester immergé dans cet univers tourné vers le langage, la communication, tout en restant isolé dans cet espace clos, privé de tout contact avec le quotidien. L'isolement était de rigueur ; aucun contact avec l'extérieur : ni famille- y compris la famille royale du prince héritier-, ni amis, encore moins anciens pilotes. L'échange de lettres était donc formellement interdit. Du moins, c'est ce que la sentence avait laissé suggérer. C'est ce que je croyais.

Je ne pensais jamais revoir mes compagnons, ceux qui s'étaient battus à mes côtés, mes frères d'armes. Au fond de ma cellule, mon empathie me transmettait chaque jour leurs émotions, leurs craintes, leurs angoisses, leurs espoirs aussi, et ça me tuait. Au début, j'ai exploité ce don, cherchant à savoir s'ils allaient bien, si l'enfermement ne les faisait pas trop souffrir… J'ai eu tort. Jamais je n'aurais dû chercher à savoir. Je n'aurais pas eu alors à accompagner chacun d'eux dans leur descente aux enfers. Le poids de cinq vies déjà trop usées étaitlourd. Il me tuait, à petits feux, à mesure que les cinq flammes encore vivaces s'éteignaient.

Alors je me suis rongé les sangs, morcelant ce pouvoir pour l'éteindre, lui aussi. Peu à peu, j'ai effiloché les liens qui liaient mon esprit à celui des autres. Puis je les ai brisés, uns par uns, doucement, parce qu'un choc brutal aurait pume rendre fou. Je m'éloignais des miens, sachant que je rompais le dernier lien que nous avions.

Le plus dur fut Trowa, le mercenaire qui me troublait, forçait ces sentiments impropres à un prince héritier, seul mâle parmi une multitude de sœurs. Trowa, le silencieux. Mais je savais écouter ses silences, sa musique et ses yeux. Trowa, à qui je n'ai fait que montrer des bribes d'affection, de légers indices d'attachement. Pourtant je lui jouais tout mon amour au violon. Peut-être sa flûte me répondait-elle…

Après, il ne reste plus rien, rien d'autre que des années de réclusion. Pas de tortures, pas de coups, pas de mépris, juste… l'isolement. Peut-être le pire des enfers. Rien à faire mis à part engloutir livre après livre, sachant pertinemment que le temps s'écoule sans nous. Rien d'autre…

Puis, un matin froid de décembre, un homme est entré dans ma cellule, avec un photographe. Le flash surpuissant m'a abruti un instant, le temps qu'on m'annonce que j'étais libéré.Je sortaisle lendemain matin, 'de même que mes camarades', m'a-t-on expliqué. Et le luxe : nous bénéficions d'un 'programme de réhabilitation' : on change de nom, de planète, de famille. Tout changeait sauf une chose : nos prénoms. D'après les papiers qu'on m'avait remis, je me nommais 'Quatre Kardec', et j'étais fils unique, orphelin.

Le photographe a pris quelques autres clichés – pour les fichiers- puis ils sont partis comme ils étaient venus, dans un souffle.

Toute la nuit, j'ai vacillé entre espoir euphorique et angoisse maladive. J'ai eu peur, vraiment peur. Je me suis demandé ce que j'allais faire 'dehors', pensant amèrement qu'ils nous avaient vraiment volé nos vies 'à perpétuité'. Nous étions libres, mais étions-nous vivants ? Ce bonheur-là avait un goût de cendre.

Je fus le premier à sortir, ouvrant des yeux affamés sur le monde, redoutant d'apprendre quels changements avaient eu lieu, mais surtout, le cœur débordant d'impatience, à l'idée de revoir les miens.

'…de même que mes camarades'.

Je n'ai pas douté une seconde de voir apparaître quatre silhouettes lorsque les portes s'ouvriraient à nouveau. Mais Wufei a fini par se montrer ; il était déjà dehors depuis une bonne heure, caché derrière le coin de la rue. Je lui ai souri, comprenant alors qu'ils nous faisaient sortir un par un. Nous sommes restés côtes à côtes sans mots dire, s'habituant à la présence l'un de l'autre.

Puis les lourdes portes se sont ouvertes, laissant apparaître la silhouette élancée de Trowa. J'ai eu le vertige en le revoyant, sans pour autant pouvoir qualifier ce que j'ai ressenti. Il s'est approché et nous a salué d'un signe de tête. Nous nous sommes rendus à l'évidence : nous étions à nouveau des inconnus. Mais nous étions avant tout une unité, un groupe ; alors par instinct, nous avons attendu d'être au complet.

J'étais persuadé que lorsque Heero et Duo apparaîtraient, les langues se délieraient, et enfin, nous apprendrions à faire connaissance, une fois encore. Mais au bout de deux heures silencieuses, un garde a ouvert à nouveau les portes et s'est dirigé vers nous. Il a élevé une petite voix aigrelette en grimaçant légèrement :

- Pas la peine de rester attendre. Il n'y a personne d'autre.

Mon esprit a divagué quelques secondes, avant que je ne me ressaisisse, au son métallique des portes.

Il n'y a personne d'autre…


A suivre.

Réponses aux reviews :

Mithy : lucidité-décision-action. Lol ! C'est tout Heero ! XD. Je suis vraiment contente que tu aies trouvé ce qui manquait chez Heer. (Contente aussi qu'il l'ait trouvé :p). Un giga micii pour ta review et pleins de chus !

Shima-chan : lol ! Nope, Heero ne va pas piétiner son cœur, enfin je pense pas. :p. Je suis contente que tu continues de lire ! Merci pour ta review !

Black Sharne : Ah ! C'est super que tu aies capté l'allusion au fait que eux sont les rois et empereurs et que c'est le monde autour d'eux qui se résume aux insectes. (Contente !). Ça me touche que cette histoire te face autant d'effet. Vu que mon but c'est d'atteindre les lecteurs, c'est un très joli compliment. Micii !

Aele : Il ne faut pas être triste. Peut-être qu'un jour ils se retrouveront… Qui sait ! Merci beaucoup pour ta review !

Yuky : Je suis contente que tu trouves cette fic originale. C'est vrai qu'ici Heero est moins hésitant, t'as entièrement raison. Micii !

Laura Kaede : Pas de problèmes. Tu sais je ne vais pas m'arrêter si j'ai moins de review ; c'est vraiment pas une obligation. Mais c'est très gentil de prendre le temps de m'en laisser une quand même. Micii