Disclaimer Tous ces petits bishos ne sont (malheureusement !) pas à moi
Genre: Sans doute un peu angsty et mélancolique, mais avec une touche d'espoir, quand même !
Bonne lecture. C'est la fin !
Chapitre 11 : Et j'ai recommencé à vivre.
Extrait du journal de Quatre (Raberba Winner) Kardec – Juillet AC 205.
Les mois ont passé depuis la lettre de Duo. Tout le monde sait à quel point le temps peut être égoïste. Il passe et s'écoule sans se soucier de rien, sans oublier personne sur son passage. Les jours se sont mués en semaines, et les semaines en mois. C'est ainsi que vont les choses, immuablement…
J'ai relu la lettre, des dizaines, des centaines de fois. Les mots se sont gravés d'eux-mêmes dans ma mémoire, si bien que je n'eus bientôt plus besoin de déplier le papier pour la parcourir à nouveau. Les mots de Duo m'ont fait mal, mal à n'en plus pouvoir respirer, à m'en enfoncer les ongles dans la chair pour avoir mal ailleurs. Pour ressentir quelque chose de physique, pour donner une raison à ces larmes, pour ne pas avoir à me dire 'c'est de ta faute'.
Ici, il n'y a plus personne à aimer, et c'est de ma faute.
J'ai regardé le sang s'écouler de mon corps pendant des heures, pendant des jours peut-être. Ce n'étaient que des blessures superficielles, mais elles me rappelaient que j'étais vivant, que je ressentais encore la douleur ; une douleur autre que cette ritournelle lancinante. Une douleur autre que celle de l'absence. J'étais sorti de prison, libre, enfin. Pourquoi ne m'étais-je jamais senti aussi seul ?
Tu me manquais Trowa, tu me manquais et je perdais la tête… Je n'avais rien d'autre à perdre, après tout. Heero est la vie de Duo. Ils s'aiment à leur manière, avec leurs torts et sans raison, mais de tout leur cœur.
Je suis celui qu'on surnomme 'le cœur de l'espace' et pourtant j'avais l'impression d'être vide, sans âme. Et je m'étais arraché le cœur, tout seul… Je n'ai pas su lire tes silences. C'est pourquoi je t'adresse les mots qui clôtureront ce chapitre de ma vie, de mon histoire.
J'étais si fatigué, d'être seul. J'en crevais de me dire que c'était moi qui t'avais chassé, que j'étais la source de mon propre désarroi. J'étais fatigué d'être ici ou là, à errer dans cette grande maison vide. La lettre de Duo était arrivée trop tard.
Il n'y avait plus personne à aimer, Trowa.
J'étais si fatigué de me battre sans raison, de me maintenir en vie sans y trouver le moindre but. Ca fait mal, tu sais, de se dire que ses blessures ne guériront pas, que la peine est trop présente, de réaliser que le temps n'effacera rien. Et j'avais beau crier ou hurler, j'avais beau serrer les poings de toutes mes forces, rien ne changeait.
Pourtant j'ai chassé mes larmes d'un revers de la main un matin de grisaille, me disant que j'aimerais encore, un autre que toi. Pour la première fois je suis sorti sans but ; et je suis revenu seul.
Les larmes ont coulées et je me suis rappelé du temps de la guerre. Je me suis rappelé que lorsque nous partagions notre chambre et que je pleurais, tu ne laissais pas les larmes descendre le long de mon menton. Non, tu les arrêtais doucement en effleurant ma joue du bout des doigts, en murmurant 'ne pleure pas, little one'. Je me suis rappelé que c'était toi qui chassais mes peurs, toujours.
Je me suis rappelé … qu'il n'y avait que toi.
Il n'y a que toi qui gardes tout de moi, Trowa. Il n'y a que toi qui me rends heureux. Si tu pars, tu laisses aussi ma vie derrière toi. J'aurais dû te le dire, au lieu de te chasser… Mais je ne l'ai pas fait. Je regrette, tu sais.
Alors j'ai pensé à toi. A toi, et rien qu'à toi, en m'oubliant un peu. J'ai réalisé que je n'étais probablement plus celui que tu voulais, celui que tu appelais 'little one'. Je suis sorti du bureau un peu en titubant, parce que le choc fut rude. J'ai eu très mal puis plus rien, juste un grand vide qu'il fallait à tout prix combler.
Un grand vide, oui, voilà ce qu'il y avait à la place qui aurait dû te revenir. Les suppositions douteuses et les appréhensions étaient parties, la solitude aussi. Parce que finalement, ce vide était plein de toi, même si tu n'étais pas vraiment là. Il me restait pleins de souvenirs à explorer.
Encore aujourd'hui, j'ignore ce qui a bien pu provoquer ce changement en moi.
J'imagine que je dois ce dernier soubresaut d'espoir à mon 'cœur de l'espace'…Parce que c'est en pensant si fort à toi que je l'ai senti vibrer à nouveau. C'était étrange, de ressentir quelque chose naître à nouveau en soi, ce lien si fort que j'ai passé tant de mois à détruire en prison.
Ca me faisait mal de te sentir souffrir, ça me faisait mal et je n'ai pensé qu'à moi. Enfin, je pensais à toi…et à ce don qui me permettait de te sentir un peu, même si tu étais loin.
Je suis allé jusqu'à la chambre que j'avais choisie, observant d'un œil nouveau les rideaux bleu pâle assortis au couvre-lit. J'ai sourit en me disant que j'aurais dû choisir du vert plutôt.
Je me suis assis sur le lit, doucement, de peur de briser un espoir si fragile, de peur de me briser moi-même le cœur pour la deuxième fois. Et puis, doucement, j'ai fermé les yeux en m'allongeant. Et j'ai pensé à toi. Juste ça.
Juste ça pour reconstruire tout doucement un petit fil, un peu fragile, mais un lien tout de même. Je réparais mon empathie en construisant un pont vers ton âme, Trowa. Je me réparais le cœur.
De cette manière, même si je n'étais pas avec toi, je pouvais être heureux quand tu l'étais, je pouvais te consoler tendrement quand tu étais triste. Je pouvais être avec toi, et tu étais en moi, pour toujours.
J'ai commencé à être heureux, même si tu me manquais toujours horriblement. Je te sentais vivant, quelque part entre mon cœur et mon âme.
Alors la maison s'est sentie vivante, elle aussi. Peu à peu, j'ai posé des cadres a murs, j'ai décoré les pièces tout doucement, en prenant mon temps. J'ai gardé une photo de toi dans mon bureau, aussi. La maison n'était plus vide, mon cœur non plus. Seule ta présence me manquait.
Ta présence…
Un jour quelqu'un a sonné à la porte d'entrée, au beau milieu de l'après-midi. C'était toi.
C'était toi.
J'ai réfléchi à toute vitesse, sans même chercher à connaître la raison de ta présence. J'ai réfléchi aux mots que j'aurais pu employer pour te le dire. J'ai réfléchi si vite que je ne savais plus. Je t'ai dévisagé, ne trouvant rien d'autre que :
- Trowa ?
Tu as souri doucement devant mon air ahuri, puis tu as murmuré d'une voix calme :
- Je te sens, Quatre. Je te sens…
Tu as posé ta main sur ta poitrine, là où se trouve ton cœur.
- … ici.
Et j'ai recommencé à vivre.
Fin. J'espère que cette histoire vous aura plu! Merci de l'avoir suivie!
Réponses aux reviews 'anonymes'
ElangelCaido : Je suis contente que tu trouves cette fic différente et que tu accroches. C'est adorable de me laisser tes impressions, merci ! J'espère que la fin ne te décevra pas !
Aele : « et t'es pas resté vivant tres longtemps après ça, mais bon ». Soit j'ai mal compris, soit tu as mal compris lol. Duo n'est pas mort (en tout cas pas encore ; je laisse le choix au lecteur d'imaginer s'il se font prendre par la suite ou non.). Mais je suis contente que le chapitre t'ait plu en tout cas ! C'est super ! Merci beaucoup pour la review, et j'espère que la fin te plaira !
Yohina : Kikoo ! Merci pour ta review adorable ! C'est très gentil. Je suis contente que cette fic te touche ! A bientôt peut-être.
