Titre : Rapport n° 575147
Auteur/Artiste : Heera
Couple : TsumeToboe
Fandom : Wolf's rain
Rating (G, PG, PG-13, R, NC-17) :
Thème : 21 / Violence, pillage, extorsion
Disclaimer : Gregorio Barsen est à moi... son équipe aussi... même si eux j'ai envie de les jeter au fond d'un trou et les enterrer vivant v.v
Agent : Gregorio Barsen
Matricule : 575147
Poste : Expert radar et système de surveillance
Accréditation : Niveau D
Rapport : 351
Concernant la mission : CANIS LUPUS
Niveau confidentialité : AA
La mission dont je dois rendre compte aujourd'hui a commencé le 16 novembre. Le colonel Chel a pris la tête de l'équipe. Celle-ci était composé du sous-lieutenant Lag, bras droit du colonel et expert en explosif et des premières classes Pincen et Dors, respectivement experts en filature et tir. J'étais pour ma part, chargé du radar et des systèmes de surveillance. Nous avons pris la route à 6 heures GTM.
Nous étions chargés de suivre une meute de loups. C'est à cette occasion que j'ai découvert que cet animal légendaire n'avait pas disparu de la surface de la Terre, qu'il avait survécu en se fondant parmi les humains par le biais d'illusions. Nous devions suivre leur route, et si les ordres étaient tels, la décimer. Notre filature était facilitée par l'invention du professeur Pinad, un produit qui permet de "gommer" l'odeur humaine. Il nous suffisait donc de ne pas nous faire voir ni entendre.
La première semaine se déroula tout à fait normalement. La meute semblait se diriger vers un point précis et nous les suivions jour après jour. Peu à peu, grâce au radar et à mes petites caméras espions j'ai appris à les connaître.
Cette meute se composait de quatre membres. Celui que l'on pouvait considérer comme l'alpha se nommait Kiba. Il n'était pas très bavard mais le plus déterminé. Il y avait aussi Hige, le plus sociable des quatre peut-être. C'est le plus souvent lui qui calmait les querelles naissant entre Kiba et Tsume, le troisième du lot, un solitaire hargneux qui semblait lui-même se demander ce qu'il faisait là. Et puis le dernier, le plus jeune, Toboe. Celui-là, il était du genre paumé. Sensible, maladroit, un peu peureux. Cherchant toujours à faire de son mieux, Bizarrement, c'est à cause de lui que la mission à basculé.
Huit jours après notre départ, il est tombé sur nous par hasard, nous pensions avoir pris toutes les précautions nécessaires mais ça n'a pas été suffisant et il est apparu en plein milieu du camp d'un seul coup. Pincen et Dors ont réagi sur le champ et l'ont capturé avant qu'il ait pu s'enfuir et l'ont empêché de donner l'alarme.
Un problème s'est alors posé. Nous ne pouvions pas le garder prisonnier sans attirer l'attention des trois autres, ni le relâcher, il serait allé les prévenir. Suivant les consignes, si nous nous faisions repérer, nous devions les éliminer. Nous discutions de cette solution sans vraiment faire attention que le jeune loup nous entendait. Sauf Lag. Lag a vu que l'hypothèse que sa meute meure terrifiait Toboe. C'est là que tout a commencé.
Je ne sais pas d'où il a sorti une idée pareille, mais avec l'accord du colonel il a proposé un marché au jeune loup. Si celui-ci promettait de ne rien dire, il était libéré et ses compagnons ne risquaient rien. Ca semblait correct, après tout nous n'étions là qu'en mission d'observation.
Mais Dors et Pincen ont également eu une idée. Comme je l'ai dit, ils sont tous les deux première classe et ce, malgré des nombreuses années de service. Il y a une explication à ça. Dors et Pincen sont deux créatures aux bas instincts, inutilement violents. Et voilà une semaine qu'ils n'avaient pas pu se défouler. J'ignore comment ils s'y sont pris, mais le fait est que le colonel et le sous-lieutenant ne se sont pas opposés à ce qui suivit.
Dars et Pincen ont rajouté une clause à l'accord. Toboe devait tout simplement leur servir de punching ball.
J'ai bien tenté de m'y opposer mais sans succès, ils refusèrent de m'écouter. De son coté, Toboe, mort de peur à l'idée qu'on s'en prenne à sa meute a accepté.
Une routine ignoble s'est alors installée. Tous les matins, Toboe se levait avant ses compagnons et nous rejoignait. Dars et Pincen "s'amusaient". Au bout de quatre jours, le colonel et le sous-lieutenant se sont joints à eux. Le jeune loup s'en sortait dans un état lamentable, coupures, écorchures et bleus finirent par couvrir la quasi-totalité de son corps. Lorsque le temps me le permettait, je le soignais de mon mieux. Ils n'ont jamais essayé de m'en empêcher, je suppose qu'ils pensaient que c'était préférable pour la suite de la mission.
Parfois mes coéquipiers ne voyaient pas le temps passer et Toboe devait répondre de son absence à Hige. Où il était passé, comment il s'était fait ces blessures. Il était allé se promener. Il était tombé. Oui encore. Ensuite il encaissait sans broncher le regard froid de Kiba, le rire moqueur d'Hige et le regard méprisant de Tsume.
Je commençais à me demander combien de temps encore il allait tenir. Aux blessures physiques, s'ajoutaient la peur. Dors et Pincen ne perdant pas une occasion de lui rappeler, qu'au moindre faux pas, c'était tout la meute qui payait.
Et la honte. La honte que je voyais dans ses regards baissés face à ses compagnons.
Tout cela à pris fin treize jours après son commencement.
Alors que mes coéquipiers brutalisaient la "boule de poils" comme ils l'appelaient, je surveillais mes radars, un moyen comme un autre d'oublier les bruits de coups et les gémissements de douleur ainsi que mon incapacité à stopper tout ça. C'est comme ça que je l'ai vu. Mes caméras me renvoyèrent l'image de Tsume se réveillant plus tôt que d'habitude, remarquant l'absence de son jeune compagnon.
Et partir à sa recherche. Tout me le confirmait. Les caméras, mon radar, il se rapprochait de plus en plus. J'aurais dû avertir le colonel, mais je ne l'ai pas fait. Je me suis contenté de suivre l'avancée du loup, recroquevillé sur moi-même devant mes instruments, misant tout mes espoirs sur une silhouette noire et un petit point vert.
Et il a bondi parmi nous. Tout est allé très vite. Lag a été le premier a tomber, la gorge arrachée, le visage crispé de douleur et d'incompréhension. Chel, Dors et Pincen ont bondi sur leur armes mais ils n'ont pas été assez rapide, deux secondes après Lag, ils subissaient le même sort que le sous-lieutenant.
Quelques secondes avaient suffi, tout était terminé. Le spectacle était atroce, j'avait même reçu une partie du sang qui avait giclé sur mon visage. J'avais eu du mal à distinguer Tsume, parfois je voyait un homme armé d'un couteau, puis un loup aux crocs acérés. Recroquevillé dans mon coin, mort de peur, je l'ai vu se rapprocher de Toboe.
J'ai vu Tsume, ou plutôt son illusion, s'accroupir à côté du corps tremblant d'un jeune garçon et embrasser chaque blessure. Je suppose qu'en réalité, sans ses illusions, j'aurais vu un loup lécher les blessures d'un autre loup, leur manière à eux de désinfecter les plaies si mes souvenirs de cours de biologie sont bons.
Moi, je tremblais de tous mes membres, encore choqué par le carnage qui venait de se dérouler sous mes yeux. C'est peut-être ces tremblements ou alors le bruit de mes dents s'entrechoquant qui attira l'attention de Tsume.
Il s'est lentement avancé vers moi, sa lame à la main. Il avait le regard glacé, braqué sur moi. J'allais y passer. J'aurais dû y passer.
Mais Toboe l'a stoppé. Et Tsume s'est détourné de moi. Je l'ai vu prendre le petit corps dans ses bras.. enfin... toujours cette histoire d'illusion quoi.. c'est difficile à expliquer.
Ils sont partis sans m'adresser un regard de plus. Dès qu'ils ont disparu de ma vue, j'ai attrapé mon radar. Je les ai vu rejoindre leur deux compagnons, puis s'éloigner pour finalement disparaître totalement du champ d'action de mon instrument. Je me souviens d'une chose, jusqu'à ce que mon instrument devienne inutile, les signaux représentant Tsume et Toboe n'en formaient qu'un. Un seul petit point vert.
Je ne sais pas combien de temps j'ai mis à me remettre de ce qui venait d'arriver mais quand j'ai repris mes esprits, j'ai remballé ce qui pouvait l'être et que je pouvais transporter et je me suis dirigé vers la cité la plus proche pour rendre compte de l'échec de la mission.
Je jure en mon âme et conscience de n'avoir rapporté que la stricte vérité.
Le 5 décembre. Grégorio Barsen.
Dans la petit pièce qui servait de salle d'interrogatoire, un jeune homme aux traits tirés releva les yeux des mots qu'il venait d'écrire et posa son crayon à coté de la feuille. Il poussa un soupir las et se laissa aller contre le dossier de la chaise inconfortable où il était assis.
C'était fini.
Et il avait appris une vérité que peu de gens connaissaient ou plutôt ne voulaient pas reconnaître. Le cœur d'un loup, le cœur d'un animal, était plus pur que celui de bien des humains. Il ne faisait aucun doute aux yeux du jeune rescapé que si la situation avait été inversée, les humains, si purs, si bons, avec leur jolie "âme" n'auraient peut-être eu aucun complexe à exterminer toute la meute.
La tête renversée en arrière, il posa un bras en travers de son visage. Il allait partir. Sa carrière dans l'armée était de toute façon terminée alors il allait s'en aller. Loin des cités. D'autres loups existaient, étaient pourchassés, tués. Il allait les chercher, les aider.
Les protéger, comme un jeune loup en sang l'avait protégé lui.
