Yoh à toutes! Une fics qui me tient particulièrement à coeur et que j'ai envie de mettre en scène depuis longtemps! J'espère qu'elle vous plaira! N'hésitez pas à dire entre Saga et Kanon à qui va votre préférence, j'en tiendrai évidemment compte.Enjoy!
Et la flèche se planta dans le mur, nous indiquant la marche à suivre.Aioros rayonnant, était enfin là.Tous les saints d'or d'Athéna étaient là.
Nos corps n'étaient plus que des hématomes géants, broyés par le Cocyte, que seule notre volonté nous permettait encore de mouvoir.Le regard tremblant, mais déterminé, je le cherchais des yeux.
Il était là, éloigné de moi et pourtant si proche.Jamais nous n'avions été aussi proche en réalité.Nos cosmos s'intensifièrent en même temps et nous nous jetâmes corps et âme contre le Mur des Lamentations.Nous étions déjà morts, mais cette fois nos âmes disparaitraient, telle l'étoile qui se meurt et retourne à la poussière originelle.
La fin du Rêve...
La fin du Cauchemard...
Le début du Néant...
Le Néant...
Le Noir...encore...
Puis, plus rien.
Alors que la dernière étincelle spirituelle m'animant s'éteignait dans le firmament cosmique, je le regardais une dernière fois.Je ne voulais pas oublier...mais je n'arrivais plus à penser.
Je n'existais déjà plus.
«Milo...Milo...»
On m'appelle.Il fait froid...je resserre mes bras contre mon corps gelé et nu.Je ne veux pas ouvrir les yeux.J'ai peur.
Peur de ce que je pourrai découvrir.Je ne m'en sens plus la force.Mon corps est tellement engourdit que je ne le sens plus.Mais ai-je toujours un corps?
«Milo...réveille-toi...»
Encore cette voix lointaine.Que me veut-elle? Mes paupières sont si lourdes qu'elles me paraissent être encore plus lourdes que mon armure d'or.Mais cette fois ne fera pas ouvrir les yeux.
Je veux me reposer.Je ne veux plus souffrir, je ne veux plus être témoin d'horreurs.Et je ne veux plus voir mes camarades tomber au combat.
«Assez! Assez! C'en est assez!»
Passant mes mains dans mes cheveux, sans rien ressentir pourtant, comme si chaque parcelle de mon corps était morte, je secoue la tête fébrilement.Je me recroqueville sur moi-même à la recherche de chaleur et je serre la mâchoire, maintenant les yeux clôs.
«Milo...!»
Le murmure abyssal se fait plus ferme et fort.Je peux l'entendre...cette voix...la sentir...cette douceur qui m'enveloppe comme une mère bordant son enfant.Pas de doute, c'est bien Elle!
Même si mes yeux sont fermés, elle n'a aucun mal à se projeter dans mon esprit, malgré ma barrière émotionnelle.
Athéna est là, sceptre à la main, se dressant majestueusement devant moi.Elle s'agenouille devant moi et entoure mon corps meurtri et dénudé de ses bras protecteurs.
-«Chevalier...Milo...l'heure du réveil est arrivée.
-Déesse...ma déesse...je ne veux pas.Je n'ai plus la force de vivre...dis-je en tremblant.
-Milo...il t'attend...il t'appelle, ne l'entends-tu pas?»
Il m'appelle? Mes yeux s'ouvrent soudainement, sous l'effet de la surprise.Mais il n'est pas là, autour de moi, il n'y a que du noir.Et je comprends...
-«Je...ceci est mon esprit, n'est-ce pas?
-Oui, il s'agit de ta psychée, de ta prison mentale.Tu t'y es volontairement enfermé, comme tous les autres, pour fuir, pour nier...tu es encore dans le coma à l'heure où je te parle.
-Je suis inconscient...Hadès...cela veut dire que nous l'avons vaincu?
-Absolument.Votre sacrifice a creusé une brêche assez importante dans le Mur des Lamentations pour vaincre les Ténébres.Les douze armures d'or sont entrée en résonnance et leur lumière était comme le Soleil chassant la Nuit Eternelle.
-Et les autres...comment vont-ils?
-Ils sont aussi choqués que toi.Mais vivants, eux aussi.
-Vivants...
-Ne le fais pas attendre, Milo.Tu l'entends, pas vrai? Alors rejoins-le...»
Je sens ce cosmos si puissant et tendre s'éloigner de moi, disparaissant peu à peu, m'abandonnant à nouveau...je tends la main, essayant de le retenir contre moi, mais en vain...
«Noooooooooooooon!»
Je sens pour la première fois quelque chose.
Je sens des larmes roulent sur mes joues.Je suis seul à nouveau, j'ai à nouveau froid et peur du noir.Je ne veux plus rester ici, dans ce mensonge que je trouvait sécurisant.Je veux fuir, retrouver la lumière...
Le retrouver!
Me débattant de toutes mes forces dans les lymbes de mon âme, je suis comme le poisson essayant de s'extraire des mailles de ce filet étroit et étouffant.
«Milo! Je t'en prie, réveille-toi!»
Cette voix que j'entends à présent parfaitement, m'encourage et c'est un souffle nouveau qui anime mon corps.Je perce cette poche qui m'enfermait, comme une sphère de placenta et je nage...vers la surface...vers cette chaleur, cette lumière blanche et pure...
Douloureusement...avec hésitation mes yeux s'ouvrent.Mais aveuglés par la lumière divine du Soleil de Grèce, je les rerferme aussitôt.J'ai mal partout, mais n'est-ce pas la preuve inébranlable que je suis bien en vie? Mes yeux se reposent un court instant et je suis à nouveau plongé dans les ténèbres...
«Milo...par pitié...reviens-moi...»
Supplie la voix avec une douceur infinie, comme pour ne pas m'effrayer.Une main se pose sur mon visage et le caresse avec tendresse et délicatesse, repoussant quelques cheveux mouillés.J'ouvre à nouveau les yeux et le cherche du regard.
Il est là et maintient ma tête posée sur ses genoux.Un sourire éclatant comme le Soleil illumine son visage et il soupire de soulagement.Son armure d'or brillant de mille feux me fait penser à celles des chevaliers dans les contes de fées...je n'avais jamais ressenti cela auparavant.Je tousse un peu et mon corps affaiblit est secoué de spasmes.J'ai du mal à le distinguer à l'identifier avec certitude, car je vois flou.
Camus...?
J'espère de tout mon être que c'est lui.Mon coeur s'accelère dans ma poitrine, je le sens battre dans mes tempes, avec impatience et excitation.Mais cette chaleur flamboyante...
Ca ne peut pas être Camus.Et mes yeux me le confirment enfin.Ce visage compatissant et pur, aux traits réguliers, qui me fascine, c'est évidemment...
«Sa...»
Je voulais que ce soit lui.Mais son sourire s'efface, il baisse les yeux, et je m'interromps parce que je l'ai blessé en les confondant.Non, ce n'est pas Camus, ni même Saga.Cet air affligé et déchiré de remors, n'appartient à personne d'autre qu'au jumeau de ce dernier: Gemini No Kanon.
Je referme les yeux, comme si les ouvrir pour dévisager cet ange m'avait demandé trop d'énergie.La lumière du Soleil est encore trop aveuglante.
-«Milo! Panique t-il, comme s'il avait peur que je sois retombé dans le coma de manière définitive cette fois...
-Aïe ma tête...crie pas comme ça, Kanon! Souris-je ironiquement.
-Tu as deviné que c'était moi? S'étonne t-il.
-Jamais je ne pourrai vous confondre.Je vous connais trop bien, toi, comme lui.»
Il paraît un peu surpris et j'ouvre les yeux pour de bon cette fois.Kanon tremble...a t-il froid? Il est trempé...et moi aussi...que s'est-il passé?
-«Kanon, où sommes-nous?
-Au Cap Sounion...»
Mes pupilles se dilattent sous l'effet du choc.le Cap Sounion? L'endroit où Kanon fut précipité et ancien Sanctuaire de Posédion...que de mauvais souvenirs en perspective.Je me relève précipitament car je ne comprends absolument pas ce que nous faisons là.Fatalité quand tu nous tiens...
«Tu en es sûr?»
Je regarde autour de moi...du sable blanc, la mer qui s'étend à perte de vue et les vagues qui viennent lècher la plage...Kanon a sûrement raison et ma question a un peu plus enfoncé le couteau dans la plaie cicatrisante du Gémeaux.Percevant son air attristé, je déclare:
-«Je suis désolé...je ne voulais pas remettre ta parole en doute, ni te rappeler de mauvais souvenirs.
-Je sais.Ne t'en fais pas, ce n'est rien, affirme t-il pourtant.
-Que faisons-nous là?
-Je l'ignore...nous devrions être morts et même plus que ça à l'heure qu'il est.Mais il semblerait que les Dieux en aient décidé autrement.C'est une seconde chance qui s'offre à nous.Quand j'ai repris connaissance, je flottais dans l'eau...comme si je ne pouvais pas couler.Tu étais à côté de moi, plongé dans un sommeil profond...j'étais mort d'inquiètude! J'avais beau t'appeler, tu ne me répondais pas et tu ne semblais pas m'entendre.Je t'ai maintenu hors de l'eau en te serrant contre moi et nous avons dérivé jusqu'ici, poussés par le courrant.Tu respirais si faiblement que j'ai eu peur de devoir te faire du bouche à bouche!» Me taquine t-il en souriant.
Tu aurais du...ai-je instinctivement pensé en fixant ses deux yeux azur comme le ciel.
-«Mais Athéna soit louée, tu n'as rien...
-Elle est vivante elle aussi.Les chevaliers de Bronze ont gagné!
-Comment cela? Demanda t-il en fronçant des sourcils.
-Je l'ai vue pendant que j'étais inconscient...pas toi?
-Non...
-Tu n'as vu personne? Personne ne t'a rappelé à lui?
-Non», fit-il en secouant la tête.
Etrange...avec un tel coma et le choc occasionné par notre retour sur Terre, impossible que Kanon se soit réveillé de lui-même.Il avait du repenser à quelque chose ou quelqu'un si ce n'était pas Athéna qui était venu le chercher...Poséidon, Julian Solo peût-être? Ils étaient très liés avant...Ou Saga alors? Etant la moitié naturelle de Kanon, il serait normal que son image l'ait motivé à s'en sortir.Mais c'était sans compter leurs rapports houleux et complexes.
Effectivement, Kanon mentait.
Et je n'appris que bien plus tard, que la personne qui l'avait sauvé ce jour-là...celle qui l'avait rappelé au monde des vivants et à laquelle il s'était accrochée comme à une bouée...
C'était moi...
Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis le jour du «Réveil».Tout le monde s'était retrouvé au Sanctuaire, meutri, mais vivant, comme par magie.Etait-ce un Happy End ou encore une plaisanterie des Dieux?
Athéna nous certifia n'y avoir été pour rien...et si tout cela n'avait été qu'un cauchemard? Peût-être n'étions nous pas mort finalement...
La Vie reprit rapidement ses droits au Sanctuaire.Nous étions des guerriers, nous avions été formés à nous sacrifier pour une cause, alors nous n'avions eu aucun mal à nous remettre d'aplomb, en prévision d'une nouvelle attaque.
Notre devoir comptait plus que ce traumatisme, aussi profond soit-il.
Camus...il avait vu Hyoga, son précieux disciple, mais pas moi.Je fus attristé, abattu en apprenant cela.Certes, il n'y avait entre eux qu'un lien quasi-filial, et bien-sûr, Camus n'avait pas choisit de penser à lui, tout comme j'avais pensé à Athéna sans le vouloir, mais...je ne pouvais m'empêcher d'être déçu.C'était comme si je réalisais que l'amour de Camus ne me serait jamais acquis...Tout s'écroula pour moi, ce jour là et si je ne voulais pas rester seul avec ma peine, je devais recoller les morceaux de mon coeur.
J'avais été éperdument amoureux de Camus des années durant, mais avec le temps cet amour s'était estompé, comme la falaise qui s'afesse peu à peu...
Mon coeur n'avait jamais vraiment oublié son premier amour, lui restant fidèle malgré la tourmente.Or cet amour, ce n'était pas Camus, mais le troublant Saga.Je me serai damné pour lui et je n'avais pas digèrée sa traîtrise...n'y ayant jamais réellement cru.Aujourd'hui encore, je continuais de me voiler la face, l'observant en cachant, volant quelques instants avec lui...
Il était redevenu le doux et mystérieux chevalier au regard si mélancolique, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules.Et c'était vrai quelque part.Il n'avait pas encore expié tous ses pêchés, même si tout le monde l'avait pardonné.Saori n'avait d'ailleurs pas hésité à l'introniser Grand Pope de manière officielle et légale cette fois, comme si elle avait tiré un trait définitif sur le passé sanglant de Saga.Il est vrai que tous les chevaliers appréciaient énormément Saga et que nous le respections et l'admirions tous secrètement.Il était un modèle de vertue, un exemple pointu, autant de ce que l'on devait faire, que de ce qu'il fallait éviter pour être bon chevalier.
Et moi, je me morfondais en un amour impossible...les vestiges, les réminiscences de cet amour passé et non-partagé, que j'avais reporté sur Camus inconsciement, parce que plus que tout, j'avais peur qu'on m'abandonne à nouveau.
Mais maintenant que nous étions tous de retour, sauf Aioros...dont on avait pas retrouvé le corps, c'est ce qui l'avait empêché d'être réssucité m'a t-on dit...maintenant, je pouvais essayer de me rapprocher de Saga comme avant...mais on efface pas les erreurs du passé...
Saga et moi étions très liés avant sa transformation.Je ne sais pas s'il était au courant de mes trop visibles sentiments.Je n'étais qu'un adolescent fougueux et insouciant, secrètement épris du Saint le plus influant et désiré du Sanctuaire.Mais mon amour était sincère.Ce n'était pas que mes hormones ou ma curiosité qui me poussaient vers lui avec autant de ferveur.C'était quelque chose de bien plus fort, de boulversant.
Les semaines, les mois passèrent...
Je passais le plus de temps possible chez les Gémeaux.M'étant lié d'amitié avec Kanon, ce n'était pas difficile et cela me faisait un excellent prétexte pour voir Saga.Les choses avaient du mal à redevenir comme avant entre nous, mais lentement je regagnais la confiance farouche de mon aîné.Il était souvent absent, spectral, absorbé par son devoir et ses responsabilités de Grand Pope.J'aurai aimé pouvoir le soulager de ce fardeau, mais il ne se plaignait jamais.En fait, celui que ses horaires déments indisposaient, c'était moi.Je le voyais tellement rarement que je faisais n'importe quoi pour qu'il me convoque.Ca en devait ridicule, mais cette addiction bien réelle m'empêchait de voir clair en moi-même.
Heureusement, je pouvais toujours compter sur le soutien de Kanon.Il s'arrangeait toujours pour interférer avec son frère et me premettre de le voir.J'ignorai pourquoi Kanon faisait preuve d'une telle gentillesse envers moi.Etait-ce dût au fait que j'étais le seul chevalier en dehors de Saga à lui accorder de l'importance? Les autres ne le voyaient plus comme un ennemi, mais avaient du mal à l'accèpter.Tout du moins, ils lui étaient complètement indifférents.Kanon faisait un peu office d'étranger et il ne se mêlait que très rarement aux autres, hormis moi et occasionnellement Camus, puisque nous étions souvent ensemble.
Je me sentais soulagé d'avoir fait le point sur ma relation avec le Verseau.Je me sentais moins inconforté en sa présence et il était le seul à être au courant de ma passion pour Saga...
Le seul...du moins, je le pensais...mais comment Kanon n'aurait-il pas remarqué mon fort peu discret petit manège envers son jumeau?
Par amitié envers moi, il décida donc de jouer les entremetteurs, intercèdant en ma faveur aussi souvent qu'il le pouvait.Il ne manquait jamais de vanter mes mérites ou mes qualités auprès de Saga.
Kanon...si j'avais su pourquoi tu faisais cela...jamais je ne t'aurais laissé te sacrifier pour moi.Tu m'aimais aussi et pourtant, tu n'essayais jamais de me séduire ou de me le faire comprendre.Tu restais juste à mes côtés, loyalement.Dire que je te parlais de Saga à longueur de journée, mais toi tu ne disais rien.Tu restais impassible alors que tu souffrais...
Camus me conseilla de confier mes sentiments à Saga.Mais j'avais une peur bleue d'essuyer un rejet.En général, je n'avais pas besoin d'échaffauder des stratagèmes délirants pour trouver un compagnon ou un compagne.Une simple oeillade charmeuse, un déhanchement sexy et je passais la nuit avec la personne de mon choix.Mais quand on aime, les choses prennent tout de suite une tournure plus douloureuse.Je ne pouvais pas faire avec Saga, ce que je faisais d'habitude.J'avais peur de le choquer ou qu'il me prenne pour un garçon facile.
Pourtant...grâce à Kanon, je parvins à trouver le courage nécessaire pour lui faire part de mon affection.L'ex-Marina m'encouragea vivement à essayer, afin de tourner plus vite la page en cas de refus.Il paraissait si sûr de lui...
A juste titre...
Jusqu'où vont les similitudes entre des jumeaux? J'eu tout le temps de me pencher sur le problème mais jamais je n'ai trouvée la réponse à cette question: sont-ils semblables au point d'aimer la même personne?
Il faut croire que la réponse à cette énigme était que oui.Effectivement, cela était possible et cela arriva.Bien qu'opposés par leurs caractères, Saga et Kanon m'aimaient tous les deux sincèrement.Saga était amoureux de l'adolescent que j'étais jadis, tandis que Kanon préfèrait le fier adulte qui se tenait devant lui.
Je m'étais lancé et il en découla effectivement, que Saga était bien épris de moi depuis fort longtemps.Nous étions enfin réunis, grâce à Kanon le laissé pour compte...
A partir de ce jour, je vins moins voir Kanon, ne m'invitant égoïstement chez les Gémeaux que pour y voir Saga, quand je savais qu'il y serait.Kanon ne me le fit pas remarquer, il resta toujours secret et réservé...se renfermant un peu plus sur lui-même.Les couples à trois font rarement bon ménage, mais jamais ni moi, ni Saga ne nous sommes soucié de lui et de la peine que nous pourrions lui occasionner.Pendant nos ébats, pendant nos moments d'intimité et de volupté, nous ne faisions aucun effort pour être discrets, alors que sa chambre était séparée de la notre par un cloison aussi maigre que du papier journal.Saga et moi étions du genre très expressif et nous avions comblées nos années de séparation de la façon la plus charnelle qui soit.D'ailleurs, il n'y eut rapidement plus que cela entre nous: une osmose sexuelle.Saga et moi étions assez différents dans nos comportements, nos centres d'intérêts, mais ce magnétisme qui existait entre nous, nous poussait toujours dans les bras l'un de l'autre, malgré les crises.
Et il y en eut...un nombre incalculable.Tout était prétexte à la dispute, puis à la réconcilliation sur l'oreiller.Nous avions besoin de cela, de nous provoquer perpétuellement, puis d'exprimer notre manque de la façon la plus torride qui soit.C'était devenu comme une sorte de rituel malsain entre nous, le ciment de notre couple.Et...Kanon assistait à cet éternel déchirement avec impuissance.
Je me rappelle parfaitement ce matin là...je m'étais réveillé atrocement fièvreux...et j'étais descendu voir mon amour d'amant pour obtenir un peu de réconfort.A force de ne plus combattre, moi qui ne savais faire que cela, mon système immunitaire s'était relâché et j'étais tombé malade...
Saga était bien chez lui...mais...
-«Milo? Que viens-tu faire ici de si bon matin? Me demanda t-il d'un ton inquisiteur.
-Je crois que je couve une mauvaise grippe...avouais-je comme un gamin.
-Et c'est pour cela que tu viens me voir? Tu aurais du faire appeler un médecin!
-Oui, mais...ça va aller je t'assure...
-Alors pourquoi es-tu venu? Me reprocha t-il presque.
-J'avais envie...besoin de te voir, Saga.
-Peût-être, mais tu es malade.Le principal, c'est ta santé.Tu devrais être dans ton lit et te reposer.
-Non, c'est dans ton lit que je veux être, avec toi.C'est comme ça que je guérirai le plus rapidement.
-Il en est hors de question.Dans ton état, ce genre de sport est peu recommandé.
-Oh ça va! Je ne suis pas à l'article de la mort non plus! Gémis-je capricieusement.
-Mais ce n'est pas comme ça que tu guériras...
-Au contraire...si tu me donnes un peu d'attention, ce soir je serai à nouveau sur pieds! Assurai-je.
-Désolé, mais tu connais ma réponse.En plus, tu es brûlant de fièvre...souffla t-il en caressant mon front moite.
-Mais merde, Saga! Je veux passer un peu de temps bien au chaud avec mon petit ami! Y a pas de mal à ça! J'en ai rien à foutre d'être malade! En amour, on partage tout, c'est toi-même qui l'a dit! Je suis sûr qu'en fait t'as pas envie que je te refile mes microbes, hein?
-Calme toi, Milo...tu te trompes lourdement...
-Ah ouais? Alors pourquoi tu veux pas qu'on fasse une grasse matinée ensemble? Hurlais-je toujours.
-Parce que...j'ai une réunion dans moins d'un quart d'heure.
-Ah, je vois...ton devoir, toujours ton devoir...tsssss...j'aurai du m'en douter! Je passe toujours au second plan...»
Et c'était systématique.A tel point que cela m'insupportait royalement.J'en avais assez de n'être qu'un passe-temps...qu'un amant que Saga retrouvait le soir quand il n'était pas faitugé.Nous ne parlions même plus...le romantisme des premiers mois avait complètement disparut.C'était tout juste si nous avions encore le temps de combler nos fringales sensorielles.
-«Milo, arrête de me faire un scandale pour rien.Tu sais que je suis très occupé ces deniers temps avec la reconstruction du Sanctuaire et le recrutement des apprentis.
-Ah ça! Si je ne le savais pas depuis le temps...tu me ressors toujours la même excuse! J'en ai marre d'être délaissé! Tu peux le comprendre ça, non? Tu pourrais très bien rester avec moi, juste aujourd'hui et laisser Camus ou Shura se charger de ça...tiens, tu pourrais même envoyer Kanon à ta place, tout le monde n'y verrait que du feu!
-Excellente idée...
-Hein?
-Oui, je vais demander à Kanon de s'occuper de ça, tu ne seras pas seul!
-Tu te fous de ma gueule là? C'est pas Kanon que je veux, c'est TOI!
-Je m'occuperai de toi en rentrant ce soir, c'est promis.En attendant, Kanon prendra soin de toi.
-Mais, Saga...
-Quel est le problème? Vous vous entendez bien, non? Je dirai à Kanon d'être patient avec toi parce que tu es d'une humeur exécrable ce matin...sourit-il méchament.
-Peût-être que si mon mec ne s'appelait pas «L'Homme invisible» ou «Lucky Luke, l'homme qui tire plus vite que son ombre», ça n'arriverait pas! Rajoutais-je tout aussi cruellement.
-Si mon petit ami n'était pas un insassiable et un frigide...ça n'arriverait pas.»
Je détournais mon regard fièvreux de Saga, blessé cette fois et je serrai les poings.Réalisant qu'il était allé trop loin, Saga s'avança vers moi et posa ses mains sur mes épaules, me forçant à le regarder.
-«Pardonne-moi, je ne pensais pas ce que j'ai dit.
-Ben moi, si.
-Milo...ça ne va pas recommencer...je te promets que ce soir en rentrant je nous emmènerai au restaurant pour fêter ton rétablissement et je m'occuperai exclusivement de toi, mon ange.Alors qu'en dis-tu?
-T'es sincère là?
-Oui.Je t'aime, je ne veux pas te perdre...
-Saga...»
Il se pencha vers moi et nous lèvrees se touchèrent.Malgré la fièvre, cela me procura une joie intense et nous ne tardâmes pas à approfondir ce baiser sucré.Nos langues se caressant comme si c'était la dernière fois que nous nous voyions.Rien qu'à la façon dont Saga m'embrassait, j'étais brûlant.Et ce n'était pas dût à ma maladie...j'en frissonnais d'avance, en pensant à ce soir.Il n'y avait que lui, lui et personne d'autre, pour me calmer d'un simple baiser.Je l'aimais tellement...
Brusquement, un bruit sourd nous tira de notre exploration délicieuse.Nous sursautâmes et découvrîmes Kanon, qui venait de se réveiller.Timidement, il ramassa le bol qu'il venait de casser.Il semblait terriblement gêné, comm le cheveu tombé dans la soupe.
-«Pa...pardon...je ne voulais pas vous interrompre...s'excusa t-il en détournant le regard.
-Kanon, mon frère! Tu tombes bien! J'ai un service à te demander!
-Ah oui? S'étonan t-il, méfiant.
-Milo est malade, je voudrai que tu lui tiennes compagnie aujourd'hui.C'est possible?
-C'est que...
-S'il te plaît, Kanon.Je te demande ça comme une faveur.»
A l'époque, je n'avais pas vu que très clairement, Kanon se sentait mal à l'aise en ma présence et qu'il essayait de nous éviter moi et Saga, quand nous étions ensemble.Je n'ai jamais su s'il avait fait exprès d'interrompre notre baiser, en tous cas.J'avais lancé un regard suppliant au second Gémeaux et ce dernier hocha de la tête.Personne n'aurait pu résister à ce regard à faire fondre un iceberg.
-«Eh bien, c'est d'accord...
-Merci, Kanon! On a du temps à rattraper toi et moi, en plus! M'enthousiasmais-je.
-Bien.Je vais donc vous laisser.Passez une bonne journée.»
Saga m'embrassa langoureusement une dernière fois, ses mains glissant avec aisance le long de mes hanches, tandis que les miennes parcouraient son torse parfait, avant de venir se nouer autour de son cou.A chaque vous que nous nous embrassions, le geste était empreint d'une telle sensualité et d'une telle passion, que au finale, nous ressemblions à deux animaux en train de copuler.Kanon préfèra regarder ailleurs, devant notre démonstration de désir et Saga me lâcha finalement, même s'il eut toute les peines du monde à se libèrer de mon étreinte possessive.
Je le regardais partir, comme s'il m'échappait à tout jamais, sans même se retourner, puis je regardais Kanon de mes yeux faibles.Je ne savais pas encore que cette innocente après-midi allait tout changer entre nous...
