Eh oui, me revoilà ! je sais, ça fait un bail ! J'ai dû perdre tous mes lecteurs, mais peu importe, j'ai envie de continuer cette fic, même si c'est seulement pour moi-même...par contre, je n'aurais pas assez de temps pour faire souvent des mises à jour.


VI - Un voyage mouvementé

Ce matin, l'ambiance était particulièrement tendue autour de la table du petit-déjeuner. Maéva essayait de parler le moins possible à sa mère, mais qu'elle ouvrait la bouche, c'était pour lui lancer des remarques méchantes et insolentes. Aujourd'hui était un jour de grand départ pour tout le monde : Hallie et Lena prendraient l'avion pour les Etats-Unis, l'une pour aller chez son père et l'autre pour rendre visite à sa sœur, Effie. « Tandis que moi j'irais croupir en Italie dans une tente miteuse avec des ados arriérés qui vont là-bas pour le plaisir » songea Maéva avec amertume.

Alors que tout le monde était occupé à manger, Lena prit la parole :

«Euh…Hallie ? En fait j'ai réussi à prendre un billet dans le même avion que toi…J'ai négocié avec le directeur de Hélios (1) en prétextant un congrès imprévu. Et comme il me connaît bien et que je lui avais vendu un tableau à moitié prix, il…

- En gros tu l'as acheté avec un tableau, puis dragué un petit coup pour qu'il fasse des quatre volontés. Comme d'hab', quoi !

- Hallie ! Qu'est-ce que tu racontes !

- C'est n'importe quoi ! continua sa fille. Prendre un avion destination Santa Monica alors que tu veux aller à Washington ! Tout ça pour ne pas que je voyage seule…

- Mais, ça n'a rien avoir avec ça !»

Maéva pouffa de rire devant le pathétique de la situation.

« - A peine ! répondit furieusement Hallie. La dernière fois tu as payé un supplément pour qu'une hôtesse s'occupe spécialement de moi ! Heureusement qu'elle a cru s'être trompée de personne quand elle m'a vue…J'en ai marre que tu me couves ! Je vais avoir 18 ans ! »

Lena se leva si brusquement que toute la table trembla (un verre se renversa et un autre se brisa). Son visage était cramoisi, et elle tremblait de fureur. Ses filles ne l'avaient jamais vu dans un état pareil avant, et elles en furent toutes les deux abasourdies. Car il est vrai qu'en général Lena ne réagissait pas trop aux piques que lui lançaient habituellement Hallie et Maéva ; sans doute parce qu'elle trouvait normal qu'elles lui en veuillent de les avoir « délaissées » pendant leur enfance et qu'elle se sentait coupable.

Sa voix retentit bruyamment dans la pièce : « J'en ai marre de vous deux ! Vous me traitez comme n'importe qui, mais je ne suis pas n'importe qui ! JE SUIS VOTRE MERE ! J'ai fait des erreurs, d'accord, vous avez souffert, d'accord ! Mais moi aussi ! Je me suis déjà fait beaucoup souffrir moi-même à cause de mon sentiment de culpabilité ! Alors ce n'est pas la peine d'en faire encore plus en étant dures avec moi tous les jours, rien que pour vous venger ! Et si vous n'acceptez pas de me pardonner et si vous continuez à vous comporter comme ça avec moi, alors vous verrez ! Je ne ferai plus rien non plus pour vous, ni la cuisine, ni le ménage dans vos chambres, ni même les courses ! » Sur ce, elle sortit de la pièce, laissant ses deux filles, incrédules, devant leurs bols.

« Ca alors, je ne l'avais jamais vu comme ça !

- Moi non plus, répondit Hallie.

- Elle l'a bien cherché ! s'exclama sa cadette

- Non Maéva. Je crois qu'elle a raison. On va trop loin. Ca ne sert à rien d'essayer de se venger de ça. De toute façon on ne peut plus rien changer, ni toi et moi, ni elle…Ce qui a été fait a été fait…

- Elle pourrait au moins avoir le courage de nous le dire ! Elle pourrait être sincère, quand même ! On ferait peut-être mieux de lui laisser sous-entendre qu'on a découvert ces putains de papiers dans le grenier, non ?

- Je ne crois pas, ça ne changerait rien à la situation, ou ça pourrait la rendre pire. Il ne faut pas remuer le couteau dans la plaie. Essayons plutôt de ne plus y penser et de faire avec.

- Je suis désolée mais je ne peux pas lui pardonner ça. Je n'oublierai jamais tous ces mensonges, et je crois que je vais même partir à la recherche de nos vrais parents. »

Et elles finirent silencieusement leur petit-déjeuner.

Maéva entra dans sa chambre. Avant de descendre sa valise, elle alluma rapidement son ordinateur, et envoya un e-mail à Kyrene :

Coucou ma choupi ! Je voulais juste te dire qu'on ne pourra pas se voir pendant 2 mois grâce à ma très chère mère :-( Eh oui, me suis faite griller…donc elle a décidé de m'envoyer croupir dans un camp en Italie histoire de pourir encore plus ma vie… + gros bisous.

Puis elle pris sa grosse valise où elle avait réussi à caser toute sa garde-robe d'été, et la traîna péniblement jusqu'au rez-de-chaussée. Sa sœur attendait déjà en bas, la mine soucieuse.

« Mèv', je n'ai pas vu Maman depuis ce matin. Peut-être qu'elle va refuser de nous emmener à la gare et l'aéroport…

- Aïe aïe aïe ! Je n'espère pas…Mais à priori non : si elle veut aller chez Tante Effie, il faut bien qu'elle prenne l'avion !

- Bon, je vais la chercher… »

Elles partirent finalement. Il régnait une ambiance de gêne lourde et pesante dans la voiture. Personne n'osait parler. Lorsque enfin elles descendirent, Lena parla, pour la première fois depuis la dispute :

« Maéva, la gare est juste là. Tiens, voici ton billet : le train est voie 4 et partira dans 15-20 minutes. Normalement il y a un compartiment réservé pour ta colo, mais je ne sais pas lequel. A toi de le trouver. A bientôt. »

Elle serra brièvement sa fille dans ses bras, puis Hallie fit de même, en lui glissant à l'oreille un « Bon courage ma vieille ! ».

« Au fait, ajouta Lena, puis-je espérer recevoir une carte ou une lettre de toi ?

- Oh, euh…je ne sais pas. Peut-être que je n'aurai pas assez de temps…mentit Maéva. Au revoir. » Elle tourna les talons et partit, en roulant son énorme valise derrière elle.

« Enfin libre, songea t-elle, pas forcément dans de bonnes conditions mais bon c'est déjà ça ! » La gare étant petite, il ne fut pas difficile pour elle de trouver les autres adolescents du camp. Ils formaient un grand troupeau rassemblé au milieu du hall. Maéva constata avec surprise et soulagement qu'ils n'étaient majoritairement pas des intellectuels-à-lunettes et qu'un certain nombre d'entre eux n'avait pas l'air enchantés d'être là, tout comme elle. La jeune fille se fraya tant bien que mal un chemin entre la masse d'adolescents pour enfin parvenir devant un des animateurs : « Salut ! lança gaiement celui-ci. Je ne t'ai pas encore cochée sur ma liste, n'est-ce pas ?

- Non, pas encore, acquiesça Maéva, dans un anglais teinté d'un léger accent grec. (2)

- Ton nom s'il-te-plaît ?

- Je suis Maéva Kaligaris-Askouanios, soupira t-elle, en maudissant ses parents de lui avoir donné un nom de famille aussi long.

- Ah oui, la fille de la célèbre peintre-sculptrice Lena Kaligaris, c'est ça ?

- Euh…oui, répondit la jeune fille, mal à l'aise.

- Enchanté. J'adore ses oeuvre, perso je suis un grand fan. En fait je suis des étude d'art graphique et Mme Kaligaris est un des mes modèles...» Il s'interrompit, conscient d'avoir débordé du sujet, et sourit, gêné devant l'agacement visible de la jeune fille, avant de reprendre : «Je m'appelle Thrudder. On va attendre ici jusqu'à ce que les derniers arrivent - il n'en reste plus qu'une dizaine - et nous irons ensuite dans notre compartiment.

- Ok. »

Quand tout le monde fut arrivé, les trente ados accompagnés de leurs moniteurs s'engouffrèrent bruyamment dans le train. Les quelques personnes avec lesquelles ils devaient partager le wagon eurent l'air terrorisé devant cette masse de jeunes, si bien que certains d'entre eux partirent se réfugier dans un autre compartiment éloigné. Maéva s'assit en face d'une fille qui lui sourit, à côté d'un garçon blond boutonneux, et en face d'un brun qui ressemblait vaguement à sa voisine de place.

Maéva jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Visiblement, il y avait des habitués du centre : certains étaient déjà en train de rigoler ensemble, ou de discuter activement avec les monos. Il y avait dans le wagon une trentaine d'adolescents, d'âges variés. Entre quatorze et dix-huit ans, jugea Maéva. Les garçons étaient en majorité, ce qui était loin de déranger la jeune fille

« Euh…vous vous appelez comment ? demanda sa voisine de place, afin de meubler le silence pesant qui régnait dans leur coin.

- Patrick, répondit le blond. » Le cœur de Maéva fit un bond. Elle était surprise qu'un garçon de si petite taille puisse avoir une voix aussi grave, presque une voix d'outre tombe.

- Maéva, répondit-elle quelques secondes plus tard.

- Moi c'est Cherry. Et le crétin qui est assis à côté de moi et qui ne daigne même pas se présenter c'est, bien malheureusement, mon frère Barry. »

L'intéressé s'arracha lentement à son magazine, hocha la tête, et re-disparut derrière des pages consacrées aux nouvelles technologies informatiques.

Sur ce, Maéva se lança dans une conversation animée avec Cherry, et après quelques minutes, elles avaient déjà sympathisé.

Un peu plus tard, un groupe de garçons vint les chercher.

« Ah voilà des jolies minettes ! commença l'un d'eux

- Hey John, c'est pas comme ça qu'on aborde des filles. Elles vont croire que tu les dragues et s'enfuir en courant !

- Je t'emmerde. »

Maéva et Cherry se regardèrent en souriant.

« Bon puisque ces deux-là ne sont pas capables d'avoir une conversation, c'est moi qui vais parler, dit un troisième.

- Est-ce que ça vous intéresserait de venir avec nous pour…

- …parler tous ensemble et apprendre à se connaître, termina un autre des cinq garçons.

- Ok, répondit Maéva en rigolant. »

La petite troupe émigra donc vers l'arrière du wagon, en ajoutant au passage encore deux autres filles à son effectif.

Le groupe envahit les quelques places libres qu'il restait. Ils étaient donc au total une petite dizaine, assis côte à côte sur huit sièges, à plaisanter et rigoler bruyamment – comme n'importe quels adolescents en pleine période d'âge bête.

« Bon, je vous propose de faire un p'tit tour des prénoms faire un peu connaissance.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Daron, se présenta l'un des garçons qui avaient abordé Cherry et Maéva. 17 ans, 1m95, 80 kg, très gentil avec les demoiselles, avec un sens de l'humour extraordinaire, volleyeur et surfeur à ses heures perdues, bref, le mec idéal quoi ! rigola t-il » Il se prit un coup de coude de son voisin :

« Je crois qu'il a oublié prétentieux dans la liste ! Moi c'est John. En fait, ça fait la troisième fois que Daron, Sergio, Chester, Charlotte et moi on vient ici. Donc c'est pour ça qu'on est les seuls tarés à oser aborder les autres et les amener avec nous pour faire un peu connaissance et mettre l'ambiance ! »

« Charlotte ? pensa Maéva, bon, soit c'est un mec avec un prénom de fille, soit c'est une fille qui avale de la testostérone par paquet de dix !»

CHAPITRE NON TERMINE


(1) Une compagnie d'avion grecque pour ceux qui ne connaissent pas

(2) Forcément elle parle anglais puisque c'est un camp anglophone ! (cf. chap.2)

(3) le mec dit ça en français mais pour nous ça fait un peu con vu qu'on parle déjà français…Oui bon, je sais, c'est un jeu de mots à deux balles ! Pas le peine de le penser aussi fort ! lol