Un Voile entre les mondes
Seconde partie : Feel
8 – Déménagement et départ catastrophe.
Vous allez dire que je passe mon temps à râler (et vous n'aurez pas tout à fait tort), mais vraiment je les accumulais en ce début de mission…
Comme j'y ai fait plusieurs fois allusions précédemment, je devais quitter ma colocation dans cette ville étudiante bien trop loin du centre de recherche pour quelqu'un sans voiture comme moi, et prendre mes quartiers à la maison d'hôte du GKSS. Ceci avant de m'envoler pour quinze jours de « congés » et le mariage de ma sœur.
Mais c'était sans compter avec les lenteurs de l'administration allemande, plus paralysante encore que l'administration française. J'eus, grâce à eux, un week-end supplémentaire pour reprendre les rapports de mes prédécesseurs au lieu d'enfin me poser dans un chez moi…
J'avais abandonné l'idée de déménager avant mes vacances en France quand Fred m'appela le vendredi après-midi. Il s'était levé tard et avait croisé la gérante qui retirait mon nom de la porte de ma chambre, ne m'ayant pas encore vue après une semaine d'attente.
Je les aurais tués ! Heureusement, Fred avait récupéré les clés pour moi. Je dus cependant réquisitionner Antonio deux heures plus tôt, pour aller chercher mes affaires dans mon ancien appartement. Le temps de poser mes valises, aidée par Fred qui avait retenu la gérante, de vider un sac et le remplir à nouveau, fermer la porte à double tour, et j'étais à nouveau dans la voiture, direction l'aéroport.
J'étais tellement furieuse que je n'eus pas assez des quarante minutes de trajet pour cracher toute ma colère. Antonio essayait de me calmer, mais ceci nous fit rater l'embranchement. Heureusement que Fred nous avait accompagnés.
Alors que j'étais prise de panique à l'idée de rater mon avion, il me saisit par les épaules, me forçant à me calmer. Je pus alors me concentrer suffisamment pour déchiffrer les panneaux de signalisation…
J'eus même le temps de me laisser tomber dans un fauteuil et de payer un coup à boire à mes deux sauveurs.
« Tou es sûre que tou né va pas manquer ton avion ? demanda Antonio en portant sa chope de bière à ses lèvres.
- Non, c'est bon. Maintenant que je suis enregistrée, ils ne peuvent plus partir sans moi. »
Il hocha la tête, un peu rassuré.
« Alors qu'est-ce que tu vas faire de tes vacances ? s'enquit Fred qui sirotait son cappuccino sereinement.
- Là j'ai une semaine pour les derniers préparatifs, puis une semaine pour les festivités.
- Pourquoi ? tout n'est pas prêt ? s'inquiéta Antonio.
- Connaissant ma soeur, elle va encore décider au dernier moment de trucs excentriques. Si elle ne m'envoie pas au moins une fois à Londres, ce sera un vrai miracle !
- Bah, si tu y vas après jeudi, y a des chances pour que j'y sois. Envoie moi un hi… semhès… se reprit le jeune anglais.
- Hé ? nous exclamâmes-nous à l'unisson.
- C'est quoi un hisemhès ? répéta l'Espagnol.
- Vous savez bien ! Les SMS via internet. C'est un nouveau service gratuit, même vers l'étranger.
- Je ne savais pas qu'ils appelaient ça comme ça. »
J'allais poser tout un tas de questions sur ce fameux service, quand les haut-parleurs résonnèrent.
« Votre attention s'il vous plait ! On demande les passagers suivants pour embarquement urgent à bord du vol 6189 pour Paris. Monsieur Alexandre Martin, Mademoiselle Mathilde… »
Je sursautai alors, surprise par l'appel.
« Ah non ! J'vais louper mon avion ! » m'écriai-je, à nouveau sous le coup de la panique.
Je déposai une bise rapide sur chacune de leurs joues, jetai mon sac sur mon épaule, et courus vers la porte d'embarquement qui se referma sur moi sous les regards sévères des hôtesses, et amusés des deux jeunes gens.
Mais peu m'importait, parce que je rentrais chez moi. Si j'avais su alors ce qui m'attendait…
Merci à Mirabelle P, Alpo, Miya Morana et Luffynette pour leurs messages d'encouragement.
Angharrad - Denière mise à jour le 13 Octobre 2010
Première publication le 2 mai 2004
