Un Voile entre les Mondes
Sixième partie: Secret de Famille
Veux-tu être aimée par tout le monde, et pas par ceux que tu aimes, ou veux-tu seulement être aimé par ceux que tu aimes ?
Disclaimer : Harry Potter ne m'appartient pas. Je ne fais qu'utiliser le merveilleux univers de JKRowling pour exprimer ma plume. Par contre la famille citée ci dessous n'appartient qu'à elle-même, de même que leur histoire.
2 – La Traversée
Je m'arrêtai un instant, voyant la figure translucide et voilée du passeur. Celui-ci me sourit avant de s'incliner devant moi.
« Ainsi le moment est venu. » J'expirai le souffle que j'avais inconsciemment retenu et montai dans la barque, ma petite fille toujours serrée contre mon cœur. Le passeur leva sa rame et s'apprêtait à quitter le bord sans un regard vers le quai, mais je l'arrêtai.
« Nous ne sommes pas seules. » Il leva les yeux vers Frédéric qui arrivait en courant. Il sauta le vide séparant l'embarcation de la jetée et sourit au passeur.
« Merci de m'avoir attendu. » Déclara-t-il avec un geste au navigateur.
J'étais surprise. C'était la première fois que je voyais le marin, bien que mon esprit cartésien ait toujours supposé la présence de quelque chose autre qu'un sortilège guidait le bateau entre les rochers et à travers le rideau de brume. Mais que Frédéric qui se rendait au refuge pour la première fois, le voit. Je ne suis même pas sûre que Frédéric savait où je me rendais.
« Le brouillard est dense cette nuit, la traversée risque de durer. Vous devriez vous asseoir. » Se contenta de répondre l'esprit avant de se tourner vers la mer. Je restai quelques instants debout en proie aux éléments et à l'air marin vivifiant, puis me laissai choir sur le banc à l'arrière de la barque où Fred m'attendait. Assise à ses cotés, je laissai mes yeux vagabonder à la surface de l'eau espérant oublier ce que j'étais venue chercher et le lieu que j'allai retrouver. Mais ce fut peine perdue. Et la présence de Frédéric, bien que non intrusive ne m'aidait pas.
Aussi laissai-je tomber ma tête contre son épaule. Retrouvant les gestes familiers, Frédéric se redressa pour mieux se mettre à ma hauteur et passa un bras autour de mes épaules, m'attirant à lui.
« Parle moi de Toi… » Murmurai-je acceptant l'étreinte.
« Par quoi commencer ? » Répondit-il avec désarroi. « Il y'a tant à dire… »
« Et bien, le commencement me paraît un bon début, » répliquai-je avec une pointe d'humour. Il s'écarta et me dévisagea, surprise et doute se lisaient sur son visage. Je souris et continuai « Mais, si nous commencions par ce que tu as fait une fois que j'ai quitté l'Allemagne, agrémenté des infos que JKR n'a pas publiées dans ses livres sur toi. »
« Ah nan, ne me dit pas que toi aussi tu as lu ces fables pour enfant. » Gémît-il en se frappant le front.
« Je suis curieuse de nature, ça m'intéressait de voir comme on pouvait préparer les moldus à notre existence. Elle a tant enjolivé que ça ? »
« Mathilde, ce sont des livres pour enfant. Aussi injustes qu'aient été certaines des situations qu'elle y a racontées, rien ne peut décrire ce qui s'est réellement passé. Les joies étaient les mêmes, mais le mal…»
« Je me sens bête d'un coup, petite sorcière française n'ayant même pas étudié dans une école de sorcellerie, protégée de la guerre… »
« Ne dit pas ça. Je ne souhaite à personne de voir ce que nous avons vu, ni de vivre une nouvelle guerre. A personne. Tu as eu la chance d'être protégée à cette époque, mais tu as toi aussi ton lot de traumatismes… »
« Ne détourne pas le sujet s'il te plait. Nous parlions de toi. Frédéric Weasley, et pas Wistily comme je l'ai cru… »
« Ahah, » dit-il en se frottant du bout des doigts la tête, une légère teinte rouge colorant ses joues. « Tu connais les Allemands. Et puis ça m'arrangeait bien, parce que avec la sortie du tome 6… bref. » Il ferma les yeux, resserra sa main sur mon épaule et inspira profondément. Je ne le pressai pas, et fermai à mon tour les yeux, me laissant bercer par le clapotis des vagues contre la barque, et les caresses de ses doigts sur mon bras.
« Tu te souviens de cette dernière nuit en Allemagne. Bien sûr, suis-je bête. » Il rougit et son regard se porta vers le paquet que je tenais toujours dans mes bras. « Quand je me suis réveillé, tu dormais encore, ton visage était serein comme je ne l'avais jamais vu avant. Tu étais si belle. Je crois que si je ne t'avais déjà aimée, je serais tombé amoureux de toi à ce moment là. Bref, je t'ai regardée dormir longtemps, puis George est arrivé et m'a tiré du lit de force. Je m'étonne que tu ne te sois pas réveillée sur le coup, car je peux t'assurer que je n'aurais pour rien au monde quitté tes cotés. » Je souris tristement et de ma main libre cherchai la sienne. Nos doigts se trouvèrent et timidement se joignirent.
« George m'avait réveillé pour me parler de toi, et de ce qui s'était passé pendant la nuit. » Je sentis le rouge me monter aux joues, mais Frédéric hocha la tête. « Non, pas de sexe, je veux dire, nous sommes tous les deux adultes. Non, il voulait me parler de ce qui s'était passé avant, quand je t'ai trouvée. »
« Je devais avouer ne plus me souvenir avec précision de ce qui s'était passé, ayant moi aussi un peu abusé sur l'alcool ce soir-là. Mais George lui, avec une précision mortelle me décrivit la scène, et voyant que je ne comprenais pas les implications, il formula de la pire manière qui soit ce que tu avais fait. »
« Ce que j'avais fait… » Murmurai-je, fronçant les sourcils pour me souvenir de ce qui s'était passé. Mais j'avais tellement bu ce soir-là, j'avais tellement de choses à oublier…
« Les mots qu'il utilisa, j'en frémis encore. Et pourtant, ils expliquaient tant de choses. Mais je ne voulais pas l'écouter. Aussi ai-je regagné la chambre pour la trouver vide, j'ai cru que tu étais toi aussi sous la douche, mais au bout d'une heure, j'ai paniqué. George est alors venu me prévenir que tu venais de transplaner. »
Je sentis mon cœur se serrer au souvenir de ce transplanage rapide et un peu aveugle il faut bien l'avouer.
« Je n'ai même pas réfléchi, j'ai sauté au premier endroit auquel j'ai pensé, et je t'ai vue au milieu de la foule. J'ai cru que mon cœur avait volé en un millier d'éclats quand je t'ai vue à nouveau disparaître et que les sortilèges de traçage ne te trouvaient pas. »
« Comme tu le sais, j'avais terminé ma mission au GKSS en même temps que toi, et était libre de reprendre en main les magasins de 'Farce et attrapes pour Sorciers Facétieux' ou bien reprendre du service pour l'Ordre du Phénix. Malgré tous ces projets, je n'ai pas pu reprendre le travail et je suis parti à ta recherche. » Je sentis qu'il était nerveux et serrai tendrement ses doigts. Il se tourna vers moi et posa son front contre le mien.
« J'ai cru qu'avec les contacts de l'Ordre, je te retrouverais en un rien de temps, ou simplement grâce aux contacts de Papa au ministère Britannique de la Magie et de mes frangins chez les Aurors. Mais il s'avère que la famille Lenoir - ou Black pour sa branche Anglaise - est l'une des familles aux secrets les mieux protégés. »
« Tu sais… j'aurais passé ma vie à te chercher, si il n'existait pas ce sortilège de paternité. » J'ouvris les yeux, et me trouvai perdue dans son regard d'un bleu marine si profond que je crus m'y perdre. Je m'attendais à y voir de la douleur, et de la haine pour ce que j'avais fait, mais non. Il ne semblait y avoir qu'attente et amour étouffé.
« Frédéric je… Je suis désolée. » Articulai-je avec peine, retenant les sanglots qui s'étaient formés dans ma gorge.
« Tu n'as pas à être désolée. Je t'ai trompée, puisque je ne t'ai rien dit de ma sorcellerie. »
« Je ne t'en ai pas parlé non plus. Je n'ai pas plus d'excuse. »
« Mais tu étais en pleine crise d'acceptation. Je peux très bien comprendre que la découverte de ce secret t'ai effrayée. Et si tu as entendu les choses que George a dites, je comprends d'autant plus que tu ai fui. »
« Frédéric, ce ne sont pas que les choses prononcées par George. Je… » Mais j'étais incapable de lui expliquer alors que nous pénétrions le rideau de brume annonciateur de l'arrivée au Refuge.
Précautionneusement, je m'écartai de lui et tirai ma baguette des plis de ma chemise de nuit. Soufflant une formule dans une langue oubliée de la plupart, je posai la pointe de ma baguette sur la croix celtique attachée à mon cou. Une douce lumière argentée en émergea, et un livre relier entre deux planches de bois à la manière des premiers grimoires apparut.
Je le déposai, toujours entouré de cette lueur argentée caractéristique des pensines, sur les genoux de Frédéric et l'ouvris à cette page précise.
Samhain. Nuit où le monde des vivants croise le monde des morts. Nuit où la frontière est à peine plus fine qu'un voile qui peut être déchiré à tout instant. Nuit où tout aurait pu basculer… (1)
(1) pour ceux qui ne reconnaissent pas, ce sont les premières lignes du chapitre 2 d'Un Voile entre les Mondes
Notes de l'auteur
La boucle sera bientôt bouclée. Mais tout n'a pas encore été dit. Pour vous rafraîchir la mémoire sur le refuge, je vous conseille un petit tour par les premiers chapitres -
Merci à Alanaet Kirfée qui me suivent même dans mes délires incompréhensibles.
Angharrad- 11 septembre 2005
