Un Voile entre les Mondes

Sixième partie: Secret de Famille

Veux-tu être aimée par tout le monde, et pas par ceux que tu aimes, ou veux-tu seulement être aimé par ceux que tu aimes ?

Disclaimer : Harry Potter ne m'appartient pas. Je ne fais qu'utiliser le merveilleux univers de JKRowling pour exprimer ma plume. Par contre la famille citée ci dessous n'appartient qu'à elle-même, de même que leur histoire.

3 – La Crypte

Nous ne parlâmes plus le reste du voyage. Je m'étais levée après avoir confié mon journal pensine à Frédéric, et me tenais en tête de la barque, ma cape flottant librement autour de moi et de l'enfant mort-née que je tenais toujours dans mes bras. Frédéric après beaucoup d'hésitations s'était mis à lire le texte sur lequel j'avais ouvert le livre.

Étonnamment, j'avais eu beaucoup plus de facilité à lui confier mes écrits qu'à lui raconter de vive voix le récit de mes dernières heures au Refuge. Peut-être parce que j'étais déjà en train de revivre ces événements, alors que les silhouettes fantomatiques des rochers se dessinaient dans la brume et que je reconnaissais la baie du Refuge.

Frédéric referma le livre et se glissa à mes cotés, sans pour autant me toucher. Il ne dit rien, bien que je sentais les mots silencieux flotter à la frontière de ses lèvres. Un clignement d'yeux, et le livre disparu au moment où le voile de brume se déchirait pour laisser place à la silhouette carrée et austère du Refuge.

Le passeur accosta et sans attendre qu'il attache la barque, je posai le pied sur l'île. J'étais de retour, après tant d'années.

Je frémis au vent froid qui balaya le ponton en cet instant précis, mais ne pliai pas. L'escalier qui menait autrefois directement au Refuge avait été éventré. Il allait donc falloir faire le tour. Frédéric sauta à mes cotés après avoir remercié le passeur, et ouvrit grand les yeux.

« Merlin, ils n'ont pas fait les choses en douceur. »

« Ce n'est pas grave. On commencera la visite par la plage et les jardins comme ça. » Déclarai-je dans une tentative pour alléger l'atmosphère.

« Bah pas qu'un bain de minuit ne me dise pas, mais tu te sens capable de contenir les pulsions d'un jeune homme en pleine possession de ses moyens et retrouvant la femme qu'il aime après des mois de frustration ? » Je rougis furieusement à l'allusion, et il éclata de rire. « Moi non plus. Allez miss Tinguette, ouvre la route. » Et sur ce, il s'inclina comme un gentilhomme et me laissa monter les quelques marches intactes avant que je ne me glisse dans les rochers.

Malgré mes pieds nus, je grimpai à travers les rochers de granit couverts de berniques avec l'assurance de la pratique. Tant pis pour le sang qui coulerait, je n'étais plus à ça prêt aujourd'hui. Frédéric suivit mon pas rapide et nous arrivâmes bientôt à un sentier recouvert de ronce. La végétation avait repris ses droits sur l'endroit sans l'entretien constant de ma Grand-Mère. Je souris en voyant toutes les petites fleurs blanches. Il y'aurait des mûres à profusion cet été.

Je vis Frédéric sourire à mes cotés. Sûrement un de ses propres souvenirs qui refaisait surface. Je repris la marche, mais tendis la main dans mon dos, sans le regarder. Une douce chaleur se répandit en moi alors qu'il saisissait cette main tendue et me suivait à travers les ronces.

Nous arrivâmes bientôt devant la maison que nous trouvâmes ouverte au vent. Je m'assis sur le fauteuil de cuir de Grand-père, face à la cheminée, berçant l'enfant sans vie dans mes bras et manquant de m'étouffer en retenant les éternuements dus à la poussière entre autres, et sûrement un peu au froid.

« Tu vas attraper la mort. » Grommela Frédéric tout en se glissant vers la cuisine et s'y activant. Attraper la mort…

Lorsqu'il eut disparu et que je fus sûre qu'il était trop occupé pour m'entendre bouger, je ressortis par la porte-fenêtre et traversai le jardin. Je continuai à travers le petit bois et m'offris aux morsures glaciales du vent et des ronces. J'émergeai bientôt dans une clairière que je n'avais vu qu'une fois de toute ma vie.

Le souvenir remonta alors que je posai les pieds sur l'herbe jaunie par le temps. J'étais très jeune, j'apprenais encore à lire. Mon arrière grand-mère était très malade, et la famille avait été rassemblée à son chevet. Alors qu'une veillée se tenait, j'avais vu mon grand-père s'éclipser et je l'avais suivi jusqu'à cette clairière où il s'était retourné et m'avait regardée, horrifié.

Je sus en posant à nouveau les pieds sur l'herbe morte que mes souvenirs avaient été occultés jusqu'à cet instant précis. J'avançai jusqu'à l'arbre mort qui trônait tel un vieux sage au milieu de ce champ de désolation, et posai la main sur le nœud de son écorce. Un mécanisme sembla alors s'animer, et les racines s'écartèrent pour laisser place à un escalier descendant dans les profondeurs des ténèbres.

J'inspirai profondément, et raffermis ma prise sur mon fardeau. Je n'étais plus une petite fille effrayée qui avait répondu à un appel silencieux. J'étais une femme en pleine possession de ma tête et de mes peurs. Et sans un regard en arrière, je descendis les marches et laissai le rideau de racines se refermer sur moi.

Je marchai sans hésiter ou trébucher. Mon pas était décidé et les ténèbres semblaient s'écarter devant moi. Je parvins bientôt à une salle de rituelle. Levant les yeux, je reconnus l'architecture des dolmens, bien qu'à une échelle plus importante me permettant de me tenir debout sans me courber. Des bancs de pierre étaient disposés autour d'un creux central pour les cérémonies.

J'inspirai profondément et tirai ma baguette. Pourquoi je dessinai le sceau que j'avais tracé plus tôt avec mon sang sur le linceul de mon enfant mort-né, je n'aurais sur le dire, ni ce qui me poussait à accomplir ce que j'étais en train de faire. Je savais juste que je devais le faire. Bientôt, le sceau fut achevé et je me penchai pour y déposer la dépouille de ma petite fille.

« Sais-tu seulement ce que tu fais ? » Me demanda la voix profonde et ténébreuse qui m'avait ramenée à mon corps alors que mes enfants naissaient. J'expirai l'air que j'avais retenu jusque là et sans tourner les yeux vers la silhouette, je m'agenouillai, tenant le linceul au-dessus du sceau.

« Ai-je jamais su ce que je faisais quand il s'agissait de la mort. Grand-père ? »

« Ne commet pas l'erreur qui a coûté la vie à tant de membres de notre famille. »

« N'est-il pas un peu trop tard pour les conseils ? Tu avais autre chose à faire que de nous guider. » Lui reprochai-je.

« Tu sais bien que j'aurais tout donné pour être là. Mais nous ne sommes pas les seuls. » Il laissa échapper un soupir à vous déchirer le cœur. Pourquoi le blessai-je ainsi alors que tout serait bientôt terminé.

« Shaman… ou Nécromant… Je ne saurais jamais si je pourrais sortir des ténèbres où j'erre depuis la mort de Grand-Mère si vous ne me laissez pas déchirer le voile. »

« Es-tu seulement prête à accepter ce que tu es ? » Je ne laissai plus le temps à ces questions de m'ébranler. D'un geste vif, je posai le corps sans vie de mon bébé au cœur du cercle magique que j'avais dessiné et m'ouvris les veines avec ma baguette transfigurée en lame de rituel.

Je laissai le sang couler, et quand je sentis que je perdais conscience, je redonnai à ma baguette sa forme initiale et la posai à plat sur le corps sans vie de ma fille. Puis je plaquai mes mains à plat l'une contre l'autre, les faisant claquer, et les appuyai sur le sceau de sang. Les ténèbres furent déchirées par la magie qui coula dans la crypte et je me retrouvai dans un espace brumeux et lumineux.

Un bébé pleurait au loin et mon cœur manqua un battement. Ma petite fille était là, elle pleurait, elle m'appelait. Et moi comme une idiote, je restais immobile. Je courus dans la direction des pleurs, mais semblai incapable de la retrouver. Je me crus perdu et elle aussi, quand j'arrivai devant une grande porte fermée par le sceau que j'avais dessiné par deux fois. Devant la porte se tenait un couple. Je reconnus l'homme immédiatement malgré la différence d'âge.

« Grand-père ! » Appelai-je. Il se tourna vers moi tristement, et tenta un semblant de sourire. La personne à ses cotés me fit enfin face alors que je posais le pied sur les marches menant à la porte.

« Tu dois nous laisser partir Mathilde. » Déclara la femme qui me dévisagea de ses yeux aveugles. Si mon cœur m'avait été arraché, je n'aurai sans doute pas eu plus mal. Devant moi, se tenait ma Grand-mère, décédé depuis tant d'années, et dans ses bras gigotait ma petite fille. « Ne nous ramène pas avec toi Mathilde. » Continua-t-elle.

« Je ne veux pas te ramener, je ne veux que … » Je m'arrêtai, voyant l'expression triste de ma Grand-mère se faire l'écho de celle de mon Grand-père. « Je ne veux que lui offrir la vie… » Terminai-je en baissant les yeux.

« Puisque tu veux tant que ça donner la vie, donne moi la tienne Nécromant ! » Siffla une voix qui me glaça sur place.

Notes de l'auteur
Alors, ça s'éclaire ? En tout cas, ça devrait commencer.

Alana – Et oui, mais finalement, j'ai changé pour une petite raison qui n'apparaîtra pas clairement tout de suite. Mais il y'a une raison.
Didi (3) – ouah ! Trois reviews d'un coup. Bon d'accord, t'avais du retard aussi :p enfin faut pas te mettre en retard en géo parce que tu lies des fics quand même ! Merci, tes « magnifique » m'ont fait chaud au cœur !
Kirfée – A la fin de la partie 6, tout s'éclairera, comme on allume une torche dans une caverne.

Angharrad – 15 septembre 2005