Merci beaucoup pour vos reviews , virg05, sirianna, tabasco, loulou31, benane !
Virg05 : voilà la suite, bonne lecture !
Sirianna : Contente que ca te plaise ; oui c'est une histoire au thème interressant, bien écrite et en plus c'est un sirius/remus, que demander de plus ; !
Tabasco : Moi aussi j'ai lu quelques histoires sur le retour de sirius, et , dans la majorité des cas les auteurs le font revenir comme ça, beaucoup trop rapidement, sans explications plausibles. Ici l'auteur exploite les indices , laissés par rowling, (comme les miroirs par ex) mais elle ne s'en contente pas, elle imagine aussi bcp d'autres choses ; tu verra par la suite si j'ai toujours la chance de t'avoir comme lecteur(trice) au prochain chap.
Loulou31 : merci bcp c'est vrai qu'elle est triste, enfin surtout les trois premiers chap . Sirius n'est plus isolé maintenant , les fantomes le voient, mais ils n'auront pas vraiment une grande importance dans l'histoire…tu verra , réponse dans ce chap ;)
Benane : je l'ai eu ma grande review , merci, merci ! j'espère que l'attente n'aura pas été trop longue et que tu aimera autant sinon plus !
Chapitre trois : Une lueur d'espoir
Le Poudlard express laissa échapper un long et perçant sifflement pour avertir les passagers du départ imminent du train. Un ou deux élèves retardataires se ruèrent vers les portes, et le chef de gare fit signe au conducteur de démarrer.
Sirius se cala bien sur ses pieds tandis que le train commençait à bouger. Il n'était pas vraiment sûr que ça fonctionne. S'il n'y arrivait pas, il se retrouverai à léviter au-dessus des rails. Il observa Harry, qui regardait par la fenêtre pendant que ses amis parlaient paisiblement, puis détourna son regard vers la valise de son filleul, qui contenait la clé du succès ou de l'échec de son plan.
Puis il réalisa que le paysage défilait à un bon rythme, et qu'il ne montrait aucun signe de chute à travers le mur. Il soupira de soulagement et se résolut à regarder Harry.
Il y avait une évidente connexion à faire. Le miroir l'avait appelé à lui ; le miroir avait montré son reflet. Pour cette raison, le miroir était probablement, pour lui, une sorte d'ancre dans ce monde ; Arianwen avait suggéré que s'il demeurait proche du miroir, il serait transporté tout le long dans son sillage.
Sirius n'avait pas vraiment compris son explication – et son sens du mélodrame lui tapait sur les nerfs - mais il était plus que décidé à tenter sa chance.
Il était prêt à tout pour s'éloigner de Poudlard.
Ron demanda quelque chose à Harry, chose à laquelle son neveu ne répondit que vaguement, les yeux toujours fixés sur le paysage défilant. Sirius aurait voulu qu'Harry parle plus. Ses réponses ne dépassaient pas plus de quelques mots dits le plus vite possible, et en voyant les regards que se lançaient Ron et Hermione, ils évitaient prudemment certains sujets.
« C'est bon » dit Sirius à haute voix. « Si tu veux avoir de la peine, je veux dire. Va droit au but. Laisse toi aller, pleure. Je serai flatté, honnêtement. »
« Eh! Harry » dit Ron « ça te dirai une partie d'échecs »
« Ou tu ne peux pas, je suppose » murmura Sirius pour lui, mais son cœur n'y était pas. Il ne trouvait vraiment pas ça très amusant. Pas quand il voyait ces adolescents si tranquilles qui, l'été dernier, respiraient la joie de vivre, riaient, se querellaient, se taquinaient. Pas quand il se remémorait les larmes de Remus. Non, il ne pouvait pas plaisanter sur ça, . Il voulait juste trouver le moyen de revenir au plus vite, d'alléger des peines qu'ils n'auraient jamais dû endurer.
Peut être aurait-il dû attendre Dumbledore après tout. Debout, Sirius faisait les cents pas dans le petit compartiment comme il avait l'habitude de faire lorsqu'il était inquiet, en ne remarquant même pas qu'il marchait à travers les occupants. Les fantômes et lui avaient cherché toute la nuit dans Poudlard une trace du directeur, mais en vain. Soit sa chambre était plus protégée et cachée qu'ils ne le pensaient, soit Dumbledore avait tout bonnement quitté le château.
Ils firent néanmoins quelques découvertes. Fumseck, qui était endormi dans le bureau de Dumbledore, s'était mis à chanter pour accueillir Sirius et ensuite s'était posé au-dessus de son épaule. Le phénix était petit et sans plumes – ce qui était étrange, car Sirius était certain qu'il lui restait de nombreuses années avant qu'il ne se consume – mais la chaleur qu'il dégageait, semblait un miracle après une si longue période dépourvue de toutes sensations. Fumseck avait chanté paisiblement tout le temps qu'ils avaient passé dans le bureau, mais ça ne lui avait été d'aucun secours.
Ils découvrirent aussi que les portraits ressentaient la présence de Sirius, malgré le fait qu'ils ne pouvaient le voir (sauf à certains endroits précis). Cela avait fasciné Arianwen, et fait s'envoler le peu d'espoir restant pour rassurer quelque peu Sirius, qui se sentait pour le moins nerveux , attendant d'un moment a l'autre l'arrivée d'un Détraqueur à travers le mur.
Finalement quand l'agitation reprit dans le château, Nick avait suggéré d'aller voir Mac Gonagall, comme Dumbledore était introuvable. Sirius aurait voulu accepter – mais il ne le fit pas car au même moment il avait ressenti le retour de l'ombre malveillante qui l'avait suivi plus tôt. Il fit semblant d'hésiter, mais refusa de rester une seconde de plus dans ce château.
Les deux fantômes l'accompagnèrent jusqu'à Préaulard, d'où ils observèrent les élèves arriver dans leurs calèches tirées par les Sombrals (il se souvint de la première fois où il avait vu ces créatures - c'était il y a deux ans, lorsqu'il suivait Harry lors de sa rentrée en troisième année) et se répéta ce qu'avait dit Arianwen au sujet du miroir. Il décida de tenter sa chance.
Et maintenant, il était là. Il regardait Harry et Ron jouer aux échecs – il essaya d'avertir son filleul que le pion adverse avançait sur sa gauche, mais Ron atteignit habilement la reine, achevant les dernières chances d'Harry.
Il lut aussi le magazine de Ginny au-dessus de son épaule. Il regarda avec méfiance l'étrange plante appartenant au garçon qui avait le nez cassé au ministère – il devait s'appeler Neville, d'après ce qu'il comprit - Sirius n'était pas vraiment en accord avec la végétation en général. Ca lui rappelait ses trop fréquentes altercations avec le saule cogneur, dans sa jeunesse.
Ce qui lui fit reporter ses pensées sur Remus, le plongeant de nouveau dans une profonde tristesse.
Néanmoins il y eut quelques moments d'exaltation pendant le voyage, lorsque le vacarme et l'agitation venant d'un compartiment un peu plus loin brisa le silence. Sirius voulut aussitôt se précipiter là-bas et examiner les lieux quand il se rappela qu'il devait être toujours proche du miroir. Il dû attendre que Ron sorte du compartiment et revienne quelques minutes plus tard avec un Harry indemne mais quelque peu désordonné, qui raconta aux autres que Malfoy lui avait tendu une embuscade.
Sirius ne pouvait que savourer les descriptions que faisait Ron de ce qui avait été infligé aux Serpentard. C'était presque digne de James et lui, comme il le disait souvent.
A part ça le trajet fut peu mouvementé. Le Poudlard express se traîna dans la gare de King Cross et Sirius suivit Harry hors du train.
« Je suppose que c'est ici que nous nous disons au revoir » dit-il avec regret. Il s'était déjà décidé à aller chercher Remus au square Grimmaurd. Il espérait que les portraits seraient capables de l'aider, tout en modérant ces propos car le seul et a moitié convenable (et sensé) était Phineas Nigellus, et le vieux directeur ne l'avait jamais vraiment apprécié.
Mais il fut quasiment aussi surpris qu'Harry, en traversant la barrière, de trouver Remus Lupin attendant de l'autre coté.
« Ce n'est pas tout à fait comme cela que ça ira mieux » dit Sirius à Remus, qui préparait une tasse de thé. « Tu es supposé revenir au quartier général de l'ordre. Ok, moi aussi je déteste cet endroit, mais je pense que tu ne devrais pas y faire attention ». Il soupira. « Ou fais semblant pour moi? Tu as toujours fait des choses dans ce genre, Remus… »
Remus versa l'eau bouillante dans une vieille théière fêlée et posa le couvercle dessus. Il avait les yeux fixés sur la fenêtre en attendant que le thé infuse.
Sirius tendit le cou pour voir ce qu'il y avait de si intéressant au dehors, mais tout ce qu'il vit fut un ciel voilé de gris. La pluie martelait les carreaux de la fenêtre. Le ciel était bas, sombre et menaçant. Il ne pouvait pas voir la mer depuis cet angle, mais il l'entendait : une mer démontée dont les vagues se fracassaient contre les rochers. Même les herbes hautes, balayées par le vent, paraissaient grises.
Il avait séjourné ici quelques semaines l'année dernière, avant de déménager au square Grimmaurd, et bien sûr il l'avait déjà visité quand il était encore à l'école – c'était la demeure des parents de Remus. Ironiquement, tous les deux avaient été obligés de revenir dans les maisons qui les avaient vu grandir, même si leur enfance n'aurait pas pu être plus différente.
Sirius se souvenait toujours de la mère de Remus lui expliquant avec patience le fonctionnement des appareils électroménagers moldus. Il n'avait jamais demandé pourquoi leur maison était si différente des maisons de sorciers ordinaires : il savait maintenant comment les loups-garous étaient traités dans le monde des sorciers.
Remus se leva enfin, souleva le couvercle et versa le liquide ambré et fumant dans une tasse. Sirius l'observait, inconsolable. Il n'avait jamais été un grand amateur de thé comme Remus, mais à cet instant il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir reprendre la théière des mains trop frêles de Remus et boire une tasse en sa compagnie.
« Si tu revenais au quartier général » continua t il, hésitant après cette succession de pensées« Je pourrais peutêtre demander de l'aide au vieux Phineas. Bon sang Remus, j'aimerai vraiment que tu retrouve le sourire. Quand je t'ai vu à la gare, j'ai pensé que c'était un lendemain de pleine lune tellement tu étais pâle. »
Remus ajouta un peu de lait – très peu, mais il insistait toujours pour avoir un nuage de lait dans son thé – et emmena sa tasse de la cuisine vers le salon, guidé seulement par la faible lumière filtrant par la fenêtre. Sirius le suivit. Il n'avait rien de mieux à faire.
« Tu devrais allumer la lumière » le réprimanda Sirius. Remus était assis par terre derrière une grande boite en carton. « Tu fatigues tes yeux, dans le noir. »
Remus but une gorgée de son thé et posa ensuite sa tasse sur la table basse tout près de lui. Puis il soupira en fixant un long moment le carton. Après un temps de réflexion il se pencha au-dessus de la boite et l'attira plus près de lui.
Sirius lui s'assit sur le canapé. Même s'il savait qu'il n'était pas réellement assis dessus. Il observait Remus, dénué de toute expression, qui commençait à sortir de la boite toutes sortes de choses qu'il empilait en tas séparés. Il souhaitait pouvoir dire quelque chose. N'importe quoi. Il n'avait jamais imaginé à quel point on pouvait se sentir impuissant lorsque l'on ne peux pas parler.
« Je me rappelle maintenant que tu m'avais parlé de cette boite » dit-il après quelques minutes. « Tu m'avais dit que tu gardais absolument tout ce qui te faisait penser à moi. Je t'avais demandé pourquoi tu n'avais encore rien déballé, et tu m'avais répondu que tu devais auparavant faire le tri, et que tu n'étais pas encore prêt à lui faire face. A Queudver. Le traître »
Sirius s'approcha de lui pour avoir une meilleure vue sur ce que Remus tenait dans ses mains. Il pensa que c'était une photo, mais Remus la mis de coté avant qu'il n'ait eu le temps de la voir correctement. Son ami cherchait quelque chose de spécifique : ses mains étaient déterminées quand elles sortaient les objets et les empilaient ensuite.
« Et puis, je suppose que tout est trépident ici » continua Sirius, pour lui-même et pour l'oublieux Remus. Il y avait quelque chose de réconfortant de parler ainsi. Il réalisa, avec remord et une pointe d'ironie que c'était la première fois qu'il parlait totalement ouvertement à son amant depuis 15 ans. « J'aimerai tellement que tu puisses me voir, Moony. Je veux être avec toi pour passer à travers tout ça. Je veux me remémorer tout ça avec toi. Je veux revenir près de toi et je ne sais pas comment. »
Remus était maintenant absorbé dans la lecture d'un vieux manuel d'école. Les lignes fines aux coins de ses yeux et de sa bouche semblaient s'être un peu décontractées. Il ne souriait pas, mais Sirius était certain qu'il avait était momentanément distrait de son chagrin.
« Il y a tellement de choses que je ne t'ai pas dites » dit doucement Sirius, ne se rendant pas compte à quel point il devenait larmoyant. « Je t'aimais, bien sûr. Et je t'aime toujours, si ça compte de là où je suis. Au début je pensais que j'étais mort. Puis j'ai ensuite pensé trouver le moyen de revenir en un rien de temps. Maintenant, je ne sais pas, exception faite que je n'ai pas l'intention de rester là sous cette forme. Remus ? J'aimerai que tu puisses m'entendre. »
« J'aurai aimé t'avoir dit avant… » Sirius pesait ses mots tout en regardant Remus mettre de coté un livre puis sortir un petit cristal. « J'aurai aimé t'avoir dit avant tout ce qu'avait représenté pour moi cette nuit dans la cabane hurlante, lorsque tu m'as fais confiance. J'aurai aimé t'avoir dit pourquoi je pensais que c'était toi l'espion de Voldemort. »
Sirius changea de place, souhaitant pouvoir ressentir les coussins derrière son dos. Remus tenait toujours dans sa main le petit cristal, mais ses yeux n'étaient pas focalisés dessus. Ils étaient perdus dans le vide, et dans chaque ligne de son corps on pouvait y lire de la lassitude.
« Tu devrais te reposer un moment » murmura Sirius, sachant très bien pourtant que Remus ne pouvait l'entendre. L'autre homme soupira, laissa tomber la petite boule de cristal sur le coté et posa sa tête contre le bras du fauteuil où était assis Sirius. Remus ferma les yeux.
Surpris, Sirius le questionna aussitôt. « Est ce tu m'entends »
Il n'y eut pas de réponse, il s'enfonça alors dans son siège. C'était juste une coïncidence. Il regarda Remus un moment, en commençant par son long cou et en s'attardant sur la tristesse qui se dégageait de chaque ligne de son visage fin et prématurément ridé.
Il voulait désespérément pouvoir bouger et le serrer dans ses bras. Il ferma à son tour ses paupières pour éviter cette vision.
« Est-ce que je t'ai dit ce que j'ai ressenti lorsque tu es venu emménager au quartier général avec moi » Se demandait Sirius à haute voix. « Je n'ai même pas eu besoin de te le demander. Subitement tu m'as juste dit qu'avec tout le travail de l'ordre et toutes les soirées passées ici pour les réunions, tu ne viendrais à la maison que pour dormir ; alors tu m'as demandé si tu pouvais nettoyer une chambre ici, et emmener quelques-uns uns de tes livres. »
Sirius sourit, perdu dans ses pensées. Les yeux de Remus étaient toujours clos. C'était étrangement réconfortant : il avait vraiment l'impression que son ami l'écoutait attentivement.
« J'étais en train de te fixer stupidement, et tu commençais à t'excuser, et il fallait presque que je crie pour que tu te taises assez longtemps et te dire que j'aimais cette idée. Et tu me souriais, avec cet air dans le regard qui disait que tu me trouvais toujours amusant, ombre de moi-même que je suis. Etait. » Sirius fronça les sourcils. « Non. Je suis. Je vis. Je pense » il soupira de nouveau. « Oh ! Quoique je sois, où suis-je en ce moment »
Remus ne répondit pas. Sirius se leva du fauteuil et s'agenouilla en face de lui. Il leva la main comme pour dégager une mèche de son visage mais retira sa main avant, se souvenant que ses mains passeraient à travers lui.
« J'aimerai tellement pouvoir t'embrasser »
Sirius arrivait presque à imaginer que Remus penchait sa tête légèrement sous ses caresses. Sirius se mit sur ses pieds, toujours accroupi et regarda tristement son amant. S'il était vraiment coincé ici comme ça pour toujours, le pire, et de loin, serait de voir Remus et de ne pas pouvoir le toucher.
« Tu te souviens de la première fois que nous nous sommes embrassés » Demanda t il doucement. « Enfin pas vraiment la première fois – c'était en sixième année, juste avant de tout foutre en l'air. Je veux dire la première fois depuis, après. Après ton arrivée au quartier général. Tu étais plongé dans un de tes livres, moi j'étais assis près de toi, et je n'ai pas pu me retenir, Moony ». Sirius sourit à cette évocation. « Tu ne devrais pas lire près de moi. C'est diablement sexy. Quand c'est toi qui lis bien sur » Il secoua sa tête et ses yeux s'égarèrent sur Remus.
Sirius fit une pause, et s'intéressa à lui de plus près. Remus paraissait détendu contre le fauteuil, les yeux clos, la respiration paisible, mais Sirius savait qu'il ne dormait pas. Il y avait une certaine conscience sur son visage. On aurait dit qu'il était dans une sorte de transe. Et Sirius avait cru percevoir une réaction de Remus à son commentaire sur la lecture.
« Est-ce que tu te souviens de cette fois, lorsque Molly nous a surpris ensemble » continua t il, observant attentivement Remus « Comment elle nous avait fixé. Nous étions certains qu'elle était horrifiée. Puis elle s'était mise à rire. J'étais offensé, toi embarrassé, et elle avait dit qu'elle comprenait enfin pourquoi personne ne t'avais mis le grappin dessus pour t'épouser; je lui ai demandé « et pour moi » Elle m'a juste regardé et ajouté « chacun ses goûts.. »
Sirius se tut, surpris, Remus s'était mis à rire. Un rire court et à peine perceptible, mais c'était définitivement une réponse. Son cœur lui martelait la poitrine, Sirius combattit intérieurement pour contrôler sa voix. Il soupçonnait que si Remus l'avait vraiment entendu, il était impératif qu'il garde un ton régulier et doux qui pourrait lui rappeler des souvenirs.
« Moony » dit-il attentivement « Est ce tu pourrais faire quelque chose pour moi ? Pourrais-tu retrouver ton miroir à double sens, s'il te plait, et le ramener ici ? Tu pourrais le faire tout de suite »
Il y eut un moment de silence, pendant lequel Sirius aurait retenu son souffle s'il en avait eu. Puis Remus bougea et ouvrit les yeux. Il plissa les sourcils en signe de confusion tout en lançant des regards interrogateurs autour de lui, comme s'il cherchait quelqu'un. Sirius priait, silencieusement, tous les dieux .
Remus se redressa mais ne fit aucun effort pour se relever. Le cœur de Sirius s'enfonça profondément , mais ce fut pour mieux remonter lorsque Remus sortit le miroir de sa poche. En y repensant, il lui était dans ses habitudes de garder tout sur lui contrairement à Sirius.
Sirius se rua alors aussitôt derrière Remus à l'endroit où son reflet serait visible. Il entr'aperçu le visage de son ami – songeur et désappointé – avant que ses yeux ne cillent en sa direction et s'agrandissent sous le choc.
« Sirius » Haleta-il en se retournant.
« OUI » hurla Sirius extasié, souriant à Remus, qui fixait maintenant droit à travers lui, le visage aussi blanc que la craie. « Regarde dans le miroir, regarde dans le miroir… »criait Sirius.
Remus hissa le miroir à hauteur de ses yeux, avec précaution. Et se retourna voyant de nouveau le visage de Sirius, agenouillé derrière lui.
Remus tourna encore une fois la tête, très doucement. Ses yeux balayant chaque millimètre autour et au-delà de Sirius, puis re-fixa le miroir.
« Est-ce que j'ai des hallucinations maintenant » demanda-il d'un ton neutre, mais on y percevait pourtant des tremblements dans la voix. « Ou alors es-tu vraiment là »
« Je suis réellement ici, triple idiot » répondit Sirius avec affection. Il lui fit un signe de la main. Dans le miroir, il vit Remus cligner des yeux.
« Comment »
Sirius haussa les épaules. A sa plus grande consternation, Remus baissa le miroir et prit une profonde respiration.
« C'est le même principe que les photos » dit-il calmement. « Ce n'est pas réel. »
« Quoi ? Bien sur que si et je suis bien réel » protesta Sirius avec indignation. Il sentait sa seule opportunité partir à une vitesse alarmante. « Tu ne vas quand même pas oser ranger ce miroir, Moony… »
Remus fit justement ce geste malheureux, mais sa main hésitante était toujours dans sa poche. Et se décida à ressortir tout doucement le miroir, avec une expression douloureusement méfiante.
Sirius se positionna derrière lui et leva sa main contre la surface du miroir. Remus fit de même lentement essayant de toucher Sirius. Leurs doigts glissaient l'un à travers l'autre, et Remus déglutit difficilement.
« Sirius » Répéta-il doucement, et cette fois d'après le ton de sa voix, il semblait vraiment croire qu'il pouvait être entendu.
« C'est bien moi » dit Sirius pour le rassurer, bouillonnant d'euphorie. Remus le voyait « Mais tu as un meilleur travail à faire, et c'est de trouver le moyen de me faire sortir d'ici au plus vite, Moony ou je vais commencer à devenir fou » il ria. « enfin plus fou »
Remus le regardait attentivement, les yeux plissés, et Sirius devina qu'il essayait de lire sur ses lèvres.
« Je t'ai vu mourir » dit-il gravement.
Sirius ouvrit la bouche pour répondre, et la referma avant. Il y avait trop de questions en suspend . Il se contenta d'hausser les épaules en signe d'impuissance.
« Es-tu un fantôme »
Il secoua la tête négativement.
« Peux-tu…me suivre »
Sirius approuva énergiquement ;
Remus se perdit dans ses pensées quelques minutes pour réfléchir. Puis son regard se concentra sur le miroir.
« Et si c'était un piège … » dit-il d'un ton neutre« l'auteur …le regrettera amèrement. »
Sirius soupira. « Ce n'est pas un piège, Moony. Je te le jures. Où allons-nous »
Remus semblait avoir compris la dernière phrase car il répondit « J'ai besoin de parler à Harry. »
Harry ne prêta pas beaucoup d'attention à la sonnette. Très peu de personnes venaient lui rendre visite, mais il tendit légèrement l'oreille pour savoir qui venait interrompre sa nouvelle activité favorite : se complaire dans la culpabilité.
Il fut surpris, néanmoins, quand sa tante Pétunia cria son nom. Et il fut encore plus surpris – quand il se décida à bouger de l'endroit où il fixait morosement par la fenêtre, et se traîna vers la porte d'entrée – de voir le professeur Lupinêtre le sujet du comportement suffisant de sa tante, qui le dévisageait entièrement avec dédain.
Lupin était vêtu de façon moldue, avec les mêmes vêtements qu'il portait à la gare l'autre jour, et paraissait encore plus fatigué, las, si c'était possible. Mais en même temps, l'air de quelqu'un qui essaye de contrôler son effervescence.
« Professeur Lupin » Dit Harry, pour dire quelque chose. Pétunia lui lança un regard furieux (pour avoir l'audace de connaître une telle personne) et Lupin la regarda rapidement.
« Harry » dit-il dans une sorte de salut. « Est ce…je peux te dire un mot »
La fin de la phrase fut prononcée avec un regard oblique en direction de Pétunia, lui faisant clairement comprendre qu'elle n'était pas incluse dans « ce mot ».
« Je vais juste mettre mes chaussures et j'arrive » dit rapidement Harry, tout en se ruant vers sa chambre.
Deux minutes plus tard, ils marchaient tout le long de Privet Drive, poursuivit par le regard meurtrier de la tante. Elle leur avait fait comprendre qu'elle ne voulait pas qu'Harry soit vu en compagnie de Lupin. Mais lui et Lupin l'ignorèrent autant que possible. Elle était ainsi réduite à fulminer en silence.
« Je suis désolé » murmura Harry quand ils eurent fait quelques pas dans la rue adjacente. Il ne savait pas vraiment quoi dire à Lupin. Une part de lui voulait parler de Sirius, tandis que l'autre voulait tout sauf ça. Il savait qu'ils étaient proches, et il ne pouvait pas s'empêcher de se demander comment Lupin réagissait après ça, s'il ressentait les même choses que lui. Il se demandait aussi si Lupin considérait qu'il était responsable de la mort de Sirius.
« Ne t'inquiète pas pour ça » dit Lupin d'un ton absent. « Elle était bien pire au mariage de tes parents »
Harry le regarda surpris, momentanément distrait . « Elle était à leur mariage »
« Oh, oui » Lupin esquissa un faible sourire. « Elle n'aurait manqué pour rien au monde une occasion de faire savoir à tout le monde à quel point elle désapprouvait James. » . Son expression changea. « Il faut que je te demande quelque chose, Harry »
Harry approuva prudemment. Après avoir longé le petit parc de Magnolia Crescent, Harry décida d'y pénétrer et vagabonda près des balançoires. Il regardait Lupin avec curiosité attendant la question.
Lupin mit sa main dans sa poche et en sortit un petit miroir carré. Harry le fixa, avec un sentiment désagréable dans l'estomac. Il l'avait reconnu. Il en avait un identique, qui était maintenant brisé en plusieurs morceaux, au fond de sa valise.
Lupin lui tendit le miroir, et ajouta simplement « Qu'est ce que tu vois »
Harry fixa Lupin quelques instants, puis tourna son regard vers le miroir. Il vit le reflet du ciel. Il leva le miroir permettant ainsi de voir son visage, ainsi que les arbres derrière lui, le toboggan—«
-et, aussi nettement que le jour, Sirius, regardant par-dessus son épaule.
Le miroir ne fut sauvé du même sort que son jumeau que grâce aux admirables réflexes de Lupin.
« Comment… » Harry arracha l'objet des mains de son professeur, et regarda de nouveau. Suffisamment sûr maintenant qu'il y avait Sirius, paraissant plutôt amusé. Son parrain gesticula ses mains comme pour dire « Je fais toujours cet effet là sur les gens. »
« Sirius t'a bien donné un miroir comme celui là, n'est ce pas » demanda calmement Lupin. Harry fit oui de la tête, les yeux toujours fixés sur le reflet de Sirius. Du coin de l'œil, il vit Lupin assis sur une des balançoires encore en bon état. « Il faut que je le vois, pour vérifier s'il montre aussi son image »
« Il ne montre rien du tout » dit rapidement Harry. Lupin leva un sourcil , interrogateur. « J'ai essayé de l'utiliser. Pour lui parler. J'ai appelé son nom plusieurs fois, mais rien. Alors, j'ai… » Harry baissa la tête ,embarrassé. « Je l'ai, en quelque sorte…, brisé. »
Lupin secoua la tête. Leurs yeux se croisèrent une seconde, et Harry crut percevoir de la compréhension. Puis Lupin étendit ses longues jambes, poussant la balançoire en arrière.
« Il peut se réparer. La question la plus importante que l'on doit se poser est : soit ce miroir à été ensorcellé pour montrer l'image de Sirius, soit il reflète quelque chose de vraiment présent »
« Vraiment… ? »
« Vous voulez dire que… Sirius est toujours en vie »
Lupin soupira. Il sembla soudainement plus vieux, et un intrus dans le paysageétant assis sur cette balançoire pour enfant dans un parc moldu.
« Il ne peut pas être en vie, Harry » dit il tristement, fixant le sol. « Personne ne peut survivre au sort de la mort – sauf toi, bien sur, grâce à Lily… »
« Attendez » Harry détourna les yeux de Sirius-qui faisait de grands gestes sans ménagements- et baissa le miroir. « Qu'est ce que vous voulez dire ? Ce n'est pas l'Avada Kedavra qui l'a frappé »
La tête de Lupin se redressa rapidement. Il perdit momentanément l'équilibre et la balançoire vacilla légèrement.
« Quoi »
« Ce n'était pas le sort de la mort » répéta Harry avec plus de persuasion . « L'éclair était rouge. Il l'a juste assommé. Sirius a ensuite perdu l'équilibre et a basculé à travers cette arcade »
« Tu en es certain, Harry ? Dans la confusion, tu as pu penser que… »
« Non, je le regardais » ; Harry fronça les sourcils. « Vous étiez la bas aussi, vous n'avez rien vu »
« Je l'ai juste entendu narguer Bellatrix Lestrange » dit Lupin, tendu. « Quand je me suis retourné, j'ai vu un éclair vert dans sa direction et ensuite Sirius tombait. Quand je l'ai vu passer à travers le voile, je pensais… »
Il s'arrêta.
Harry secoua la tête. Il était appuyé contre un des piliers de la balançoire, tenant toujours étroitement dans sa main le petit miroir.
« La lumière verte venait de quelqu'un derrière eux, je suis sûr de cela. Sirius a été frappé par un éclair de lumière rouge – un stupefix au pire. Mais après, il est tombé dans cette arcade, et vous ne m'avez pas laissé le suivre… » Harry se tourna avidement vers Lupin. « qu'est ce c'est que cette chose ? pourquoi étiez vous sûr qu'il était mort après l'avoir traversé »
Lupin fixait attentivement un point quelque part dans le vide.
« Aucun vivant ne peut passer le voile » dit il, comme s'il citait quelque chose. « Aucune personne consciente ne peut entrer dans le royaume des esprits. Seulement par les rêves et la reddition – seulement par… »
Brusquement, il arrêta de se balancer, sauta sur ses pieds et repris le miroir des mains d'Harry, le tournant dans les siennes tandis que sa voix augmentait de volume, d'où certitude et excitation ressortaient. « L'autre monde n'est visible qu'à travers le miroir »
Il se tourna vers Harry, qui le regardait avec confusion.
« Je pense que Sirius est en vie » dit il, et Harry pensa n'avoir jamais rien entendu le rendant plus heureux. « Mais je n'ai aucune idée de comment le faire revenir
