Disclaimer : Cf. Le prologue.

Chapitre 3 : Sur le Chemin de Traverse

Une heure plus tard, nous arrivons à Londres. Vue du ciel, en pleine nuit, la cité brille de mille feux. Alors que nous passons au dessus des immeubles endormis, je pense à tous ces enfants qui n'auront jamais l'occasion de voir ce spectacle magnifique. Nous nous dirigeons vers un quartier du vieux Londres qui, par un miracle architectural, semble encore vivre au XIXème siècle. Hagrid fait atterrir sa moto dans une petite ruelle, près d'une auberge qui a, pour toute enseigne, un chaudron.

« Nous sommes dans le Chemin de Traverse, la seule rue de Londres entièrement peuplée de sorciers et de créatures magiques. Voici le Chaudron Baveur, la meilleure auberge pour sorcier de cette ville. Le patron, Tom, est un vieil ami. » Hagrid frappe plusieurs fois à la porte, jusqu'à ce qu'un vieil homme vienne lui ouvrir. Cet homme, mal rasé, devait avoir la soixantaine. Il porte un bonnet de nuit pointu qui laisse apparaître quelques longs cheveux blancs.

« Hagrid, mon vieil ami ! Quel bon vent t'amène ? Encore en mission secrète pour Dumbledore ? »

- Tom, tu parles trop. Mais je suis toujours heureux de te revoir.

- Alors je te pardonne de m'avoir réveillé en pleine nuit. Et quel est le jeune homme qui t'accompagne ?

- Je m'appelle Harry Potter. Hagrid, c'est quoi cette mission secrète pour Dumbledore ?

- Ha... Harry Potter. »bégaie Tom. « LE Harry Potter, celui qui a vaincu Vous-Savez-Qui ? Le Chaudron Baveur n'a pas l'habitude de recevoir des personnes aussi importantes. Mais, ne restez pas sur le pas de la porte. Venez, je vais vous conduire à vos chambres. »

Hagrid me jette un regard noir, comme pour me dissuader de poser des questions sur la mission secrète et Tom nous fait entrer dans son auberge. Au rée-de-chaussée, c'est un pub : il y a un bar et une dizaine de tables. Tout est en bois, l'éclairage se fait aux chandelles, à croire que le XXème siècle n'existe pas. Un escalier élégant mène à l'étage, où sont les chambres. Tom me donne la clef de la chambre numéro 9, tandis qu'Hagrid est logé en chambre 1. Ma chambre est petite, mais ça vaut mieux que le placard de Privet Drive. De toute manière, je tombe fatigue et, du moment qu'il y a un lit, cela me convient.

Au moment de m'endormir, je repense à la réaction de Tom quand je lui ai dit mon nom : « LE Harry Potter»... «a vaincu Vous-Savez-Qui»... «personnes aussi importantes». De quoi voulait-il parler ? Je le demanderai demain à Hagrid.


« Harry, tu es un sorcier.» me dit Hagrid «Tu vas aller à Poudlard» . Mais... nous ne sommes pas dans la chapelle de Sorcerbury. Où suis-je ? Je suis dans une petite chambre avec une vieille armoire. Hagrid n'est plus devant moi, il a été remplacé par un grand homme avec une longue barbe, vêtu bizarrement. Il y a aussi une femme décharnée au visage anguleux. L'homme me dit : «Tu vas aller à Poudlard.» Poudlard... Poudlard... Je vois un immense château hérissés de tours pointues, au sommet d'une montagne. Au pied de la montagne, il y a un lac noir... Un immense serpent, monstrueux, surgit du château, et me fixe de ses yeux jaunes.



Je me réveille en sursaut. Quel drôle de rêve. Je suis toujours dans mon lit, au Chaudron Baveur. Le soleil s'est levé depuis quelque temps. Je regarde, par la fenêtre, la ruelle qu'Hagrid a appelée «le chemin de Traverse». Il y a plusieurs personnes qui s'y promènent, toutes vêtues de longues robes et de chapeaux pointus. Dans cette ruelle pavée, toutes les maisons sont vieilles de plus d'un siècle. J'ai hâte de m'y promener.

Bon, il n'y a ni douche ni bain dans ma chambre.Il y a juste une sorte de lavabo, et une grande bassine en étain. Pas d'eau chaude, mais un savon et une serviette ; ce n'est pas le grand confort, mais je fais avec. Je me lave tant bien que mal, puis je m'habille et je sors de cette chambre.

Je frappe plusieurs fois à la porte de Hagrid. Au bout de quelques minutes, il me répond d'une voix ensommeillée: « Ne m'attends pas pour le petit déjeuner. J'arrive tout de suite. » Bon. Je descends seul l'escalier en bois de chêne pour prendre le petit-déjeuner.

Il y a déjà une dizaine de clients dans la salle du bas, tous vêtus de ces chapeaux pointus et de ces longues robes si appréciées par les sorciers. Ce n'est qu'en bas des marches que je me rends compte que tous les regards sont tournés vers moi. Tom, le vieux barman, me fait signe de m'asseoir à une table vide. Alors que je m'y installe, j'entends les clients murmurer : « C'est bien Harry Potter... La rumeur disait vrai... Je vous l'avais bien dit, Mrs Wright, c'est lui... Regardez la cicatrice que lui a faite Vous-Savez-Qui. »

- Les sorciers et les sorcières se regroupent autour de ma table avant même que Tom ait eu le temps de me servir. Tous tiennent à me serrer la main et à se présenter.

- Je suis Doris Crockford, Mr Potter. Je suis ravie de faire votre connaissance.

- Enchanté Mr Potter, je suis Michael McDougall. Je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour nous.

- Je suis si honoré de faire votre connaissance Mr Potter. Je m'appelle Diggle, Dedalus Diggle.

- Mr Potter, je suis si émue. Je suis Leigh Blottom. C'est grâce à vous que mon fils peut vivre dans un monde débarrassé de Vous-Savez-Qui.

Je suis heureux de recevoir autant d'affection, mais je me sens un peu gêné. Je ne vois pas de quoi ils parlent. Qu'est-ce que j'ai fait pour eux qui mérite autant de compliments ? Je ne les ai jamais vu de ma vie, et je ne me souviens pas d'avoir vaincu «Je-Ne-Sais-Qui». Je me contente de sourire poliment.

- Bonjour, Mr Potter. Je suis Rita Skeeter, envoyée spéciale de La Gazette du sorcier. Pourriez-vous m'accorder une interview ? Nos lecteurs aimeraient savoir par quel miracle vous avez vaincu Vous-Savez-Qui. Avez-vous utilisé de la magie noire ?

- Assez ! » gronde Hagrid. Avec tous ces gens regroupés autour de moi, je ne l'ai pas vu descendre. « Cessez d'importuner Harry Potter ! Pas d'interview! »Hagrid prend la journaliste et la fait sortir du pub manu militari. Puis il revient s'asseoir à ma table. « Je t'expliquerai tout tout à l'heure.» me dit-il. Les sorciers s'éloignent un peu et Tom m'apporte le petit-déjeuner.

Un vieil homme portant un turban s'approche de nous. Il a le visage tout ridé, de grands yeux globuleux. Il est maigre et n'est pas en grande forme. Il me tend une main tremblante, que je serre sans conviction. Hagrid semble connaître ce petit vieillard malade : « Professeur Quirrell ! » s'exclame-t-il. « Harry, je te présente le professeur Quirrell, qui sera un des tes maîtres à Poudlard.

- Ha... Ha... Harry P.. P.. Potter. V... V... Vous ne pou... pouvez pas sa... savoir à... à quel point je suis heu... heu... heureux de vous r... ren... rencontrer. » bégaie-t-il en me serrant la main de toutes ses forces.

- Bonjour, professeur. Quelle matière enseignez-vous ?

- La dé... dé... défense contre les f... for... forces du Ma... Mal. Mais vous... vous... n'en avez p... pas be... besoin, P... P... Potter. » Il m'adresse un sourire, comme si je savais à quoi il fait allusion.

- Vous...vous êtes v... venu ch...chercher v... v... vos founitures, je sup...suppose. Je d... dois m...moi-même a... acheter un n... nouv... nouveau li... livre sur les v... v... vampires. » Il semble terrifié rien qu'à l'idée d'acheter ce livre. Je ne suis pas sûr qu'il fera un bon professeur de défense contre les forces du Mal. Après m'avoir salué une dernière fois, il va prendre un remontant au bar.

- Après le petit déjeuner, Hagrid me propose d'aller dans sa chambre pour parler sans être dérangés. Je n'ai presque rien mangé, trop excité à l'idée d'en savoir plus sur mon passé, sur mes parents. « Harry, je vais te dire tout ce que je sais sur la nuit où tes parents sont morts. » me confie-t-il en refermant la porte de la chambre. « Nul ne connaît tout ce qui s'est produit ce soir là, à part peut-être Dumbledore, mais ce que je vais te raconter te permettra de savoir l'essentiel. »

« Il y a une dizaine d'années, un mage noir extrêmement puissant faisait régner la terreur dans le monde des sorciers. Son nom était... Non, je préfère ne pas dire son nom.

- Pourquoi ?

- A l'époque, personne n'osait prononcer son nom tellement il était craint. Et même maintenant, il vaut mieux éviter de le dire.

- Vous préférez l'écrire ?

- Non, je ne sais pas très bien comment ça s'écrit. Il s'appelait... Voldemort. On l'appelait aussi le Seigneur des Ténèbres. Mais les gens le désignent plus souvent par «Vous-Savez-Qui» ou bien «Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom». Toujours est-il que ce mage et ses partisans ont commis des crimes effroyables. De nombreux sorciers furent tués, toujours d'une manière horrible. Rares étaient ceux qui ont réussi à lui resister. En fait, une seule personne a survécu à une attaque directe de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Et cette personne, c'est toi Harry.

- Il y a dix ans, le soir d'Halloween, Tu-Sais-Qui est venu dans la maison de tes parents et ... » Hagrid sort un mouchoir très sale, se mouche et continue son récit en séchant ses larmes. « Excuse-moi, mais je pleure à chaque fois que j'y repense. Le Seigneur des Ténèbres a tué ton père et ta mère, puis il a voulu te tuer. Mais il n'y a pas réussi. A part cette drôle de cicatrice, il a été incapable de te faire le moindre mal. Son sort s'est retourné contre lui, et il a disparu.

- Il est mort ?

- On ne sait pas très bien. Je pense qu'il est mort, mais d'autres disent qu'il vit encore, bien qu'extrêmement affaibli. Certains de ces anciens partisans ont affirmé qu'il renaîtra bientôt, encore plus puissant qu'avant. C'est pour ça que, bien que personne ne l'ait vu depuis dix ans, il est toujours craint dans notre monde.

- Mon oncle et ma tante m'ont toujours dit que mes parents étaient mort dans un accident de voiture. J'ignorais qu'ils avaient été assassinés.» Je sors la photos de mes parents. J'essaie d'imaginer ce qu'ils ont pu ressentir ce soir là, la nuit où Voldemort les a massacrés. Je n'y arrive pas. Hagrid me passe son énorme bras autour de mes épaules. « Tes parents seraient très fiers de te savoir à Poudlard, Harry. Vraiment très fiers.» Je pleure.

Hagrid sèche mes larmes et me dit d'être courageux. Il me dit que mes parents étaient ses amis, et qu'ils auraient voulu que je réussisse mes études à Poudlard. Il me dit aussi qu'ils m'ont laissé de l'argent à la banque, que je ne manquerai de rien jusqu'à la fin de mes études. Il me dit que nous allons manger des crèmes glacées, que nous allons faire des courses et que je me sentirai mieux. Il me dit d'être fort, il me dit que mes parents n'aimeraient pas voir pleurer leur fils ainsi. Au bout de quelques minutes, j'arrête de pleurer et nous sortons du Chaudron Baveur.

Hagrid achète des crèmes glacées dans un bar nommé Chez Florian Fortarôme. Elles sont délicieuses. Puis il me dit que nous allons commencer par aller à la banque Gringotts. Nous passons devant de nombreuses boutiques, dans lesquelles on peut acheter aussi bien des robes de sorciers que des chaudrons, des balais volants et des ingrédients pour potions. Il y a mille et une choses que je voudrais essayer : Mais, plus que tout, j'aimerais bien tester les balais volants. Je sens que nous allons passer toute la journée à m'acheter mes affaires de classe. Enfin, nous arrivons à la banque.

La banque Gringotts est en fait un grand bâtiment dont l'aspect extérieur rappelle un château-fort et qui, par sa taille, domine les maisons aux alentours. L'entrée, entre deux tours rondes couronnées par des créneaux, est protégée par un pont-levi et une herse. A l'entrée, assise sur un banc de pierre, une petite créature nous salue; elle a la peau noire, elle est vêtue d'un costume brun et son regard est rempli de malice. Elle fume une longue pipe en bois.

- C'est un gobelin.» me dit Hagrid. « Ils n'en ont pas l'air, mais ce sont de puissants jeteurs de sorts, capable de toujours savoir si on leur dit la vérité. Ils dirigent la banque des sorciers avec une redoutable efficacité. Ils sont amicaux tant que tu n'essaies pas de les rouler. »

Nous passons une double porte de bois et nous arrivons dans un vaste hall. Le sol est en marbre et les nombreux bureaux où s'affairent les employés gobelins sont verts, avec des décorations en or. Je n'ai jamais vu de salle aussi luxueuse. Il y a des dizaines de portes dans ce hall, qui sont empruntées par les gobelins et les clients. Hagrid s'approche d'un bureau sur lequel est inscrit, en lettres d'or : «Service des coffres – V.I.P.» .

« Bonjour» dit Hagrid au gobelin assis derrière le bureau. «On est venu prendre un peu d'argent dans le coffre numéro 425, celui de Mr Potter.

- Certainement. Puis-je vous demander la clef, monsieur ?

- La voici! » dit Hagrid en sortant une minuscule clef en or d'une poche pleine de miettes de gâteau moisi. « J'ai aussi une lettre du professeur Dumbledore concernant le contenu du coffre 713.»

Le gobelin prend la lettre et la lit attentivement. Il appelle un autre gobelin, Gripsec, pour nous conduire jusqu'à la salle des coffres. Ce dernier nous fait franchir plusieurs portes et nos nous retrouvons dans un sombre couloir avec des rails au milieu. On se croirait dans une mine. Aussi je ne suis qu'à moitié surpris en voyant arriver un wagonnet se déplaçant tout seul. Nous grimpons tous les trois dans ce wagonnet, qu'Hagrid trouve beaucoup trop petit. Dès que nous sommes installés, le wagonnet démarre à toute vitesse et nous emmène à travers une multitude de galeries. Nous descendons de plus en plus profondément, traversons des ponts jetés au dessus d'un abîme sans fond, nous changeons de direction toutes les dix secondes. Je suis enivré par la vitesse et je m'exclame : « C'est génial ! » Hagrid ne partage pas mon avis et fait tout son possible pour éviter de vomir.

Enfin nous arrivons devant un coffre sur lequel est inscrit le numéro 425, toujours en lettres d'or. Gripsec en ouvre la porte, et un peu de fumée verte s'échappe de l'intérieur du coffre. Je vois alors des milliers de pièces de monnaie, d'or, d'argent et de bronze. Je ne sais pas combien ça vaut exactement, mais j'ai l'impression qu'il y a la une petite fortune. Si les Dursley savaient que je suis aussi riche, ils piqueraient une crise. Hagrid m'aide à remplir un petit sac tout en m'expliquant la valeur des pièces:

- Les pièces d'or sont des Gallions, celles d'argent sont des Mornilles et celles de bronze sont les Noises. Il y a dix-sept Mornilles dans un Gallion et vingt-neuf Noises dans une Mornille. C'est facile à retenir.» Je n'ai rien retenu, tant pis. Une fois le sac rempli, le gobelin referme le coffre et nous remontons dans le wagonnet.

Nous nous enfonçons encore plus dans cette étrange mine qui fait office de salle des coffres. La température devient de plus en plus fraîche au cours de cette descente. Enfin nous arrivons au coffre 713. Ce coffre ne possède pas de serrure; seul un gobelin peut l'ouvrir, nous explique Gripsec. L'intérieur est vide, à l'exception d'un petit paquet enveloppé dans du papier kraft. Je suis déçu: je m'attendais à trouver un véritable trésor. Hagrid se saisit du paquet et le fourre dans une des poches intérieures de son manteau. Je me demande bien quel peut être cet objet qui demande autant d'attention. C'est peut-être ça, la mission secrète que dois remplir Hagrid. Mais Hagrid ne me dira rien, je le sais.

Nous remontons dans la wagonnet et cinq minutes plus tard nous sommes de retour dans le hall d'entrée. Gripsec nous dit au revoir, nous remerciant de la confiance que nous accordons à la banque Gringotts. Lorsque nous sortons, je cligne des yeux tant la lumière du soleil me parait éblouissante après ce voyage dans l'obscurité.

« Nous allons commencer par t'acheter des vêtements. » dit Hagrid en me désignant une boutique nommée Madame Guipure, prêt-à-porter pour mages et sorciers. « J'ai besoin d'un petit remontant, je te rejoindrai tout à l'heure dans cette boutique. Ces wagonnets de chez Gringotts sont vraiment horribles. »

Dans la boutique, je suis accueilli par une petite sorcière replète et souriante, qui devine tout de suite que je vais entrer à Poudlard. Elle me dit de m'installer à coté d'un autre garçon de mon âge. Il a les cheveux blonds très bien coiffés, le teint pâle et un petit nez pointu. Pendant que la dame me fait passer une robe de sorcier, il m'adresse un sourire poli et engage la conversation:

- Salut. Toi aussi, tu vas à Poudlard ?

- Bonjour. Oui, je vais aller à Poudlard en septembre. C'est une bonne école ?

- C'est la meilleure, même si le directeur est un imbécile. Heureusement il y a des bons professeurs, comme par exemple le professeur Rogue. Il dirige la maison Serpentard, la maison dans laquelle je serai. Et toi, tu sais dans quelle maison tu seras ?

- Non. » Je n'ose pas lui demander ce qu'est la maison Serpentard.

- Remarque, on ne peut pas vraiment savoir à l'avance, mais comme toute ma famille est allé à Serpentard, j'y serai aussi sans doute. Tu t'imagines, se retrouver à Poufsouffle ? Je préférerai quitter l'école directement ! Il n'y a que des cancres, là-bas, tu n'es pas pas d'accord avec moi ?

- Hum... oui oui. » dis-je sans conviction.

- Mon père est en train de m'acheter mes livres et ma mère est allée me chercher une baguette magique. Ensuite, je demanderai à mon père de m'acheter un balai. Les élèves de première année n'y ont pas le droit, normalement, mais j'arriverai bien à le faire passer en douce. Et toi, tu as un balai ?

- Non. » Je ne vais pas lui dire que j'aimerais bien en avoir un.

- Tu joues au Quidditch ?

- Non plus. » C'est quoi, le Quidditch ? Un jeu ou un sport ?

- Moi, oui. Je compte d'ailleurs bien être sélectionné dans l'équipe de Serpentard. Eh vous! C'est ça que vous appelez ajuster une robe ? » dit-il à la sorcière qui s'occupe de sa robe. «Vous ne voyez pas que cette manche est trop courte ?

- Toutes mes excuses, Mr Malefoy. Je vais arranger ça » dit la sorcière. Le garçon blond lui adresse un regard méprisant.

Puis il relève la tête et montre quelqu'un derrière moi. « Regarde un peu ce gros abruti. » me dit-il. Je me retourne : c'est Hagrid, qui tient deux glaces à la main. Il me fait des signes et je comprends qu'il ne peut pas entrer dans le magasin avec ces glaces. « Il te connaît ? » me demande l'insupportable garçon blond.

- Oui. Il s'appelle Hagrid, et il travaille à Poudlard. Et je trouve qu'il est très intelligent.

- Vraiment ? Mon père m'a dit que c'est une espèce de sauvage, qui passe son temps à s'enivrer. Quand il est saoul, il essaie quelques tours de magie et finit toujours par casser quelque chose dans sa cabane. »

La sorcière qui s'occupe de ma robe a terminé et je quitte l'autre garçon sans dire un mot. Il est pire que Dudley ! Je paie mon uniforme puis je rejoins Hagrid, qui me demande si ça s'est bien passé. Je lui parle de ma rencontre avec le garçon blond et je lui demande : «C'est quoi, Serpentard et Poufsouffle ?

- Ce sont deux des maisons de Poudlard. J'étais à Poufsouffle. Tout le monde dit que les cancres sont nombreux à Poufsouffle mais...

- Je suis sûr que j'irai à Poufsouffle. Je n'y connais rien en magie.

- Mieux vaut Poufsouffle que Serpentard ! Tous les sorciers qui ont mal tourné sont passé par Serpentard. Tu-Sais-Qui et son bras-droit, Sirius Black, par exemple, viennent de la maison Serpentard.

- Vol... Pardon, Vous-Savez-Qui était à Poudlard ?

- Oui, il y a très longtemps.

- Qu'est-ce que le Quidditch ? » demandè-je sans transition.

- C'est le sport favori des sorciers. Ca se joue avec quatre balles et les joueurs volent sur des balais. Tu verras, c'est très passionnant. Ton père était très doué pour le Quidditch.

- C'est vrai ? Est-ce que je pourrais y jouer, moi aussi ? Est-ce que j'ai assez d'argent pour m'acheter un balai volant ?

- Tu as assez d'argent, mais les sorciers en première année ne sont pas autorisés à avoir leur propre balais. C'est écrit sur la feuille de fourniture, que je t'ai donné hier soir. »

Je sors cette feuille et je la lis pour la première fois. Effectivement, je ne peux pas avoir de balai. Par contre, j'ai le droit d'avoir un hibou ou un chat ou un crapaud. « Hagrid, on peut aller acheter un animal ?

- Oui, mais on commence d'abord par la baguette magique. Ca s'achète chez Ollivander, le meilleur fabricant de baguette de ce continent. »

Nous entrons dans une boutique minuscule. Il y règne une étrange ambiance : la pièce est plongée dans la pénombre et il n'y a aucun meuble, à l'exception d'une simple chaise en bois. Des milliers de boîtes étroites, en carton s'entassent le long des murs, jusqu'au plafond. Le sol est recouvert d'une fine couche de poussière grise. Ni Hagrid ni moi n'osons rompre le silence. Un vieil homme surgit de nulle part et nous salue. Il a deux grands yeux pâles, qui m'examinent de la tête aux pieds.

« Bonjour» dit-il d'une voix douce.

- Heu... Bonjour monsieur.

- Vous êtes Harry Potter. Vous avez presque le même visage que votre mère. Je me souviens quand elle est venue acheter sa baguette avant d'entrer à Poudlard. 25,6 centimètres, souple et rapide, bois de saule.

- Vous parlez de ma mère ?

- Non... de sa baguette. » Il semble déçu que je n'ai pas compris de quoi il parlait. « Votre père avait une baguette d'acajou, 27,5 centimètres, très flexible. Très efficace pour les métamorphoses. Et ... »

Il se rapproche de moi, je me sens de plus en plus mal à l'aise. Il touche mon front du doigt, à l'endroit où j'ai une cicatrice.

- C'est moi qui ai vendu la baguette responsable de cette cicatrice. 33,75 centimètres. En bois d'if, avec une plume de phénix. Une baguette très puissante entre des mains maléfiques. Si j'avais su ce qu'Il allait en faire... »

Il se tourne vers Hagrid, à mon grand soulagement.

- Rubeus Hagrid. 40 centimètres, plutôt flexible, en chêne. N'est-ce pas ?

- En effet. »

- Une bonne baguette. Mais ils ont dû la casser quand vous avez été exclu du collège, non ? » Hagrid a été exclu de Poudlard ? Pourquoi ne m'en a-t-il rien dit ? J'imagine que ça a dû être très dur pour lui. Va-t-on m'exclure, moi aussi ?

- Hum... oui... mais j'en ai gardé les morceaux... comme souvenir. » dit le géant, en serrant son parapluie rose.

- Mmmm... Bien, revenons à vous, Mr Potter. De quelle main tenez-vous la baguette ?

- Heu... je suis droitier.

- Tendez le bras. Je vais prendre vos mesures. »

Il sort un petit mètre-ruban, avec des marques en argent. Ce mètre-ruban se déploie dans les airs, vole jusqu'à moi et commence à me prendre des mesures. Je le regarde, un peu inquiet. Pendant ce temps, Mr Ollivander m'explique que chaque baguette est unique, renfermant une substance magique très puissante comme des poils de licorne, des plumes de phénix ou des nerfs de dragon. Puis il va prendre des boîtes, dispersées sur toutes les étagères.

- Ca ira comme ça.» dit Mr Ollivander, et le mettre ruban s'enroule et se glisse dans une poche de son gilet. « Commençons par celle-ci, Mr Potter. Bois d'ébène, souple, 22,5 centimètres. Elle contient du ventricule de coeur de dragon noir.»

Je prends la baguette noire et je la fais tournoyer. Rien ne se produit et je me sens ridicule. Le vieil homme me l'arrache des mains et m'en tend une autre.

- Bois d'érable et crin de licorne. 21,25 centimètres. Très flexible. Essayez...

Je la prends mais j'ai à peine le temps de la soulever que Mr Ollivander me l'arrache des mains.

- Non, ça ne va pas du tout. Voyons celle-ci. Bois de peuplier, 24,75 centimètres, une touffe de crinière de sphinx directement importée d'Egypte. Allez-y, essayez...

J'essaie cette baguette, mais elle ne me convient pas non plus, d'après Mr Ollivander. Il me fait essayer des dizaines de baguettes, sans résultat. Je ne comprends pas ce qu'il veut. Il me dit de patienter quelques minutes et va chercher des baguettes dans sa réserve.

- Vous êtes un client intéressant, Mr Potter, mais nous finirons bien par trouver celle qui vous vous convient. Voyons celle-ci. Une combinaison originale : bois de houx et plume de phénix. 27,5 centimètres. Facile à manier, très souple.

Je prends la baguette, qui semble chaude au toucher. Je la fais tourner et une gerbe d'étincelles rouge et or jaillit de son extrémité. Je comprends alors pourquoi les autres baguettes ne me convenaient pas. Hagrid applaudit et Mr. Ollivander me félicite:

- Bravo ! Très bien, vraiment très bien. Mais c'est aussi... très étrange. Car le phénix qui a donné la plume que contient votre baguette a également donné la plume qui se trouve dans Sa baguette. Je veux dire, la baguette qui vous a fait cette cicatrice. Curieux, vraiment, la façon dont les choses se produisent... Je crois que vous avez un bel avenir devant vous, Mr Potter. Après tout, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a fait de grandes choses. Des choses terribles, certes, mais de quelle envergure ! Je suis sûr que vous accomplirez vous aussi de nombreux exploits. »

Je paie ma baguette et nous sortons de cette étrange boutique. Nous allons ensuite acheter le reste du matériel qu'il me faut emporter à Poudlard: un chaudron d'étain, un chapeau pointu noir, des gants protecteur en cuir de dragon, de nombreux livres, une balance et un joli petit télescope pliable. Il nous faut aussi acheter des ingrédients pour potion chez un apothicaire. Dans toutes les boutiques, ou presque, les gens me félicitent pour avoir vaincu Voldemort.

Je repense à mes rêves, quand j'étais enfermé dans le placard sous l'escalier, à Privet Drive. Je rêvais d'être un héros dans un monde de magie. Et, sans avoir rien fait, j'en suis un. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me gêne terriblement. J'ai l'impression de ne pas le mériter, je voudrais être un petit garçon ordinaire. Les gens me voient meilleur que je ne le suis, que va-t-il se passer si je ne suis pas à la hauteur de leurs attentes ?

« Je ne t'ai pas offert de cadeau d'anniversaire» me dit Hagrid alors que nous sortons d'une boutique. C'est la fin de l'après-midi et on a acheté tout le nécessaire. « J'ai bien envie de t'offrir un animal.

- Vous n'êtes pas obligé.» dis-je en rougissant

- J'y tiens. Pas un crapaud, c'est trop démodé. Pas un chat non plus, leur poils me font éternuer. Je vais t'acheter un hibou. C'est très joli, et c'est utile pour le courier. »

Hagrid m'achète une magnifique chouette aux plumes blanches comme la neige. Elle est magnifique. Je la transporte dans une cage, où elle peut dormir paisiblement, la tête sous l'aile. Je suis si heureux que je bafouille des mots de remerciement à Hagrid.

- Ce n'est rien. J'imagine que les Dursley ne te faisaient pas beaucoup de cadeaux. » Hagrid consulte son sablier : les grains de sable ont une couleur rouge vif. « Il se fait tard, et je dois être à Poudlard avant la nuit, je vais devoir te quitter.

- Je peux vous accompagner ?» demandè-je, plein d'espoir.

- Non. Tu iras à Poudlard le premier septembre, à bord d'un train spécial. En voici les billets. D'ici là, tu n'as qu'à loger au Chaudron Baveur. » Je remarque qu'il a un air gêné en me disant que je peux rester au Chaudron Baveur. « Tom s'occupera bien de toi, bien mieux que les Dursley. Et tu en profiteras pour faire connaissance avec le monde des sorciers. Si tu veux m'écrire des lettres, tu peux employer ta chouette. Elle saura où me trouver. »

Je dis au revoir à Hagrid, alors qu'il remonte sur sa moto volante. J'éprouve un petit pincement au coeur en le voyant s'éloigner et disparaître dans ce ciel rougi par le soleil couchant.

Note de l'auteur : Il y a quelques changements par rapport au "vrai" univers d'Harry Potter. Dans le livre de J.K. Rowling, l'entrée du Chaudron Baveur ne se trouve pas sur le Chemin de Traverse, mais dans une rue Moldue. Sirius Black et Hagrid étaient à Gryffondor, alors que dans mon histoire, ils sont passés par Serpentard et Poufsouffle.