Disclaimer : Cf. Le prologue.
Chapitre 4 : Le Poudlard Express
Le lendemain, je décide de faire la grasse matinée dans ma chambre du Chaudron Baveur. Chez les Dursley, j'étais toujours réveillé à l'aube, soit par oncle Vernon, soit par tante Pétunia. J'ai un mois de vacances avant la rentrée, et je compte bien en profiter. Je ne me lève que pour aller prendre mon lunch.
Comme la veille, plusieurs sorciers viennent à ma table me dire bonjour, et me remercier de les avoir débarrassé de Voldemort. Mais tous semblent préoccupés par un vol qui a eu lieu cette nuit, dans la banque Gringotts. Alors que je lui demande plus de précisions sur ce vol, Tom me donne un exemplaire de la dernière édition de La Gazette du Sorcier.
Cambriolage chez Gringotts
Un
cambriolage a eu lieu cette nuit à la banque Gringotts, sur le
Chemin de Travers. Une enquête du ministère de la magie
est en cours, mais elle n'a donné aucun résultat pour
le moment.
Les
gobelins de Gringotts ont déclaré à notre
envoyée spéciale, Rita Skeeter, que rien n'avait été
volé. Selon leur porte-parole, la chambre-forte qui a été
fracturée avait été vidée de son contenu
hier matin. Ce porte-parole a refusé de donner des précisions
sur ce fameux contenu.
Nul
doute que cette fâcheuse affaire ternira pour longtemps la
réputation d'inviolabilité de la banque Gringotts.
Rita Skeeter... je crois que c'est le nom de la journaliste qui a essayé de m'interviewer hier. Je n'aime pas le ton de ses articles. Mais, comme elle, je me demande ce que peut bien être ce contenu. Mon petit doigt me dit qu'il s'agit du paquet qu'a récupéré Hagrid et qu'il a emmené à Poudlard.
Après le repas, je passe mon après-midi dans les boutiques du Chemin de Traverse. J'essaie de m'approcher de la banque Gringotts, mais elle est fermée pour deux jours à cause de l'enquête. J'achète des vêtements de rechanges et une valise magique pour transporter toutes mes affaires. Cette valise a une taille normale, mais on peut y faire tenir à peu près tout ce que l'on veut ; si la valise est pleine, on peut toujours tasser les affaires pour dégager un nouvel espace. J'achète aussi une montre, qui ressemble à une montre «normale» mais qui peut lire l'heure à haute voix si on le lui demande.
Après le repas du soir, Tom me dit que quelqu'un du ministère de la magie veut me parler. Il me conduit dans une petite salle, à l'étage. Là, un homme d'une trentaine d'année m'attend. Il vêtu comme un Moldu: costume complet noir, cravate noire, chemise blanche et il porte aussi des lunettes de soleil. Il est chauve, corpulent et souriant. Je remarque qu'il a une petite verrue sur le côté gauche du nez.
« Harry Potter ! » Il a une voix chaleureuse. « Assieds-toi, mon garçon. Je suis suis Mulciber Smith. Je travaille au ministère de la magie, en tant que Chargé de Relation avec les Moldus. Mon travail consiste à faire en sorte que les sorciers et les Moldus puissent coexister pacifiquement. Comment se passe ton séjour au Chaudron Baveur ?
- Très bien. Je vous ai croisé hier dans la rue. Vous étiez le seul à ne pas être habillé en sorcier.
- Ah... c'est possible. Je suis ici depuis deux jours. Et, comme je suis sur place, on m'a confié une mission te concernant.
- Vous avez une mission pour moi ?
- Heu... Non, tu as mal compris. Ma mission, c'est de te ramener chez les Dursley. »
Je suis effondré. C'est la pire chose qu'il pouvait m'annoncer.
- Mr Smith je n'ai pas envie d'aller chez les Dursley. Hagrid m'a dit que je pouvais rester ici jusqu'au premier septembre.
- Hagrid est quelqu'un de très bien mais il ne prend pas toujours les bonnes décisions. Il aurait dû te ramener chez toi hier soir. Tu comprends?
- Il n'a pas voulu me ramener la bas parce que les Dursley me détestent !
- C'est ce qu'il nous a dit. Mais tu n'as que onze ans et il est hors de question que tu passe un mois hors de ta famille d'accueil. Tu ne connais rien du monde des sorciers, qui peut être assez dangereux, et comme les Dursley sont ta seule famille, il vaut mieux que tu reste là-bas jusqu'à ce que tu entres à Poudlard. D'accord ?
- Je ne veux pas rentrer chez les Dursley. Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul ici.
- Écoute, je te ramènerai demain chez toi et je parlerai à ton oncle. Je te promets que ton oncle et ta tante ne te maltraiteront plus. Maintenant, il est temps d'aller te coucher. Nous partirons assez tôt, demain matin. »
Je suis dans la boutique de Mr Ollivander, totalement plongée dans l'obscurité. A mes pieds gisent des centaines de baguettes. Je suis seul, et je remarque que mes vêtements ont disparu. J'entends une voix qui murmure : « Il est temps de changer, petite, il est temps de grandir, il est temps de muer. » Les baguettes qui sont à mes pieds se changent en serpents, qui commencent à s'enrouler autour de mes jambes et je me mets à hurler.
J'ai fait ce genre de cauchemar toute la nuit. Quand Mr Smith vient me réveiller, j'ai toujours un peu envie de dormir. Le petit-déjeuner de Tom me redonne quelque force. Nous quittons le Chemin de Traverse et revenons dans le monde ordinaire. Mr Smith porte ma grande valise qui contient toutes mes affaires, pendant que je porte la cage de ma chouette. J'ai décidé de l'appeler Hedwige, c'est un très joli nom que j'ai trouvé dans un livre d'histoire de la Magie. Nous prenons le metro puis le train.
Mr Smith est très bavard. Il m'explique un peu quelles sont les relation entre le monde des sorciers et le monde des Moldus : les sorciers font tout pour éviter de se faire remarquer des Moldus, car ceux-ci ont tendance à craindre la magie. Aussi on n'emploie des sortilèges dans le monde Moldu que si on ne peut pas faire autrement. Je lui parle de mon livre préféré, Le Seigneur des Anneaux, et Mr Smith m'apprend que Tolkien était un Moldu connaissant l'existence de notre monde. Mais bientôt je tombe de sommeil et je m'endors dans le train.
Je me réveille dans un lit. Je mets quelques instants à réaliser que je suis chez mon oncle et ma tante, à Privet Drive, dans la chambre d'ami. La montre que j'ai achetée me dit qu'il est dix heures et demies. Que se passe-t-il ? Les Dursley me laissent dormir dans un vrai lit, et ne me réveillent pas à l'aube ? Ma valise est posée au pied du lit, avec la cage de Hedwige. Il y a aussi un mot de Mr Smith.
Harry,
J'ai
parlé à ton oncle et je lai convaincu de te donner une
chambre et de te traiter avec un peu plus de respect. Nous nous
reverrons peut-être en septembre: j'ai demandé à
enseigner l'étude des Moldus à Poudlard.
Cordialement,
Mulciber Smith
Je m'habille et je descends dans le salon. Oncle Vernon, tante Pétunia et Dudley m'y attendent. Je remarque que Dudley a été débarrassé de son groin et de sa queue de cochon.
« Harry, dit oncle Vernon, mettons les choses au clair. Tante Pétunia et moi avons décidé de te donner une chambre: celle qui sert aux jouets de Dudley. En attendant qu'elle soit aménagée, tu dormiras dans la chambre d'amis. Tu es content ?
- Oui, oncle Vernon. » Je comprends pourquoi Dudley est en colère: je le prive de sa chambre à joujoux.
- Bon, maintenant voici les trois règles que tu dois respecter si tu veux que ça se passe bien entre nous :
1) Ne jamais faire de magie dans cette maison, ni même déballer tes affaires.
2) Ne jamais parler de ton école ou de ce que tu es. Personne ne doit savoir que tu es une espèce de ... de monstre.
3) Ne jamais inviter d'autres sorciers ici, ni leur envoyer des lettres portées par des oiseaux.
- C'est clair ?
- Très clair, oncle Vernon.»
Le reste de l'été est ennuyeux. Je ne peux pas faire de magie, et les Dursley ne m'embêtent plus. C'est un grand progrès, mais comme je ne peux toujours pas sortir de la maison, je m'ennuie un peu. J'attends la rentrée. Oncle Vernon a accepté de me conduire jusqu'à la gare, mais, à son air, je comprends qu'il ne m'y emmène que parce que Mr Smith le lui a demandé. Si je revois Mr Smith a Poudlard, il faudra que je le remercie pour avoir facilité mon séjour chez les Dursley.
Le premier septembre, je me reveille à cinq heures du matin, tout excité. Je vérifie trois fois que toutes mes affaires sont prêtes. Hedwige dort paisiblement dans sa cage. Je m'habille avec un jean et un pull gris. J'attends des heures, le temps que l'oncle Vernon se réveille. Nous partons à huit heures et, à dix heures trente, nous arrivons à la gare de King's Cross.
« Au fait, me demande oncle Vernon, quel train doit-tu prendre ?
- C'est un train qui part à onze heures précises, de la voie 9 ¾.
- Ne dit pas de bêtises, la voie 9 ¾ n'existe pas.
- C'est pourtant ce qui est écrit sur mon billet. Regarde !
- Ils sont fous ! Bon, regarde moi garçon. La voie 9 est ici, la voie 10 juste à côté. La tienne se trouvera quelque part entre les deux, le jour où il décideront d'en construire une. En attendant ... bon voyage.»
Oncle Vernon repart sans plus attendre. Effectivement, il n'y a aucune trace de la voie 9 ¾. Je demande à un employé d'où part le train de onze heures, et il me répond qu'il n'y a aucun train qui part à cette heure-là. Ne paniquons pas... L'horloge indique onze heures moins dix, je suis au milieu d'une garde avec une chouette et une grosse valise pleine d'affaires de sorcier, les poches pleines d'argent qui n'a cours que dans une petite ruelle de Londres. Ne paniquons pas, tout va s'arranger, il ne faut surtout pas que je cède à la panique, il y a sûrement quelque chose à faire, c'est sûr, il faut que je ..., que je..., que je...
« La gare est pleine de Moldus, comme d'habitude. » fait une voix derrière moi.
«Moldus» ? Je me tourne pour regarder qui a prononcé ce mot. C'est une petite femme dodue, vêtue d'une robe de sorcière rouge. Elle est avec quatre garçon et une fillette, tous ont les cheveux roux flamboyants. Les garçons ont chacun une valise semblable à la mienne, posée sur un chariot.
- Bon, les garçons, vous êtes prêts ? » demande la femme.
- Maman, je veux y aller aussi ! » dit la petite fille.
- L'année prochaine, Ginny. On ne peut pas aller à Poudlard avant ses onze ans. Vas-y, Percy, passe le premier. »
Le plus âgé des quatre garçons se dirige vers la barrière située entre les voies 9 et 10. Mais un groupe de touristes japonais passe à ce moment là et je perds le garçon de vue. Lorsque les touristes sont partis, il n'y a plus de trace du garçon roux.
- Très bien, dit la femme, Fred, c'est à toi maintenant.
- Maman, tu te trompes : moi, c'est Georges, et lui, c'est Fred. Tu n'as pas honte de confondre tes enfants ? »
Deux des garçons sont jumeaux et portent les mêmes habits. Pas étonnant que même leur mère se trompe !
- Désolée, mon chéri.
- C'était pour rire. Je suis bien Fred, tu ne t'étais pas trompée.»
Fred pousse son chariot vers la barrière et disparaît sans que je comprenne comment. Son frère jumeau le suit peu après. Si je reste là sans rien dire, ils font tous disparaître et je resterai seul dans le hall.
- Excusez-moi, » dis-je à la petite femme.
- Tu es nouveau à Poudlard ? Ron est aussi en première année. » dit-elle en désignant le dernier garçon.
Il fait dix centimètres de plus que moi et a le visage couvert de tâches de rousseur.
- C'est que... je ne sais pas comment aller sur la voie 9 ¾.
- Ne t'inquiète pas : il suffit de marcher droit sur la barrière, sans s'arrêter et sans avoir peur de se cogner. Si possible, il faut marcher très vite. Vas-y, passe avant Ron. »
Je m'élance vers la barrière. Je sens que je vais m'écraser dessus. Je marche de plus en plus vite, puis je me mets à courir. Juste avant d'arriver sur la barrière, je ferme les yeux en me préparant au choc... qui ne viendra pas. Je rouvre les yeux et je vois une locomotive à vapeur, rouge, sur laquelle est écrit «Poudlard Express». Le quai sur lequel je suis porte le numéro 9 ¾. Il y a plein de jeunes, souvent avec leur parents, revêtus de robe de sorcier.
Le quai est noir de monde. Des chats courent de partout, montent dans le train ou en redescendent. Les hiboux, dans leurs cages, ululent et Hedwige semble leur répondre. De la fumée s'échappe de la locomotive, et une voix annonce: « Cinq minutes avant le départ du Poudlard Express, tous les passagers sont priés de prendre place à bord. »
Ron, le grand garçon roux, surgit derrière moi. Ensemble, nous nous dirigeons vers l'arrière du train, car les premiers wagons semblent bondés. Nous passons devant un petit garçon au visage joufflu, qui cherche désespérément son crapaud. Un peu plus loin, un petit groupe s'est réuni autour d'un garçon qui tient une grosse boîte en carton.
- Allez, Lee, montre-la nous.
Le garçon soulève le couvercle et le groupe se met à hurler en voyant surgir une longue patte d'araignée velue. Ron détourne le regard et accélère autant que possible. J'ai du mal à le suivre.
Nous arrivons au dernier wagon, où il semble y avoir un compartiment de libre. Je monte la cage d'Hedwige, puis j'essaie de monter ma valise. Fred et Georges, les deux jumeaux roux, se proposent de m'aider. A trois, nous montons ma valise dans le compartiment, puis celle de Ron. Je ne m'étais pas rendu compte que ma valise était aussi lourde : je n'avais jamais eu à la porter pleine, Mr Smith ou oncle Vernon l'ayant fait à ma place.
J'essuie la sueur sur mon front, dévoilant ma cicatrice, et je vois un des jumeaux écarquiller les yeux.
- Ca alors ! Ce ne serait pas ...
- Si, c'est sûrement lui ! » dit l'autre jumeau. « C'est bien ce qu'on pense ?
- Heu ... quoi?
- Harry Potter ! » disent en choeur les deux jumeaux.
- Oui, oui, c'est lui. Je veux dire, c'est moi. »
Ils me regardent comme s'ils n'en croyaient pas leur yeux. Je me sens gêné et je ne sais pas quoi dire. Heureusement, la mère des jumeaux tapote à la vitre et Ron ouvre la fenêtre.
« Où est passé Percy ? » demande-t-elle après avoir donné de nombreuses recommandations à ses fils.
- Il est parti se changer. Tiens, d'ailleurs, le voici»
L'aîné des garçons revient dans le compartiment. Il a revêtu son uniforme, sur lequel brille un petit insigne portant la lettre «P». Il s'approche de la fenêtre pour parler à sa mère :
- Je dois aller à l'avant du train, maman, avec les autres préfets.
- Oh tu es préfet Percy ? » demande un des jumeaux. « Pourquoi ne nous as tu rien dit ?
- Percy est trop modeste. » dit l'autre. « Mais je crois qu'il nous a dit un mot, une fois.
-Une fois ? Ce n'est pas plutôt deux ?
- Non, je crois que c'est plutôt dix.
- Dix ? En fait, il en a parlé chaque jour cet été.
- Chaque jour ? Tu veux dire chaque minute !
- Disons... chaque fois qu'il a ouvert la bouche !
- Ca suffit ! » dit Percy. « Je vous laisse, je vais avec les préfets. Eux au moins ont une conversation intéressante. »
Il dit au revoir à sa mère et sort du compartiment.
Un sifflet retentit et les portes des wagons se referment.
- Hé, Maman, tu sais qui est le petit brun qui nous accompagne ?
- Non. Qui c'est ?
- C'est Harry Potter ! »
Je me réfugie au fond du compartiment.
- Oh, maman, je peux monter dans le train pour le voir ? » dit la petite fille rousse.
- Non Ginny, ce garçon n'est pas un animal de foire. »
Elle veut ajouter quelque chose, mais le train se met en marche. Je vois la femme faire de grands signe de la main, tandis que la petite fille essaie de suivre le train. Mais le Poudlard Express accélère et bientôt le quai de la gare disparaît dans le lointain. Peu après les jumeaux nous proposent d'aller dans le wagon du milieu pour voir une tarentule géante qu'a rapportée un certain Lee Jordan. Ron refuse net, et je préfère aussi rester dans ce wagon. Au moins, ici, personne ne fait de remarque sur ma cicatrice.
- C'est vrai que tu es Harry Potter ?» me demande Ron une fois les jumeaux partis.
- Oui » dis-je en rabattant mes cheveux pour cacher ma cicatrice.
- Alors c'est toi qui a tué Tu-Sais-Qui ...
- Je ne m'en souviens pas.
- Vraiment pas ?
- Non. Désolé de te décevoir. »
Le garçon comprend que je n'aime pas trop en parler. Il détourne son regard et contemple le paysage, sans savoir quoi dire.
- Tout le monde est sorcier, dans ta famille ?» demandè-je pour rompre le silence.
- Presque. Maman a un cousin Moldu, mais on n'en parle jamais.
- Alors, tu dois être très fort en magie.
- Je ne sais pas. Les enfants ne lancent pas de sorts avant d'aller à Poudlard. Mais mes frères sont tous doués.» dit-il en poussant un soupir.
- Les trois que j'ai vu ?
- Les cinq. J'ai cinq grands frères. Bill et Charlie ont déjà fini leurs études. Bill était Préfet-en-Chef et Charly, capitaine de l'équipe de Quidditch. Maintenant, Percy est préfet. Il sera sans doute Préfet-en-Chef un jour.
- Préfet ?
- C'est un élève chargé de maintenir la discipline. C'est un grand honneur d'être choisi comme préfet. Tu ne sais rien de Poudlard ?
- Non. Je n'ai pas eu beaucoup d'occasion de sortir de chez moi.
- Les jumeaux, Fred et Georges, font pas mal de bêtises, mais ils ont des bonnes notes et tout le monde les adore. Mes parents voudraient bien que je fasse aussi bien que les autres, mais même si j'y arrive, personne ne le remarquera. Quand on a cinq grands frères, on n'a jamais rien de neuf. Mes robes étaient à Bill, j'ai l'ancienne baguette magique de Charly et le vieux rat de Percy. »
Ron sort un vieux rat gris de sa poche.
« Il s'appelle Croûtard, et il passe son temps à dormir. Mon père a offert un hibou à Percy quand il a été nommé préfet, mais il n'avait pas assez d'argent pour... Enfin, j'ai hérité de Croûtard. »
Les oreilles de Ron prennent une couleur rouge tomate.
«Tu sais, Ron, avant mon onzième anniversaire je n'avais rien du tout. Je vivais chez mon oncle et ma tante qui ne m'ont jamais offert un seul vrai cadeau. En fait, j'ignorais tout du monde des sorciers, je ne savais rien de mes parents ni de Voldemort. »
J'ai dit ça pour faire comprendre à Ron qu'il n'a pas à avoir honte devant moi, mais il paraît plus effrayé que rassuré.
« Tu ... Tu as prononcé le nom de Tu-Sais-Qui ! » dit-il avec une pointe d'admiration dans sa voix. « J'aurais parié que tu serais le dernier à...
- C'est juste que je ne suis pas habitué à ne pas prononcer son nom. Je ne sais vraiment rien sur le monde des sorciers. »
Nous parlons alors du monde des Sorciers. Ron m'apprend plein de choses, comme par exemple le Quidditch. Ron est un passionné de Quidditch, son équipe préférée est les Canons de Chudley. Il tient absolument à m'expliquer les règles de ce sport. Je l'écoute sans rien retenir, me contentant de hocher la tête de temps à autre. Il m'apprend que Fred et Georges font partie de l'équipe de Gryffondor. Alors que je veux lui demander ce qu'est Gryffondor, une jeune femme souriante, qui pousse un chariot dans le couloir du wagon, nous demande:
- Vous désirez quelque chose à manger ou à boire, les enfants ?
Je n'ai pas vu le temps passer. Il est presque 13h00 et nous sommes sortis de Londres depuis un bon moment déjà. Pour la première fois de ma vie, j'ai de l'argent et je compte bien le dépenser. Je m'approche du chariot, mais je ne connais aucune des friandises qui sont proposées. Je ne sais pas ce que sont les Dragées surprises, les Ballongommes, les Chocogrenouillles, les Haribo sauteurs ou les Patacitrouilles. J'achète un peu de tout; ça me coûte onze Mornilles et sept Noises. Ron me regarde avec des grands yeux alors que j'étale tout ce que j'ai acheté sur la banquette.
« Tu as si faim que ça ?
- Je suis affamé. »
Et surtout, j'ai envie de tout goûter. Par quoi vais-je commencer ? Hum... une Patacitrouille. Je commence à la manger quand je me rends compte que Ron regarde mes friandises avec envie. Lui n'a qu'un pauvre sandwich guère appétissant.
- Vas-y, sers-toi. De toute façon je ne pourrai pas tout manger. » dis-je en lui tendant un paquet de Ballongommes.
Ron accepte avec plaisir et nous partageons les friandises. Je prends un paquet de Chocogrenouilles.
- Che chont des vraies grenouilles ? » demandè-je à Ron, la bouche encore pleine.
- Non.» répond-il en riant. « D'ailleurs, regarde la carte à l'intérieur. Dans chaque paquet de Chocogrenouilles, il y a la carte d'un sorcier célèbre. J'en ai déjà cinq cent différentes, mais il m'en manque encore quelques unes pour finir ma collection. »
- J'ouvre un paquet et je trouve la carte : c'est une photo d'un homme aux cheveux et à la longue barbe argentés, portant des lunettes en demi-lunes sur son nez aquilin. Dans une bannière est écrit le nom de ce sorcier : Albus Dumbledore. Ron a déjà cette carte. Au verso de la photo, il y a un petit texte expliquant qui est Albus Dumbledore.
Albus Dumbledore, actuel directeur de Poudlard.
Considéré par beaucoup comme le plus grand sorcier des temps modernes, Albus Dumbledore est né en 1843. Il s'est rendu célèbre en écrasant, en 1945, le mage Grindelwald. Il travailla en étroite collaboration avec l'alchimiste Nicolas Flamel sur les propriétés magiques du sang de dragon. Les passes-temps du professeur Dumbledore sont le bowling et la musique en chambre.
- Cet homme a presque 150 ans !
Je retourne la carte pour le regarder de nouveau, mais il a disparu de la photo : il ne reste plus qu'un cadre vide.
- Dumbledore a disparu du cadre !
- Normal : il s'ennuierait s'il devait rester toute la journée sur cette photo. Mais ne t'en fait pas, il va revenir. Zut ! J'ai encore un exemplaire de Morgane.
- Chez les Moldus, les gens restent parfaitement immobiles sur les photos.
- Ah bon ? Ils ne vont jamais faire un tour ? C'est vraiment très bizarre, ça. »
Pendant que Ron dévore les Chocogrenouilles, je regarde les cartes de sorciers et je lis leur courte biographie : Albéric Grunnion, Circé, Hengist de Woodcroft et Merlin. Je teste les Haribo sauteurs : ce sont de petits bonbons rouges, ovoïdes. J'en mets trois ou quatre dans ma bouche. Aussitôt je les sens rebondir sur mon palais, sauter de partout et faire vibrer ma mâchoire. Puis, au bout de quelques minutes, ils se calment et je peux les avaler. Ron éclate de rire.
- Si tu avais vu ta tête...
Je ris avec lui. Les friandises sont beaucoup plus amusantes que chez les Moldus.
Enhardi par l'expérience des Haribo sauteurs, je veux goûter un paquet de Dragées surprises de Bertie Crochue.
- Fais attention avec ça. » prévient Ron. « Il y a toutes sortes de parfum, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Avec de la chance, tu peux avoir un goût de citron ou de chocolat, mais ça peut être aussi épinard ou cervelle de veau. Georges m'a dit qu'un jour, il en a eu une à la bouse de vache, mais il a peut-être inventé ça pour me faire peur.
- Bon, je m'y risque.» dis-je en prenant une dragée blanche. « Hum... noix de coco !
- A mon tour. » dit Ron en prenant une verte. «Beuark ! Du choux de Bruxelles ! Je déteste ça ! »
Nous nous amusons un moment à manger les Dragées surprises. Ron se moque de moi quand, après avoir avalé une dragée au poivre, je cherche désespérément quelque chose à boire. Il prend une dragée rose et soudain son visage rougit furieusement : «Piment rouge !» annonce-t-il alors que nous nous précipitons tous deux vers les toilettes.
C'est en revenant des toilettes que j'aperçois, de loin, le garçon blond que j'avais rencontré sur le Chemin de Traverse, le jour de mon anniversaire. Je me précipite dans le compartiment, espérant qu'il ne m'a pas vu. Hélas, il vient dans mon compartiment, accompagné de deux autres garçons.
- C'est donc toi, le célèbre Harry Potter. Je suis Drago Malefoy. Lui c'est Vincent Crabbe, et lui, c'est Gregory Goyle. » dit-il en désignant ces deux compagnons.
Puis il regarde Ron. « Cheveux roux, taches de rousseur, vêtement usés et baguette d'occasion : un autre Weasley débarque à Poudlard. Fait attention à tes fréquentations, Potter. Il paraît que la pauvreté, c'est contagieux. »
Ses deux compagnons rigolent bêtement.
- L'intelligence ne l'est pas, alors n'espère pas être moins stupide en restant ici.
- Si tu n'es pas un peu plus poli, Potter, tu vas finir comme tes parents. Toujours à traîner avec la racaille, comme Hagrid ou les Weasley.
- Répète un peu ça » dit Ron, en colère.
- Potter, tu lui fais l'aumône ? » dit Drago en désignant les friandises. « Tu n'as pas vu la pancarte ''ne pas nourrir les animaux'' sur la cage de Weasley ? Goyle, prends-les avant que le rouquin ne s'étouffe. »
Le plus grand acolyte de Malefoy s'avance vers les friandises. Ron essaie de lui donner un coup de poing, mais Goyle le repousse avec force. Au moment de prendre les Chocogrenouilles, Goyle pousse un hurlement épouvantable : le rat de Ron était suspendu à un de ses doigts, ses crocs profondément enfoncés dans la chair. Goyle agite la main et finir par projeter Croûtard contre la fenêtre. Drago et ses deux compagnons en profitent pour partir sans demander leur reste.
Ron examine son rat, qui s'est rendormi après son exploit. Il n'a pas l'air d'avoir trop souffert.
- Ce Malefoy, je parie qu'il ira à Serpentard ! » dit Ron en remettant son rat dans une poche. « D'ailleurs, sa famille s'était rangée au côté de Tu-Sais-Qui. Après ils ont prétendu qu'ils y avaient été forcés par un mauvais sort, mais mon père n'y croit pas. Il dit que les Malefoy n'ont pas besoin d'un mauvais sort pour se ranger dans le camp des forces du Mal.
- Serpentard, c'est bien une des maisons de notre école ?
- Oui, il y en a quatre : Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle et Serpentard. Tous mes frères sont allés à Gryffondor, comme mon père et ma mère. Je me demande ce qu'ils diront si je n'y vais pas...
- Hagrid m'a dit que Voldem... je veux dire, Tu-Sais-Qui, est allé à Serpentard.
- Tous ses partisans qui venaient de Poudlard étaient des Serpentard. C'est vraiment la honte de se retrouver dans cette maison.
- Je n'aimerais pas non plus y être. »
On frappe à la porte de notre compartiment : c'est la jeune femme qui vendait des friandises. Elle nous dit que nous serons bientôt à Poudlard, et qu'il faut revêtir nos uniformes. Apparemment, nous sommes les derniers à ne pas l'avoir fait.
- On n'est pas encore arrivé à Poudlard, et on est déjà les derniers !» dis-je pour plaisanter.
Ron ne goûte pas à cette plaisanterie. Aussi c'est en silence que nous mettons nos uniformes et nous préparons à arriver à Poudlard.
