Titre : Je t'aime moi non plus
Auteuse : Moi ! :o)
Genre : Romance – Slash
Rating : R pour cause de citrons à venir ;o)
Pairing : Un blond aux yeux gris… Un brun aux yeux verts… Ca vous dit quelque chose ?
Disclaimer : Hahahaha !! Non, non, les personnages et lieux d'Harry Potter ne m'appartiennent pas… Qué tristesa ! Bref, je ne me fais pas un centime d'euros sur ces quelques écrits, et je remercie JKR de me laisser jouer avec ses petits chéris, même si j'espère qu'elle ne viendra jamais lire cela, j'voudrais pas qu'elle nous fasse une crise cardiaque. Bah ouais, je veux lire les deux derniers tomes moi ! lol.
Quand à l'idée de base, elle appartient à Umbre77, auteur sur ce site. Enfin, vous la connaissez de toutes façons :o)
Avertissement : Cette fic est un univers alternatif. C'est-à-dire qu'elle met en scène des personnages d'Harry Potter mais que les lieux et situations sont différents. Dans cette histoire, il n'y aura pas de magie, pas de mage noir à terrasser, pas d'elfes de maison maltraités, pas de chiens à trois têtes, pas de… Quoi, vous avez compris ? Ok, j'arrête là alors ;o)
De plus, comme c'est écrit plus haut, cette fic est un slash – elle met en scène des relations homosexuelles – alors homophobes, passez votre chemin !
Note de l'auteur : Bonjour à tous ! En ce beau lundi d'octobre (vive les vacances), je me mets un bon coup de pied au cul et je me décide à vous poster le troisième chapitre sorti de mon esprit tortueux pour cette histoire. Chuis désolée d'avoir mis autant de temps à updater, mais comme je vous l'avais dit, je ne promets aucune fréquence de publication !
Bon, avant de vous laisser lire ce chapitre, sachez que je ne suis jamais allée à une rave partie et que j'ai raconté tout ce qui me passait par la tête. Si c'est nul, dites-le, si c'est bien, bah dites-le aussi. Et pardonnez les délires :o)
Remerciements : Cette fic est dédiée à Umbre77, qui m'a encouragée à l'écrire et à la publier, sur la base d'une de ses idées.
Merci à Geneviève Black, Polonius Silver, BlackNemesis, Speedy-of-77, Mel-Imoen, Eliane, et j'en passe, pour nous écrire de superbes histoires.
Merci au clan des GDL, de me faire aimer la vie chaque jour.
Merci aux lecteurs, sans qui l'envie ne serait pas l
Bisous à tous
Réponses aux reviews :
Onarluca, Marrypier, Flow, Koyomi-San, Fleur f anée, Zick, Bouboutix, Bob Chiri, Vif d'or, Niil-iste : merci pour vos reviews, elles m'ont fait très plaisir. Je n'y réponds pas individuellement car vous n'avez pas posé de questions qui n'auront pas de réponses dans ce chapitre et je suis assez pressée. En tous les cas, encore merci, et j'espère de tout mon cœur que l'histoire continuera à vous plaire. Gros bisous.
Gen : Hello miss ! Merci d'être au rendez-vous pour mes updates, c'est important pour moi :o)
J'espère que ce chapitre te plaira (sinon dis-le moi surtout) et en attendant de lire un nouveau chapitre de toi je t'embrasse très fort.
Minerve : comme je l'ai dit au chapitre précédent, Harry n'arrive qu'à la fin de ce chapitre. Pourquoi je me fais chier à écrire des notes d'auteur si personne les lit ? lol
Bref, Harry arrive à la fin du chapitre, mais plus précisément dans le prochain en fait… Bref, tu verras, et si tu t'ennuies, bah, ne lis pas ! :o)
Merci pour ta review, bisous.
Eliane : salut toi :o)
C'est vrai qu'elle n'est pas très gaie ta review, j'espère que tu te sens d'humeur plus joyeuse aujourd'hui, et que tu vas bien.
Moi aussi, mon Draco, c'est moi. Juste moi, mes doutes, mes incertitudes, mes joies et ma folie. Tu as raison, quand tu dis qu'on y perd un petit bout de son âme. Mais ce petit bout, on le perd pour le donner à d'autres personnes, celles qui nous lisent. Pour moi, c'est ça écrire. C'est offrir un petit bout de moi, à ceux qui le veulent. Mais ne pense pas que tu y mets trop, on ne met jamais trop à faire transpirer la vie sur du papier. C'est beau, même. Enfin, je trouve.
Je n'ai jamais appris à jouer du piano, hélas, mais j'aurais voulu. Je sais jouer quelques airs, mais rien de magnifique. Cependant, c'est pas grave, car j'aime la musique, et je joue pour épancher mon âme. C'est comme écrire, un peu. N'écoute pas ton prof, la seule chose important est que toi, tu aimes jouer, et pas que lui aime ce que tu joues. Comme je l'ai dit plus haut, on donne à ceux qui veulent recevoir, et tant pis pour les autres.
En effet, Sophia est la jumelle de Draco. Pour moi, Sophia est la représentation de quelque chose qui me manque, mais je ne sais pas vraiment quoi. Sur Draco, ça passe pas le manque d'une sœur… Bref, je raconte n'importe quoi et je n'arrive même plus à parler français, ta review m'a toute chamboulée.
Je te fais plein de bisous et désolée pour l'attendre, promis, le prochain chapitre viendra très vite.
BlackNemesis : hi :o)
Et bien, merci pour tous ces compliments ! Je suis contente que l'ambiance de la fic te plaise, parce que j'y mets beaucoup de moi, dans ces mots…
Je ne suis jamais allée aux Etats-Unis, mais si tu as l'impression d'y être, et bien tant mieux, ça veut dire que tout en restant vague pour ne pas dire de bêtise j'arrive à faire transparaître un semblant de réalité.
Sophia, et bien, si tu n'as pas encore trouvé, il te faudra attendre… Les indices continuent, et la véritable explication viendra plus tard, j'aime faire planer ce petit mystère :o)
Pour le policier et le voleur, tu as raison, ce n'était qu'un petit truc comme ça, ça n'aura pas de conséquences dans l'histoire, j'ai même été surprise du nombre de personnes à croire que l'un des deux serait Harry, je n'y avais pas du tout pensé en postant, lol !
Désolée pour l'attente, je suis irrecuperable… :o/
Plein de bisous et bonne lecture.
Speedy-of-77 : coucou !
Merci d'être passée me reviewer, ça me fait très plaisir !
Je sais que l'histoire est un peu longue à mettre en place, enfin, dès la fin de ce chapitre les choses avancent et dans le prochain, encore plus !
Tu aimes mon Draco ? Tant mieux, ça me rassure, parce que c'est mon caractère que je lui ai donné, lol. Un peu mi-figue mi-raisin, à aimer les choses sans les aimer, à être content sans l'être, à être joyeux mais quand même un peu triste.
Bref, voici le chapitre, au plaisir de te lire bientôt !
Bisous
Lee-NC-Kass : salut les filles ! Vous allez bien ?
Moi aussi j'aime bien Sophia, mais ne vous inquiétez pas, même si elle est morte, vous en apprendrez plus sur elle au fur et à mesure de la fic.
Vous aimez l'appart ? Tant mieux. Moi aussi j'aime la nature, le mimosa et l'eau. C'est pour ça qu'il y en a dans le hall, lol.
En effet, Drake va rencontrer Harry à la rave partie. Mais chut, je n'en dis pas plus ;o)
Bonne lecture et gros bisous
Mynwab : salut mon cachon !
Ouais, je sais, j'ai changé pas mal de trucs mais bon, c'est à ça que sert la relecture n'est-ce pas ? ;o)
Bon, ce chapitre, tu le connais, comme les autres, mais j'espère qu'il te plaira toujours…
Plein de bisous et à tout à l'heure ! (lol)
Chapitre 3 : Rave partie.
Je tourne le robinet de la douche, coupant ainsi le jet d'eau froide, et reste immobile quelques secondes, debout dans la cabine, nu comme un ver et ruisselant de gouttes d'eau glacées. Les seules fois où j'avais à prendre des douches froides dans ma bonne vieille Angleterre, c'est lorsque je regardais des films cochons à la télé et que mes hormones d'adolescents s'affolaient un peu trop à mon goût. Mais là, c'est bien différent. La raison pour laquelle je rends visite à ma douche pour la troisième fois de la journée, c'est qu'il règne dans ce bled une chaleur moite et suffocante, qui ne donne qu'une envie, rentrer dans un congélateur et y passer deux ou trois ans avant d'en ressortir. C'est tout bonnement insupportable. Vingt-quatre heures que je suis ici et j'ai déjà plus transpiré que si j'avais couru un marathon de dix kilomètres dans le désert. Vingt-quatre heures que j'ai vraiment énormément et incroyablement chaud. Je crois même que je viens seulement de comprendre la réelle signification de ce mot.
Avant, je croyais avoir chaud quand le Soleil tapait trop fort sur ma tête, ou que je transpirais pendant un effort. Où quand je m'offrais une partie de baise. Mais là, ça dépasse tout ce que j'ai jamais vécu. Le moindre mouvement me laisse en sueur, je me sens lourd et fatigué, rien que l'idée de manger me dégoûte, et j'ai l'impression que je ne pourrai plus jamais avoir froid. L'air est tellement lourd que je le trouve presque irrespirable, et que j'ai passé une demi-heure la tête devant un ventilateur tout à l'heure pour essayer de remplir correctement mes poumons. Et j'ai pris trois douches froides dans la journée, chacune d'une durée d'une demi-heure, et malgré tout, j'ai toujours chaud.
Avec un profond soupir, je fais coulisser la porte de la cabine et pose mes pieds sur le moelleux tapis violet qui se trouve juste devant. Je m'empare ensuite d'une serviette de la même couleur, qui reposait sur le porte-serviettes chauffant – mais quel est l'abruti qui a activé le chauffage alors qu'il fait 40 à l'ombre ? – et l'enroule autour de ma taille. Encore dégoulinant d'eau, je me dirige vers la porte entrouverte et pénètre dans ma chambre, sans me soucier des flaques d'eau que je laisse dans la salle de bain.
Ho Putain. Fait chaud. Trop chaud. Un coup d'œil à mon réveil sur ma table de chevet – de gauche – m'apprend qu'il est déjà vingt heures. Entre mes douches, la journée est passée vite, avec toutes mes affaires à ranger, le frigo à remplir, et les derniers papiers à régler. Sans oublier le petit tour au commissariat pour aller témoigner contre ce très cher pickpocket dont j'ai fait la connaissance hier. Le flic qui l'a choppé m'a même fait un petit numéro de charme et donné son numéro de téléphone. Trop bête que je l'aie malencontreusement laissé tomber dans la cuvette des chiottes en rentrant, ça aurait pu être intéressant, un dîner en tête à tête avec le sosie de Tony Blair. Brrr, rien qu'à cette pensée, j'ai presque envie de vomir. Chut, tête, chut, pense à autre chose !
Je jette un coup d'œil satisfait à la pièce autour de moi. Des deux côtés de mon gigantesque futon carré – pratique quand vous avez le sommeil agité – se trouvent deux tables de nuit, toutes les deux du même bois couleur de miel que le lit et la penderie. Sur celle de droite, une boule de cristal orange qui me sert de lampe tient compagnie à une photo encadrée de fins bords argentés, me représentant en compagnie de mes parents la veille de mon entrée au conservatoire. Sur celle de gauche, un grand cendrier déjà à moitié plein de mégots repose à côté d'un paquet de cigarettes. Les draps de soie bleue pâle brillent sous les rayons du Soleil filtrant à travers les stores vénitien de la minuscule fenêtre. Des rideaux, eux aussi de soie bleu pâle, cachent le rez-de-chaussée, faisant encore plus ressembler la pièce à un cocon de lumière. Sur le mur, au dessus de mon lit, un gigantesque tableau est accroché, représentent un lac sous une nuit étoilée. Je l'ai toujours trouvé magnifique. Le ciel est d'un bleu si profond et nuancé qu'on pourrait croire à une mer d'encre, et les étoiles brillent vraiment, comme si de minuscules ampoules étaient glissées à l'intérieur de la toile. La lumière des astres se reflète dans l'eau sombre du lac, d'un vert émeraude presque noir. De fines vagues se dessinent à sa surface, et les quelques roseaux à son bord sont légèrement courbés vers la droite, laissant deviner la légère brise soufflant sur cette nuit paisible. A l'arrière plan, des formes sombres sous lesquelles on devine une forêt d'arbres hauts et imposants, et, assise au bord du lac, on distingue une frêle silhouette au cheveux blonds, qui nous tourne le dos. Il se dégage de ce tableau un sentiment de sérénité profonde, mélangée à de la mélancolie, et à la solitude.
Je frissonne. C'est Mère qui m'a offert ce tableau, il y a quelques années. Parce que d'après elle, il me ressemble. La question est : dois-je le prendre comme un compliment ou comme un 'reproche' ? Je veux dire, tout le monde ne doit pas ressentir les mêmes choses en le regardant. Je me demande ce qu'elle y voit, elle. Peut-être un enfant seul, tout simplement. Comme celui que je suis devenu.
Je me secoue. C'est pas tout mais je suis censé m'habiller pour aller à cette putain de rave partie. Je me demande ce qu'il faut porter dans ce genre de trucs ? Remarque, vu la dégaine des gens partout dans les rues, je suppose que ça sera encore plus folklo là-bas, j'ai pas à m'inquiéter. Je traverse rapidement la chambre et ouvre la double porte de mon placard. La glace intérieure me présente mon reflet, les cheveux dégoulinants d'eau collés sur le front, les gouttes d'eau sur le torse, avec cette petite serviette autour de la taille. Mmmh… J'ai maigri je trouve. On voit presque mes côtes. Beurk. A noter : se goinfrer comme un porc les prochaines semaines. C'est pas que j'aime pas le look un peu fragile mais certains pourraient croire que ça entraîne un manque de force, et donc d'énergie au lit… Ce qui ne me plairait pas du tout.
Mais putain qu'est-ce que je raconte encore ? Mauvais la chaleur, ça me fait délirer ! J'en étais o déjà ? Ah oui, trouver des vêtements ! Pas une chemise, c'est trop habillé… Tee-shirt non plus, il fait trop chaud. Reste la possibilité du débardeur, qui me semble de loin la plus tentante. Quelle couleur ? Pas noir, ça me ferait paraître encore plus mince, pas coloré non plus, j'ai envie d'être discret ce soir… (dans la mesure où mon insolente beauté peut le rester bien sûr…) Oh et puis merde, je finis par prendre le premier Marcel qui me passe sous la main, qui s'avère être d'un gris chiné et moulant à souhait. Parfait. J'attrape un baggy délavé et l'enfile par-dessus mon boxer noir. Une paire de chaussettes, et voil ! J'essuie mes cheveux avec ma serviette puis passe rapidement les doigts dedans pour les discipliner un minimum. Je jette un dernier coup d'œil dans le miroir, pour voir l'effet d'ensemble, et je ne peux pas m'empêcher de me sourire à moi-même. Ce soir, je ne dormirai pas tout seul.
Après un dernier petit tour dans la salle de bain pour m'asperger copieusement de parfum et vaguement éponger l'eau que j'ai foutue partout, je descends dans le salon, ferme la véranda, attrape mes clefs et enfile mes chaussures. J'ai soudain hâte de sortir d'ici, de voir du monde. Je sors de l'appartement – non sans avoir au préalable fourré un paquet de mes chères Marlboro dans la poche de mon jean – et claque la porte derrière moi, puis avance jusqu'à l'ascenseur dont je presse le bouton d'appel. Quelques secondes plus tard, les deux portes blindées s'ouvrent devant moi et je m'engouffre dans la cabine géante. Je regarde le voyant défiler devant mes yeux. Septième étage. Sixième étage. Cinquième étage…. Tiens ? L'ascenseur s'arrête, et ouvre ses portes devant une jeune femme, qui, à première vue, semble approcher de la trentaine. Elle lève les yeux vers moi, et reste plantée là à me dévisager. Je souffle d'un air impatient. La chaleur m'a mis sur les nerfs. Non, non, je n'essaie pas de dire que je suis un ange en temps normal mais là, vraiment, je me sens le pire des salauds.
" Vous attendez le déluge ? " ma voix claque, l'autre idiote sursaute. Elle rougit et bafouille quelques pathétiques excuses avant de monter dans l'ascenseur et d'appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée. Je lève les yeux au ciel, énervé. Il y a vraiment des moments où c'est fatiguant d'être moi. Si encore cette dinde aux cheveux décolorés avait été un gars d'1m85 avec une belle gueule et un corps de Dieu Grec, je dis pas. Mais certaines choses comme cette pathétique représentation de la gente féminine qui ne cesse de me jeter des regards noirs sont vraiment anti-sexes à mort. Nous atteignons l'étage zéro, l'ascenseur nous ouvre ses portes –Alleluia ! Je gicle carrément au dehors de cette prison blindée et me précipite dehors, ne m'attardant même pas pour humer la douce odeur des mimosas en fleurs.
A peine franchi la porte je m'arrête net. Je viens d'entrer dans un four. La pollution et les gaz des pots d'échappements rendent la chaleur encore plus pénible qu'elle ne le serait en temps normal. Combien on parie que les chambres à gaz utilisées dans les camps de concentration ne devaient pas être très différentes de ça ? Arrête ton vieil humour, Drake. Y'a des choses avec lesquelles on plaisante pas ! Je pousse un grognement. Elle va se la fermer cette foutue conscience ? Je me secoue un peu et fais quelques pas pour me rapprocher de la route. Je remarque qu'il y a nettement moins de monde dehors qu'hier. Peut-être la chaleur ? Ou l'heure ? Mais tout bien réfléchi, ce n'est pas comme si ça m'intéressait. Je hèle un taxi qui passe par là et il s'arrête devant moi dans un crissement de pneu. Je sens mes sourcils se hausser dans un mouvement de dédain. Il se croit où lui ? Dans Starsky et Hutch ? Il manquerait plus qu'il ait fait soulever de la poussière et qu'elle soit retombée sur mes pompes ! Grognant et grommelant, je m'installe à l'arrière et, sans un bonjour, demande à l'homme de me conduire à la rave partie située en dehors de la ville. Heureusement, cet abruti – mais non je ne suis pas de mauvaise humeur – semble savoir où se situent les festivités car il démarre sans me poser de questions sur la direction, ce qui je dois dire tombe très bien dans la mesure où je n'ai absolument aucune idée de la route à prendre.
Je m'enfonce dans la banquette, cherchant une position confortable. Je crois qu'il y a la climatisation là-dedans parce que sans faire vraiment frais, la température est tout à fait supportable. Plongé dans mes pensées, j'écoute la radio cracher des débilités tandis que le chauffeur se fraye un chemin parmi les embouteillages de New York. Je regarde défiler les rues ornées de nombreuses vitrines de magasins encore ouverts à cette heure, les façades d'immeubles, les restaurants où quelques personnes prennent un verre en terrasse, les files d'attente devant les cinémas… Toutes ces choses qui font que cette ville ne dort jamais, et qui m'ont donné envie de venir y vivre.
A vrai dire, même si j'y pensais depuis quelques temps déjà, je ne pensais pas que ça serait si tôt. Mais, depuis ce qui s'est passé, avec Sophia, et bien… J'ai eu besoin de respirer et de prendre du recul. C'était devenu trop invivable, à la maison, entre Mère qui pleurait sans arrêt et Père qui s'enfermait dans son bureau sitôt rentré du travail pour se descendre une bouteille de Scotch. Alors, j'ai pris mes cliques et mes claques et me voilà ici, à New York, pour combien de temps et pour quoi faire je l'ignore encore…
Plusieurs coups de klaxon me tirent de ma rêverie. Devant moi, le chauffeur de taxi crie quelques obscénités à travers la fenêtre ouverte. Je retiens un petit rire, et secoue légèrement la tête, j'ai presque l'impression d'être devant ma télé en train de regarder une série B américaine. Le chauffeur change de station de radio et s'arrête sur une chaîne de musique classique. Je profite qu'il soit concentré sur la route pour l'observer dans le rétroviseur. La cinquantaine, le teint mat, les cheveux bruns parsemés de fils gris et les yeux marrons qui se plissent en amande quand il sourit ; le premier truc qui me vient à l'esprit est qu'il ressemble un peu au père d'un des jeunes de mon école, un gars qui jouait de la trompette et avec qui j'avais sympathisé. J'avais rencontré son père à un concert que tous les élèves avaient donné pour une fin d'année, et je me rappelle d'avoir été vraiment étonné du contraste qui s'affichait avec le mien. Son père était ouvert, bavard et chaleureux, autant que le mien était hautain, froid et orgueilleux. Je me suis souvent demandé ce que je serais devenu si j'avais eu des parents différents, si ma personnalité en aurait vraiment été changée. Après avoir demandé l'autorisation au chauffeur, je porte une cigarette à mes lèvres et l'allume d'un coup de briquet. J'inspire la fumée avec délice, avant de la recracher en volutes d'un beau gris-violet.
La chanson qui débute est un morceau de piano que Mère me jouait quand j'étais petit, et c'est le premier que j'ai appris à jouer. C'est à cause d'elle –ou plutôt grâce à elle – que j'ai voulu devenir pianiste, elle m'a relégué sa passion, en quelque sorte. Un petit sourire aux lèvres, je tourne de nouveau mon regard en direction de la rue, me perdant dans la douce mélodie.
Après environ une heure et demi de route, nous sommes sortis de la ville, et je commence à distinguer une sorte de gigantesque marée noire au loin. Et ben ! La serveuse n'exagérait pas quand elle disait que c'était un évènement important. D'ici, je ne pourrais pas dire l'étendue de l'espace occupé par la fête, mais j'imagine qu'il doit facilement atteindre plusieurs hectares. En arrière plan, le Soleil nous offre ses derniers rayons dorés. La température n'en a pas vraiment baissé pour autant, l'air entrant par la fenêtre ouverte – il serait pas un peu con le chauffeur ? – est toujours aussi suffocant que tout à l'heure. Il pue moins l'essence, l'huile de fast-food et la sueur, mais c'est toujours aussi lourd. Voir plus. C'est sûrement du aux énormes nuages gris qui commencent à se rassembler dans le ciel. Merde. Il semblerait qu'un orage se prépare. Je grogne, hésitant à demander au chauffeur de faire demi-tour, puis je me baffe mentalement ; c'est pas comme si deux gouttes de pluie allaient me tuer ! Et en plus, j'y suis presque, je vais pas avoir passé trois plombes dans cette caisse pour rien quand même !
Au bout d'une autre demi-heure, le taxi finit par me déposer au bord des premiers stands, et repart avec un " Amuse-toi bien ptit gars, et pas de folies ! " après avoir empoché mon généreux billet. Sa remarque a fait naître un sourire sur mes lèvres, et c'est de très bonne humeur que je me retourne et lève les yeux vers ce qui s'étend devant moi.
Autant le dire, je suis littéralement soufflé. Quand bien même quelqu'un m'aurait expliqué qu'une rave partie ressemblait à ça, j'aurais cru qu'il y avait trop fumé la moquette et que ça lui avait entraîné des hallucinations. Dans la semi-obscurité –semi parce qu'il y a des spots un peu partout mais qui éclairent que dalle – , je m'aperçois être nez à nez avec une véritable marée humaine. Vous savez, pendant la période de Noël, lorsqu'il y a tellement de monde partout qu'on ne peut pas respirer correctement à moins de faire plus d'1m90 de haut, c'est horrible nan ? Et ben là je dirais que c'est la même chose, en au moins trois fois pire. Des corps ruisselants de sueurs s'étendent à perte de vue parmi le nombre incroyable de stands, certains se trémoussant, d'autres stagnant, tous plus ou moins vêtus et tous plus ou moins chancelants. Le son de dizaines de musiques différentes poussées au maximum, mélangé au bruit des conversations, des rires, et des cris forme un incroyable bourdonnement ambiant qui vous attrape tout de suite les tripes et l'esprit. L'air est comme électrisé, l'excitation qui se dégage de ces milliers de corps est presque palpable, encouragée par la lourdeur de l'air causée par l'orage imminent, et ne fait que renforcer l'impression d'irréalité qui se dégage du décor.
Les yeux écarquillés, j'observe tout ça, me sentant étrangement petit au milieu de cette mini-société réunie ici pour oublier un peu la monotonie des jours. Je remarque que des personnes de tout âge, de toute nationalité, de tout style sont rassemblées ici et se côtoient dans des rapports étranges, à la fois très présents mais complètements détachés ; sûrement l'effet des drogues et alcools consommés, me dis-je après réflexion.
Je m'amuse à observer un vieux vêtu en tout et pour tout d'un short léopard et d'une paire de Doc Marteens. A son cou, il porte une chaîne dont les maillons sont si épais que je me demande un instant s'il ne l'a pas trouvée au rayon bricolage d'un supermarché (ce qui est sûrement le cas…). Son ventre dépasse de l'élastique de son short et rebondit en cadence tandis qu'il se trémousse au rythme de la chanson qu'il est en train de hurler – chanter serait un terme inapproprié pour qualifier les sons horribles sortant de sa bouche, accompagnés de montagnes de postillons. J'écoute un instant les paroles et c'est ce qui me décide à m'éloigner, sa chanson ferait rougir le plus pervers des hommes…
Je flâne tranquillement parmi la foule en délire, me sentant entièrement à ma place dans cet endroit où, pour l'une des premières fois de ma vie, les gens ne se retournent pas sur mon passage. J'ai un sourire en passant devant un grand Black juché sur un petit podium, en train de danser avec une ardeur assez étonnante. Son pantalon de cuir rouge est tellement moulant qu'il pourrait aussi bien être nu, on n'y verrait quasiment aucune différence. Un groupe de femmes –et de quelques hommes – se presse devant lui, en délire complet devant l'énergie sexuelle qu'il dégage. J'avoue qu'il est bandant, avec son torse tout luisant de sueur et son nez droit nda : oui, je sais, certain regardent les fesses, les yeux, ou les mains en premier, moi c'est le nez ma fixation ! God bless me ! mais quand même trop musclé à mon goût.
Je passe près d'un groupe de jeunes filles à la dégaine bizarre, elles sont environ cinq ou six et portent toutes un kimono, chacune d'une couleur différente. Leurs visages sont poudrées de blanc et leurs cheveux noirs et lisses sont maintenus en l'air sur leur tête par ce qui semblent être des fils de fers. Elles sont en pleine conversation et gloussent d'un air surexcité en louchant sans aucune retenue sur un groupe de punks se tenant un peu plus loin. Groupe qui d'ailleurs les ignore royalement et qui ne tarde pas à s'éloigner sous les regards –déçus – de ces demoiselles.
J'éclate ensuite carrément de rire lorsque je trébuche sur une masse informe, qui se révèle en fait être un jeune de mon âge, endormi en plein milieu du chemin, un sourire niais sur le visage. Tout le monde l'ignore royalement tout en évitant de lui marcher dessus ; il semblerait qu'il ait un peu abusé des substances illicites… Qui parie que dans dix minutes il se réveille et repart de plus belle ?
Après avoir traîné une vingtaine de minutes, je me mets à la recherche de quelque chose à prendre. La nuit est entièrement tombée à présent mais elle est plus grise que noire, le ciel étant entièrement obscurci par les nuages, et il fait toujours aussi chaud. Je repère un type se tenant un peu à l'ombre d'un stand, le genre brun ténébreux avec un long manteau de cuir noir. Je m'approche de lui, il me remarque et je le regarde droit dans les yeux, avant de lui faire un léger signe de tête. Il m'en fait un à son tour et, quand je le quitte dix minutes plus tard, c'est l'humeur bien plus enjouée et la démarche légèrement chancelante. Et un poids en moins dans mon porte-monnaie.
Je reprends ma petite balade, continuant de me délecter de cette ambiance qui me fait me sentir incroyablement vivant. J'ai quand même la vision un peu plus floue, et je rentre dans deux ou trois personnes avant d'aviser une estrade plus grande que les autres d'où provient un boucan incroyable. Une véritable foule est massée devant, tapant des mains et hurlant d'un air hystérique, en proie à une folie démoniaque.
Je tente de me frayer un chemin vers l'estrade en jouant des coudes, afin de voir ce qui se passe dessus. Je lutte environ cinq minutes, lançant et récoltant quelques regards noirs, et finis par être suffisamment proche pour pouvoir tout observer à mon aise. Sur la scène se tiennent cinq musiciens et une chanteuse, éclairés par un tas de spots de couleurs vives qui ne cessent de déplacer leurs rayons de lumière d'un bout à l'autre de l'aire de musique. Je reste bouche bée devant leur 'spectacle'.
La chanteuse est une petite maigrelette aux cheveux roses fluos dressés sur sa tête, sans doute à peine plus âgée que moi. Je sens mes yeux s'écarquiller de stupeur devant son tutu de tulle vert amande et ses chaussures rangers. Ses paupières sont tellement maquillées de noir qu'ont dirait presque qu'on lui a arraché les yeux et que ses orbites sont vides. Le gars au synthé a le crâne rasé et un nez tellement long et crochu que c'est à se demander comment il fait pour ne pas loucher avec un tel truc entre les deux yeux ! Il est torse nu et un gigantesque tatouage représentant je-ne-sais-quoi s'étend sur son torse, ses épaules, ses bras, et semble continuer dans son dos. Le batteur est celui qui a l'ait le plus 'ordinaire' ; des cheveux bruns striés de mèches vertes qui lui descendent jusqu'aux épaules, assez mince, un tee-shirt noir moulant, et un short kaki. Quant aux trois guitaristes, je m'aperçois avec effarement que ce sont des triplés, tous les trois le même crâne rasé excepté la crête violette au milieu, le même anneau au sourcil droit, le même nez en trompette, et les mêmes débardeurs blancs accompagnés de jeans noirs dix fois trop grands et tout déchirés.
Et tout ce petit monde est complètement déchaîné, hurlant et sautant partout sur la scène, faisant des fuck au public, et se trémoussant dans des chorégraphies plutôt suggestives et assez alléchantes je dois dire. Leur musique est un mélange très étrange de hardrock, coupé avec des sons de technos et des notes douces de piano. Autour de moi, des corps luisant de sueurs se percutent les uns contre les autres, soit ondulant avec volupté et entrain, soit sautant dans tous les sens, comme si danser avec fureur était la seule solution pour ne pas tomber dans les pommes à écouter cette musique étrange.
Je ferme les yeux, me laissant entraîner par la musique. Petit à petit, je sens mon cœur prendre le même rythme qu'elle, rapide, régulier. Pendant un instant, je ne perçois plus rien autour de moi, hormis la musique, je suis là, seul avec elle, comme ça l'a toujours été, peu importe que ce soit du Mozart ou du Bob Marley, ou même du Edith Piaf. J'ai l'impression qu'elle me complète, qu'enfin avec elle je suis entier, et non pas vide d'une présence manquante comme le reste du temps, depuis… Je rouvre les yeux et tout me frappe de plein fouet, la foule, la chaleur, l'incroyable excitation flottant autour de moi, et je sens mon corps commencer à suivre le mouvement, doucement d'abord, puis de plus en plus vite lui aussi, jusqu'à ce que je me retrouve complètement déchaîné, le débardeur trempé de sueur, et ne formant plus qu'un avec le reste de la vague vivante autour de moi. Je me heurte aux autres, me ramasse des coups de coude involontaire, en donne quelques-uns – moins innocents – bouge avec les autres, vibre avec les autres. J'ai l'impression d'être complètement emporté par ce qui m'entoure, et c'est une sensation assez incroyable.
Je ne sais pas combien de temps je reste là, à sauter comme un fou avec les autres, longtemps sûrement, car j'entends défiler un nombre incalculable de chansons. Je finis par m'arrêter, épuisé, et décide à aller boire quelque chose pour apaiser ma gorge, qui à force que j'hurle à tue-tête commence à me brûler.
Je m'extirpe tant bien que mal de la masse de danseurs en délire et cherche un endroit où acheter une bière. Mon débardeur est tellement trempé de sueur qu'il en dégouline sur mon jean, et mes cheveux sont collés à mon front comme au sortir de la douche. Si j'étais pas dans un état aussi second je crois que je trouverais ça dégueulasse. Mais là, tout de suite, maintenant, je m'en fous. J'ai juste soif, horriblement soif. Et j'aperçois justement un mec assis dans un coin avec quelques pack de bières à ses pieds. Je m'empresse de le rejoindre, on ne sait jamais, d'ici que quelqu'un arrive avant moi et lui achète tout son stock, je me trouverais con après ! C'est vrai, faudrait que j'aille en chercher une ailleurs, et j'ai la flemme. Heureusement pour moi, j'arrive devant l'homme sans personne pour me piquer ma place, et je bois cul sec la bière à moitié – pour ne pas dire complètement – chaude qu'il me tend.
Ouahou. Ca fait du bien. Tellement que j'en boirais bien une deuxième. Et c'est ce que je suis en train de faire lorsque quelqu'un me rentre dans le dos, me faisant me renverser la moitié de la boisson sur moi. Je me retourne, prêt à faire regretter d'être né au coupable, et je me trouve comme deux ronds de flancs.
Deux émeraudes brillantes me fixent d'un air apeuré.
Voil ! Je sais, c'est sadique de vous laisser comme ça, mais le prochain chapitre est déjà entièrement écrit donc si vous êtes gentils avec moi et que vous m'envoyez plein de reviews, je vous le poste… Dimanche ? :o)
Bisous à tous et merci d'avoir lu.
mEl
