Après le petit déjeuner où chacun a donné sa vision de l'avenir, j'ai postulé par hibou auprès de Fleury et Bott pour leur signifier mon désir de devenir livreur temporaire.

Avec une recommandation de Dumbledore, je n'ai pas eu à trop en faire, j'ai reçu une convocation 10 minutes après par la cheminée !

« Monsieur R. Weasley,

Veuillez vous présenter à la Librairie Fleury et Bott,

Demain à 11 heures précises

Par la cheminée de service n°2 »

Aujourd'hui, 22 Juillet, 9h30, devant le miroir de la cuisine, je tente de me coiffer pour la trentième fois.

« Arrrrgh ! Je n'arriverais jamais à dompter cette tignasse ! »

Harry était descendu dans la cuisine, tôt ce matin, mettre au point une potion de nettoyage puissante pour le tapis du grand salon. Une tâche de sang de licorne, vieille d'au moins 50 ans, ne voulait pas partir. Il avait l'air concentré et ne semblait même pas se rendre compte de ma présence.

Soudain, il s'est levé, avec un sourire, la baguette brandie vers moi : « CRINEM OBLIQUO » et mes cheveux se sont docilement plaqués vers l'arrière. J'ai secoué la tête dans tous les sens, pas un cheveu n'a bougé !

« Euh, merci Harry »

« Pas d'quoi Ron, pour faire bonne impression il vaut mieux que tes cheveux restent en place. »

« Ouais, et m'man qui est partie au magasin des jumeaux les aider à nettoyer ! Heureusement que j'ai des amis »

Je restais donc à attendre nerveusement l'heure de partir, assis face à Harry, à le regarder mesurer, peser ses ingrédients, compter les mouvements dans le chaudron.

Hermy et Ginny sont toutes deux descendues en riant, elles devaient encore parler de garçons ou de fringues. Ah les filles !

« Alors, Ron, pas trop stressé ? C'est un jour important, ton premier travail ce n'est pas rien ! Tu as pensé à te protéger contre les poussières et la suie qui recouvrent le réseau de cheminette ? Tu vas être tout noir sinon en arrivant le soir, comme un ramoneur ! »

« Un quoi ? Pour me remonter le moral et faire baisser la pression Hermione tu te poses là, merci ! »

« Un ra-mo-neur ! Un moldu qui nettoie les conduits de cheminée pour qu'il n'y ait pas d'obstruction à l'évacuation de la fumée »

« Ahhhh ! » Hermione avait le chic pour nous apprendre des trucs incroyables sur les moldus. Ils s'embêtaient bien, pour nous un sort de « CAMINUS MUNDUS » et la cheminée était nettoyée ! Bien sûr tous les sorciers ne prennent pas le soin de le faire et certaines cheminées par lesquelles passe le réseau de cheminette avaient tendance à être dégoûtantes !

« Tu pourrais exercer un sort d'immaculatus pour ne pas te salir ? »

« Ginny, tu es la meilleure ! Hermy, tu veux bien me l'apprendre avant que jem'en aille ? »

« Il est 10h40 Ron, je doute que tusâches maîtriser ce sort en moins de 20 minutes. Si tu veux je peux le jeter sur toi et nous verrons d'ici ton premier jour pour que tu l'apprennes. »

Et sans attendre ma réponse, elle lève sa baguette sur moi « IMMACULATUS TOTALUS » et m'envoie une poignée de farine dans sa lancée.

« Parfait, la farine ne peut même pas s'approcher de toi ! Tu es prêt alors ? Tu vas voir Ron, tu vas faire bonne impression ! Oh, mais tu as fait quelque chose à tes cheveux ? T'es bien mieux comme ça, tu as l'air … plussérieux ? »

« C'est Harry qui a lancé un sort de coiffure sur mes cheveux, comme ça ils ne tombent plus sur mon nez. C'est assez réussi. »

L'horloge affiche 10h55, le moment est venu de partir. Harry se lève, et me sert la main comme pour me souhaiter bonne chance. Il sourit avec confiance, comme s'il me disait par ce sourire que c'est déjà dans la poche. Ginny et Hermy me serrent dans leurs bras. C'est pire que si j'allais à l'échafaud !

Je jette la poudre de cheminette dans l'âtre après avoir allumé un petit feu, j'ai bien conscience que mon arrivée à la librairie déterminera de mon embauche ou non. Si j'arrive sur les genoux ou pire, à plat ventre, je me doute que je n'aurais pas le poste. Inquiet, j'essaie de rester calme, je voyage par cheminette depuis tout petit ! J'entre dans la cheminée et prononce clairement « Librairie Fleury et Bott, cheminée de service n°2 ! »

Et le voyage commence. Les cheminées défilent devant moi, je m'efforce de garder les yeux ouverts pour faire une arrivée digne.

Enfin, le défilé cesse et je fais un pas en avant pour sortir de la cheminée. Je ne suis pas tombé ! Je n'ai pas raté mon arrivée ! Youpi ! Je ne suis pas aussi gauche que je le pensais !

Je me trouve dans une pièce haute de plafond avec une mezzanine, des cartons, des tas d'étagères remplies de livres anciens, neufs, en bon état, abîmés, partout ! Il y a aussi un présentoir à plumes en forme d'oie blanche, qui cours en cancanant, des plumes de toutes les couleurs fichéesdans son dos. La chaleur de la pièce est étouffante compte tenu des trois cheminées qui se trouvent derrière moi chacune ronronnant d'un beau feu alors que nous sommes en plein été. La lumière du jour qui passe par les hautes fenêtres fait apparaître toute la poussière présente dans la pièce. Mais il n'y a personne. Je vérifie rapidement l'heure et … « pop »

« Monsieur Weasley, pile à l'heure. Bien. La ponctualité est une vertu importante pour un livreur par cheminette. » Il était apparu en transplanant devant moi.

« Enchanté, monsieur Fleury. »

Nous nous serrons une poignée de mains ferme, j'apprécie l'assurance qui se dégage de cette poigne autoritaire, toute la personnalité de cet hommese ressent dans ce geste anodin, le regard assuré.

« Bien, jeune homme, vous souhaitez donc travailler pour nous. Il me semble pourtant savoir que vous avez très largement contribué à la défaite de Voldemort et vous avez les capacités d'accepter un poste à peu près partout où il se présente. Pourquoi donc choisir un poste temporaire et si peu valorisant ? »

Voilà bien une question à laquelle je ne m'attendais pas. Je pensais qu'il m'interrogerait sur mes capacités à faire de bonnes livraisons, mais pas sur mes surcapacités relatives à ce poste ! Je décide de jouer la carte confiance :

« Et bien, je n'ai pas encore pris le temps de penser à la carrière à laquelle je me destine, compte tenu des récents évènements. Mais j'ai besoin de travailler pour … gagner de l'argent. Cela me permettra de prendre mon temps pour choisir mon métier définitif. »

« Très bien mon garçon. J'apprécie votre franchise. Votre nouveau travail commencera le 25 Août, votre cheminée attitrée sera la n°3, à votre gauche. Vous livrerez les clients scolaires uniquement, un elfe de maison se charge des livraisons de la cheminée n°1 et ma fille de celles de la cheminée n°2. J'attends de vous une grande ponctualité et un respect absolu de la vie privée des clients. Quelle que soit la situation où vous vous trouverez, n'oubliez jamais que vous représentez la librairie Fleury et Bott. La discrétion est primordiale. Veillez à être rigoureux, nous ne pourrons, vous le constaterez, nous permettre de perdre du temps à réparer les erreurs de livraisons. Je vous revois donc le 25 août à 9h précises devant la cheminée de service n°3 pour vos instructions. Au revoir Monsieur Weasley, ravi de vous accueillir parmi nous. »

Je ne pouvais me contenter, après un tel discours, que de remercier, saluer, et rentrer.

De retour au 12 Square Grimmaurd, je trouve maman en train de préparer à manger, Harry discute avec Hermione (il a apparemment terminé sa potion) et Ginny fait des devoirs de vacances (pour rattraper les mois de scolarité où Poudlard a été fermé pour cause de guerre).

Tous se tournent vers moi, en demandant « alors ? »

« Alors je commence le 25 août ! »

« Bien, mon chéri. Cet après midi, nous irons manger une glace sur le chemin de traverses pour fêter ça ! Et je crois que nous avons tous des achats à faire. »

C'est bien vrai ça, j'ai besoin de changer ma garde robe, les combats m'ont été profitables et je commence à me sentir un peu juste en chemise. Hermione et Ginny nous accompagneront, elles vont sûrement trouver de quoi faire du shopping et Harry doit choisir ses robes d'auror.

Par la poudre de cheminette nous cheminons (LOL).

Ces derniers temps, nous avons tendance à nous déplacer en troupeau, sans doute est-ce dû au fait qu'il nous manque des personnes proches, alors nous essayons de passer le plus de temps possible ensemble.

Après un rapide passage chez Gringotts, c'est donc en groupe de 10 personnes que nous magasinons sur le chemin de traverses. Draco, Ginny, Harry, Hermione, Fred, Georges, Bill, papa, maman et moi.

Nous commençons par le magasin des jumeaux (Chez Weasley, farces pour sorciers facétieux), terminer le ménage que maman a commencé le matin et ranger un peu le bazar. Les feuxfous fuseboum ont explosés dans les marécages portables,il y a dans l'air une odeur nauséabonde ! Des boites à flemme traînent, éventrées, un peu partout et les vraies fausses baguettes magiques ont eut le bon goût de se transformer toutes seules ! Bref, c'est le chantier ! Les mangemorts n'y sont pas allés de main morte en le dévastant.

Puis tous ensemble nous allons manger une glace « en l'honneur du nouveau travail de Ron » comme si c'était un fait exceptionnel. On n'a pas fait un tel foin quand chacun a fait part de son choix de carrière, devenir livreur n'est pas si extraordinaire que ça, même pour moi. Je crois que c'est surtout un prétexte pour avoir quelque chose de joyeux à fêter .

Harry et moi filons ensuite chez Madame Guipure pour faire confectionner nos tenues. Pour Harry, entre autres : trois robes d'auror brodées. Pour moi deux pantalons et trois chemises, une veste et deux robes ! Maman a un goût très sûr pour les vêtements et je dois avouer que les conseils de Draco n'ont pas été de trop. A vrai dire, son argent non plus : son père réduit à néant, il a hérité de toute la fortune des Malfoy et a décidé, dans sa grande clémence, de nous en faire profiter. Toujours prêt à faire savoir que malgré son revirement de camp il nous est supérieur, il a invoqué le fait de ne pas vouloir avoir honte de nous lorsque nous sortons ! Papa et maman ont bien été obligés d'accepter son aide, nourrir toutes ces personnes coûte cher et les dégâts causés par la guerre sont nombreux à réparer, tant au terrier qu'ailleurs.

Les filles ont bien sûr acheté des tas de choses inutiles : des bas, des sous vêtements sexy, du maquillage magique, bref, des trucs de filles quoi ! En plus Hermy a acheté des tas de livres : « pour mes études de guérisseur » s'est elle justifiée.

Nous sommes tellement chargés qu'il nous faut rentrer.

Toutefois, maman et papa restent sur le chemin de traverses car ils ont encore, d'après eux, des courses à faire. Ils sont comme les parents de tout le monde à présent, ceux de leurs enfants naturels, Harry compris, ceux d'Hermy dont les parents vivent pas dans le monde magique, ceux de Draco, car sa mère a suivi Lucius dans sa déchéance et tous deux sont tombés aux côtés de Voldemort.

Ils s'occupent de tout le monde et maman a bien du courage de tout faire pour que chacun se sente chez lui dans la demeure des Black.

Arrivés dans la chambre que Harry et moi partageons, nous entreprenons de nous montrer nos achats. Dos à moi, Harry se déshabille sans aucune gêne. Après tout, nous partageons la même chambre, que ce soit ici, au terrier ou à Poudlard, depuis 7 ans déjà.

Moi par contre j'éprouve une certaine gêne à le voir se dévêtir. Comme s'il était devenu indescent de se montrer nus l'un à l'autre. C'est peut être le signe que nous avons grandi ... Je dois avouer qu'il a bien changé depuis l'époque oùce petit garçon malingre a franchi le seuil de Poudlard. Son torse s'est développé, ses muscles se sont allongés. Son visage est plus affirmé.C'est un homme, tout simplement. Et un bel homme !

Il passe ses nouveaux habits, moi les miens, et je me force à être critique :

« Alors voyons, on dirait un épouvantail déguisé en auror !

« C'est Sainte Mangouste qui se moque du département d'assistance aux sorciers malchanceux ! »

« Nannn, je plaisante, t'es super bien comme ça Harry ! »

La couleur vert-bouteille de sa robe avec le grand « A » réservé aux aurors brodé au fil d'or sur la poitrine mets ses yeux en valeur. La fine bordure est elle aussi en velours couleur or, et les liens sont de même couleur.

« Je dirais même que cette couleur te vieillit, tu as l'air plus mûr qu'avant … »

« Ou alors ce n'est pas la robe, mais les évènements qui me donnent cet air plus âgé … »

Comme toujours lorsque l'on évoque le passé, Harry a ce regard triste.

Le voir comme ça me trouble,je ne sais pas quoi faire pourlui rendre sa gaieté. Je m'approche de lui et pose ma main sur son épaule, il tressaille. Il ne pleure jamais, il devrait. Ca lui ferait du bien. Evacuer toutes ces horreurs qu'il a vécu, et la culpabilité d'être malgré lui un meurtrier. Il n'oubliera jamais bien sûr, mais il devrait se décharger un peu de tout ce fardeau.

Il lève soudain les yeux, comme transfiguré, un sourire immense rempli son visage, et il me lancemalicieux :

Allé, viens, on va montrer ça aux filles et après on leur demandera essayer leurs achats, tu as vu ce qui était écris sur les paquets : "les coquineries de Londres" ?

Hey, mais moi y'a ma sœur dans le lot !

Bah, tu fermeras les yeux !

Et, écoulés de rire, nous transplanons devant la chambre où les fillesse pomponnaient avec leurs nouveautés.