Merci pour les reviews ! Oui, oui, oui Demoiselle Altanien, Rodney a déjà adopté Fluffy : franchement tu croyais vraiment qu'il allait obéir au Major et laissé cette pov' petite boule de poils sans défense toute seule ? Maintenant la question, c'est va-t-il pouvoir la garder ?
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5 – Elisabeth s'était rassise et fixait son officier en chef d'un regard interrogateur.
« Asseyez vous Major. »
Sheppard hésita un moment pris entre le désir habituel pour lui de contester un ordre et celui de faire plaisir à Elisabeth. Il l'aimait bien et en fait, c'était la première fois depuis longtemps qu'il avait un chef pour lequel il éprouvait du respect et de l'estime. Il finit par s'asseoir, non sans avoir émis un petit « pfff » d'agacement. Hey, il avait une réputation à défendre !
Elisabeth se cala dans son fauteuil et observa le Major pendant quelques instants. Tout dans la posture du militaire dénotait de la tension et de la nervosité. Sans aucun doute en partie en raison de l'attaque que son équipe et lui-même avait subie sur P2X-577 mais elle sentait qu'il y avait autre chose et que cette autre chose avait un lien avec le comportement du Major avec Rodney. Elle avait appris avec le temps à analyser le langage du corps, tous ces petits gestes qui nous trahissent et qui, lors de négociation, peuvent vous en dire beaucoup sur vos partenaires. Elle se pencha en avant, coudes sur son bureau et sourire aux lèvres.
« Et bien Major, j'aimerais que vous m'expliquiez un peu ce qui c'est passé. »
Sheppard haussa un sourcil interrogateur.
« Heu, je crois que la réunion de débriefing que nous venons d'avoir et qui a duré, » il jeta un coup d'œil à sa montre, « presqu'une heure, avait été organisée dans ce but non ? »
Elisabeth sourit. Gagné. Le Major aimait avoir recours à la plaisanterie et aux sarcasmes pour cacher quelque chose. C'était d'ailleurs ce qui le différenciait de Rodney qui lui était sarcastique … au naturel. Pour le scientifique, c'était aussi normal que de respirer. Pour Sheppard, il s'agissait de se cacher. Elisabeth ne se laissa pas démonter, il était temps de sortir la grosse artillerie.
« Major, j'ai cru remarquer une certaine tension entre le docteur McKay et vous, un problème dont vous aimeriez me parler ? »
Elle vit Sheppard se rembrunir et s'enfoncer un peu plus dans son fauteuil.
« Major ? »
Sheppard poussa un petit soupir, fit une petite grimace puis se décida enfin à parler.
« Je ne sais pas si … » il poussa un soupir, « si c'était une bonne idée. »
Ce fut au tour d'Elisabeth de froncer les sourcils.
« Pas une bonne idée ? Qu'est-ce qui n'était pas une bonne idée ? »
« Avoir un civil dans une équipe de terrain. »
« Major, cette expédition est avant tout à vocation scientifique, nous avons près de 150 scientifiques ici, toute discipline confondue, et tous sont venus dans l'espoir de découvrir, d'explorer, d'en apprendre plus ! Donc, oui, je crois que c'est une bonne idée d'avoir des scientifiques dans les équipes d'exploration. »
Sheppard fixa un moment Elisabeth, ses yeux soudainement froids.
« C'était avant les wraith. »
Elisabeth se cala à nouveau dans son fauteuil.
« Peut-être, mais cela ne change pas notre objectif, au contraire, il s'en est trouvé renforcé : nous devons tout mettre en œuvre pour trouver un moyen de détruire ces êtres, et pour cela, nos scientifiques doivent aller sur le terrain. »
Elle se leva. La baie vitrée de son bureau surplombait la salle de la Porte des Etoiles. Elle fixa celle-ci tout en répondant au Major.
« Nous avons commis une erreur, une grave erreur et c'est notre responsabilité de chercher un moyen de la rectifier. Pour les peuples de cette galaxie et pour ceux de la Terre. »
Elle se tourna pour faire face au Major.
« Nous n'avons que trois équipes pour le moment et il est primordial que des scientifiques soient impliqués dans les explorations qu'elles conduisent. Et vous le savez. Alors pourquoi avez-vous des doutes aujourd'hui ? »
Sheppard fixait le bureau devant lui, les yeux rivés sur les petites statuettesqui l'ornait. D'origine vraisemblablement asiatique, elle représentait plusieurs jeunes femmes assises en taileur, formant un cercle (1).Un travail raffiné, délicat.
« Major ? »
Sheppard leva les yeux vers elle mais resta silencieux. Elisabeth s'approcha de lui.
« John, s'il y a … »
Il se leva brusquement.
« Elisabeth … Je … Je ne peux pas faire ça ! »
Elisabeth fronça un sourcil interrogateur.
« Pas faire quoi ? »
Sheppard fit un geste de la main indiquant la salle de contrôle juste en face d'eux.
« M'occuper d'eux … je veux dire les protéger … protéger des civils … vous protéger vous et les autres … je … bon sang ! Si Summer était encore en vie, est-ce que vous croyez une minute qu'il m'aurait confié une équipe active ! Il doit bien rire de l'endroit où il se trouve, quel qu'il soit ! L'infâme John Sheppard en charge de la sécurité de toute une base, quelle plaisanterie ! »
Aaahhh, c'était donc ça.
« John j'ignore ce que le colonel Summer aurait pensé et si vous voulez savoir, je m'en contrefiche, ce qui compte c'est ce que vous avez accompli sur … »
« Vous voulez dire lorsque j'ai réveillé les wraith ! »
Elisabeth ne se laissa pas déboussoler par son ton ironique.
« Je veux dire en sauvant les vôtres, en sauvant les athosiens, et même en … aidant le colonel Summer. Il fallait du courage et du sang froid. Vous avez l'étoffe d'un grand chef et croyez moi, j'en ai croisé pas mal dans ma carrière. Je veux bien croire que sur Terre, vos états de services ne soient pas, disons, des plus exemplaires, mais je n'ai pas besoin d'un soldat béniouioui sur cette base : nous affrontons un ennemi terrible, à l'aveuglette, nous ne savons presque rien de lui et nous évoluons dans un environnement inconnu. J'ai besoin de gens comme vous : inventif, déterminé et peut-être même un peu casse-cou. » Elle ajouta immédiatement, « j'ai dit un peu Major, alors que cela ne vous donne pas d'idées bizarres ! »
Sheppard lui sourit.
« Asseyez vous. »
Il obtempéra. Il semblait plus détendu mais fatigué. Elisabeth se rassis derrière son bureau et attendit qu'il soit prêt à parler. Ce ne fut pas très long.
« Lorsque je l'ai vu disparaître dans ses fourrés … je … mais qu'est-ce qui lui est passé par la tête ! Pour tout ce que nous en savons, il y aurait pu y avoir un wraith là dedans et si jamais … si jamais … »
Il ne termina pas sa phrase mais Elisabeth comprit : le Major avait eu peur de perdre un de ses coéquipiers, un ami de surcroît, comme il avait perdu Summer. Qu'aurait-il fait ? Aurait-il là aussi pu abréger ses souffrances ? Aurait-il pu tirer ?
Elisabeth réprima un petit frisson.
Elle allait devoir avoir une petite discussion avec Rodney : il faudrait qu'il apprenne à contrôler ses instincts de « chercheur insouciant ». Elle avait lu les rapports de SG1 et ne comptait pas les fois où ils avaient eu à faire face à de graves problèmes, juste parce que le Docteur Daniel Jackson avait trouvé quelque chose d'intéressant à examiner ou bien avait touché quelque chose qu'il … et bien qu'il n'aurait pas du toucher. Oui, une petite discussion avec Rodney était à prévoir, mais pour le moment …
« John, il n'est rien arrivé à Rodney et je vais lui toucher deux mots sur son comportement lors de cette mission. S'il veut rester dans votre équipe, il devra apprendre à respecter vos ordres, à moins bien sûr que vous souhaitiez qu'il … »
« NON ! Non, c'est juste que … » Il se passa la main dans les cheveux et lui adressa un petit sourire fatigué. « Je crois qu'entre McKay et une attaque de chats, mes nerfs m'on fait un peu défaut … en fin de compte, je crois que je préfèrerais affronter tout un vaisseau ruche wraith ! »
Elisabeth sourit. Le Major était un homme étrange, parfois insouciant comme un gamin de dix ans, parfois plus rigide que Summer lui-même et parfois … parfois, juste un homme seul, portant une lourde responsabilité. Il était difficile de savoir qui il était vraiment mais elle espérait qu'avec le temps, il s'ouvrirait un peu plus, qu'il se confierait et qu'il laisserait entrevoir le vrai John Sheppard. Mais pour le moment …
« Bien, dans ce cas, je crois que je vais vous laisser vous reposer. Si j'ai bien compris, Peter et moi allons devoir nous mettre en chasse d'une autre planète pour le site ALPHA ? »
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Deux jours plus tard …
Il y avait quelque chose de pas net. De pas net du tout.
John était sûr que McKay lui cachait quelque chose. Il l'observait assis à la cafétéria, savourant sa troisième tasse de café. Rodney buvait de petites gorgées et écrivait furieusement sur son PALM, sans prêter la moindre attention à ceux qui se trouvaient autour de lui.
Okay, il avait eu droit, lui aussi à sa petite réunion en tête à tête avec Elisabeth, et autant John s'était senti mieux après la sienne, autant, il semblerait que McKay ait, quant à lui assez mal pris les remarques d'Elisabeth.
John ignorait ce qui c'était dit dans le bureau cet après midi là. Okay, ce n'était pas faute d'avoir essayé d'entendre ce qui se disait : il s'était exprès installé dans la salle de contrôle près de Grodin avec son ordinateur. Il avait fait semblant de taper des rapports mais il suspectait que le britannique ait aperçu son écran. Ouais, le solitaire c'était vraiment ce qu'il y a de mieux lorsque l'on attend quelque chose.
Lorsque Rodney était sorti du bureau de Weir, John s'était levé, mais le scientifique l'avait juste ignoré et était descendu s'enfermer dans un labo, enfin, certainement, vu que John ne l'avait pas retrouvé.
En fait, depuis cette réunion Rodney l'évitait comme la peste, ou plutôt il évitait tous les membres de son équipe comme la peste : Ford l'avait convié à une petite soirée ciné mais il avait décliné, le Lieutenant avait pourtant précisé qu'il y aurait du Pop Corn au caramel, et John savait que McKay tuerait père et mère pour ce genre de friandise.
Bizarre, bizarre.
Que pouvait donc bien lui avoir dit Elisabeth pour le mettre dans cet état ?
Et puis merde. Voilà que maintenant, il culpabilisait ! C'était le pompom ! Après tout, c'était McKay qui aurait très bien pu tous les faire tuer. Alors pourquoi est-ce que c'était lui qui se sentait mal à l'aise ? Qu'il boude donc dans son coin.
John récupéra son plateau et se leva, et c'est alors qu'il le vit, un geste rapide, furtif. Une main saisissant un plein plateau de MRE, puis se glissant dans un sac, pour hop, revenir tranquillement sur la table et tapoter comme si de rien n'était sur le clavier du PALM.
John resta un moment debout, interloqué par ce qu'il venait de voir.
Rodney volait de la nourriture !
TBC (Devinez pour qui, hein ? Bon, plus qu'un chapitre et … comment ça, je dis toujours ça et c'est jamais vrai !)
(1) J'ignore ce que cette sculpture représente mais on la voit dans plusieurs épisodes ainsi que de superbes masques africains sur les murs du bureau de Weir.
