Auteur : Yat ah, euh, non, c'est plus Yat, c'est plutôt un espèce de corps caféiné qui se traîne nerveusement à la recherche d'un pan de sa vie dénué d'équations différentielles et de nombres complexes unitaires. (en vain)

Titre : Dual

Note : Haha ! Le vlà, le vlà ! Perfect soldier is back !

Note2 : Vous vous en foutez certainement mais j'en ai maarre des maths. En encore plus de la physique. En aussi des sciences industrielles. Et aussi… J'arrète.

Réponses aux reviews :

Caramelon Meuh non hee-chan il a pas la grosse tête ! Tout au plus les chevilles qui enflent…. Mais est-ce de sa faute s'il est parfait, hein ? C'est dur à porter, la perfection ! Moi-même, ça me pèse, des fois…. Comment ça ? Me pendre ? Ah, euh… pour plus tard, ok ? Sinon, pour tes petites hypothèses, et bien je dois avouer que c'est assez juste en général, sauf pour le diamètre crânien d'Heero mais bon… Par contre, Dudule il est pas coupable, euh, il a fait un choix quoi enfin bon, vlà quoi, euh, je m'enfonce moi, à vouloir les défendre… En fait, ce qui est sûr, c'est la pancarte ! Ben oui, faut pas non plus que Rei soit un super bon pilote sinon Heero n'aura pas d'excuse pour le mépriser !

Kaory Hé bien, ça se dessine dans ce chapitre et disons que le contact est pour le prochain ! je vais enfin pouvoir assumer mon 1x2x1 ! Déjà, Heero y est, dans celui là, c'est déjà bien quand on compare aux précédents, pasque c'était le grand absent du truc le ptit Hee-chan !

Naïa : Eh, eh, ne meure pas ! Je veux pas qu'on me traîne en justice pour assassinat de lectrice intempestifs !... De toutes façons, je nierai tout ! Et oui, ma mauvaise foi est des plus efficaces…

Youkai Ben oui il est là le hee-chan ! Comme tu peux le voir je le distille, mais les choses rares ne sont-elles pas les meilleures ? Quand il sera là complètement, qu'est-ce qu'il restera à désirer ? Ah ? Un lemon ? Oui, bon, vu sous cet angle….

.oOMichaOo. : Bah, je continue sur ma lancée, encore un chapitre de 9 pages, bouh, je m'épate moi-même ! Enfin, faut pas trop s'y habituer, ça va pas durer… la flemme est incrustée dans mon être, ça part pas même avec du k2r…

Sailor Sayuri : Euh, pas taper, pas taper… Mais c'est quoi cette violence, d'abord ! Sache qu'on ne résout pas les problèmes par la violence, c'est mal ! Duo : Ah bon ? Mais c'est efficace au moins… Heero : Hn Quatre : Mais non, peace and love ! Yat : Oui, tous avec quatre sauvons les ours blanc, les panthères, le coléoptères à poils laineux ! Et aussi les autrices menacés ! Mais continue à crier, par contre, ça motive … Et vlà la suite !

Florinoir Ben, oui, il m'en faut, du courage, pour la suite… plaignez moi, plaignez moi ! Non, à part ça, je vois pas pourquoi vous vous en prenez tous à Dudule c'est pas sa faute s'il se fait des remise en question existentielles, d'abord… Duo : C'est parce qu'Hee-chan il est pas là, alors, évidemmment, c'est la victime… Honteux.

Tchaye : Beuh, pleure pas ! Ca arrive, ça arrive ! le 1x2x1 est proche, croyons en l'avenir ! C'est vrai que j'ai essayé d'un peu approfondir les sentiments de Duo, mais je me demande s'il reste fdèle au personnage… En fait, c'est surtout dans ce chapitre qu'il est au centre ! Ah, tortures mentales…

Shali Maxwell : Ah ben comme qui dirait le hasard fait bien les choses… (oh là là j'ai honte d'en arriver à ce point de lieu commun mais que veux tu j'ai le cerveau à plat c'est pas ma faute…) La confrontation arrive, c'est au prochain chapitre, et si ça peut te faire plaisir, ma tendance sadique me pousse à en faire prendre plein la gueule aux perso, ah, bon, c'était pas positif, ça, bon… euh, mm, tout va bien se passer !

Rena : Merci, voilà la suite, je suis désolée si ça ne va pas vite mais j'ai tendance à focaliser mon attention déjà défaillante sur les maths et la beauté, euh, phénoménale qui s'en dégage…

Syt the evil angel : Pourquoi c'est toujours dudule qui fait les conneries ? Ah, hein, c'est pas croyable ça ! … Bon, d'accord, c'est un peu probable que c'est de sa faute. Très probable. Mais si on calcule l'écart type de… Yat, une corde.

Chapitre 5 : je ne veux pas revivre ainsi

Lorsque son réveil indiqua onze heure dix neuf, Duo Maxwell se dit qu'il était peut être temps d'aller travailler. Après tout, il devait pointer, et il tenait à être payé ce mois ci.

Il allait encore devoir rester jusqu'à des heures impossibles à faire semblant d'effectuer un boulot terminé depuis des lustres, pour pouvoir comptabiliser des heures de travail qu'il aurait tout aussi bien pu passer chez lui tant elles étaient inutiles.

Ce n'était pas sa faute, après tout, s'il était rapide.

Très rapide.

Il enfila un Tee-shirt noir, et le bas d'une combinaison de mécano.

La veste n'était pas nécessaire, il se demandait d'ailleurs pourquoi on lui avait fourni un équipement qui aurait à la limite pu être utile dans des conditions atmosphériques défavorables, mais qui n'avait pas lieu d'être dans une base où la température était soigneusement maîtrisée et maintenue à la même valeur toute l'année.

Mais il avait renoncé à comprendre les mécanismes de l'administration des forces rebelles.

Et puis, il avait tenu à ne bénéficier d'aucun privilège.

Il avait même refusé les avancements et promotions que lui proposaient ses différents chefs d'équipe successifs qui constataient tous avec effarement l'incroyable efficacité de ce mystérieux jeune homme natté.

Il voulait rester mécano.

En bas.

Surtout ne pas monter.

Car prendre le risque de monter, même un petit peu, c'était envisager de se rapprocher imperceptiblement de ce qu'il avait fui avec tant d'amertume.

Oui, mécano, c'était bien.

Et il avait appris à apprécier l'incroyable utilité de ces hommes, pas au niveau des projets Gundams, car les G-boys avaient toujours réparé leurs appareils eux-mêmes, mais dans le bon fonctionnement des forces traditionnelles, revêtant un importance comparable à celle des pilotes.

Non, il était loin de se sentir inutile.

Et chassait violemment l'idée qu'il pouvait l'être encore plus lorsqu'elle venait le torturer.

Il débarqua donc, détendu bien que légèrement fatigué de sa nuit blanche qui n'était pourtant que la deuxième de la semaine, parmi ses équipiers dans le hangar numéro 14 bis.

Ceux-ci le saluèrent, habitués à ses horaires peu communs. Il était de notoriété publique que Duo Maxwell était bien plus efficace la nuit.

En tout cas, quand il était seul.

Car la notion de nuit était assez approximative dans la base qui baignait continuellement dans une lumière constante et artificielle.

Parfois, il regrettait les colonies, et la Terre, aussi.

Mais il ne savait pas quoi regretter.

A chaque fois qu'il se faisait cette réflexion, il était sur le point d'abandonner.

Car il ne se souvenait plus que vaguement de ce pour quoi il travaillait.

Ce n'était plus que des mots.

Des concepts, des valeurs creuses.

Mais ce n'était plus un souvenir, une impression chérie qu'il voulait protéger, comme à ses débuts où il croyait que la guerre serait courte et sans victimes.

Il ne se souvenait même plus du goût de la nuit.

Alors qu'il travaille à une heure, ou à quatre, quelle importance ?

Du moment qu'il était seul avec son matériel, il pouvait oublier de penser et se concentrer sur une manœuvre qu'il avait faite des milliers de fois et qu'il aurait pu réitérer les yeux fermés.

Oui, c'était plus facile comme ça.

Il se plaça au coté de Tom, un ancien avec lequel il travaillait sur un vieux MS, tâchant de le booster pour plus ou moins compenser les pertes innombrables de la dernière bataille.

Un vieux MS, mais qui n'était pas usé.

- Salut, Tommy !

Celui-ci releva la tête et lui sourit.

- Bonjour Duo, dis moi, t'as bien travaillé toi hier ! Je pensais pas qu'en m'absentant une seule journée je trouverais un tel boulot à mon retour !

Duo sourit.

- Oui, j'avais du temps libre… Ah, tu t'es occupé du dispositif de pilotage ?

- Ouais, c'était rapide… Mais tiens, toi qui t'y connais… j'ai trouvé une puce bizarre, j'avais jamais vu ça ! On dirait qu'elle a été connectée au dispositif après son montage, un rajout tardif, je sais pas… Tiens, c'est la bleue.

Le visage de Duo se referma.

Bien sûr.

Il l'avait oublié, celui là ;

Ils avaient bien évidemment du faire des tests avant d'équiper les Gundams.

Il grommela

- Le Zero system.

- Hein ? C'est quoi ?

- Non, laisse tomber. Je connais, c'est dangereux, il faut l'enlever.

L'autre acquiesça.

- Je m'en doutais, c'est un bidouillage, quelqu'un a du avoir envie de booster son propre MS… Je l'enlève.

Duo sourit intérieurement. Si les Mads l'avaient entendu traiter le Zero system de bidouillage…

- Avec le boulot que t'as fourni, on est ok pour les délais. Ils le veulent pour ce soir, d'après ce que j'ai compris. Là, il doit être opérationnel, faut juste le tester.

Duo s'exclama, joyeux.

- Ah, mais on a des pilotes pour ça Tommy !

Tom sembla alors se souvenir de quelque chose et poussa un juron.

- Merde, j'avais complètement oublié qu'ils étaient partis pour la semaine !

Duo s'étonna.

- Partis ? Notre équipe ? Mais depuis quand ?

Tom le regarda, surpris.

- Tu devrais le savoir, pourtant… T'habites pas avec Izumi ? Ca fait trois jours qu'ils sont dehors !

- Non, Reï était là, ce matin…

- Ah je t'assure qu'ils sont partis ! Tu peux demander à Morgan, il est revenu, il est blessé. A moins que Izumi ait une mission spéciale, mais bon ça m'étonnerait quand même.

Duo se souvint alors des paroles de son ami, le matin même.

Comme s'il avait quelque chose à lui avouer, mais qu'il n'osait pas. Qu'il n'en avait pas le droit.

Evidemment.

Une mission confidentielle.

Il se demanda comment il n'y avait pas pensé plus tôt.

Il sourit.

Reï avait le don de se prendre la tête pour pas grand-chose.

Il lui en parlerait, à son retour.

Quoiqu'il soupçonnait le jeune homme d'être le genre à continuer de nier l'évidence, et à s'emberlificoter dans des mensonges invraisemblables pour préserver le secret d'une mission de pacotille.

Car c'était une mission de pacotille, forcément.

Certainement.

Ca ne pouvait être que ça, non ?

En fait, plus il réfléchissait, plus il doutait.

Il n'avait pas entendu parler d'une opération exceptionnelle par les traditionnels bruits de couloirs.

Or les sources des rumeurs sur la base étaient en général particulièrement fiable et documentées.

Une mission spéciale qui n'avait pas fait de bruit était donc très certainement une mission très spéciale, pour laquelle les Mads s'étaient efforcés de garder le secret absolu, la préservant de toutes les précautions nécessaires.

Dans ses pensées, Duo n'entendit pas que Tommy lui parlait.

- Hein ?

- Je vois, tu m'as pas écouté. Je t'ai déjà dit qu'il fallait dormir, Duo !

-Oui, oui.

- Je disais qu'on est un peu dans la merde, ils le veulent vraiment pour ce soir, mais on va pas le leur filer sans le tester, le problème étant qu'on n'a pas de pilote à disposition…

- Morgan n'est pas du tout opérationnel ?

Tom sourit.

-Arrête de parler comme ça, tu me fais peur, Dudule.

Déformation professionnelle, sorry.

- Non, il peut pas bouger, il a tout son coté gauche cramé.

Tom le regarda un instant.

-Mais dit moi, t'as pas une formation de pilote, toi ?

Duo se mit sur la défensive, et lui lança un regard glacial.

-Non.

Tom recula imperceptiblement, incrédule devant le changement instantané d'expression de Duo.

- Euh, excuse moi, c'est toi qui nous avais dit qu'avant d'atterrir là t'avais un peu piloté, alors j'ai cru…

Duo s'adoucit.

-Non, c'est rien, excuse. Je ne sais pas piloter.

- Ah, putain, on fait quoi maintenant… On peut vraiment pas le leur donner comme ça… Et aucun de nous n'a jamais touché les commandes d'un de ces trucs à part pour les réparer. Ils en ont besoin pour l'opération de ce soir, c'est hyper important.

Duo se recula, et s'adossa contre le mur.

Il baissa la tête.

Il entendit vaguement Tom discuter avec les autres pour trouver une solution, mais ce n'était pas son souci.

Non, son souci c'est qu'il était la solution.

Il avait naturellement toutes les capacités pour faire ce test.

Tester un MS opérationnel, qu'est-ce que c'était comparé à ses expériences personnelles ?

Après tout, il avait déjà piloté un Gundam avec 7 de fonctions valides lors de combats contre des mobiles parfaitement neufs.

Non, le problème n'était pas là.

Ce qui l'inquiétait… non, ce qui le paniquait, c'était qu'il se retrouvait fortuitement devant le choix qu'il redoutait.

Soudainement.

Oh, ce choix, il l'avait déjà fait, dans des circonstances plus graves, impliquant des choses beaucoup plus importantes que le respect des délais de livraison d'un mobile usagé.

Mais il ne s'attendait pas à avoir à le refaire.

Même si là, c'était plutôt symbolique.

Choisir d'accepter, c'était reconnaître qu'il pouvait être plus utile à leur cause en faisant plein usage de ses capacités.

Mais il connaissait ses fameuses capacités.

Et il en avait peur.

Pourquoi aurait-il fui, sinon ?

Il soupira.

Après tout, c'était pour une fois, et ça n'impliquait pas qu'il continue.

Il ne recommencerait pas, de toute façon.

Là, c'était juste pour rendre service à ses amis, à ses coéquipiers.

Ca aurait été malhonnête de les laisser dans la merde, non ?

- Ok, je le fais.

Ils se retournèrent tous vers lui, étonnés.

- Tu fais quoi ?

- Je fais le test. Du MS. Après tout, c'est vite fait.

- Mais je croyais que tu savais pas…

- Oh, je suis rouillé, sûrement, mais ça revient vite !

C'était justement ce qui lui faisait peur.

Que ça revienne trop vite.

Et puis, il y avait ce petit sentiment qu'il ne voulait pas avouer, au-delà de son appréhension.

Un frisson d'anticipation.

Un désir.

Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas piloté.

Trop longtemps.

Et ça lui manquait.

Pas si inconsciemment que ça.

/°/°/°/

Il ne prit même pas la peine de revêtir une tenue appropriée.

Surtout, ne pas s'y croire.

Il n'était qu'une solution de rechange.

Un bidouillage de dernière minute.

Il n'était pas un pilote.

Surtout pas.

Le MS était un vieux modèle, mais il n'aurait aucun problème pour le prendre en main.

Non.

Il n'avait jamais eu aucun problème dans ce domaine.

Il n'avait jamais été formé.

Ca avait toujours été instinctif.

Au milieu des bavardages anxieux de ses partenaires, qui ne savaient plus à quoi s'en tenir au sujet de ses capacités, il déclencha l'ouverture du cockpit.

Il hésita quelques secondes avant d'y pénétrer.

Posa sa main sur l'appareil légèrement tiède.

Sous les regards interrogateurs des autres, il se décida enfin à s'asseoir dans le siège usé.

Ferma les yeux.

Lorsqu'il posa sa main sur la manette de pilotage, il sut qu'il était inutile de lutter.

Le soulagement était indéniable.

La jubilation, trop puissante.

Si encore ça avait été inconscient, il aurait pu nier, encore, retourner à cet état pseudo sécurisant dans lequel il se terrait depuis son départ.

Mais cette émotion qui le frappait de plein fouet en se saisissant des commandes n'était pas du regret.

Pas de la peur.

Il exultait presque.

Comme si ces années de frustrations n'existaient plus.

Il se souvint alors d'une conversation qu'il avait eue, dans le passé.

Dans une de ces rares moments où il se disait qu'il était proche de Heero, d'une certaine manière.

Dans ces instants de pénombres où les masques étaient sur le point de tomber.

Où des mots fusaient, des gestes se perdaient.

Des questions étaient posées.

Heero avait demandé un soir, de but en blanc, pourquoi il se battait.

Duo l'avait regardé quelques secondes, ou plutôt avait fixé le reflet bleu qu'il pouvait deviner dans l'ombre, sur le lit voisin.

Il n'avait pas répondu.

C'était la première fois qu'il avait fui.

Il s'était retourné vers le mur, et s'était tu pour la nuit.

Le lendemain, il avait retrouvé Heero près de Wing.

- C'est comme ça que je vis. En pilotant.

Le soldat parfait avait acquiescé.

Ils avaient rarement les mêmes valeurs, les mêmes buts.

Mais Heero était le seul qui pouvait retourner à son Gundam, sans poser de question.

Sans approuver, juste en assimilant l'information, en comprenant le système Duo.

Heero était sans doute le seul à voir Duo Maxwell.

Peut-être même mieux que l'intéressé.

D'où sa réaction lorsqu'il lui avait annoncé sa décision.

Un hochement de tête.

Rien de plus.

Rien… à part une lueur inhabituelle dans son regard froid.

Une lueur que toute personne autre que Duo n'aurait même pas entrevu.

Mais il n'avait jamais comprit sa signification.

Sauf à cet instant.

Lorsque il décolla, Duo ne put s'empêcher d'éclater d'un rire nerveux.

Un rire qui glaça ses coéquipiers, même à travers la transmission radio défectueuse.

Un rire dur.

Un rire glacial.

Oui, Heero l'avait vu dès ses premières paroles d'adieu. Des paroles presque bredouillées, presque suppliantes.

Heero avait vu sa mauvaise foi envers lui-même.

Cette lueur, ce n'était pas de l'étonnement.

Ce n'était pas du regret.

C'était la certitude, qu'il ne pouvait pas s'échapper.

Qu'il finirait par revenir tôt ou tard.

Parce que c'était sa nature.

Parce que c'était lui, Duo Maxwell.

Parce que c'était comme ça qu'il vivait.

Il se tut.

Il ne voyait pas les autres qui retenaient leur souffle, effarés.

Il leva les yeux vers le ciel, vers les étoiles, vers l'immensité noire et froide de l'espace.

Et hurla.

- Shinigami is alive !

Sans savoir pourquoi, l'équipe de Tom entière se glaça à ses mots.

Comme s'ils avaient une signification cachée

Un sens profond.

Quelque chose d'à la fois effrayant et… excitant.

Mais il furent bientôt pris d'un autre sentiment.

De l'éblouissement.

Contemplant sur leurs écran les arabesques du MS, il ne purent que se rendre à l'évidence : Duo était un virtuose du pilotage.

Un vol parfaitement maîtrisé.

Une danse, presque.

Mais toujours cette angoisse latente qui les habitait.

Un vol fou.

Une frénésie.

Comme une tentative désespérée de se libérer de chaînes invisibles.

Ils ne voyaient pourtant que l'appareil.

Mais c'était l'image la plus proche de l'âme de Duo qu'ils n'auraient jamais.

Soudain, le MS s'arrêta.

Brusquement.

Au milieu d'une courbe.

Il se mit en vol stationnaire.

Fit un quart de tour sur lui-même.

Et rentra dans le hangar, presque précipitamment.

Lorsqu'il se posa, les mécanos se pressèrent autour de l'appareil.

Tous excités par le spectacle inattendu mais sublime auquel ils venaient d'assister.

Le cockpit s'ouvrit, et tous s'apprêtèrent à féliciter leur collègue.

Duo avait la tête baissée.

Sa frange cachait ses yeux.

Lorsqu'il leva le visage, tous reculèrent.

Un regard fou.

Désespéré.

A l'image du vol, sublime dans le désordre qu'il laissait percevoir.

Pas de colère, pas de haine.

Ce n'était pas Shinigami.

C'était duo, simplement, perdu dans la plus viscérale de ses peurs, paniqué par une situation qu'il avait redouté et qui pourtant l'avait surpris dans sa faiblesse.

Sourd aux acclamations presque tremblantes de ses amis, il les traversa et quitta le hangar sans un mot.

Il retourna machinalement dans ses quartiers, et s'enferma dans sa cabine.

Il quitta alors son état hagard.

Si quelqu'un était passé devant leur cabine pendant cette après midi là, il aurait entendu des bruits sourds, continus, des bruits de chutes, des coups rageurs contre les murs.

Oui, Duo était de retour.

Mais il aurait presque préféré mourir.

/°/°/°/

Lorsque Reï rentra, ce soir là, il ne trouva pas Duo à l'appartement ;

Soupçonnant celui-ci d'avoir comme à son habitude préféré rester au hangar pour fignoler son travail, il ne s'en inquiéta pas.

Il s'assit à table, essayant de se changer les idées.

Il avait appris trop d'informations en une journée.

Triant le courrier, il trouva alors une étrange enveloppe.

Son destinataire ne comportait aucune ambiguïté : Il y avait écrit en lettres capitales « Duo Maxwell »

Seulement, c'était la première fois que Duo recevait du courrier écrit, à sa connaissance.

La lettre retint donc son attention.

Dans le coin gauche était écrit au crayon, comme précipitamment « 02 ».

Reï se dit que ce devait être la deuxième d'une série.

Intrigué, il la reposa sur la table, et s'apprêta à faire le dîner, quand Duo sortit de sa chambre.

- Salut toi ! Ben, tu rentres tôt dis donc !

Reï jeta machinalement un œil à travers la porte entrouverte de la chambre de son amant.

Désordre.

Saccage.

Ses sentiments devaient se lire sur son visage, car le jeune homme claqua précipitamment la porte, et son visage enjoué se referma.

- Tiens, tu sais, t'as du courrier !

Duo s'étonna.

-Un message ? Pour moi ?

-Ouais, je l'ai posé sur la table… Depuis que je te connais, c'est la première fois que t'as du courrier, faut fêter ça, mm ?

Duo resta silencieux.

Il prit l'enveloppe avec méfiance et sursauta.

La même forme d'enveloppe.

Le même papier de qualité moyenne, rêche sous les doigts.

La même couleur un peu grise, froide et sans vie.

Ils n'auraient pas osé… Il m'avait pourtant semblé avoir été clair.

Ce genre d'enveloppe, il connaissait.

D'habitude, elle était plus grande. Plus lourde.

Elle signifiait encore plus lourd.

Elle signifiait les morts.

Elle signifiait la reprise, la poursuite d'une routine sanglante.

Un ordre de mission.

Il était sûr qu »en allumant son ordinateur, il aurait le droit au traditionnel « vous avez 1 nouveau(x) message(s) ».

Ils faisaient ça souvent, avant. L'envoyer en double exemplaire. L'envoyer en matériel, parce qu'un mail, on peut toujours l'effacer, on peut toujours se dire qu'on ne l'a jamais reçu, qu'on a jamais fait cette mission.

Mais un papier, on peut le brûler, le déchirer, le jeter, reste toujours cette sensation diffuse de la feuille entre ses mains.

Ces enveloppes, il les avait toutes gardées. Les papiers qu'elles contenaient étaient souvent en mauvais état, froissés, tachés de sang parfois, signes qu'ils avaient servi au milieu de la bataille.

Oui, il avait gardé tout ça, parce que c'était sa croix.

Il devait continuer à porter ça sur la conscience.

Enfoui.

Enfermé dans une petite valise qu'il s'était juré de ne plus jamais ouvrir. Du moins tant que cette putain de guerre n'était pas finie.

Mais les mails, il les avait tous effacés. Jusqu'au dernier.

Il s'était dit qu'il ferait un feu de joie à la fin de la guerre de la valise en question.

Après tout, ce qu'il y avait dedans, il le connaissait par cœur.

Il en connaissait les moindres détails, il se souvenait de chaque base, de chaque conduit d'aération, de chaque bombe.

Il oubliait simplement le visage des morts.

C'est plus facile comme ça, non ?

Il se disait que c'était du passé.

Ne pas faire table rase, non, mais croire en l'avenir. C'est ce qu'il avait prétexté alors.

C'est ce qu'il avait dit à Quatre.

Celui-ci avait approuvé.

Quatre avait toujours été un optimiste.

Il sourit intérieurement en contemplant sa propre crédulité.

Sa mauvaise foi, plutôt.

Le passé, tu parles.

Il tentait peut-être de s'en détacher.

Mais le passé, lui, ne semblait pas décidé à renoncer à Duo Maxwell.

Il se manifestait ainsi à lui sous la forme d'une lettre.

Le signe d'un renouveau ?

Non, le signe d'une rechute, plutôt.

Sauf que Duo Maxwell n'était pas n'importe qui.

Il avait fait un choix.

Difficilement, douloureusement.

Mais pour rien au monde il n'était disposé à revenir dessus.

Il reposa l'enveloppe, doucement, sur la table.

- Bah, tu l'ouvres pas ?

Au regard que lui lança Duo, Reï jugea qu'il était plus judicieux de se taire.

Un regard déterminé.

De la colère.

De la fureur, plutôt.

Une fureur froide.

Reï se dit qu'il n'avait jamais vu Duo le regarder ainsi.

Naturellement.

Il ne connaissait pas Shinigami.

Duo se leva et partit, sans un mot.

Laissant l'enveloppe sur la table.

-…

/°/°/°/

Sur la base alpha, cette nuit là, un signal clignota sur le portable du soldat parfait.

Avec un petit bip.

Celui-ci réduisit la fenêtre où il était en train de taper un quelconque rapport.

« Vous avez 1 nouveau(x) message(s) »

Il cliqua sur le lien qui s'était affiché.

Un mail sur sa messagerie personnelle ? Les personnes qui savaient comment y accéder étaient rares.

Heero savait très bien comment protéger l'accès aux données le concernant.

Expéditeur : inconnu

Objet : (aucun)

Il compris alors ce que c'était.

Après tout, on pouvait presque dire qu'il s'y attendait.

Il cliqua à nouveau sur le message, et lut la seule phrase qui le composait.

Brève, sans ambiguïté.

C'est hors de question.

(À suivre)

- Rhoh, l'est en colère le dudule !

Bon. Ceci est un appel au secours. Comme c'est écrit dans ma bio et comme j'ai du le répéter de manière abusive sur cette page, je suis actuellement dans une période assez difficile de ma vie (ça y est je fais dans le mélo), c'est-à-dire une classe préparatoire (maths sup). Ceux qui sont déjà passé par là me comprendront et les autres, ben, eux, croyez moi quoi… D'où le caractère euh, épisodique de mes updates. Et d'où le caractère impératif des reviews pour ma santé mentale, allez, silvous plait, silvous plait ! (enfin, c'est pas parce que j'ai pas de reviews que j'update pas, vous sentez pas obligé, c'est juste un don gratuit à l'association de sauvegarde des yat en difficulté…)