Auteur : Yat
Titre : Dual
Disclamer Je me suis rendue compte que j'oubliais le disclamer à chaque fois. Ce qui est mal. Donc, il sont pas à moi. Ah, toute cette culpabilité qui s'envole…
Réponses aux reviews : Parait-il qu'on n'a pu le droit. Bon. Mais je me vois mal répondre aux gens par mails qui m'ont reviewé ya deux moi, ils vont même pas savoir de quoi je parle et qui je suis, ce qui est normal. Donc la prochaine fois par mail, promis.
Syt the Evil Angel : Meuh, il faut pas lui faire du mal, à notre Dudule… le pauvre, il est encore traumatisé ! (Certaines mauvaises langues ajouteraient traumatisant) Enfin, c'est pas que des activités avec des chaînes, ce soit forcément mauvais… (Yat qui note)
Kaorulabelle : Nyah ! Merci ça fait trop plaisir, même si je pense pas qu'aller jusqu'à merveille… Enfin ça fait toujours du bien ! J'espère que la suite te plaira autant !
Rena : Oui, je suis aussi passée par la première S (ah, douce période que ma jeunesse) et je me rappelle du, euh, choc. C'est vrai que en prépa, ben… c'est encore pire. Mais je survis, et je ponds parfois des chapitres au péril de ma vie (et de mes notes lol… enfin pour ce qu'elles sont, c'est pas trop grave !)
Florinoir : S'il va revenir ? Est-il réellement nécessaire de poser la question ? Tu crois que je peux encore tenir longtemps sans Heero dans mes chap. à faire croire que c'est du 1x2x1 ? Non, non, pas de danger… Le pauvre Duo ! Décidemment !
Dragonwind4 : C'est marrant comme la fac de maths semble m'appeler… je l'entend « yat, yaaat , que fais tu dans cette folie de maths sup, pourquoi perds tu toute ton énergie à étudier les anneaux de boole alors que tu pourrais écrire des fics ? Vient me rejoindre, tu pourras écrire des fics, ET faire des math » Vile tentatrice. Enfin… pour ce qui est d'Heero… (court se cacher) il arrive, il arrive !
La souris : Merci pour ta compassion et voilà la suite !
Anaxarete : Oui, Reï est bien mignon, mais un peu hors du coup… Mais il sert bien, au moins, comme ça ça fait un lien entre les personnages ! Comment ça pas crédible ?
Naïa : Nous vous confirmons que votre don a bien été enregistré, et vous remercions de votre sensibilité à notre souffrance… bonne lecture !
Youkai : J'espère que le petit passage sur Heero te permettra de tenir jusqu'au prochain chapitre… et oui, Heero, à consommer avec modération (comme la prépa, mais c'est une autre histoire. Si tu veux y aller, crois en mon expérience, profite de tes années lycées )
ElangelCaido : Ah bon ? Pourtant… les maths c'est passionnant ! (Comment ça, toujours pas crédible ?)
Babou : Voilà la suite, mais tu ne sauras pas tout de suite pourquoi Dudule est dans cette situation (j'ai parfaitement conscience que mon intrigue va à deux à l'heure, gomen)
Caramelon : Bah, dommage comme on dit c'est, euh… une fausse joie ? Et oui, tu l'avais déjà lu ! C'est vrai que la dualité ressort d'une certaine manière du chapitre précédent, mais je ne m'en étais pas rendue compte ! En fait, le titre, c'est référence à une situation de plus tard, ou de plus tôt ça dépend comment on voit les choses (comme la stupide numérotation des star wars) bref, tu verras ! (ou comment avoir écrit cinq lignes inutiles sans rien dire d'intéressant. Je vais me cacher.)
Tchaye : Merci pour ma santé mentale lol, elle s'en sort ! Bonne lecture !
Karotte : Spécule donc, spécule donc…Niark. Tout ce qui est sûr, c'est qu'effectivement, Reï risque d'être surpris !
Lo : C'est sûr que c'est plus marrant… mais si on faisait tout ce qu'on voulait, dans la vie ! Quelques réponses à tes questions dans ce chap, pour le reste… bientôt la suite !
Nienna-lo : Merci pour votre soutien, et vos messages d'encouragement sur mon blog… J'espère que ce chap vous plaira.
Chapitre 6 : Café.
/ Flash back/
Fait chaud.
Ca lui pique la gorge, il veut à boire.
Stupide endroit.
Il faut rentrer, à présent. Y'a plus rien à faire ici.
Rassembler les quatre autres. Partir. Duo dans la chambre. Heero on ne sait où.
Il faut les rassembler.
Il faut partir.
Il a dit qu'il fallait partir.
Un échec. Lamentable.
Il n'a même plus de voix pour les appeler.
Et le frigo qui est vide.
Rien à boire.
La soif, toujours.
Il se traîne.
Trowa qui passe, avec Wufei. Un murmure.
On se retrouve aux MS.
Il acquiesce.
Trowa qui s'éloigne, portant presque le chinois.
Qui se retourne, pourtant.
Semble hésiter.
Un autre murmure.
Aux MS.
Oui.
/ Flash back /
Duo referma son portable dans un claquement sec.
Il n'espérait aucune réponse.
Tout ce qu'il avait cherché à faire, c'était avertir.
L'avertir.
Lui signifier clairement qu'il se fourvoyait totalement.
Rien de grave, en somme.
Un petit message insignifiant, une formalité.
Bien sûr, il choisit d'ignorer le fait que c'était leur premier lien depuis… oh, depuis longtemps.
Que c'était un lien avec sa vie d'avant.
Sa vie d'avant qu'il s'était promis de quitter.
Résolument.
Et pas plus tard que la veille, encore.
Il ricana.
Nerveusement.
Il s'était fait piéger.
A force de vouloir à tout prix fuir, à force de paniquer il s'était pour ainsi dire jeté dans la gueule du loup, non ?
Il avait entamé le contact.
Lui-même.
Il sourit amèrement de sa stupidité.
C'était tendre la main, non à l'ennemi, non à la tentation, mais à Heero Yuy.
Heero Yuy qui le connaissait mieux que lui-même, lui semblait-il parfois.
Mais le mail était envoyé.
C'est ça, le problème des mails.
Le problème des ordinateurs.
Pas de supplication possible, ils ne vous permettent que de contempler, impuissant, la marche du destin que dans un moment de folie vous avez lancé.
En appuyant sur une touche.
Message envoyé.
Plus de retour possible.
Duo prit alors conscience d'une chose qu'il avait écartée, plein de mauvaise foi, quelques minutes auparavant.
Il n'espérait pas de réponse, quelle blague.
Il n'espérait rien de plus qu'une réponse, oui.
Et il savait.
Pertinemment.
Il savait que s'il recevait une réponse, il ne pourrait pas faire marche arrière.
Plus faire marche arrière.
Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas éprouvé ce sentiment…
De l'angoisse.
Il débrancha fébrilement son portable.
Se leva.
Et couru presque dans la chambre de Reï.
/°/°/°/
Lorsque Reï s'était couché, ce soir là, il avait longtemps hésité.
Il voulait Duo.
Et il le voulait vraiment très fort.
En temps normal, il se serait débrouillé pour exciter la convoitise de son partenaire, et ça se serait fini dans le lit dans une partie plus qu'agréable.
Ils avaient l'habitude.
Seulement là, Reï se sentait mal.
Il le voulait.
Mais il le voulait, lui.
Il voulait une nuit où il aurait pu croire à ces foutaises de fusions, d'âmes sœurs, d'union matérielle et spirituelle, de tout le tralala.
Pour se rassurer, pour se dire que même s'il partait, Duo l'attendrait, le temps qu'il revienne.
Il avait essayé d'omettre la possibilité qu'il ne revienne pas.
Pour se rassurer, oui.
Pour se dire que malgré leur discussion douloureuse, où Duo avait affirmé avec douceur et une pointe de tristesse qu'il ne fallait pas qu'il s'attende à de l'amour de sa part, il comptait plus pour lui que…
Qu'il comptait pour lui, simplement.
Seulement Reï savait.
Il savait que s'il partait, alors ce serait fini, simplement.
Et malgré sa fierté qui lui dictait de partir la tête haute accomplir une mission qui était essentielle et exceptionnelle, il aurait aimé ramper aux pieds de Duo pour le supplier de l'aimer.
Mais il s'était dit que d'aller le chercher, se conforter dans le sexe, c'était une fuite plus qu'autre chose.
Et il ne se sentait pas le droit de le faire, non plus.
Parce que Duo persistait à garder son aura.
Et lui se sentait minable.
Minable de partir.
Il ne savait même pas contre qui hurler, dans sa tête.
Hurler contre le professeur J et son intransigeance, contre lui-même pour sa faiblesse, son incapacité à se libérer de sa dépendance, contre Duo qui exerçait sur lui cet attrait si particulier.
Contre Quatre, pourquoi pas, contre Quatre, qui n'avait rien fait mais qui était sur son chemin et il faut bien que ce soit quelqu'un qui prenne.
Alors il s'était couché, simplement.
Il ne s'était pas endormi.
Il avait écouté Duo pianoter rageusement sur son ordinateur, comme s'il écrivait, réécrivait encore et encore quelque chose, perpétuellement insatisfait de ses tentatives.
Il l'avait entendu refermer brutalement son ordinateur.
Et quand il le rejoint dans son lit, il se maudit de la lâche satisfaction qui l'envahit.
/°/°/°/
Le lendemain, Reï fut réveillé par une chaude odeur de café.
Il s'étira, puis rabattit la couette sur lui, comme pour profiter un peu plus de la douce chaleur qui l'environnait.
Il aimait les matins comme ça.
Les matins comme ça, c'était les matins où il n'avait aucune mission, ou il savait qu'il avait peu de chance de mourir, où il avait le temps de traîner au hangar avec ses potes, en faisant des plaisanteries stupides pour relâcher la pression des autres jours.
Pas qu'en mission les pilotes perdent le sens de l'humour, mais leurs blagues avaient tendances à être un peu plus… crispées.
Oui, il aimait ces matins là.
Dans un demi sommeil, il se dit qu'il allait rejoindre Morgan et les autres dans la cabine de Jochen, qu'ils allaient y passer la journée, que vraiment, ça allait être une bonne après midi.
Puis il se souvint que Morgan était blessé.
Il était revenu la veille, ou l'avant-veille, un peu cramé.
Les autres avaient réussi à le sortir de là, tout de même, Mark l'avait ramené et il était reparti.
C'est vrai qu'ils étaient en mission, là.
Donc c'était mort pour l'après midi de glande.
Et là Reï se dit que quelque chose clochait.
Pourquoi donc était il ainsi dans son lit alors que les autres étaient en mission ?
Il se redressa brusquement et cligna des yeux.
Son regard croisa celui d'un Duo légèrement moqueur.
Qui s'amusait de son air affolé.
- Bah qu'est-ce qu'il y a ?
Seulement Reï avait eu quelques secondes pour se ressaisir et prendre à nouveau conscience de la situation. Il sourit et murmura.
- Rien, je me réveille, c'est tout.
- Tu veux du café ?
- Oui, je veux bien. Dis moi, il est quelle heure ?
Duo désigna sans un mot le radio réveil, et sorti de la chambre, se dirigeant vers la machine à café.
Le réveil indiquait 11h13.
A cette vue, Reï se leva d'un coup.
Il était en retard.
Encore.
Bon, cette fois, c'était moins grave, il avait juste rendez vous avec Quatre pour qu'il lui file la doc sur leur appareil, mais il se sentit honteux de s'être laissé avoir encore une fois.
D'autant plus qu'il avait rendez vous à 10h30.
Il s'habilla en vitesse, et sous les yeux interrogateurs d'un duo qui s'affairait sur la machine à café s'apprêta à sortir.
- Qu'est-ce que tu…
- Je suis en retard, désolé, je t'expliquerai ce soir, ok ?
Il ouvrit la porte d'entrée.
Et se retrouva nez a nez avec un Quatre qui avait presque le doigt sur le buzzer qui leur servait de sonnette. Mais qui ne semblait pas décidé à appuyer, comme troublé par un événement imprévu. Il sourit toutefois à la vue de Reï. Il avait un instant senti comme une présence familière… et pourtant lointaine. Mais son empathie avait tendance à lui jouer des tours ces temps ci.
- Je me disais bien que j'allais te trouver dans cet état. J'avais bien constaté que tu n'avais pas vraiment une tendance très poussée pour la ponctualité…
Reï rigola doucement, légèrement gêné.
- Oui, c'est vrai… mais deux fois de suite, ça m'arrive rarement, quand même.
Il jeta un coup d'œil rapide vers Duo, qui avait levé les yeux de sa cafetière.
Il regardait avec étonnement la porte, mais ne pouvait distinguer l'individu qui leur rendait visite.
Reï se dit que Quatre savait pertinemment qu'il vivait avec quelqu'un, et que pour ça il avait certainement monté un mensonge pour éventuellement expliquer sa présence.
Il se décida donc à le laisser entrer.
- Vas-y, fais comme chez toi.
Il assista alors à une scène des plus inhabituelles.
Il vit progressivement le sourire de Quatre se figer, puis s'effacer, ses yeux s'agrandir, et son tain pâlir.
Le jeune entrouvrit la bouche, et ses lèvres formèrent une syllabe muette.
Il fixait un point derrière Reï comme s'il avait vu un fantôme.
Se retournant, il vit Duo immobile, une tasse de café à la main, qui regardait Quatre avec étonnement.
Une étrange lueur dans le regard.
Colère, étonnement, détresse ?
Tendresse ?
Reï ne connaissait pas assez Duo pour le savoir. Malgré ce qu'il pouvait penser.
Pourtant, si on lui avait demandé, il aurait prétendu le connaître tout de même un minimum.
Assez pour prévoir la plupart de ses réactions.
Mais lorsque il vit son amant sauter au coup de Quatre, il se dit que finalement, il savait bien peu de Duo Maxwell.
- Quat-chan !
Celui-ci arborait a présent un sourire des plus béats, et serra Duo comme s'il avait peur qu'il s'envole.
Après tout, ça faisait plus de deux ans qu'il n'avait pas vu son meilleur ami.
Ils restèrent ainsi, enlacés, quelques secondes. Puis Duo desserra son étreinte, et offrit à Quatre un sourire des plus éclatants. Le blond murmura, encore incrédule.
- Duo ?
Il n'ajouta rien. Que dire ? Comment tu vas, ça faisait longtemps ? Je trouve que ce nouveau look te va bien, tiens tu n'es plus en noir? La famille, les amis ?
Non, après l'élan spontané d'affection qui les avait poussé l'un dans les bras de l'autre, il y avait la gêne qui s'installait.
Celle enfouie de Duo, qui avait pleinement conscience de la lâcheté de sa fuite sans consulter personne, sans s'excuser. Et celle de Quatre, surtout, qui avait rompu sans le vouloir l'accord tacite qui s'était mis entre eux deux au départ de Duo.
Je ne te chercherai pas.
Mais il l'avait trouvé.
Alors que faire, devant l'évidence : Oui, c'était bien Duo. Oui, il était vivant. Oui, il n'avait pas cessé d'exister.
Oui, il continuait de souffrir.
Il n'avait pas construit la vie idéale que Quatre lui prêtait lorsque ses pensées vagabondaient vers lui. Un appart, une fille, une vie de jeune de vingt ans insouciant la où la guerre n'existait pas.
Mais la guerre existait.
Elle était là.
Et voir Duo encore dans la guerre, voir Duo qui au fond n'était qu'à deux ou trois couloirs, deux ou trois ascenseurs de lui, ça lui faisait mal.
Parce que ça lui démontrait qu'on ne pouvait pas fuir.
Que même lui n'avait pas pu fuir.
Sans le vouloir, Reï interrompit les réflexions des deux garçons.
- Vous vous connaissez ? Ca pour une surprise…
Une parole banale. Peu d'intérêt. Triviale.
Une réplique de quelqu'un qui n'a rien à dire.
Mais Reï n'avait rien à dire. Rien d'autre.
Il sentait un étrange sentiment l'envahir. Indéfini. Comme l'impression de manquer quelque chose. Comme l'impression d'avoir toujours manqué quelque chose.
Un seul fait : Duo connaissait Quatre.
Duo était lié à Quatre.
Il n'entrevoyait pas encore tout ce que ça pouvait signifier.
Ce que Quatre représentait.
Il allait bientôt se dire que le mystère qu'était Duo maxwell était peut-être encore plus profond qu'il n'avait pu l'imaginer.
Mais pour l'instant, il ne pouvait que constater.
- Alors, tu veux prendre un café, Quatre ?
Celui-ci paru sortir de sa torpeur. Il adressa à Reï un de ses sourires bienveillant, polis, un sourire à la Raberba Winner.
- Volontiers.
Duo aussi paru se réveiller.
- Bah, assieds toi, te gêne pas… Ah, ben non, c'est pas possible, on n'a que deux chaises, c'est sûr que c'est problématique, je ne vais quand même pas m'asseoir par terre c'est que j'ai les fesses fragiles moi…
Il réfléchit trois secondes.
-Bon, je vais chercher une chaise, je crois que j'en ai vu une dans ma chambre récemment.
Reï paru s'étonner, mais Quatre sourit de plus belle.
Il retrouvait son duo, en quelque sorte.
- Toujours aussi désordonné, à ce que je vois.
Duo prit un air contrit.
- On se refait pas.
Et disparu dans sa chambre.
Quatre s'assit lentement, et regarda Reï.
Qui semblait un peu perdu.
Il le voyait d'un autre œil, à présent.
C'était donc lui qui avait retenu l'attention du Dieu de la mort. Lui que Duo avait toléré dans sa vie. Après les avoir violemment rejeté. Après s'être enfui. Après cette nuit là.
/Cette nuit sèche./
Cette nuit où il avait contemplé dans ses yeux toute la folie du monde.
Pas la folie destructrice à laquelle il était habitué de sa part. Toute la folie du désespoir, plutôt. La folie d'un désespoir.
Et après avoir vu ça, il avait cru un instant que tout était perdu. Que Duo ne reviendrait jamais de là où il était tombé. Qu'il ne sourirait plus jamais. En un sens, il avait eu raison : Duo était parti. Duo avait fui.
Mais il y avait ce jeune homme. Ce Reï.
Ce Reï qui le regardait bizarrement, à cet instant. Ce Reï qui aimait Duo au point d'envisager de refuser une mission du professeur J pour lui.
Bien sûr, Reï ne connaissait pas le professeur J. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait représenter, aucune idée de ce que son esprit retors pouvait concevoir, aucune idée du mal qu'il pouvait faire, insidieusement, de cette capacité qu'il avait à détruire petit à petit tout espoir pour qu'en définitive on se soumette à ses exigences les plus révoltantes.
S'il l'avait su, il n'aurait pas été en retard le premier jour. Il aurait tremblé, il aurait eu peur, il n'aurait pas arboré ce petit air mi-gêné, mi-rebelle, ce petit air presque maxwellien.
Oui, il aurait obéi, sans discuter.
Comme tous les autres.
Les seuls qui étaient en mesure de s'opposer à lui, c'étaient Quatre et Heero. Si on excluait bien sûr la sorte d'insolence dont les autres faisaient preuve lors des briefings. Cela restait de l'insolence. Et J se fichait de l'insolence. Tant qu'elle ne contrecarrait pas ses projets.
Car seule comptait l'efficacité.
Quatre soupira.
Non, en fait, même lui n'avait jamais refusé d'exécuter un ordre de J. Depuis qu'il y avait entre eux cet accord tacite au sujet du zero system… Il avait toujours obéi.
En fin de compte, il n'y avait qu'une personne capable de s'opposer réellement au professeur J. Et encore, cette personne ne l'avait fait qu'une seule fois.
Cette nuit là.
/Cette nuit si sèche /
Reï restait silencieux.
Il avait senti un changement.
Dans le regard de Quatre.
Comme si l'intérêt qu'il lui avait porté jusqu'ici n'avait été que masque, que politesse, que gentillesse naturelle. Comme s'il n'avait été qu'un pilote comme tous les autres, que la loterie avait désigné, pauvre malchanceux, pour exécuter une mission qui ne le concernait pas.
Comme si à présent, il était vivant.
Il existait aux yeux de Quatre.
Il n'était plus le pilote 37. Il n'était plus un membre du projet Dual.
Il était autre chose.
Et cette chose avait à voir avec Duo.
Même si Quatre gardait une profonde bienveillance dans son attitude, même si Quatre restait Quatre, il ne put s'empêcher de frissonner.
Il avait mis les pieds dans quelque chose de grand, quelque chose de bien plus important qu'il n'avait pu croire au premier abord.
Quelque chose qui justifiait le réel intérêt du pilote 04.
Quelque chose de grave.
Il frissonna à nouveau.
Les deux jeunes hommes furent interrompus dans leurs discussions par un Duo enthousiaste leur servant du café, disposant par la même occasion la chaise promise quelques minutes auparavant, qui finalement semblait avoir survécu à une immersion à long terme dans le prototype parfait du bordel selon Duo maxwell.
- Bah alors, Quat-chou, qu'est-ce qui t'amène ici ? Je savais pas que tu connaissais Reï !
Quatre choisit d'ignorer la légère suspicion qui pointait sous les mots de son ami.
- Oui, je suppose qu'il ne t'en n'a pas parlé. Secret oblige.
Reï regarda avec étonnement le blond.
Il ne va tout de même pas lui balancer le morceau…
Duo acquiesça avec bonne humeur, accentuant encore la surprise de son amant.
- Je me doutais bien qu'il y avait quelque chose dans ce goût là.
Il se tourna vers Reï avec un sourire étrange.
- T'es pas net, en ce moment.
Il se tut quelques secondes, puis reprit d'un ton presque amer.
-Enfin… j'avais pas entendu parlé de mission secrète ces temps ci, sauf… sauf ça. Alors je me disais que je me faisais des films. Que ça ne pouvait pas être ça.
Il eut un petit rire triste. Presque triste.
-Mais maintenant que t'es là, je ne peux pas me voiler la face, hein ? C'est Dual. C'est ce stupide projet.
Il leva les yeux vers Quatre, qui acquiesça en silence.
Il choisit de ne pas regarder Reï, de toute façon il devinait très bien son air ahuri.
- Bref, tout ça est une autre histoire, et ça ne me concerne pas.
Son sourire réapparu.
- Et toi alors ? Toujours pas avec Trowa ?
Quatre s'étouffa. Décidemment, le café ne lui réussissait pas.
-Keeurf.. je ne vois pas ce que tu veux dire…
Duo pencha la tête sur le coté, l'air moqueur.
-Bon, d'accord, je vois très bien ce que tu veux dire. Mais… tu sais, les gens changent, et... Des deux cotés… les situations ne sont plus les mêmes, je…
Son regard se voila.
Il murmura presque pour lui-même.
-Tu es parti il y a longtemps, déjà.
Duo ne répondit pas. Et Reï restait silencieux. Il notait machinalement les différentes informations, nombreuses, incongrues et presque contradictoires qu'il apprenait d'un dialogue auquel il se sentait étranger.
Donc Duo connaissait bien Quatre.
Duo connaissait bien Trowa.
Trowa, le troisième pilote.
Duo était au courant du projet Dual.
Duo affirmait être au courant de la plupart des missions de la base.
Duo était parti.
Il ne savait pas ce que cela signifiait. Il ne faisait pas le lien entre tous ces faits. Il notait, simplement. Il analyserait tout ça plus tard.
Et Quatre avait repris.
- Je t'en dirai plus… un autre jour. C'est compliqué.
Duo hocha la tête, et il y eu un nouveau blanc.
Quatre fixai le sol, l'air troublé. Duo avait les yeux dans le vague. Et Reï regardait la scène, spectateur ignorant, luttant contre l'impression qui grandissait en lui d'être en dehors du coup
Après quelque instants, Duo prononça d'une voix qu'il voulait nonchalante.
- Et sinon… Vous avez trouvé le dernier pilote ?
Le blond eu un sourire contrit.
-Non.
- Je connais deux trois mecs qui feraient l'affaire, sérieux, efficaces, dans le genre bien quoi, si vous ne trouvez vraiment personne… Je pense à Jochen, c'est le 43, vraiment, prometteur celui là, un peu trop impulsif sur le terrain, il a tendance à mal évaluer les distances de tir mais c'est un problème d'expérience, il aura vite réglé ça.
Reï choisit de ne pas prêter attention au fait que Duo, mécanicien, semblait évaluer les capacités des pilotes comme s'il était leur égal.
Il n'était plus à ça près.
-Non.
Duo, surpris, fixa le blond.
- On n'a pas besoin de pilote.
-Mais tu viens de me dire que…
Quatre l'interrompit d'une voix très douce, comme pour s'excuser de ce qu'il allait dire.
- On n'a pas besoin de pilote, parce que le pilote qui manque, c'est toi. Ce sera toi ou il n'y aura pas de pilote. Il… Il a dit que ça ne pouvait pas être autrement. Et il a raison. Ca ne pourrait être personne d'autre.
Il ajouta à voix basse.
-Il a dit que tu étais le seul en qui il avait assez confiance.
Confiance.
Toujours cette stupide histoire de confiance.
Duo demanda, d'une voix soudain froide. Glaciale. Ironique. Peut-être un peu amère.
- Ah oui ? Et qu'a-t-il donc dit d'autre?
Quatre leva les yeux vers son ami. Il hésita. Il y voyait une lueur qui contredisait la froideur de ses paroles. Une lueur de tendresse. De regrets. Et définitivement d'amertume.
- Il a dit… Il a dit aussi que tu viendrais.
Il avait fini dans un murmure.
Sans s'en rendre compte, Reï avait retenu son souffle. Il ne savait pas. Il ne savait pas qui était ce Il. Il ne connaissait pas le Duo qu'il voyait, perdu, le regard maintenant un peu fou, les mains crispées sur la table comme recherchant une prise pour ne pas sombrer dans je ne sais quel gouffre noir et profond.
Il semblait se retenir de s'engouffrer dans une voie obscure, dangereuse, tentatrice. Il semblait lutter contre lui-même.
Oui, Duo offrait un angoissant tableau à celui qui ne connaissait de lui, au fond, que son masque de mystérieux clown.
Mais lorsqu'il éclata d'un rire nerveux, il surpris même son meilleur ami.
Son meilleur ami qui l'avait déjà contemplé dans toute sa folie.
- Bien sûr… bien sûr c'était forcé… tu fuis, tu fuis pauvre Duo, mais elles sont partout, elle t'enserrent, elle sont là… La souffrance, la mort, les larmes… Bien sûr, Quat-chou, que je vais le faire. Parce qu'il me connaît. Il me connaît bien mon Hee-chan. Il sait. Il sait que je ne peux pas vivre sans. Il sait que j'ai beau fuir, c'est une illusion que je me construit tout seul, éphémère, pour me nier un instant ma malédiction. Shinigami is salive, toujours Shinigami, moi je suis là, je lutte, mais j'y reviens toujours…
Ses rires étaient maintenant des sanglots.
Mais aucun des deux autres n'osa bouger.
Il se tut soudain, ferma les yeux.
Un sourire dément s'épanoui sur son visage un peu humide.
Lorsque ses paupières se soulevèrent, Quatre frissonna.
Car il avait déjà vu ce regard.
Il l'avait vu une fois.
/Cette nuit de sécheresse/
Il en avait fais des cauchemars pendant des jours.
Destruction. Désespoir. Abandon.
Duo avait cessé de lutter.
Puis le calme revint. Ses yeux améthyste ne furent plus que beaux, perdant leur éclat surnaturel et angoissant.
Il regarda Reï, sourit, puis se tourna vers Quatre.
Il dit d'un ton badin.
- Quatre, je ne t'ai jamais dit que mon soldat parfait me connaissait trop bien ?
Quatre acquiesça.
Et Duo enchaîna comme si de rien était sur un sujet sans intérêt, ils passèrent la fin de matinée ainsi. Lorsque Quatre partit, Reï crut un instant avoir eu affaire à un rêve étrange. Seuls les documents que lui avait laissé le blond attestaient réellement de son passage. Duo restait inchangé.
Ils firent à nouveau l'amour le soir même.
En s'endormant dans les bras de son amant qui comme toujours restait les yeux ouverts, fixant le plafond sans dormir, Reï s'interrogea sur la phrase étrange qu'il avait prononcé, juste après l'acte, en le laissant se blottir contre lui.
Une phrase étrange, oui. Insensée.
Shinigami is back.
(A suivre)
Comment ça pas de Heero ? Euh… euh… euh… joker ? C'est noël, pas de meurtre à noël ! Pliz !
Bon, plus il y a de reviews, plus il y a de Heero (comment ça c'est stupide ce que je dis ? Peut-être, mais j'en ai parfaitement conscience. Certes Heero n'est pas une quantité qu'on puisse restreindre ou augmenter à loisir. Heero et Heero, et sa simple présence illumine un chapitre, bon j'arrête de dire des conneries, Heero au prochain chapitre même sans reviews ! Biz)
