Bureau de Gil Grissom

14 janvier 2010

06 heures 43

« Entrez Greg ! » Grissom appela son jeune collègue qui était à l'entrée de son bureau. « Alors, quoi de neuf ? »

« Nick et moi avons bouclé l'enquête. Suicide. » Greg s'affala dans le fauteuil face à son chef. « Je pensais que vous seriez de retour la semaine prochaine… »

« Non… Sofia se débrouille mille fois mieux que moi avec Jared. » Grissom s'adossa à son fauteuil et s'amusa avec un stylo.

« Si je peux vous donner un conseil, Gris, profitez des meilleurs moments avec votre fils. Les premiers mois sont les plus importants. Je vous dis ça en connaissance de cause. »

« C'est vrai que vous avez un petit garçon. »

« J'ai profité à fond de Joshua dès sa naissance. Je n'ai pas pu le faire avec Rachel. Je le regrette aujourd'hui. Je ne dis pas qu'une mère devrait passer plus de temps avec son enfant plutôt qu'avec son père. Je dis seulement que dès la naissance, nous sommes sur le même pied d'égalité. » argumenta le jeune père.

« Joshua a quel âge ? » s'intéressa Grissom.

« Il aura 2 ans le 14 février. Rachel et lui ont deux ans d'écart. » Greg adorait parler de ses enfants.

« Comment avez-vous réagi lorsque Sara vous a apprit qu'elle était enceinte ? »

« J'étais heureux et angoissé. Je venais juste de rencontrer Augie… Augie est formidable, vous savez. Elle m'a poussé à faire venir Sara à New York, elle a accompagné Sara faire du shopping, elle a assisté à la naissance de Rachel car Sara le lui avait demandé. Je ne sais pas si ma fille aurait été aussi épanouie si Augie n'avait pas accepté de faire autant de concessions… »

« Vous arrivez à vous y retrouver avec tout ce monde chez vous ? »

« Maintenant que Warrick et Sara ont emménagé dans la maison qui jouxte presque la nôtre, j'avoue que je retrouve mes repères. Sinon c'est formidable de vivre dans une maison grouillante d'enfants. »

« J'imagine qu'il doit y avoir des disputes, des chamailleries… » Grissom observait, étudiait Greg.

« De temps en temps, principalement, lorsque Rachel est à la maison. Josh est jaloux de sa sœur alors il leurs arrive de se disputer. Autrement, il y a une grande complicité entre eux. Vicky va avoir 12 ans en avril et elle joue son rôle de grande sœur à la perfection. Ty aura 9 ans en octobre, il m'aide beaucoup. C'est un garçon adorable. Vous devriez venir un après-midi à la maison avec Sofia et le bébé. D'ailleurs, il me semble que vous n'avez jamais fais connaissance avec Augie… »

« Je demanderai à Sofia mais je pense que ça ne lui posera pas de problèmes. Bon, je vais y aller… Il faut que je fasse des courses avant de rentrer. » Grissom s'était levé et enfilait sa veste.

Supermarché sur Summerlin

07 heures 12

« Bonjour, Dr Grissom. Comment va Mme Sofia ? » demanda poliment l'épicier chinois chez qui Gil faisait ses courses.

« Bonjour, Willie. Ça va… ça va… Elle m'a demandé d'acheter quelques affaires pour le bébé et on avait plus de lait. » répondit Griss en souriant à son interlocuteur, probablement âgé d'une trentaine d'années.

« C'est vrai ! Meg m'avait dis que le bébé était né ! Pardonnez-moi. Il va bien ? Il est né quand ? » L'épicier connaissait bien Gil qu'il considérait comme un homme d'une grande sagesse.

« Jared va très bien. Je vous remercie. Il est né le 1er janvier, un peu après les douze coups de minuit. Ça sera un sacré gaillard plus tard. » Grissom commençait à se crisper. Il n'y avait pas pensé à la naissance de son fils mais les douze coups de minuit lui rappelèrent un moment sombre de sa vie.

« Vous avez une photo ? J'ai toujours une photo de ma petite Lee sur moi. » L'épicier sortit son portefeuille et montra la photo d'une fillette d'environ 4 ans qui souriait.

« Je suis désolé mais je n'en ai pas… » répondit Griss timidement. « C'est quoi cette affiche derrière vous ? »

« Laquelle ?... Celle-ci ? Je suis allé la chercher au Champagnac. » Willie décrocha l'affiche et l'étendit sur le comptoir.

« Il se trouve où le Champagnac ? » demanda Grissom en appuyant les syllabes.

« C'est l'un des derniers palaces à la mode par ici. Il a été commandé par la famille Bertier. Ils en ont un deuxième en construction à la sortie de la ville. Il parait qu'ils vont le baptiser : Victoria. Mr Grissom ? » s'enquit l'épicier, soucieux en voyant les traits marqués de Grissom.

« Oui ? Et l'affiche concerne la publicité du nouvel hôtel ? » Grissom était perdu dans ses pensées et ne regardait pas vraiment l'affiche.

« Non, non… Pas du tout… Il va y avoir une grande expo concernant Victoria Bertier. Ça ne commencera que début juillet. Il parait que la famille a déjà reçu de nombreux visiteurs dans leur propriété française. J'ai vu un de ses films quand j'étais enfant. Je jouais bien. Elle aurait pu devenir une immense star enfin… »

« Merci Willie… » Grissom s'empara de ses affaires et sortit de la supérette. Son téléphone sonna. « Grissom. »

« Alors Mr Grissom… ça ne vous fait pas bizarre de ne pas avoir été tenu au courant de tous ses préparatifs ? Saviez-vous qu'un film biographique était en tournage en France ? Il retrace les débuts de Victoria en France. Peut-être y'aura-t-il une suite ? Qu'en pensez-vous ? » relata une voix trafiquée.

« Qui êtes-vous ? » Grissom pivota sur lui-même. « Je ne vois pas en quoi je pourrai être concerné… »

« Ah ? Regardez sur le siège avant de votre voiture. Je vous rappellerai. Au fait, le contenu de l'enveloppe est une copie. » rajouta la voix étrange.

Grissom se précipita à sa voiture et trouva l'enveloppe kraft, posée en évidence sur le siège conducteur. Il posa ses sacs à l'arrière et attrapa une paire de gants. Après les avoir enfilé, il ouvrit délicatement l'enveloppe. Il en sortit une liasse de papiers, tous photocopiés. Le premier était un certificat de mariage datant de 1978. À la lecture des second et troisième papiers, Grissom s'adossa à son véhicule et regarda autour de lui. Il déglutit difficilement. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Il monta en voiture et prit la direction de l'institution pour sourds et malentendants où sa mère était pensionnaire.

Grissom trouva sa mère près des rosiers. Elle aimait bien tailler les haies de rosiers de l'institution. Gil la toucha dans le dos et commença par l'étreindre avant de lui parler en langage des signes.

« Maman… Est-ce que quelqu'un, autre que Sofia, est venu te rendre visite ? » signa-t-il.

« Non… Pourquoi ? Qu'y a-t-il ? Jared va bien ? » s'inquiéta Mme Grissom en voyant le regard soucieux de son fils.

« Tu es sûre que personne n'est venu ? Personne n'est venu dans ta chambre ? »

« Non. Non. Personne, Gilbert. » Mme Grissom prit les mains de son fils dans les siennes.

« Maman… Quelqu'un m'a laissé cette enveloppe dans ma voiture ce matin. Ce ne sont que des copies. Et je ne vois pas qui, à part toi, aurait les originaux… » Grissom sortit la liasse de papiers de l'enveloppe.

« Mais ce sont ton certificat de mariage avec le contrat et les actes de naissances des jumelles ! » Mme Grissom paniquait. « Il ne faut pas réveiller les morts, Gilbert. C'est malsain ! »

« Ce n'est pas moi, Maman. Les Bertier ont décidé de faire une exposition sur Victoria. Je n'étais pas au courant jusqu'à tout à l'heure. »

« Va les voir. Va parler à Gabrielle. Je vais aller prier pour elles… » Mme Grissom était paniquée. Elle quitta son fils et se dirigea vers la chapelle de l'institution.