Desert Palm
Service de réanimation
20 mars 2010
21 heures 14
Entre le palace et l'hôpital, Grissom avait eu le temps de réfléchir. Réfléchir aux trois derniers mois qui venaient de passer. Réfléchir au sens réel de sa vie. Réfléchir à sa vie passée qu'il avait tant pris soin de cacher. Il n'avait pas confié son secret à Sofia et maintenant il allait devoir tout lui dire avant que le maitre-chanteur ne le fasse pour lui.
Il savait que Christopher était au service de réanimation. Il savait que Gabrielle serait seule, près de son fils. Il la trouva assise sur une chaise du couloir. Elle tenait un mouchoir dans ses mains. Tout à l'heure, au palace, il ne l'aurait pas reconnu. Dieu qu'elle avait vieilli ! Gabrielle avait quatre de plus que Grissom mais elle paraissait en avoir dix de plus… Il s'assit à ses côtés, en silence. Elle ne trembla en sentant sa présence.
« Les médecins ont dis qu'il allait s'en sortir seulement ils ne veulent pas se prononcer clairement sur son état. La balle qu'il a reçue aurait gravement endommagé sa moelle épinière… » expliqua Gabrielle à voix basse.
« Gabrielle, as-tu quelque chose à me dire ? » demanda Grissom en regardant intensément et très sérieusement Gabrielle.
« Christopher t'a toujours aimé, Gilbert. Il voulait être comme toi. Tu étais son idole. Tu l'es toujours. Il a suffit d'une parole et nos vies ont été bouleversées à jamais. Elle ne lui a jamais pardonnée. Remarque si on avait été honnête dès le début rien de tout cela ne serait arrivé… » ironisa-t-elle, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
« Ça a un rapport avec ceci ? » Gil sortit les affaires reçues du maitre-chanteur. « Qui vous fait chanter, Gabrielle ? »
« Je ne sais pas… Ses papiers, ses photos étaient dans mon coffre… On… »
« Pauline, ta belle-fille, m'a dit qu'on avait forcé ton coffre. Qu'y avait-il d'autre dans ce coffre ? »
« Il y avait tous les papiers personnels laissés par Victoria avant son départ pour la Slovénie. Il y avait aussi… »
« Il y avait quoi ? »
« Il y avait sa demande de divorce. Gil, Victoria avait effectué cette démarche pour te pousser à réagir. Elle t'aimait seulement elle ne voulait pas continuer à être une ombre qui passait dans ta vie, elle ne voulait pas que tu fasses subir cela à Audrey et Emmanuelle. »
« J'aimais Victoria, j'aimais mes filles. Jamais je ne l'aurai laissé partir. Je pensais que nous étions arrivés à trouver nos repères. Victoria aimait son travail. Tu ne crois pas que j'en ai souffert ? Tu crois que je n'ai pas souffert de me retrouver seul chez nous alors qu'elle tournait des films, qu'elle embrassait des hommes très séduisants ? J'ai tout perdu dans ce crash, Gabrielle ! J'ai tout perdu. »
« Si tu l'aimais autant que tu le dis, tu serais venu à son enterrement. » répliqua Gabrielle.
« Je suis venu… Je ne suis simplement pas venu m'asseoir près de vous, c'est tout. Je n'ai jamais été le bienvenu dans votre famille. Le 1er décembre a été la fin de notre relation. Qu'est-ce que ta famille a fait pour que ce passé remonte à la surface ? J'ai passé près de trente ans à enfouir ses souvenirs douloureux au fond de ma mémoire et du jour au lendemain, je reçois des coups de fils étranges. On dépose ces papiers dans ma voiture. Il n'y a aucune empreinte sur l'enveloppe. Rien. J'ai refais ma vie, ma femme et moi avons eu un garçon. Personne ne sait ici pour notre relation. »
« Elle est vivante ! Voilà pourquoi on s'acharne sur nous ! Tu entends ? Elle est vivante ! Chris a voulu qu'elle lui pardonne alors il a monté cet hommage à Victoria ! Il voulait qu'elle lui pardonne ! Quand elle a su la vérité sur toi, elle s'est mise en colère et nous a tous maudits… Depuis, le malheur, la malchance, les coïncidences se sont abattues sur notre famille. »
« De quoi tu parles, Gabrielle ? » demanda Grissom qui ne comprenait pas pourquoi Gabrielle s'emportait de la sorte.
« Rachid est mort, soi-disant, accidentellement alors qu'il faisait l'ascension du Mont Blanc avec des amis. Mes parents ont trouvé la mort en voiture alors qu'ils allaient à Paris. » Gabrielle s'était remise à pleurer.
« Les accidents en montagne, surtout en France, arrivent fréquemment tout comme les accidents de voiture. En France, vous avez toujours un nombre impressionnant de morts sur vos routes. » renchérit Gil.
« Et que ces accidents aient eu lieu à chaque fois à des moments précis ou des dates précises, tu trouves toujours que ce sont des coïncidences ? Mes parents sont morts le 12 décembre 1999 à 12 kilomètres de la propriété. Rachid est mort le 1er décembre 2001. Elle nous hurlait aux oreilles qu'elle nous maudissait, Gil. Elle a déchainé sa colère. Elle a toujours cru dur comme fer au spiritisme. Elle a voulu nous faire payer. Quelqu'un est au courant de ses propos. On me fait chanter depuis qu'un producteur a décidé de faire trois films retraçant la vie de Victoria. Le corbeau a, en sa possession, le journal intime de Victoria ainsi que des papiers juridiques appartenant à mes parents. »
« Ils sont tous morts dans le crash, Gabrielle. Tous. » Grissom commençait à avoir peur de ce qu'il allait apprendre quand son portable retentit. « Grissom. »
« Grissom, c'est Nick. Nous avons deux empreintes qui sortent du lot. L'une est inconnue sur la base de données nationale. L'autre est la réplique exacte d'une personne disparue avant 2000. »
« Son nom, Nick. » réclama sèchement Griss.
« Il s'agit d'Emmanuelle Bertier… Tiens le même nom que notre enquête non classée et celle sur laquelle on bosse actuellement… » pensa Nick à vois haute. « Vous êtes où ? Allo ? Grissom ? » Nick n'obtint que la tonalité, Grissom avait raccroché.
« Emmanuelle est vivante ? Elle est vivante et vous me l'aviez caché ! » s'insurgea Grissom en quittant précipitamment le service.
« Gilbert… Gilbert ! » Gabrielle suivit Gil à l'extérieur.
