451 Summerlin, Las Vegas
21 avril 2010
Warrick et Sara étaient venus une première et dernière fois dans la maison bleue qu'ils occupaient jusqu'à l'agression de Sara l'automne précédent. Ils avaient obtenu l'autorisation de récupérer les affaires des enfants ainsi que quelques effets personnels. Après avoir longuement réfléchi, Warrick avait décidé de léguer sa maison à un jeune couple qui entamait la vie commune. La petite maison représentait tant de souvenirs heureux mais aussi malheureux aux yeux du jeune père. La maison était trop petite accueillir une famille de six personnes. Sara venait d'entamer son 5ème mois de grossesse. Les bébés se portaient bien et grandissaient normalement dans son ventre. Le couple n'avait pas pu garder longtemps le secret. Leurs collègues et amis savaient que la joyeuse petite famille allait accueillir des jumeaux. Rachel et Michael commençaient à montrer des signes de jalousie. Ils accumulaient bêtise sur bêtise. Sara était très soutenue par Augie.
Cependant, Sara s'inquiétait du comportement de son amie. Augie était continuellement tendue, elle était toujours sur le qui-vive. Les disputes avec Greg étaient fréquentes. Au travail, Grissom avait reproché, publiquement, à Augie de ne pas s'investir dans l'affaire Benarka. La jeune femme n'avait pas apprécié et n'avait pas hésité à répondre outrageusement à Grissom. A chaque fois qu'ils se trouvaient dans la même pièce, l'atmosphère était pesant, lourd, orageuse.
Ce jour-là, Warrick venait faire ses adieux à la maison de son enfance, de son adolescence. Après avoir chargé sa voiture, Warrick se tint devant le porche, les mains sur les hanches. Les souvenirs s'accumulaient dans sa tête. Sara le rejoignit, l'enlaça et colla son visage contre son dos. Warrick pivota et prit sa compagne dans ses bras. Des larmes coulaient le long de ses joues. Il plongea son visage dans le cou de Sara et respira l'odeur de sa peau.
« Ça va aller, Warrick… » chuchota Sara en passant la main dans les cheveux de son amant.
« On y va ? Les enfants nous attendent chez Nick. » répondit-il en passant un bras dans le dos de la future maman.
« Quand tu veux… » Sara lui sourit et se mit sur les pointes pour embrasse l'homme de sa vie. Il répondit à son baiser et l'entraina vers la voiture.
Le monospace de la famille Brown avait quitté l'allée privée de la maison bleue dix minutes plus tôt. Une berline noire, vint se garer devant. Madame Baldwin, la voisine, était en train d'étendre le linge. Elle remarqua immédiatement la voiture. Il était rare de voir un véhicule aussi luxueux dans le quartier. Un homme blanc en descendit. Elle avait le soleil dans les yeux et n'arriver pas à distinguer le visage du nouvel arrivant qui se dirigeait vers elle.
« Bonsoir, Madame. » fit l'homme.
« Bonsoir… Vous êtes perdus ? » questionna Mme Baldwin en détaillant son interlocuteur, très bien habillé.
« C'est bien la maison de Mona Brown ? » demanda-t-il en montrant la petite maison bleue du doigt.
« Oui mais il n'y a personne depuis longtemps. » répondit-elle, méfiante.
« Vous ne savez pas où je pourrai trouver sa fille, Nina ? »
« Vous lui voulez quoi à Nina ? »
« J'étais avec elle au lycée. J'ai quitté Las Vegas il y a très longtemps et j'aurai voulu la revoir. »
« C'est impossible. » Mme Baldwin avait posé son linge sur le fil et continuait de répondre aux questions de l'inconnu.
« Elle a déménagé ? Vous ne savez pas où je pourrai trouver sa mère ? » L'inconnu tendit le linge à Mme Baldwin.
« Elles ne sont plus ici depuis longtemps… Votre visage me dit quelque chose… On ne serait pas déjà rencontrés ? »
« Si vous habitiez ici dans les années 70 ? »
« Oui. Je vis ici depuis près de 50 ans ! J'en ai vu des choses ! »
« Vous vous rappelez peut-être de moi ? Jason Mills. J'étais en classe avec Nina. » L'inconnu s'avérait donc ne pas être un inconnu.
« Pauvre Nina… Je n'ai jamais compris pourquoi vous l'aviez laissé tomber alors qu'elle traversait des moments difficiles. Mme Brown lui avait bien dit ! Fréquenter un blanc n'était pas une chose à faire ! » maugréa la vieille dame.
« Nina savait pourquoi je partais. On en avait même parlé le jour de mon départ. Elle était la seule à me comprendre. Tout allait bien quand je suis parti pour le Vietnam. Je lui ai écris de là-bas mais mes lettres me sont toutes revenues. Je travaille ici depuis quelques mois. J'ai trouvé le temps de revenir pour la voir. Vous savez où je peux la trouver ? » redemanda Mills.
« Alors… Vous n'êtes pas au courant ? » Mme Baldwin était devenue pâle. « Mais Nina est morte, Jason… Elle a rejoint le seigneur un beau matin d'avril. Elle est au cimetière méthodiste de Las Vegas. »
« Elle… Elle est morte de quoi ? » demanda Mills, sous le choc.
« Overdose, il me semble. Le 24, c'est l'anniversaire de sa mort. Rendez-lui visite. Des lys blancs, Nina adorait les lys blancs. » se rappela Mme Baldwin en suivant Mills des yeux.
Cimetière méthodiste
24 avril 2010
« Michael, pose les fleurs là. » Warrick avait un splendide bouquet de fleurs blanches dans les mains et montra à son fils où mettre le lys blanc qu'il tenait dans sa petite main.
« Là, papa ? » Michael s'était accroupit face à la pierre tombale où reposait Nina Brown.
« Je peux ? » demanda Rachel qui tenait la main de Sara.
« Oui. » acquiesça Warrick après avoir déposé son bouquet sur sa mère.
« Merci. » Rachel avança doucement avec sa maman. « Voilà. » dit-elle fière, ses petits yeux marron pétillants.
« C'est bien ma chérie. » Warrick chassa une mèche de cheveux du visage poupin de la petite et la passa derrière son oreille. Rachel avait grandi. Elle ressemblait de plus en plus à Greg.
« On rentre. » décida Warrick après avoir observé un temps de silence. Il prit la main de Sara.
« Bonjour… » fit simplement Mills qui tenait un bouquet de lys dans la main en rencontrant la petite famille au détour d'une allée.
« Mr Mills. » le salua Warrick. « Vous avez de la famille ici ? Je pensais que vous étiez originaire de Minneapolis. »
« Exact. J'ai vécu à Las Vegas il y a longtemps. Je suis venue présenter mes respects à une amie. Excusez-moi, Madame… Jason Mills. Je suis le chef de la sécurité au palace Champagnac. » se présenta Mills en serrant la main de Sara.
« J'ai eu l'occasion de croiser Mr Mills durant l'affaire Benarka. » expliqua Warrick. « Sara Sidle, ma compagne. Elle travaille pour la police scientifique. »
« D'habitude… Là, je suis en congé forcé. » fit remarquer Sara en désignant son gros ventre.
« Toutes mes félicitations ! Je vois que vos enfants s'impatientent… Je vous laisse. » Mills présenta sa main au jeune couple et les quitta.
« Il faudra que je regarde quelque chose au boulot tout à l'heure. » Warrick vit disparaître la silhouette de Mills dans le soleil couchant.
« Quelque chose te tracasse ? » s'enquit Sara.
« Il me semblait qu'il était français, c'est tout… » répondit-il avant d'embrasser la tempe de Sara.
Mills chercha un long moment avant de trouver la tombe de Nina. En arrivant, il trouva la tombe recouverte de fleurs blanches. Il déposa les fleurs avec les autres et sortit une rose rouge de son bouquet. Il la plaça sur la pierre tombale. Ses yeux s'attardèrent sur la gravure de la pierre : Nina Brown – 1950 – 1978 – A ma fille – A maman.
« Elle a eu un enfant ? » pensa Mills, abasourdit.
La première chose que fit Mills en quittant le cimetière fut d'aller à l'état civil. Nina avait été son seul amour et même si elle l'avait remplacé, il voulait faire la connaissance de sa famille. Savoir qui était son mari, ses enfants. L'employée de la mairie lui fit une copie. Mills était stupéfait de voir que Nina n'avait eu qu'un seul enfant : Warrick James Brown né le 10 octobre 1971 à Las Vegas, Nevada ; fils de Nina Mary Brown et de père inconnu. La date de naissance de Warrick résonnait dans la tête de Mills une envolée de cloches à Pâques.
En arrivant au Champagnac, le chef de la sécurité demanda sa soirée à Gabrielle Benarka. Il n'exposa pas de motifs sinon que c'était personnel. Une fois seul dans son appartement, Jason Mills chercha l'adresse de Warrick dans le bottin mais ne le trouva pas. Il regarda sa montre : 21 heures 34. Jason sortit une petite boite de son chevet et regarda des photos avant de les mettre dans la poche intérieure de sa veste.
Laboratoire de la police scientifique
22 heures 01
Warrick était arrivé plus tôt au travail ce soir-là pour tirer au clair son entrevue avec Jason Mills. Il allait rejoindre Augie en salle d'interrogatoire lorsqu'il tomba nez à nez avec Mills.
« Mr Mills ! J'allais justement demander au capitaine Connelly de m'accompagner pour vous interroger. Vous nous avez menti, Mr Mills. » déclara Warrick en faisant entrer Mills dans une salle d'interrogatoire vide. « Vous avez déclaré au capitaine Brass avoir la nationalité française. J'ai consulté votre dossier. Vous êtes né à Minneapolis en 1948. Vous êtes venu vivre à Vegas en 1965 avec vos parents. En février 1971, vous intégrez l'armée. Vous avez été médaillé à plusieurs reprises durant la guerre du Vietnam. En 1979, vous demandez la nationalité française. »
« Affirmatif. Je suis français. J'ai passé la majeure partie de ma vie en France à travailler pour la famille Bertier. Je travaillais pour eux avant même que Mr Grissom entre dans la famille Bertier. »
« Pourquoi avoir menti alors ? » demanda Warrick en jetant le dossier sur la table.
« Je n'ai pas menti. Je ne mens pas. Un soldat est loyal et honnête. »
« Comment connaissez-vous Grissom ? Ne me dites pas qu'il fait partie de la famille Bertier car c'est faux. Grissom ne parle pas un mot de français. »
« Votre patron, Mr Brown, a été l'unique époux de Victoria Bertier. De plus, il parle français. N'est-ce pas, Mr Grissom ? » demanda Mills en voyant Gil entrer dans la pièce.
« Grissom ? » Warrick s'était retourné et voyait de la colère et de la honte dans les yeux de son chef.
« Cela doit rester entre nous, Warrick. » répliqua Grissom avant de ressortir, plus tendu que d'ordinaire.
« J'en ai marre de tous ses mystères ! Pendant que j'y suis, qui alliez-vous voir au cimetière cet après-midi ? » demanda Warrick.
« Votre mère. » répondit calmement Jason. « J'ai été amoureux de votre mère et je le suis encore. »
« Vous l'avez connu quand ? »
« Je sortais avec votre mère depuis le lycée. Quand je me suis engagé dans l'armée, je ne savais pas qu'elle était enceinte… Pardonne-moi… » s'excusa le vétéran.
Warrick s'assit lentement. La voix suppliante de Mills sonnait comme un écho dans son esprit. La salle tournait vite autour de lui. Il sentait les battements de son cœur s'accéléraient. Il mit sa tête entre ses mains puis il la releva légèrement. Son regard plongea dans celui de Mills. Comment cet homme pourrait être son père ? Il était blanc ! Warrick détailla la personne face à lui. Jason Mills avait les cheveux poivre et sel. Il était très grand, très musclé. Des rides s'étaient dessinées au fil du temps. Ses yeux verts étaient éclatants, une lueur de joie et de confusion y brillait. Sans dire un mot, Warrick quitta la pièce. Il avait besoin de respirer, de l'air frais à la lueur des étoiles.
Mills est-il le père de Warrick ? Quand Grissom va-t-il avouer certains de ses secrets ? Qu'est-il vraiment adevenu d'Emmanuelle ? Vous le saurez bientôt !
