Augie n'éteignit pas son moteur. Elle entra rapidement chez elle et se dirigea dans son bureau. Elle ne prit pas le temps de refermer derrière elle. Elle ouvrit un placard dans lequel était caché un petit coffre-fort. La petite porte blindée s'ouvrit. Augie s'empara d'un coffret contenant une arme et des balles. Elle mit le tout dans sa poche. Son téléphone cellulaire la fit sursauter…


Grand magasin, Henderson

10 mai 2010

10 heures 01

Augie arriva sur le parking du supermarché en peu de temps. Elle avait reçu un appel du central l'informant qu'un braquage avec prise d'otages avait lieu. Le suspect avait été formellement identifié par un officier en uniforme qui avait réussi à s'échapper et appeler les secours. C'était la deuxième fois qu'elle entendait le nom de Sweeney. C'était une fois de trop pour la jeune femme. Elle avait fait un crochet par chez ses amis pour embrasser son fils et laissa une enveloppe pour Sara et une autre pour Greg au cas où il lui arriverait quelque chose. Sara ne devait l'ouvrir que s'il advenait quelque chose à Augie.

Des voitures de police encerclées le supermarché. Des ambulances étaient présentes tout comme les journalistes. Warrick et Nick étaient sur les lieux et bavardaient avec leurs collègues de la police. Grissom était avec Brass pour recueillir les indices sur l'officier Crawford qui avait appelé les secours. Elle descendit de son véhicule, tel un automate et se dirigea d'un pas décidé en direction de son chef. La nomination d'Augie au poste de capitaine n'était toujours pas officielle.

« Capitaine. » fit Augie en interpellant son chef. « Vous avez réussi à parler avec le preneur d'otages ? »

« Non pas pour l'instant. Je prends la déposition de Crawford. Sweeney n'a pas répondu à mes appels. Il détient une vingtaine de personnes y compris le personnel du magasin. » répondit Brass.

« Il n'a pas répondu car vous ne l'intéressez pas, capitaine. » déclara-t-elle sans laisser transparaitre ses sentiments.

« Vous avez été briefée sur ce fou ? C'est un psychopathe manipulateur. »

« Je sais qui il est. J'ai participé à son arrestation. Sweeney est là pour moi. »

« Que voulez-vous faire ? » demanda Grissom qui analysait le comportement détaché de la jeune femme.

« Lui proposer un échange. Les otages contre moi. Je le connais trop bien. Il acceptera. » affirma-t-elle sûre d'elle.

« C'est de la folie, Augie ! Je ne peux pas vous laisser faire ça ! » s'indigna Brass.

« Si vous pouvez et vous allez me laisser faire. »

« Je vous laisse une chance. Vous allez mettre un gilet pare-balles et vous porterez un micro. Pas de bêtises, je ne veux pas que ma remplaçante ait besoin de jouer les héroïnes pour impressionner le shérif ! » Brass avait laissé tomber. Il savait qu'Augie pouvait lui tenir tête pendant longtemps et le temps leur était précieux.

Un technicien de la police brancha un micro sur la jeune femme et lui montra son fonctionnement. Elle enfila le gilet. Elle retourna à son véhicule et prit son arme personnelle prise à son domicile. L'arme était parfaitement cachée dans son dos, sous le gilet. Elle retourna vers ses collègues.

« SWEENEY ! C'EST CONNELLY ! RELACHE LES OTAGES » intima la jeune femme en se tenant devant la porte d'entrée du magasin.

« JETEZ VOTRE ARME AU SOL ! » cria le malfaiteur qui la tenait en joug et avait pris un otage comme bouclier.

« REGARDE… JE POSE MON ARME… » Augie s'accroupit et posa son arme au sol et la dégagea sous un rayon. « RELACHE-LES MAINTENANT. »

« MARCHE CONCLU AGENT CONNELLY. » répondit Sweeney avec un sourire et indiqua aux otages de quitter les lieux, ce qu'ils firent en courant.

« Je rentre. » Augie avait passé une main sous son gilet.

« Otages en sécurité. Faites attention. » répondit Brass qui observait la scène avec les experts.

« Pardonnez-moi… Je n'ai plus rien à perdre… » murmura Augie avant de couper le micro.

« Connelly ? Connelly ! » Un grésillement faisait écho aux réclamations de Brass. « Bon Dieu ! »

« Que se passe-t-il ? » demanda Nick.

« Elle a coupé le micro ! » aboya Jim Brass.

« Elle a fait quoi ! » redemanda Warrick, les yeux écarquillés.

Les otages arrivèrent en courant vers les secouristes et les policiers. Dans la foule, Grissom reconnut Carmen Barboza, employée par la famille Bertier depuis des années. La nounou courut en direction de Jason Mills qui avait entendu le flash info à la radio. Griss alla à leur rencontre. Carmen était paniquée.

« Mr Mills ? » demanda Grissom en s'approchant d'eux.

« Mr Grissom. Vous n'avez pas vu Pauline et Sam Benarka ? Carmen les a cherchés dans la foule mais elle ne les a pas vus. »

« Non… Pourquoi ? Ils étaient à l'intérieur ? » s'enquit Grissom qui souleva le ruban de sécurité pour laisser passer Mills.

« Oui. Ils devaient faire des courses. C'est mon jour de repos. Jamais personne n'a essayé de s'attaquer à eux. » expliqua Mills qui suivit Griss au poste avancé. « Messieurs, nous avons un problème… Il reste des otages… » déclara-t-il en introduisant le chef de la sécurité.

Au même moment…

Dans le magasin

« Alors agent Connelly, où êtes-vous ? Je pensais que nous devions discuter ? » fit Sweeney qui retenait Pauline et Sam Benarka en otage.

« J'arrive, Robbie. Je tiens d'abord à m'assurer que vous n'avez pas posé de bombes dans le magasin… » mentit la jeune femme en faisant le tour. Elle savait que Sweeney n'avait pas été honnête. Elle avait vu les otages dans le miroir au fond du magasin.

« Vous vous rappelez ? C'était marrant de voir vos cloportes de collègues ramasser les restes de cette fille éparpillée dans l'appartement… Je vous promets. Pas de bombes. Je vous ai réservé une surprise tout aussi explosive, agent Connelly. » ironisa-t-il en regardant le visage horrifié de Pauline pendant que Sam proférait des insultes en arabe et en français à l'égard du malfaiteur.

« Vous m'avez acheté des roses ? Vous vous rappelez ? Vous m'aviez demandé quelles étaient mes fleurs préférées quand je vous ai arrêté à New York. » Augie s'était accroupie dans un rayon et avait sorti son arme personnelle. « Hum… » grimaça-t-elle lorsqu'elle ressentit une fulgurante douleur dans la poitrine. « Pas maintenant… » supplia-t-elle.

« C'était pour votre enterrement, ma chère. Je commence à m'ennuyer, vous êtes où ? » Sweeney avait les yeux brillants de rage.

Poste avancé de la police

Au même instant…

« Ça y est ! Je pense être arrivé à pirater la vidéosurveillance du magasin… Voilà… » Archie avait été appelé en renfort. Augie ayant coupé son micro, il était impossible de savoir ce qu'il se passait à l'intérieur.

« Là ! Sam et Pauline ! » Mills montra le couple sur la vidéo de la caméra 4. « Si j'avais su… J'aurai dis à un de mes gars d'être avec eux… »

« Si tu avais dis à un de tes gars de les accompagner, la prise d'otages aurait tourné au bain de sang. » rétorqua Warrick qui ne s'était pas rendu compte de son tutoiement vis-à-vis de Mills. Il avait appris que les tests ADN s'étaient révélés positif. Jason Mills était son père. Cette nouvelle l'ébranlait encore.

« Depuis quand tu le tutoies ? » demanda Nick avant de regarder l'ordinateur. « C'est quoi ce machin qui brille ? » Il montra un point lumineux sur l'écran.

« Une arme… Mais ce n'est pas l'arme d'Augie… Où est-elle allée la dégoter ? » s'interrogea Brass.

« C'est vrai ça… Elle a posé son arme au sol en entrant dans le magasin. Elle m'épatera toujours cette nana… » sourit Nick.

Dans le magasin…

« Relâche-les Sweeney ! » Augie se tenait derrière le braqueur, les mains tremblantes.

« Oh ! Comme s'est touchant… Vous avez pris avec vous votre chère antiquité… » se moqua le malfrat en saisissant le bras de Pauline mais il s'arrêta brusquement.

« Si j'étais toi je n'essaierai pas… » articula Augie en avançant.

« Vous avez triché, agent Connelly… » Sweeney pointa son arme vers Augie.

« Laisse-les partir… » répéta Augie qui quitta ses lunettes de soleil et son gilet. « Pauline, Sam, a mi cálculo, usted hunde detrás del rayo. OK ? » Augie leur ordonna, en espagnol, de plonger derrière le rayon. Elle savait que Sweeney ne comprendrait pas.

« Gracias. » répondit Pauline en hochant de la tête.

« Elle vous remercie pourquoi ? » demanda Sweeney mi-gêné mi-coléreux.

« Je lui ai dis que vous alliez baisser votre arme et que tout allait rentrer dans l'ordre… » mentit Augie. « Maintenant, rendez vous. » lui intima-t-elle.

« Pas avant d'avoir raconté ma petite histoire… » Un rictus diabolique s'afficha sur le visage mal rasé de Sweeney.

« Je n'aime pas les histoires… » Augie reculait lentement, prévoyant de se mettre à l'abri.

« Pourtant vous devriez aimer celle-ci. » Il tira une balle en l'air pour effrayer la jeune femme.

« Pour mon salut… » marmonna-t-elle après avoir tiré sur son adversaire dans la jambe, le faisant fléchir.

« Non, vous n'aimez pas les histoires… » déclara-t-il après avoir compris que ses otages n'étaient plus derrière lui. « Vous êtes bizarre… J'aurai mis ma main à couper que vous auriez voulu savoir l'identité de votre père… Un homme charmant entre nous… » Il brandit une feuille de papiers à Augie qui sembla baisser sa garde. Sweeney profita de cette faiblesse pour tirer et toucha Augie à l'épaule droite.

Poste avancé de la police

Au même instant…

« Augie ! » cria Warrick en sortant de la tente et en courant vers le magasin.

« Warrick ! Attends ! » Nick était parti à la poursuite de son ami qui voulait secourir la jeune femme.

« Merde ! Elle a fermé derrière elle ! C'est du suicide Nick ! On ne peut pas la laisser faire ! » Warrick était désemparé, il avait envie de pleurer mais ne pouvait pas.

« Elle va bien ! » les avertit Brass depuis la tente avant d'y retourner. « Sacré gamine ! Tiens ? Je ne savais pas qu'elle pouvait tirer avec la main gauche… » remarqua le vieux flic.

« C'est rare… C'est la première fois que je vois ça. » fit Grissom qui ne quittait pas la scène se jouant sous leurs yeux.

« J'hésite entre lui passer un savon ou la féliciter. » Brass était désappointé.

« Archie ? Vous pouvez me repasser le moment où elle a parlé avant de tirer. Je voudrais savoir ce qu'elle a dit… Les otages se sont mis à l'abri juste après ses paroles. » demanda Grissom.

Dans le magasin…

« Salaud ! Vous ne savez rien de moi ! Vous ne savez rien de ma vie ! » Augie se tint l'épaule droite et prit son revolver qu'elle pointa à nouveau sur Sweeney. « Pour mon honneur… » Et elle tira une nouvelle fois sur le malfrat l'atteignant à l'abdomen.

« Pourquoi crois-tu que je suis venu ici ? Ton père vit à Vegas… Ah… » gémit Sweeney, baignant dans son sang. « Tu entends ? Tes… amis arrivent… Je vais leur dire… que tu as délibérément… tirer sur moi… » Des coups provenaient de la porte d'entrée du magasin.

« Je n'ai plus rien à perdre… J'ai déjà tout perdu… La vie m'a rattrapé, Sweeney. Je ne la quitterai pas sans t'avoir emmené en enfer avec moi ! » Augie avançait péniblement vers le malfaiteur. Elle ne se préoccupait pas de ses amis. Elle entendit Pauline ouvrir aux policiers et continua, difficilement, son chemin vers Sweeney. « Pour ma famille… » dit-elle avant de tirer à bout portant dans la poitrine de son ennemi. Les larmes coulant sur son visage.

« Augie ? Où es-tu ? » Warrick avait sorti son arme de son holster et avançait lentement dans les allées. Nick était allé accompagner les otages près des secours.

« Là… » Augie s'était relevée et s'adossa à une étagère. « Je suis là, Warrick… » Des perles de sueur coulaient sur son front, le sang coulait de son épaule. Elle ne s'était pas rendue compte que sa voix était faible.

« Augie ? Où es-tu ? » Warrick continuait son avancée lorsqu'il entendit un grand fracas à une dizaine de mètres de lui. Il courut en direction du bruit, suivit par des officiers. « AUGIE ! »