« Augie ? Où es-tu ? » Warrick continuait son avancée lorsqu'il entendit un grand fracas à une dizaine de mètres de lui. Il courut en direction du bruit, suivit par des officiers. « AUGIE ! »

Warrick accourut auprès d'Augie, gisant dans son sang, inconsciente. Non loin d'elle, un pot en terre brisé avec du sang. Il se laissa tomber et prit son poignet. Son pouls était normal. Il poussa quelques mèches ensanglantées et crut voir un ange. Un ange endormit. Il lui caressa la joue mais n'obtint aucune réaction.

« Augie ? Hé… Réveille-toi… » Warrick déchira sa chemise et l'appliqua fortement contre l'épaule blessée de la jeune femme. « Appelez les secours ! Vite ! » implora Warrick avant de parler dans son talkie. « Officier à terre ! Officier à terre ! Besoin d'aide ! » répéta-t-il. « Tiens le coup Augie… »

« War ? Comment va-t-elle ? » Nick était revenu près de son ami.

« Elle respire mais elle est inconsciente. Les secouristes sont où ? » maugréa Warrick en tournant la tête en direction de l'entrée.

« Ils arrivent. Sweeney est vivant ? » Nick s'était relevé et mettait ses gants.

« Je sais pas. Je reste avec Augie. » Warrick continua de maintenir la pression sur la blessure de la jeune femme.

« Hey, Warrick ! Viens voir ! » l'appela Nick.

« Quoi ? » Warrick avait demandé à un officier de tenir le garrot sur l'épaule et avait rejoint son collègue.

« Il est mort. » Nick montra le cadavre de Sweeney. « Regarde… » Nick prit une douille et la montra à son ami. « Ça ne te rappelle rien ? »

« C'est une douille de 6.35… Augie n'a pas de 6.35… Qu'est-ce que ça veut dire ? » Warrick regarda autour de lui et ramassa deux autres douilles identiques.

« Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ? » demanda Grissom en arrivant derrière ses hommes.

« Trois douilles de 6.35. » répondit Nick.

« Où est Augie ? » Warrick passa la tête dans une allée mais ne vit plus son amie.

« Les secouristes l'ont emmené… Avant de partir, est-ce que l'un de vous à parler au capitaine Connelly de la citation trouvée sur les douilles du motel ? » Grissom avait pris les douilles dans la main et les examinaient.

« On a du en parler comme ça avec Greg… » répondit évasivement Warrick en partant.

« Bien… Merci. » remercia Griss. « Vous devriez aller chercher votre mallette. »

« Oui. On appelle du renfort ? » demanda Nick.

« … »

« Grissom ? J'appelle du renfort ? »

« Hum… Oui… Appelez Cath… » Grissom avait réussi à décrypter les paroles d'Augie sur la vidéosurveillance.

« Grissom ? Connors a trouvé ça lorsque les ambulanciers ont transporté Augie, c'est tombé de sa main… » Brass tendit un papier tâché de sang qu'il avait pris soin de mettre dans un sachet de pièces à conviction.

« Moui… Qu'est-ce que c'est ? »

« Une partie du puzzle Bertier… » Brass resta évasif. « Je pense que vous devez laisser la place à Catherine sur cette affaire… »

« Pou… » Grissom resta muet en lisant les quelques lignes inscrites sur le papier. Il tenait dans ses mains, les originaux des actes de mariage et de naissances de ses filles. « Où est Mills ? » Grissom sortit de sa rêverie et courut en direction de la sortie.

« Il a raccompagné la nounou et le petit au Champagnac, pourquoi ? »

« Je dois savoir la vérité ! » Grissom s'arrêta un bref instant et chercha Pauline Benarka du regard. « Mme Benarka ! Pauline ! »

« Oui ? Je n'ai pas le temps pour les questions, Mr Grissom… Mon mari va être transporté à l'hôpital et… »

« Ça ne prendra que 2 minutes. Lors de notre entrevue au palace le mois dernier, vous m'avez dis qu'Emmanuelle était capable de tout pour protéger sa famille. Est-elle capable de tuer un homme de sang-froid ? » Grissom avait peur de la réponse.

« Emmanuelle a toujours mal vécu le fait qu'on lui mente, Mr Grissom. Une chose est sûre, elle ferait n'importe quoi pour protéger ceux qu'elle aime. Elle irait même jusqu'à se sacrifier. » Pauline appuya bien sur ses mots en entrant dans l'ambulance.

« Gil. » Sam demanda au secouriste d'ouvrir la porte. « Elle n'a jamais su qui était son père. Pardonne-la et pardonne-nous. »

Desert Palm

Service des urgences

11 heures 45

« Femme. 30 ans. Touchée par balle à l'épaule droite. A reçu un objet lourd sur la tête. Inconsciente. Pouls régulier malgré une forte fièvre. » énonça Hank qui avait pris en charge Augie.

« Merci. » dit simplement une infirmière des urgences avant de fermer le rideau.

« Comment va-t-elle ? » demanda Warrick à Hank.

« Je ne sais pas. Elle ne s'est pas réveillée durant le trajet en ambulance. C'est la femme de Sanders, c'est bien ça ? »

« Oui. Nick est allé le chercher. » acquiesça Warrick en s'asseyant dans la salle d'attente.

« Comment va Sara ? » demanda Hank.

« Elle va bien. Greg devait être avec elle à la maison avec les enfants. On évite de la laisser seule. On va avoir des jumeaux ou des jumelles enfin… Peu importe du moment que tout le monde va bien. »

« Félicitations ! » Hank présenta sa main à Warrick qui la prit et la serra. « Tu passeras le bonjour à Sara pour moi. Je dois retourner bosse. »

Warrick resta seul un long moment avant de voir arriver Greg. Le jeune père était affolé. Pendant la prise d'otages, le médecin d'Augie avait téléphoné. Elle devait se rendre immédiatement à l'hôpital…

« Warrick ! Elle est où ? » demanda Greg sans reprendre son souffle.

« Ils sont en train de l'examiner. Elle a prit une balle dans l'épaule. Je suis désolé Greg… Je ne savais pas qu'elle allait faire ça… » s'excusa Warrick très affecté par les événements.

« Il faut que je parle à l'équipe médicale ! » Greg chercha la salle où se trouvait sa femme. Il frappa à une porte et fit sortir une infirmière.

« Vous ne pouvez pas entrer Monsieur… »

« C'est ma femme qui est là ! Je dois voir un médecin immédiatement ! » s'énerva Greg en essayant de forcer le passage.

« Je suis le Dr Vijnic. » se présenta un médecin en blouse de protection à Greg presque hystérique.

« Je suis le mari d'Augie Connelly. Son médecin traitant a appelé tout à l'heure… Elle a… Enfin… Ma femme a été diagnostiquée leucémique… » Greg commençait à se calmer. Le plus dur pour lui était de dire que sa femme était gravement malade et non pas le fait de la voir entourée de médecins, d'infirmières.

« Merci de nous avoir informé de cela. Nous allons faire tout notre possible… » fit Vijnic en tapotant sur l'épaule de Greg.

« Sauvez-la… C'est tout ce que je demande… » Greg était hébété. Il avait l'impression que tout tournait autour de lui.

« Viens, Greg… » Warrick se tenait derrière son ami. Il avait tout entendu… Il comprenait les paroles d'Augie quelques heures plus tôt. Tout était devenu plus limpide. « On va s'asseoir… »

« Je croyais… Je croyais qu'elle était enceinte, War… J'en étais persuadé… Je pensais… Bon sang Warrick ! Pourquoi est-ce que je n'ai rien vu ? Hein ? Dis-moi ! » Greg prit sa tête dans ses mains et se tirait les cheveux.

« Personne ne pouvait deviner… Même moi j'ai cru qu'elle était enceinte… Ce qu'elle a dit en entrant dans le magasin, tout à l'heure… ça aurait dû me mettre sur la voie… » Warrick se sentait tout aussi responsable.

« Elle a dit quoi ? »

« Qu'elle n'avait plus rien à perdre… Elle devait l'avoir compris, même inconsciemment… Elle va se battre. Augie Connelly est une battante, Greg ! »

« Pardon ? Vous êtes Greg ? » demanda Pauline Benarka en s'approchant des deux hommes.

« Ou… Oui. Vous êtes Pauline Benarka, c'est bien ça ? » Greg avait levé la tête. La douceur de la voix de Pauline l'apaisait comme celle d'Augie.

« Je suis désolée… J'ai entendu votre conversation… Pardonnez-moi. Elle a arrêté de se battre il y a longtemps. Elle a signé ce papier demandant à ne jamais être réanimée s'il devait lui arriver quelque chose… Si elle doit partir, laissez-la partir… Elle vous aime… Pardonnez-lui, pardonnez-lui et aimez-la… » Pauline s'apprêtait à partir lorsque Greg la retint.

« Vous connaissez Augie ? » Greg avait les larmes aux yeux. Elles étaient coincées et ne coulaient.

« On s'est connu. Elle a trop souffert des mensonges, des tragédies. » Pauline laissa la demande d'Augie dans les mains de Greg et s'en alla vers son mari qui l'attendait, les traits tirés.

« Je ne comprends pas… Comment peut-on décider de tout abandonner alors qu'on a une famille géniale ? » déclara Nick en apportant des cafés.

« Toute sa vie, elle a vécu dans des mensonges. Elle a affronté la leucémie, seule, sans son père, en sachant qu'il était quelque part dans le monde. Je l'aime et je ferai tout ce qu'elle me demandera… Mais je sais aussi qu'elle ne mourra pas… » Greg avait reprit confiance et prit son café. « T'as vu Grissom ? »

« Oui. Il est dehors avec Jason Mills. Ils ont l'air de bien se connaître. Tout comme toi War. Tu as fais copain-copain avec le chef de la sécurité du palace alors ? » lâcha Nick sans voir que son meilleur ami avait le regard sombre.

« Lâche-moi avec ça Nick ! » Warrick prit son café et sa veste et sortit.

« Qu'est-ce qui lui prend à lui aussi ? On ne peut même plus plaisanter ! » ronchonna le Texan.

« Il s'en veut pour Augie… Il va se calmer. » déclara Greg.

Warrick chercha un coin tranquille dans le parc de l'hôpital pour se reposer et appeler Sara. Il remarqua deux silhouettes derrière un muret. Il reconnut Gil et Mills en pleine discussion. Sa curiosité fut piquée au vif lorsqu'il entendit que les deux hommes parlaient d'Augie.

« Vous êtes bien le chef de la sécurité ? Expliquez-moi comment une arme ayant appartenu à ma femme se trouvait sur les lieux d'une prise d'otages ? Et pourquoi le capitaine Connelly l'avait en sa possession ? Depuis que les Bertier sont revenus dans ma vie, j'ai essayé d'arrondir les angles afin que personne n'ait d'ennuies. Là ça fait trop ! »

« Pourquoi posez-vous des questions auxquelles vous connaissez déjà les réponses, Grissom ? J'ai passé la majeure partie de ma vie à protéger cette famille. J'ai sacrifié le fait d'avoir ma propre famille pour eux ! J'ai vu grandir votre fille. Je l'ai vu pleurer, rire, s'épanouir ! J'ai toujours passé les désirs des enfants en premier plan. »

« Quand vous êtes-vous rendu compte que l'arme avait disparu ? » Grissom continuait de ne pas vouloir regarder la vérité en face.

« Vous le faites exprès ou quoi ! Emmanuelle ou Augie, peu importe comment vous l'appelez, elle est venue chercher l'arme en cachette des autres il y a plusieurs mois au palace. Je ne l'ai pas reconnu. Emmanuelle a toujours aimé se déguiser. Elle m'a dit qu'elle avait besoin de récupérer certaines affaires à sa mère avant l'exposition. Je l'ai accompagné dans la pièce où Gabrielle rangeait les affaires de l'expo. Je ne savais pas qu'elle avait pris l'arme de Victoria. »

« Augie ne peut pas être Emmanuelle… Impossible. Emmanuelle et Audrey avaient les yeux bleus. Augie Connelly a les yeux aigue-marine. Ce sont des coïncidences, c'est tout. » Grissom était de plus en plus en colère.

« Emmanuelle a toujours aimé se déguiser. Je suis sûr qu'elle porte des lentilles de couleur. Elle est très intelligente. Elle a réussi à brouiller les pistes pendant des années. Je sais que vous ne voudrez sûrement pas faire cela mais… Si vous trouvez son journal intime, lisez-le. La dernière fois que je lui ai parlé, je lui ai dis que son père était à Vegas. C'était le lendemain de la tentative de meurtre sur Christopher. Elle a très mal pris cette révélation. Elle a toujours été dans les mensonges. Elle a cru que s'en était un de plus… La seule chose qui aurait pu lui ouvrir les yeux était de lire son certificat de naissance seulement il a été volé avec les autres papiers de Victoria. » Mills semblait sincère.

« Vous parlez de ce certificat ? » demanda Grissom en sortant la pièce à conviction de sa veste.

« Oui… C'est le sang du preneur d'otages ? »

« C'est celui d'Augie. » Grissom quitta Mills mais se retourna. « Vous ne savez pas combien c'est dur de perdre ses enfants et combien c'est douloureux de savoir qu'en fait on vous a menti, que vos enfants sont en vie, qu'ils ont grandi sans vous et qu'on a vieilli sans eux… Vous ne savez pas ! » dit-il en revenant sur ses pas.

« Si je sais ce que ça fait. J'ai une fille et je la vois très rarement. Par contre, je sais ce que c'est que d'apprendre que la personne qu'on aime est décédée. » Mills laissa partir Grissom.

Warrick s'était caché derrière les palmiers. Sa tête fourmillée de mots, de phrases. Augie s'appelait en fait Emmanuelle Grissom ? Mills aimait tant que ça Nina Brown ? Pourquoi tant de secrets inavoués ont-ils fini par détruire des vies ? Pourquoi ? Il vit Mills passer devant lui, sans le voir. Le vétéran semblait vraiment ébranler par les aveux qu'il venait de faire à Grissom.