Desert Palm

Service de réanimation - Box 2

19 heures 23

Greg était enfin seul. Il était assit, là, immobile, une enveloppe dans la main gauche, un gobelet de café dans la main droite. Il avait pleuré une longue partie de l'après-midi. Pleurer de colère, d'angoisse. Sa femme était dans le coma avec la leucémie. Les médecins ne pouvaient pas se prononcer. Ils ne pouvaient pas commencer le traitement de la leucémie tant qu'elle n'était pas réveillée. Cependant, ils allaient faire des examens très poussés pour voir l'ampleur de son cancer. Ils devaient, après cela, examiner quelles solutions adopter pour le traitement.

Le plus simple était un don de moelle d'un donneur de la même famille. Greg s'était rappelé qu'Augie avait fait des tests dans ce sens à New York mais aucun des enfants n'étaient compatible. Il fallait un donneur de la même famille qu'elle autrement les médecins essaieraient de prélever des cellules saines dans le corps d'Augie. Greg maudissait le fait que sa femme ne sache rien de son père ou que lui ne sache rien de la famille d'Augie.

Il posa son gobelet sur la table derrière elle et déchira l'enveloppe. Il voulait savoir, il avait besoin de savoir. Il déplia fébrilement les feuilles manuscrites ou dactylographiées. Il avala difficilement sa salive en lisant les titres des papiers dactylographiés. Il les lit en diagonale et revint à la première, la lettre de sa femme.

« Mon Greg.

A l'instant où je t'écris cette lettre, je t'imagine déjà. Je suis certaine que tu as lu en diagonale les autres feuilles et que tu as dû mal à déglutir. Il y a beaucoup d'informations à assimiler mais je te fais confiance, je te connais, tu respecteras tout ce qui est écrit. Je ne sais pas par quoi commencer… Peut-être par le début… Tu sais que je ne connais pas mon père et que j'ai passé une grande partie de ces dernières années à le chercher malheureusement je partais à la chasse au gibier avec un filet à papillon… Tout ce que je sais de mon père c'est qu'il est médecin, qu'il a les yeux bleus et que son nom de famille commence par un « G ». Tous mes papiers d'identité ont toujours porté cette initiale sauf depuis mon mariage avec Tyler. Il faut que tu saches aussi que mon prénom n'est pas Augie. C'est Tyler qui l'a inventé un jour. Quand on s'est mariés, je l'ai pris comme prénom. C'était aussi une façon pour moi de fuir mon passé et ma famille. Augie c'est le début du prénom de ma sœur, Audrey, et la fin correspond à la prononciation de mon initiale mystère. Tu m'as souvent reprochée d'être obsessionnelle vis-à-vis de Victoria Bertier. J'ai été et le serai toujours car c'était ma mère et qu'elle est morte avec Audrey trois semaines avant notre premier anniversaire… J'ai caché cette partie car j'avais peur que tu me prennes pour une folle. Je t'ai mis la copie de mon acte de mariage avec Ty. Les autorités sont passées à côté et heureusement pour moi.

Greg, je m'appelle en réalité Emmanuelle G. Bertier. Tu comprends, surement, maintenant pourquoi j'étais tant tendue dès qu'entendais mon nom. Je te demande pardon, mon chéri. Pardon de tous ses secrets, de tous ses mensonges. Je ne t'ai jamais menti en te disant que je t'aimais. Je t'aime, je t'aimerai toujours quoi que tu décides. Tu m'as redonné le sourire. Tu as toujours su que tu ne remplacerais jamais Ty. Je vous aime tous les deux de façon égale. Vous m'avez apporté tant de choses magnifiques. Tu es l'opposé de Tyler mais je suis certaine que vous vous seriez très bien entendu tous les deux. Je veux que tu acceptes, mon chéri, que je sois inhumée avec Tyler en Irlande. J'ai toujours voulu que Ty repose près des siens. J'aime l'Irlande. Si je pouvais, je demanderai à être inhumée à New York, Lambay et en Norvège. Je ne veux pas être enterrée en France. La France est l'origine de mes malheurs, je ne sais pas si j'arriverai à combattre cette saleté de cancer. Si je devais y arriver, j'aimerai que ma vie retrouve la paix. Je voudrai avoir mes enfants, mon mari et mon père à mes côtés. J'ai fais la paix avec mes démons. Ma colère s'est apaisée depuis la naissance de Josh. J'ai aussi trouvée plus malheureux que moi et cela grâce à toi, Greg. Merci d'avoir fait entrer Sara et Warrick dans ma vie. Merci d'avoir ouvert mon cœur à ceux qui étaient ta famille avant de me connaître. Dis aux enfants que je les aime. Dis à Sara qu'elle arrête de s'angoisser, elle est une super maman. Dis aux Benarka et particulièrement à Christopher que je ne leur en veux plus.

Je t'aime.

Emmanuelle… »

Greg posa la lettre près de sa femme. Il la regarda désespéré, inquiet. La journée n'était pas finie et les nouvelles fracassantes continuaient d'affluer. Il approcha sa chaise et l'embrassa sur la pommette. Il se rassit et prit une autre feuille intitulée : dernières volontés. Elle avait précisé les noms de personnes qui avaient une copie, le nom de Sara y figurait. Sur une autre feuille, il lu qu'il était désigné comme tuteur légal de Victoria Anita Connelly et de Tyler Junior Adrian Connelly. Elle avait tout préparé depuis des années car les formulaires étaient datés du lendemain de leur mariage, ses beaux-parents avaient signé aussi. Le dernier ressemblait au formulaire employé par la police lors des dépositions.

« Je soussignée Augie Sanders-Connelly, née le 25 décembre 1980 à Los Angeles, Californie, affirme par la présente déposition avoir assassinée de sang-froid Tina Brown et Ron Harvey le 20 septembre 2009. J'avais eu connaissance qu'ils allaient tenter d'assassiner mon ami Warrick Brown. J'ai attendu l'arrivée de Warrick et de voir comment les deux victimes allaient procéder. Pour arriver à mes fins et ne pas être découverte, j'ai utilisé un revolver calibre 6.35 enregistré au nom de Victoria Bertier. Lorsque Tina Brown et Ron Harvey ont pointé leurs armes sur Warrick, je n'ai pensé qu'à une chose : sauver mon ami. Pour mon salut, pour ma famille. Augie Sanders-Connelly. »

Ainsi c'était Augie qui avait mis fin aux agissements de Tina et Ron. Greg avait travaillé sur cette affaire et il ne s'était jamais douté de l'implication de sa femme. Il est vrai qu'elle avait pris soin de brouiller les pistes. La citation sur les douilles avait maintenant une signification pour lui. Cela pouvait paraître fou après tout cela mais Greg décida de déchirer la déposition de sa femme. Il savait qu'elle était déjà soupçonnée d'avoir assassiné ce Robbie Sweeney dans la matinée au magasin. Brass avait fait placer un policier devant la porte du box. Greg mit les petits morceaux dans la poche de sa veste et prit la main de sa femme dans les siennes.

« Je ne sais pas si tu m'entends… Sache que je t'aime et que je te pardonne. Reviens, ma chérie… » susurra Greg à l'oreille de sa femme.