Laboratoire de la police scientifique
20 heures 01
« Bonsoir, Grissom. Alors ? » demanda Warrick en arrivant à la rencontre de son chef.
« Sara est avec elle. Je doute qu'elle reste longtemps à son chevet. Elle pleurait quand je suis parti. » Grissom savait de quoi son protégé voulait parler.
« Je sais. Il a fallu qu'on lui donne un calmant avant qu'elle parte avec Anita. Je vous parlais du journal, de votre fille, vous avez pris une décision ? »
« J'ai lu une partie du journal. Je dois avoir une prise de sang pour voir si je suis compatible. En lisant son journal, j'ai pris conscience que je ne devais pas la laisser mourir une nouvelle fois. »
« Bien. Et pour les vidéos ? » insinua Warrick.
« Quelles vidéos ? Les autres sont en salle de repos ? Avant de les rejoindre, j'ai trouvé que c'était une rude épreuve pour Sara d'aller à l'hôpital, vous auriez dû l'empêcher… »
« Oh ! Si vous croyez qu'il est simple d'interdire à Sara de faire ci de faire ça, vous rêvez ! De toute façon, Greg doit aller la chercher de gré ou de force à 21 heures. Les Connelly prennent la relève pendant la nuit. » dit-il en marchant en direction de la salle de repos où attendaient Catherine, Nick, Ecklie, Brass et Hodges.
« Comment va Augie ? » demanda Nick à l'attention de Warrick.
« Toujours dans le coma. Sara est avec elle jusqu'à 21 heures. Brass, elle n'ira nulle part dans le coma. Vous n'avez pas besoin de laisser un chien de garde devant le box. » Warrick interpella le capitaine.
« Elle est sous le coup d'un mandat d'arrêt. Je sais que vous êtes intime. Ne vous en mêlez pas. » répondit calmement Brass.
« Vous n'avez rien prouvant qu'elle aurait délibérément assassiné Sweeney. » Grissom, jusque là muet, avait décidé de sortir de son mutisme.
« Vous avez bien les douilles, non ? » demanda Ecklie en regardant tour à tour Catherine et Gil.
« Je les ai laissé ici, hier. » mentit-il.
« Je suis sûr que le capitaine Brass trouvera les preuves que nous recherchons quitte à enquêter au sein même du labo. Au fait, vous avez trouvé de nouveaux indices concernant la disparition d'Emmanuelle Bertier ? Mia m'a dit que vous lui aviez demandé de comparer un échantillon trouvé sur les lieux de la prise d'otages. » ajouta Ecklie, dos à Grissom qui était devenu tout blanc.
« Une personne m'a laissé entendre qu'Emmanuelle Bertier faisait partie des otages. »
« Au fait, Grissom, je croyais qu'Augie et vous ne vous entendiez pas plus que ça. » fit Brass en suivant Ecklie.
« Elle est jeune, elle a besoin d'être recadrée dans son travail et son poste. » Grissom essayait de s'extirper de cette situation.
« Pourtant vous avez passé l'après-midi à son chevet. Jeffries vous a vu pleurer en lisant un livre noir. Si vous essayez de la protéger, n'y pensez pas. » le conseilla le vieux policier.
« Jeffries a mal vu. Jared m'a mis son doigt dans l'œil quand je lui donnais son biberon. C'est très douloureux. » Grissom se servit de son fils comme alibi. Il était préférable que ça ne vienne pas aux oreilles de Sofia…
« Si vous le dites… A plus tard. »
« Alors, voyons voir ce que nous avons… Catherine et Nick vous avez un double meurtre près de la base aérienne. Hodges, il me semble que vous avez des dossiers en attente. Warrick, vous êtes avec moi. Nous avons un cambriolage sur Melton Street. » Grissom distribua les missions en prenant soin de ne pas se retrouver seul avec Willows. Elle savait très bien lui tirer les vers du nez.
En arrivant sur les lieux du cambriolage, Grissom fut curieux d'entendre les policiers parlaient de sa fille. La rumeur restait la même : Augie/Emmanuelle avait tué le braqueur à bout portant. Il avait mis les douilles, certificats ensanglantés, vidéos en lieu sûr. Il ferait tout pour protéger sa fille, pour empêcher qu'on la mette en prison. Warrick ne lui posa aucune question. Quelque chose dans le regard du jeune homme avait changé malgré les circonstances, il semblait avoir un poids en moins sur le cœur.
De retour au labo, ils restèrent ensemble pour étudier leurs preuves et trouver un coupable. Greg avait appelé Warrick dans la soirée pour lui dire que Sara s'était montrée récalcitrante pour rentrer mais qu'elle avait fini par se rendre. Elle était très fatiguée. Un médecin du service avait bien voulu l'ausculter. Elle avait une tension basse du à une grosse fatigue nerveuse, il fallait qu'elle se repose. Le médecin avait menacé Sara de l'hospitaliser si elle ne se montrait pas plus coopérative. Le spectre d'être hospitalisée avait fait changer d'avis la jeune femme. Elle ne voulait pas être séparée de sa fille ni de Michael.
Grissom laissa Warrick rentrer plus tôt chez lui pour qu'il s'occupe de Sara. Les enquêtes étaient bouclées. Deux heures à faire et il rentrait chez lui. Brass frappa à la porte du bureau de Grissom.
« Je vous sers un verre ? » demanda Grissom en se servant un verre de whisky.
« Ça ne serait pas de refus mais je n'ai pas fini mon service, tout comme vous… » répondit Brass en s'asseyant face à Gil.
« Je ne bouge plus du bureau. Je finis mon service dans deux heures. J'ai des papiers à classer, mettre à jour. La routine administrative en fait. »
« Elle vous a hypnotisé, c'est ça ? Vous lui cherchez des excuses. Sanders vous a demandé de l'aider à cacher des preuves ? » Brass saisit le cadre qui était sur le bureau de Gil. « Jolies photos… Là, c'est Jared ?... Là aussi ? » demanda-t-il en montrant le triptyque en fer forgé que Sofia avait acheté pour son mari.
« Vous voulez quoi, Jim ? » dit-il sur un ton agacé.
« La vérité. J'ai vu votre tête hier lorsque je vous ai donné les papiers tombés de la main d'Augie. Elle a découvert quelque chose et vous faisiez chanter ? »
« Dites-moi Jim… Comment réagirait Ellie si elle apprenait que vous n'êtes pas son père ? D'ailleurs, c'est le cas, vous n'êtes pas son père mais dès qu'elle a des ennuis, vous accourez. Comment avez-vous réagis quand votre femme vous a dit que ce n'était pas votre fille ? »
« Ce n'est pas la même chose. Je me fous que l'ADN dise qu'Ellie n'est pas ma fille, je l'ai élevé, j'ai supporté ses crises d'ado, ses insultes. Quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise, je serai toujours là pour elle. »
« Vous voulez que je vous dise, Jim ? Vous avez raison ! Je me fous de me mettre ma carrière et mon intégrité en jeu ! Je ne vous laisserai pas inculper le capitaine Connelly. »
« Je vais demander à Ecklie de vous destituer de l'enquête concernant Augie dans ce cas. » affirma Brass.
« Je ferai de même s'il s'agissait de votre fille… » soupira Grissom en observant la réaction de Brass.
« C'est… C'est votre fille ! » Brass avait fais un bond dans son siège.
« Oui, c'est ma fille. J'ai demandé à Mia de comparer l'ADN de l'affaire Bertier à celle du sang trouvé sur les papiers lâchés par le capitaine Connelly. »
« Je trouvais qu'il y avait quelque chose quand je vous voyais côte à côte… » réfléchit Brass en reprenant ses esprits.
« Elle ne sait pas qui je suis… Elle ne l'a jamais su pas plus que moi je savais qu'elle était vivante… »
« Racontez-moi ça… » Brass se servit un verre de whisky pour se remettre de ses émotions.
« Déjà je vais vous corriger. Sur cette photo ce n'est pas Jared. C'est Audrey, ma fille aînée… »
« Augie quoi… » le coupa Brass.
« Non. Jim, j'ai eu deux filles, des jumelles. Augie s'appelle en réalité Emmanuelle. Elle est née après Audrey. J'ai cru pendant longtemps que ma famille était morte dans un crash d'avion en 1981, en France. La France est le début de tout, et je souhaite que ce soit la fin de tout. »
« C'est pour ça que vous connaissiez Mme Benarka personnellement… »
« Gabrielle Benarka est ma belle-sœur. J'ai épousé sa sœur, Victoria Bertier en 1977. De notre mariage sont nées Audrey et Emmanuelle en 1980. Victoria avait emmené les filles dans sa famille avant de partir tourner un film en Slovénie. Je ne sais toujours pas pourquoi Victoria n'a emmené qu'Audrey avec elle. Tout ce que je sais c'est qu'elles sont mortes en France le 1er décembre 1981. Je n'ai pas assisté aux obsèques. J'étais déjà très pris par mon travail. Ma belle-famille et moi n'entretenions pas de bons rapports du vivant de Victoria alors à sa mort… »
« Mais vous n'avez jamais reçu de lettre officielle vous informant que seules deux personnes de votre famille étaient décédées ? »
« J'ai appris il y a peu de la bouche de Gabrielle Benarka que Victoria avait contracté une demande de divorce avec la garde exclusive de nos filles. Demande qu'elle n'a jamais pu déposer au tribunal des affaires familiales de Los Angeles. »
« Et ? »
« Mes beaux-parents ont dû profiter du fait que je n'étais pas venu aux obsèques, que je parlais très peu français pour garder ma fille, me priver de ma fille, mentir à ma fille pendant des années. »
« Mais elle est adulte maintenant, Gil… »
« Oui mais elle est gravement malade. Elle a un cancer, une rechute plus exactement. Si elle a fait ce qu'on la soupçonne d'avoir fait, c'était pour protéger sa famille. Emmanuelle a demandé à ce que j'ai son journal intime. Jim, au début, je ne voulais pas l'ouvrir. Mais j'avais besoin de comprendre, de savoir qui était cette étrangère, ce qu'était devenu ce bébé joufflu pendant toutes ces années loin de moi. Victoria avait l'art de protéger ses arrières, elle avait fait modifier l'état civil de nos filles sans m'en avoir informé. Elle avait bien prévu de me quitter et de garder les filles avec elle. » dit-il d'une voix monocorde, emprise d'émotion.
« Faites ce que vous croyez juste, Grissom… Sachez que vous ne m'empêcherez pas de savoir la vérité sur les événements du magasin ainsi que sur le double homicide du motel à la sortie de Vegas à l'automne dernier. Mon boulot est mettre les coupables en prison, le vôtre est de m'y aider mais vous pouvez aussi les disculper de façon légale. » déclara Brass en sortant du bureau, laissant Griss plongé dans ses réflexions.
