Desert Palm

12 mai 2010

15 heures 06

Greg était avec Augie depuis près de trois heures quand le médecin de sa femme vint le rencontrer dans le box 2. La jeune femme n'était plus sous respirateur. Sa fièvre avait commencé à tomber. Elle semblait un peu plus sereine. Greg avait détaillé avec une grande attention sa femme. C'est vrai qu'elle ressemblait à Grissom. La même couleur des yeux, même air sérieux, même regard dubitatif, même besoin d'être au calme pour réfléchir. Tous les deux fonctionnaient de la même manière, en fait.

« Alors, docteur, comment va-t-elle ? » demanda Greg en saluant le médecin.

« Il semblerait qu'elle sorte petit à petit du coma. C'est préférable. J'ai eu les résultats complémentaires concernant sa leucémie. Elle est à un stade avancé. Nous ne pouvons pas commencer le traitement. Le temps est compté. Par contre, je suis confiant. Le père de votre épouse est passé ce matin. J'ai eu les résultats il y a une petite demi-heure. La compatibilité est excellente. J'ai pris la décision de le faire hospitaliser dès sa fin de service demain matin. Je veux m'assurer qu'il n'y a pas de contre-indications pour son don de moelle. »

« Il vous a dis quoi ? » s'enquit Greg qui tenait la main d'Augie.

« Il avait espéré et prié être compatible. Il passera avant de prendre son service. Je dois vous laisser, j'ai d'autres patients à voir. Si vous avez d'autres questions, je reste à votre disposition. » fit le médecin en quittant sa patiente.

« Merci, docteur. » Greg le remercia et s'assit à nouveau aux côtés d'Augie.

Il s'absenta le temps d'aller prendre un café et appela chez lui pour rappeler aux beaux-parents d'Augie d'emmener Ty au foot et Vicky à la danse. Josh avait attrapé un coup de chaud à la fête foraine mais sans gravité. Rachel avait été sage tout comme Michael. Il faut aussi dire qu'ils avaient fais les fripouilles toute la matinée et Rachel avait été punie car elle avait dis un gros mot. Greg ne voulait pas entendre de gros mots chez lui. De plus, la grossièreté prononcée par sa fille était en français que la fillette avait parfaitement retenu.

A son retour dans le box, Grissom était présent. Greg et lui se toisèrent du regard. Ni l'un ni l'autre ne savait quoi dire. Leurs silences étaient lourds d'aveux, de remords. Greg ne pouvait plus supporter ce silence. Il regarda sa montre et vit que les enfants ne seraient pas là avant au moins deux heures…

« Elle vous ressemble. » lâcha-t-il pour entamer une conversation avec son patron et beau-père.

« Ah ? Vous êtes la deuxième personne qui me dit cela, Greg. » répondit Grissom en regardant sa fille, allongée.

« C'est une tête de mule comme vous. Avec vous, il y a toujours une réponse scientifique à tout. Avec Augie… pardon. Avec Emmanuelle, il y une réponse à tout. Elle cherche toujours à comprendre pourquoi les criminels agissent de cette façon, quels sont leurs objectifs, leurs proies. C'est un excellent profiler, votre fille est une femme formidable, vous savez ? »

« J'ai vu comment elle travaillait. On ne se connaît pas plus, et j'espère qu'elle… enfin que vous voudrez bien me faire une petite place dans vos vies. »

« Je ferai ce qu'elle voudra. Je vous connais tous les deux suffisamment pour savoir que vous allez devoir vous apprivoiser l'un et l'autre. Vous allez devoir vous battre pour prendre la place vacante qu'il y a dans son cœur. Je ne veux que le bonheur de ma femme et des enfants. »

« Merci, Greg. Vous avez parlé aux enfants ? » s'enquit Grissom en pensant aux ainés.

« Non. Je n'ai pas encore eu l'occasion de leur dire et je pense qu'elle voudra le faire elle-même. Elle a toujours voulu être honnête vis-à-vis de Victoria et Tyler. Mais je pense que la grande se doute de quelque chose. Hier, Sofia est passée avec Jared à la maison. Vic a trouvé qu'il ressemblait à sa mère. Et puis, il y a cette photo qui trône sur le bureau d'Emmanuelle à la maison. C'est une photo d'elle et sa sœur prise en France pendant l'été. Jared ressemble énormément à Audrey. »

« Elle a des photos d'elle enfant ? » Grissom était intéressé par les déclarations de son gendre.

« Oui. Elle les a prises avant de quitter la France. Je vous en aurai bien montré seulement elles sont rangées dans son coffre et je ne connais pas la combinaison. Ses photos représentent son trésor. » Greg prit un air désolé.

« Je pense que la combinaison doit être la date du crash. Quand vous serez chez vous, essayez le 011281. S'il y a trop de chiffres, enlevez le zéro du début. Personne d'autre ne pourrait connaître sa combinaison ? »

« Peut-être que Sara doit la connaître. Le journal intime a toujours été rangé dans le coffre. » dit Greg en jetant un coup d'œil aux mains de Grissom.

« J'ai dû mal à continuer de le lire… J'ai l'impression de violer sa vie, son intimité… »

« Elle voulait que vous le lisiez. C'est une façon pour elle que vous sachiez qu'elle était sa vie sans vous. Elle a eu l'impression qu'on la poignardé dans le dos quand elle a tout découvert. Elle a perdu toutes ses désillusions face à sa famille. Sa famille c'est vous, c'est moi, ce sont les enfants, ce sont les Connelly, Warrick et Sara… Surtout Sara… Elle adore Sara. »

« C'est réciproque, il me semble. Warrick m'a dit que Sara pleurait énormément et qu'elle ne parlait que d'Emmanuelle. »

« Sara pleure toujours beaucoup quand elle est enceinte. Lorsqu'elle attendait Rachel et que j'étais venu pour les visites chez le gynécologue, elle pleurait devant les publicités avec des animaux. Toute la sensibilité de Sara est exacerbée pendant sa grossesse.

Les deux hommes parlèrent ainsi pendant un long moment avant que Grissom décide qu'il était temps pour lui de quitter sa fille. Greg avait prévu de passer la nuit auprès de sa femme. Il allait s'absenter pour pouvoir dîner avec ses enfants et les Connelly à la cafétéria. Il fallait qu'il téléphone à Warrick pour rassurer Sara.

Vicky et Tyler étaient très heureux de raconter leur après-midi à la fête foraine et leurs occupations extrascolaires à Greg. Tyler avait réussi à marquer des buts et ça le rendait très fier. Vicky remit à Greg un courrier de son professeur de danse. Le gala de fin d'année était prévu mi-juin au palais des congrès de Las Vegas. Elle n'avait pas bien envie d'y aller car elle savait que sa maman ne serait pas dans le public. Greg la rassura et la consola. Joshua était grincheux et faisait caprice sur caprice. Il n'avait pas arrêté de réclamer sa maman. Greg quitta sa famille vers les 21 heures. Joshua s'était endormi dans ses bras. Il adorait sa petite famille. Anita lui avait apporté un plaid pour qu'il n'ait pas froid pendant la nuit.

« Je t'aime, ma chérie. Ton père peut et veut te sauver… Il ne te reste plus qu'à revenir vers nous… » Greg sentait ses yeux se fermaient. Il était assit dans le fauteuil près de sa femme, regardant droit devant lui, lui caressant la main.

« Je t'aime aussi… » lui répondit une faible voix puis elle serra sa main dans la sienne.