CHAPITRE 3 : L'ADIEU AU 4 PRIVET DRIVE
L'ambiance au 4 Privet Drive était extrêmement tendue. L'oncle Vernon ne manquait pas une occasion de distiller des allusions au prochain départ de Harry mais n'osait pas se vanter ouvertement d'être débarrassé de lui : il craignait que Harry se venge en l'affublant lui aussi d'une queue de cochon ou d'un sort encore pire. Dudley était indifférent au départ de son cousin et était plutôt silencieux : Harry savait pourquoi. Il avait surpris une conversation entre son oncle et sa tante : ils étaient convoqués chez un juge pour enfants suite à plusieurs plaintes pour dégradation et coups et blessures. Même l'oncle Vernon, si prompt à défendre son rejeton, avait eu du mal à trouver des excuses à Dudley. Seule la tante Pétunia affichait un air inquiet qui intrigua Harry. Trois jours avant son dix-septième anniversaire, elle se présenta dans la chambre de Harry qui nourrissait Hedwige. Harry la regarda durement, prêt à lui dire de ficher le camp, mais sa tante semblait gênée et il préféra se taire.
- Quand tu seras parti, lui dit-elle calmement, craignons-nous quelque chose ?
Dérouté, Harry la dévisagea et lut l'inquiétude dans son regard. Cette femme égoïste restait une épouse et une mère inquiète.
- C'est possible. Mais un service spécial, des gardes du corps, si tu préfères, vous surveilleront le temps qu'il faut. Ne sortez pas les premiers jours, faîtes des réserves de nourriture. Ils vous préviendront quand il n'y aura plus de danger.
La maigre femme frissonna et son regard redevint celui que Harry lui avait toujours connu. Elle quitta la pièce sans un mot.
Harry se retourna vers Hedwige et caressa doucement le pelage de sa chouette. Il avait une tâche pénible à accomplir.
- Hedwige, je dois me cacher. Je n'ai pas le droit de me servir de hiboux. Je voudrais que tu restes avec moi mais tu t'ennuirais à ne pas pouvoir sortir.
Hedwige le regardait, ses yeux scrutateurs plus arrondis que jamais. Harry s'attendait à des coups de bec ou de serres mais il n'en fut rien.
- Dans trois jours, je te libérerais. Tu pourras aller chez Ron et te mettre à son service...
Harry approcha sa main tremblante de la tête de la chouette et celle-ci se frotta contre la paume de la main. Harry retint un sanglot tandis que Hedwige hululait doucement. Les trois journées suivantes se déroulèrent dans une étrange atmosphère : Harry ne put avaler que peu de nourriture et entre deux rangements, s'asseyait sur son lit, pris de nausées. Etait-ce la peur, le chagrin de ne pas retourner paisiblement à Poudlard, la crainte de la solitude et de l'enfermement ? Au crépuscule, à quelques heures de son dix-septième anniversaire, Harry appuya son front contre la fenêtre sans connaître la réponse.
Il ne dîna pas avec les Dursley et libéra Hedwige qui se posa un instant sur son épaule en frottant sa tête contre la sienne. Il la regarda s'envoler, les larmes coulant sur son visage. Il s'essuya avec sa manche et jeta un dernier regard pour vérifier qu'il n'oubliait rien. Henry Densmore se matérialisa dans la pièce et adressa un sourire compatissant à Harry. Il tenait un sac qu'il déposa au sol.
- Ah, ta malle est prête. Bien, bien... Dans se sac se trouve un Portoloin pour Godric's Hollow. Je ne peux pas transplaner avec ta malle. Après mon départ, laisse le sac ici, ça n'a pas d'importance, un sort le fera disparaître. N'oublie pas, minuit !
- Ne vous inquiétez pas. Y-a-t-il une trace de la présence de Mangemorts dans les environs ?
- Non, mais nous surveillons particulièrement les animaux, plusieurs Mangemorts sont des Animagi.
Henry disparut avec la malle et l'attente recommença. Peu de bruit provenait du rez-de-chaussée, les Dursley eux aussi attendaient. Harry ne descendit pas. 22h30... 23 heures... 23h30. Des bruits de pas dans les escaliers. Harry saisit machinalement sa baguette. La porte s'ouvrit et il vit les Dursley. L'oncle Vernon et Dudley se tenaient légèrement en retrait de la Tante Pétunia. Elle le regarda, le visage fermé et lança méchamment :
- Ne reviens jamais ici !
Harry sentit son visage rougir de colère et eut brutalement envie que des Mangemorts se présentent et leur infligent le sortilège Doloris. Alors que la porte se refermait, il ricana :
- Aucun risque que je revienne !
Il entendit les portes des chambres se refermer et se doutait que personne n'était encore couché.
23h45... 23h50... 23h55... 23h59... Harry tenait fermement une montre dérobée à Dudley. Son coeur battait deux fois plus vite que le mouvement de la trotteuse. 5...4...3...2...1 ! Harry se concentra et transplana.
