Titre : Trois mois et demi
Auteur : Sioban Parker
Disclaimer : le monde d'Harry Potter appartient à JK Rowling (on le saura)
Warnings : slash Harry/Severus. Non ce n'est pas une death-fic malgré les apparences…
Notes : l'idée de départ m'a été inspirée par la fic de Toft « Three months ». Je continue à appeler Snape de son vrai nom, et non pas Rogue. Mes excuses à ceux que ça gêne un peu. Je suis désolée (mais je continue quand même…)
Chapitre 1
Après le grand service funèbre et l'hommage rendu au héros par la nation reconnaissante, les participants avaient lentement quitté les lieux. Le ministre Scrimgeour avait décidé de placer la tombe d'Harry Potter près de celle d'Albus Dumbledore. Les deux sorciers qui avaient combattu Voldemort reposeraient l'un près de l'autre.
Les Weasley, qui constituaient la seule vraie famille de Harry, portaient leur chagrin sur le visage. Molly, particulièrement, ne pouvait sécher ses larmes et elle s'appuyait sur son mari, incapable de faire un pas toute seule. Hermione et Ron se soutenaient l'un l'autre. Livides, ils n'avaient pas le cœur à échanger quelques mots avec leurs anciens condisciples de Poudlard, présents en nombre aux funérailles.
Beaucoup de gens s'étaient succédé au pupitre pour évoquer la mémoire d'Harry Potter. Des amis Griffondor, pour raconter qu'il était drôle et bon camarade. Son ancienne directrice, Minerva McGonagall, pour souligner son application à l'étude (là, les jumeaux et Ron avaient manqué d'éclater de rire à travers leurs larmes) et son envie de maîtriser ses pouvoirs. Et bien sûr le ministre, vantant son courage et sa détermination, racontant une nouvelle fois le combat contre Voldemort et ses troupes, qui avait fait rage des heures durant. Il en parlait tellement bien qu'on aurait pu croire qu'il y avait participé, au lieu de se terrer sous son bureau, terrorisé. Ses secrétaires l'en avaient tiré au petit jour pour lui apprendre que la bataille était finie : on venait d'identifier le cadavre de Voldemort et, près de lui, gisait Harry Potter. Le garçon tenait encore sa baguette entre ses doigts. L'enquête avait démontré qu'Avada Kadavra avait été le dernier sort jeté. L'examen de la baguette de Voldemort avait donné le même résultat. Les deux sorciers s'étaient infligé la mort exactement au même moment.
Le cercueil d'Harry avait été laissé ouvert pendant la cérémonie, et on venait juste de le sceller avant la mise en terre. Hermione frissonna en jetant un dernier regard au visage exsangue. Les yeux verts étaient toujours entrouverts. Aucune pression n'avait réussi à les fermer. Ces pupilles fixes, privées de vie, étaient le plus effroyable témoignage du sacrifice d'un garçon de dix-huit ans.
Les pelletées de terre s'abattirent sur le cercueil. Ron, le cœur déchiré, préféra reculer et s'éloigner un peu. Dans sa fuite, il faillit heurter Severus Snape.
L'ancien Mangemort avait malgré tout assisté aux obsèques. Une écrasante majorité de la population le croyait réellement coupable du meurtre d'Albus Dumbledore. Le ministère avait eu beau expliquer que Severus Snape était un agent infiltré et qu'il avait agi sous les ordres express d'Albus Dumbledore lui-même, beaucoup n'acceptaient pas cette version. Ron ne leur en tenait pas rigueur. Lui-même avait eu beaucoup de mal à l'admettre. Il se rappelait sa colère lorsque Snape était réapparu un jour Place Grimmauld, comme si de rien n'était, pour reprendre sa place au sein de l'Ordre. Harry avait, lui, surmonté plus facilement ses réticences et il avait accepté de travailler avec son ancien ennemi pour localiser et détruire les Horcruxes. Vers la fin, il semblait même apprécier sa compagnie.
Ron lança un coup d'œil à Snape. Son visage était toujours recouvert de son masque impassible, il était toujours glacial et inapprochable. Ce qu'il pouvait ressentir en ce jour – léger ennui, indifférence, un peu de regret, peut-être – demeurait un mystère.
Le cercueil était recouvert, la tombe refermée. C'était terminé. « Adieu Harry, se dit Ron. C'est tellement injuste… »
McGonagall s'approcha de Snape.
« Monsieur le Ministre vient de me dire qu'il ne vous laissait que jusqu'à ce soir pour reprendre vos effets personnels à Poudlard. Faites vite, sinon il mettra la main dessus. »
Snape hocha la tête en silence. McGonagall semblait très embarrassée.
« Je suis navrée, Severus. J'aurais voulu vous garder comme professeur, mais le Ministre… »
« Ce n'est rien. Je n'avais aucune intention d'enseigner encore, pour entendre tous les élèves chuchoter sur mon passage : c'est lui l'assassin. »
Snape eut un rictus amer et se dirigea vers le château.
HPHPHPHPHP
Hermione, avant de retourner à Londres, voulait rendre une dernière visite au château de Poudlard. Elle déambulait dans les couloirs déserts, et la nostalgie se mêlait au chagrin qu'elle ressentait. Le château avait été le théâtre de son adolescence, de ses années d'apprentissage, de sa rencontre avec tous ceux qui occupaient une place essentielle dans sa vie. A présent, la page se tournait. C'en était fini de combattre des forces démoniaques, de se chamailler avec ses deux meilleurs amis. C'en était fini d'être trois.
Un bruit sec la fit s'arrêter. Il semblait que du verre se brisait dans une des salles de classe. Le bruit se répéta.
Hermione avisa une porte entrouverte et, prudemment, passa la tête. Snape se tenait au milieu des étagères couvertes de fioles et de flacons. Il se saisit d'une fiole et la jeta à terre où elle se brisa avec fracas. Un gros bocal rempli d'une substance indéterminée la rejoignit une seconde plus tard.
Hermione porta la main à sa bouche pour étouffer un hoquet. Que diable… ? Puis Snape poussa un cri étouffé, la plainte maladive d'un animal blessé, et il se laissa tomber à genoux. Sans prendre garde aux éclats de verre et aux liquides saumâtres, il resta là, prostré, la tête entre les mains, les épaules secouées par un sanglot silencieux.
Hermione recula sur la pointe des pieds. Elle savait que l'homme n'attendait pas de réconfort, et certes pas de sa part à elle. Elle décida de ne pas dire à Ron ce qu'elle avait compris à ce moment-là.
(à suivre)
