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Chapitre 3

Le corps d'Harry gisait sur le velours capitonné. Dire qu'il n'avait pas bougé serait un euphémisme. Il n'avait pas changé le moins du monde. La peau était toujours lisse et ivoirine, les yeux toujours ouverts et intensément verts. Hermione poussa un cri de stupéfaction. Ron, aussi peu versé soit-il en médecine, eut lui aussi une impression de malaise.

« Il ne devrait pas être comme ça, non ? Je veux dire, il n'est pas décomp… Il n'est pas rongé par les… »

« On a compris, Ron. Tu as raison, il ne devrait pas être aussi intact. »

Hermione sortit sa baguette d'un geste décidé.

« Revelaro Essentialis. »

Et Harry disparut. Littéralement. Dans le cercueil se trouvait une simple branche d'arbre, desséchée depuis longtemps.

Ron fut le premier à reprendre ses esprits.

« Voyons, on nous a appris qu'il est impossible de changer un objet en être humain ! »

« Il faudrait demander des précisions au professeur McGonagall, répliqua Arthur Weasley, mais comme il ne s'agissait pas d'un être vivant mais d'un cadavre, c'est peut-être possible. »

Ron secoua la tête, hagard.

« Je n'y comprends rien. Qu'est-ce que ça veut dire ? »

Hermione lui adressa un grand sourire.

« Cela veut dire qu'Harry est vivant, quelque part. »

HPHPHPHP

« Réfléchis, Hermione, réfléchis.

Harry s'est donné la peine de se faire passer pour mort pour que l'on ne le cherche pas. C'était bien joué, Harry, s'il n'y avait pas eu un grain de sable dans le mécanisme.

Il se cache chez les moldus. Il aurait été repéré tout de suite chez les sorciers, que ce soit en France ou au fin fond du Burkina Faso.

Bill l'a vu en France. Harry a toujours dit qu'il voulait visiter ce pays. Il était à Cannes, mais ça ne veut pas dire que c'est là qu'il vit. Cependant il rêvait de vivre au bord de la mer. La Côte d'Azur, ça doit lui plaire.

Dans un petit village, un nouveau venu serait tout de suite repéré. Surtout un Anglais. Alors que dans une ville, on passe inaperçu. Dans une ville universitaire, Harry pourrait même passer pour un étudiant étranger.

Quelles sont les villes universitaires sur la Riviera ? Marseille. Nice. Montpellier aussi, à quelque distance.

Comment pourrait-il gagner sa vie ? Il n'avait pas de diplôme moldu et il ne pouvait pas prétendre à beaucoup d'emplois. Serveur, par exemple. Avec tous les touristes, surtout au printemps…

Où commencer ?

Harry avait dit un jour qu'il aimerait bien passer d'un pays à l'autre dans la journée si cela lui chantait.

Nice. »

Hermione commencerait ses recherches à Nice.

HPHPHPHPH

Hermione entra dans le quinzième café le long de la Promenade des Anglais. Elle commençait à se sentir ridicule : entrer dans tous les cafés et restaurants, demander s'ils n'employaient pas un Anglais de dix-huit ans, et expliquer devant leurs yeux soupçonneux qu'il s'agissait de son petit ami et qu'ils s'étaient disputés.

Mais cette fois, elle n'eut aucune question à poser.

Harry était devant elle, un plateau à la main et un air absolument consterné.

« Il faut qu'on parle. »

« Je travaille. Tu vas me faire renvoyer. »

« Dis-moi à quelle heure finit ton service. Je t'attends. »

Harry soupira. Hermione était toujours une tête de mule.

HPHPHPHP

Une heure et demie plus tard, Harry et Hermione s'asseyaient sur la plage, loin des oreilles indiscrètes. Hermione le regarda, et soudain ses yeux se remplirent de larmes.

« Excuse-moi, c'est le contre-coup. »

Harry lui passa un bras autour des épaules.

« Je suis désolé. »

« Désolé ? On t'a fait un bel enterrement, tout le monde pleurait et n'arrêtait pas de dire à quel point tu étais un garçon génial, et Molly Weasley sanglotait sur mon épaule, et… »

Harry eut l'air profondément coupable.

« Je n'en suis pas fier, tu sais. J'ai agi ainsi parce que j'ai senti que c'était mieux. »

« Mieux pour toi, sûrement. C'était trop dur pour toi d'être un héros ? De recevoir l'Ordre de Merlin première classe ? D'être accepté à l'Ecole des Aurors sans passer les examens ? »

« Arrête, je t'en prie. Tu n'as pas idée de ce que je ressentais. Voldemort était là, par terre, et j'ai compris que j'avais l'occasion de m'échapper. Je l'ai saisie. »

« Pourquoi ? »

Harry la contempla un moment. Est-ce qu'il pouvait vraiment lui raconter ça ?

(à suivre)